14-18Hebdo

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2ème semaine de guerre - Lundi 10 août au dimanche 16 août 1914

 

LUNDI 10 AOUT 1914 - SAINT LAURENT – 8e jour de la guerre

MARDI 11 AOUT 1914 - SAINT GERY – 9e jour de la guerre

MERCREDI 12 AOUT 1914 - SAINTE CLAIRE D'ASSISE – 10e jour de la guerre

JEUDI 13 AOUT 1914 - SAINT JEAN BERCHMANS – 11e jour de la guerre

VENDREDI 14 AOUT 1914 - SAINT EUSEBE – 12e jour de la guerre

SAMEDI 15 AOUT 1914 - ASSOMPTION – 13e jour de la guerre

DIMANCHE 16 AOUT 1914 - SAINT ROCH – 14e jour de la guerre

Revue de presse

-       Les atrocités allemandes – Comment les Allemands, avant la proclamation de la guerre, ont fusillé des Français et des Italiens

-       Les Russes entrent en Autriche

-       En Alsace, nous tenons Cernay, Mulhouse, Altkirch

-       Sur la crête des Vosges, nos troupes se sont emparées des cols du Bonhomme et de Sainte-Marie et tiennent les crêtes de Sainte-Marie-aux-Mines

-       Les relations diplomatiques sont rompues entre la France et l'Autriche-Hongrie

-       L'approvisionnement de Paris

-       Nos troupes ont eu partout des succès d'avant-poste

-       100,000 Allemands seraient entre Liège et Thionville

-       Après deux jours de combat les Russes seraient entrés dans la Pologne autrichienne

-       Les premières décorations pour faits de guerre

-       L'heure est mauvaise pour les colonies allemandes

-       Par suite de la guerre, le milliardaire Vanderbilt est sans un sou

-       Entrée de forces françaises en Belgique

-       Le Japon déclare la guerre à l'Allemagne

-       Non-combattants, retournons au travail

-       Dans la Haute-Alsace, Thann a été réoccupée

-       Nicolas II proclame l'unité et l'autonomie de la Pologne

-       Les forts belges ne sont pas prêts de se rendre

Morceaux choisis de la correspondance

10 août - ELLE.- Tous les officiers et soldats sont enchantés de la prise de Mulhouse. Hier à la sortie de la messe, il y avait un rassemblement devant l’affichage des dépêches et un soldat lisait haut pour tout le monde. A la fin de la lecture, tous les autres ont battu des mains. Il y avait beaucoup de militaires à la messe.

 

A en juger sur la filature de Maurice, je me demande dans quel état doivent être Laveline et Schlestadt[1]. On dit ici que les Allemands saccagent tout en Alsace, que sera-ce s’ils savent que l’usine est française.

 

10 août - JMO 5e RAC/Groupe 95.- La composition des batteries en hommes et en chevaux est au complet et le groupe des batteries de sortie se décompose comme suit :

 

Officiers :    Etat-major           M. Demangel Chef d’Escadron Commandant

                                               M. Jacquinot Lieutenant adjoint

                                               M. Grosperrin               d°

                       44e batterie     M. Déon Lieutenant Commandant

                                               M. Husson s/Lieutenant

                       45e batterie     M. Cuny Capitaine Commandant

                                               M. Hamon s/Lieutenant

                       46e batterie     M. Gauthier Capitaine Commandant

                                               M. St Loup Lieutenant

                                               M. Boucrand s/Lieutenant

                       47e batterie     M. Friess Lieutenant Commandant

                                               M. Machiels Lieutenant

                                               M. Mensch s/Lieutenant

 

Hommes :       44e batterie et état-major                 131

                        45e                                                   130

                        46e                                                   132

                         47e                                                  130

 

Chevaux :        44e batterie et état-major                 120

                         45e                                                   116

                         46e                                                   121

                         47e                                                   115

 

Cantonnements : Les batteries 44 et 45, sont cantonnées à Fontaine Argent au sud-est de la voie ferrée de Belfort, la batterie 46 au nord-est de celles-ci entre le fort Benoît et le champ de manœuvre de Palente. La batterie 47 est au sud de Besançon, dans les bâtiments de l’usine à gaz de Casamène.

 

11 août - JMO 5e RAC/Groupe 95.- Tous les attelages sont commandés par la Place pour monter du matériel dans les forts, 60 sont revenus sans avoir été employés. Les autres mis à disposition à 14h n’ont pu rentrer dans les cantonnements que de 22 heures à 1h du 12. Un cheval de la 44e batterie tombé par insolation entraîne son cavalier qui a une épaule luxée et doit être transporté à l’Hôpital.

 

12 août - ELLE.- Tes nouvelles sont bien rares, je n’ai encore reçu qu’une lettre de toi, peut-être n’es-tu pas plus heureux, il paraît qu’il y a une censure très sévère à Epinal et que plus de la moitié de la correspondance est brûlée.

 

Nos troupes sont parties, et on est tout étonné de voir le village si calme. Avant-hier nous sommes allés les enfants et moi dans les prés après le goûter rechercher la dernière voiture de foin que devaient traîner des bœufs, je me rappelais mon jeune temps et le plaisir que nous avions à revenir perchés sur le haut de la voiture, j’ai voulu leur faire goûter ce plaisir à leur tour. Ils y sont même restés très longtemps, c’était un pré assez éloigné entre Deycimont et Docelles et nous avons été arrêtés au retour par de l’artillerie qui passait.

 

Ta mère est retournée à Nancy ; à Gérardmer, il fallait aller chercher le pain à l’hôtel de ville et on en donnait très peu à chaque personne. Marie M.[2] mourait de peur, paraît-il. Elles ont frété trois autos, une pour les M. qui passaient par Remiremont pour reprendre la cuisinière de Marie, une pour Mère et sa bonne et une pour les bagages. Elles ont bien fait de partir. Elles seront bien mieux à Nancy.

 

Il y a 15 blessés à l’hôpital de Gérardmer, il y en a de ceux qui ont des blessures si horribles qu’on croit que les Allemands se servent de balles dum-dum[3]. On va les extraire et si on trouve cela, on fera un rapport pour l’envoyer au ministère de la guerre, c’est vraiment trop honteux.

 

Tu sais que notre abonnement du Temps finit le 30 août, veux-tu que je demande le renouvellement ou veux-tu le faire et te le faire expédier ? Il arrive très régulièrement avec 2 jours de retard, mais c’est agréable d’avoir des nouvelles. Nous gardons les numéros d’ici pour Maurice qui les a demandés pour les lire après la guerre.

Ce qu’il y a d’affreux, c’est de tomber dans un coin et de n’être pas secouru.

14 août - ELLE.- Nous avons eu hier à 7 heures et demie du matin la visite de l’oncle Henry qui s’en allait à Epinal pour s’occuper de réquisitions. Il y a paraît-il une commission qui en est chargée parmi les civils. Il avait son grand cordon tricolore de sénateur qui barrait sa chemise et la médaille de l’ordre de Léopold en l’honneur des Belges.

 

Le jeune Catel de Lépanges, qu’on nous avait dit tué d’une balle dans la tête, n’a eu qu’une blessure insignifiante et en est presque guéri. Il repartira d’ici une huitaine. Il était descendu jusque Sulzern avec six hommes, quand ils ont vu venir les Allemands. Au lieu de se terrer, Mr Catel qui est très grand a relevé la tête pour les compter et c’est ce qui a été cause de sa blessure. Des chasseurs à cheval entendant le coup de feu l’ont ramassé et ramené à la frontière. Deux de ses hommes ont été tués, on a retrouvé un troisième, qui avait été blessé au pied et était resté trois jours sans secours et sans nourriture, le pauvre malheureux. Quant aux autres, on ne sait s’ils sont prisonniers ou blessés ou morts. C’est ce qu’il y a d’affreux, c’est de tomber dans un coin et de n’être pas secouru.

 

Thérèse a dit au jeune Kommer de prendre un laissez-passer et de venir ici pour pouvoir nous conduire en auto. On lui a refusé son sauf-conduit, on n’en donne plus qu’en cas d’urgence.

 

Tu vois que si on voulait partir un peu loin, on aurait bien du mal, c’est presque impossible. Nous n’en avons nullement l’intention d’ailleurs, car on est très gentil ici, tout est très calme, les femmes font les moissons avec beaucoup de courage. On aura de l’occupation jusqu’après la récolte des pommes de terre, ce qui manque, ce sont les attelages pour rentrer les récoltes. On a écrit à la préfecture de vouloir bien laisser le peu de bêtes qui restent ici et de ne plus continuer les réquisitions. Dans tous les journaux on recommande de faire les moissons et de préparer les semences pour l’an prochain. Comment ferait-on si on n’a plus de bétail pour tirer les chariots ou les charrues.

 

On dit ici qu’une grande bataille doit avoir lieu aujourd’hui du côté de St-Dié. Quelle tristesse. Heureusement que toi du moins je te sens encore en sûreté.

 

16 août - ELLE.- Maurice nous a annoncé la mort de plusieurs officiers du 149e. Il paraît que ces affreux Allemands dans la côte de Ste Marie avaient fait des batteries ou des refuges bétonnés en disant que c’était des travaux pour des mines de cuivre et d’argent. Pour mieux cacher leur jeu, ils avaient même fondé une société anonyme. Nos pauvres troupes, le 149, sont arrivées là-dessus et ont été canardées. Le 149 est décimé.

 

Le régiment de Georges, le frère de Thérèse, était entré à Schirmeck hier, mais ils n’y étaient pas restés pour la nuit et s’étaient retirés sur le Donon pour redescendre dans la vallée dès le matin. Ils ont fait des prisonniers et ont tué pas mal d’Allemands en descendant. Un chef allemand était venu en auto jusque l’hôtel Velleda et a été surpris par les soldats, son conducteur a sauté de la voiture, s’est mis à genoux les bras levés en l’air en criant : chasseurs, ne me tuez pas, je suis Alsacien, prenez ma voiture, tout ce que j’ai, faites-moi prisonnier.

 

Il est passé ce matin ici un train de 600 prisonniers allemands. Ils entendent à Raon très souvent le canon et la fusillade, les Allemands étaient venus jusque 15 K. de la ville, ils ont brûlé Badonviller et Pexonne. Il paraît que quelques femmes avaient voulu tirer des coups de feu, en réponse ils en ont fusillé plusieurs et ont bombardé les deux villages. On attendait l’artillerie qui a eu deux jours de retard, à cause d’un instituteur du Centre qui a fait sauter des ponts. Enfin elle est arrivée et fait des merveilles partout, le 75 est épatant. Il y a 300 blessés à l’hôpital de Raon, ceux qui sont transportables on les évacue sur Bourbonne-les-Bains, il en passe tous les jours.

 

Alfred Geny[4], qui est au fort d’Arches, est venu nous voir hier à bicyclette, il s’ennuie au fort et voudrait être en première ligne, nous lui avons dit qu’au contraire nous voudrions savoir tous les nôtres aussi en sécurité que lui. Il paraît que le fort est tellement bien armé et défendu aux abords qu’il est presque imprenable.

Gravures du Petit Journal (le quotidien) - 13/08/1914

Uniformes des armées en présence - Amis - Ennemis

A nos lecteurs - Les lecteurs du ‘Petit Journal’ trouveront à la quatrième page la reproduction de deux séries de dessins de M. Georges Scott. Ce sont des croquis de tous les uniformes des armées en présence, hormis ceux de l’armée russe qui sont universellement connus en France. Cette planche va être tirée en couleurs et distribuée à profusion, par les soins du ministère de la Guerre, aux soldats qui se trouvent sur le front des troupes. Cette très heureuse initiative du ministère de la Guerre a pour but d’éviter de lamentables confusions, comme il s’en est produit en 1870 et plus récemment pendant la guerre balkanique, où l’on vit des hommes insuffisamment renseignés tirer sur leurs frères d’armes et sur leurs alliés. Le ministre de la Guerre a choisi pour exécuter ces précieux croquis un artiste éprouvé, M. Georges Scott, qui a fixé avec tant de vérité et d’art les phases de la guerre balkanique qu’il a suivie en qualité de correspondant de l’’Illustration’. On se souvient qu’au Salon M. Georges Scott a exposé un splendide portrait équestre du roi Constantin de Grèce, œuvre pour laquelle le souverain, lors de son séjour à Paris, donna quelques dernières séances de « pose » à l’excellent artiste. Il avait précédemment exposé un portrait du roi d’Angleterre, George V. Ce sont les dessins des uniformes des armées étrangères commandés à M. Georges Scott par le ministre de la Guerre que nous avons la bonne fortune de publier aujourd’hui.

 

 LPJ 1914-08-13.jpg
                     

 Gravures du Petit Journal - Supplément illustré - 16/08/1914

Rien - Non paru

Thèmes qui pourraient être développés

  • Le courrier : mise en place d’un service pour les armées ?
  • Les moissons : comment assurer les moissons ?
  • Le rationnement du pain : autres rationnements ?
  • Les ambulances : où se trouvaient-elles et organisation ?
  • Les armes interdites : les balles dum-dum (et autres ?)
  • Amis et ennemis : voir LPJ[5] 13/08/14, une planche de dessins présentant les uniformes des différentes armes des Anglais, des Belges, des Allemands et des Autrichiens
  • La concentration et les transports de concentration : voir Hanotaux : il faut 34 trains pour une division d'infanterie
  • L'approvisionnement de Paris : organisation ?
  • Religion - Fête religieuse - L’Assomption - 15 août


[1] Laveline : usine textile et Schlestadt : filature (Sélestat)

[2] Marie Molard : sœur de Georges Cuny

[3] Balle dum-dum : balle de fusil dont l’enveloppe est entaillée en croix de manière à provoquer une large déchirure en explosant. L’emploi des balles dum-dum a été interdit en 1899 (cf. Le Petit Robert)

[4] Un cousin

[5] LPJ : Le Petit Journal



07/08/2014
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