14-18Hebdo

14-18Hebdo

La Médaille militaire

 

Patrick Germain - 20/12/2014

 

Il y a 100 ans, le 26/11/1914, le Président de la République Raymond Poincaré remettait la Médaille militaire au général Joffre. La cérémonie eut lieu à Romilly s/Seine où était installé le G.Q.G des armées françaises.

Cette médaille lui a été remise « en témoignage de reconnaissance nationale ».

Il venait de remporter la bataille de la Marne et avait été avec succès l'artisan de la stabilisation du front Nord en faisant échec à la percée allemande.

Dans mon article « Les décorations et les citations en 14-18 », je mentionne la Médaille militaire en qualité de distinction spécialement réservée aux sous-officiers.

Elle a été créée à ce titre en 1852 par Louis-Napoléon Bonaparte, et surnommée sous le Second Empire « le bijou de l'armée ».

On l'appelle communément « la Légion d'honneur du sous-officier »; elle est la 3ème décoration française dans l'ordre de préséance, après l'ordre de la Légion d'honneur et l'ordre de la Libération.

Toutefois, une spécificité originale et unique peut contester cette doctrine officielle : la Médaille militaire peut être conférée à titre exceptionnel aux seuls officiers généraux ayant commandé en chef devant l'ennemi.

Ce qui fut donc le cas en l'espèce pour le général Joffre.

Les officiers généraux qui se sont vus conférer cette décoration à ce stade de leur carrière considèrent bien souvent la Médaille militaire comme leur récompense ultime la plus prisée, considérant sa valeur supérieure à celle de la dignité de grand-croix de la Légion d'honneur.

En illustration, voici le témoignage rendu le 25/06/1957 par le général d'armée Jean Callies[1], ancien commandant en chef en Afrique du Nord (titulaire de 23 citations dont 9 en 14-18 ), lorsque son chef et compagnon d'armes ,le maréchal Alphonse Juin, lui remit la Médaille militaire dans la Cour d'Honneur des Invalides :

« La Médaille militaire est sans conteste possible, la plus belle décoration française.

Elle est faite pour récompenser les services rendus à la patrie toute entière et non à certaines catégories, les services les plus désintéressés, les plus dangereux : une vie entière consacrée à l'armée, des campagnes de guerre, des faits d'armes, des blessures et souvent la mort pour la défense ou le service de la France.

Elle ne comporte ni degrés, ni grades. Elle est unique et totale et, ce qui est le plus beau et le plus admirable, c'est qu'elle est la décoration du soldat et du sous-officier, qu'aucun officier ne peut la recevoir quels que soient ses mérites, mais qu'elle est la récompense du général commandant en chef.

Elle unit ainsi le plus humble au plus élevé de la hiérarchie militaire, mais surtout le plus élevé au plus humble, que le premier reconnaît comme souvent le plus méritant.

Et ceci est unique et lui confère une valeur absolument exceptionnelle. »


T029 Image1.jpg Le maréchal Juin décore le général Callies de la médaille militaire

 

T029 Image2.jpg

Deux médaillés militaires, le général Callies et un sous-officier    

 

Le nombre d'officiers généraux récipiendaires de la Médaille militaire de 1914 à 1961 est de 24.

Parmi les plus connus : Joffre, Lyautey, Foch, Pétain, Franchey d'Esperey, Mangin, Weygand, Gamelin (en 1935), Darlan(en avril 40), de Lattre, Juin, Monsabert, Giraud, Salan).

Gallieni l'avait obtenue en 1911.

Certaines personnalités civiles étrangères l'ont reçue à titre très exceptionnel : Roosevelt, à titre posthume, et Churchill.

Elle n'a plus été décernée depuis, sauf au général d'armée Jean Simon, en 2002 (mort en 2003).


 

 

[1] Le général Jean Callies est mon grand-oncle par alliance, et fait partie des ascendants collatéraux de Marie Favre côté paternel.



19/12/2014
0 Poster un commentaire

A découvrir aussi


Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 392 autres membres