14-18Hebdo

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Souvenirs de guerre 1914-1919 (Paul Boucher) - Final

Document transmis par Renaud Seynave, son petit-fils - 07/11/2018

 

Pour mes enfants - En souvenir de François Boucher, mon frère et d’Edouard Michaut, mon beau-frère, morts au champ d'honneur. (Gérardmer - 1920).

 

 

Paul Boucher a souhaité rencontrer après la guerre les officiers allemands qui ont combattu à l’Hartmann contre son régiment, ils se revoyaient régulièrement.

 

 

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Les officiers allemands en 1915 : à droite, le capitaine Müller que Paul Boucher verra par la suite

(voir photo ci-dessous)

 

 

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Colonel Scheyer, Paul Boucher, l’interprète, Capitaine Müller en 1970 à l’Hartmannswillerkopf

 

 

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Le colonel Duplessis, Paul Boucher et le général Tiger en 1968 à l’Hartmannswillerkopf

 

 

Acte honorifique remis à Paul Boucher en juillet 1964 par le président des anciens combattants du 8e et 19e bataillons de chasseurs allemands.

 

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 Traduction du document remis par les anciens officiers du 8e et 19e Jäger

Acte honorifique

 

  

L'Association des anciens des 8e et 19e bataillons de chasseurs nomme le Président des anciens du 152e et 352e membre honoraire.

 

M. Paul Boucher, en tant que capitaine du 152e Régiment d'Infanterie française, a combattu durant les durs et chevaleresques combats de 1915 à l’Hartmann contre le 8e Bataillon de Chasseurs de réserve, 8e Jäger.

 

En 1938, il a été appelé Président National de l’Association des anciens combattants du 152e, Régiment d’Infanterie, les vaillants Diables rouges, et a organisé une première rencontre entre le 152e RI et le 8e Jäger. Cette rencontre a permis de faire mieux connaissance et a été à l’origine de la réconciliation franco-allemande.

 

Même pendant la période difficile qui suivit, M. Paul Boucher n'abandonna pas la croyance qu'il serait possible de communiquer entre la France et l'Allemagne.

 

Depuis, M. Paul Boucher a été le moteur de l'amitié et de la camaraderie entre les anciens du 152e Régiment d'Infanterie et le 8e Jäger et a fait le lien entre les vieux soldats avec une compréhension mutuelle, au profit des deux peuples.

 

Düsseldorf le 11 juillet 1964

 

Association des anciens du 8e et 19e chasseurs

  

   

Enterrement de Paul Boucher en juin 1973

 

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 Journal du 8e régiment de chasseurs Allemands

IN MEMORIAM PAUL HENRY BOUCHER

Ecrit en juin 1973 après le décès de Paul Boucher

(Traduction)

 

Le 16 juin 1973, le soleil descendait derrière les Vosges, quand se rassemblaient comme chaque année au monument des chasseurs les quelques fidèles, 8e Chasseurs allemands, les vieux du 15-2 et un ancien du 28e B.C.A, peut-être le dernier survivant de l’avant-poste du sommet, du fortin des alpins.

 

Profondément ému, M.Louis Marchal, ancien agent de liaison de la 9e Cie annonça la nouvelle « Notre capitaine de la 1e Cie, notre président général, Monsieur Paul Boucher est mort hier matin. » La douleur l’empêcha de continuer.

 

A la Pentecôte 1938, l’invasion de l’Autriche laissait monter en France de sombres pressentiments, Paul Boucher facilitait aux 8e Chasseurs, une excursion à l’Hartmann et la réinstallation de leur plaque sur leur monument. Il aida à surmonter les hésitations et les formalités comme s’il coupait un passage dans les barbelés pour franchir les tranchées d’autrefois. Mais en partant, il exhorta les participants en disant « Avant de nous séparer et de rentrer chacun chez nous, je forme le souhait que nos patries qui comptent tant d’hommes braves et courageux puissent désormais utiliser leurs forces et leurs vies au service de la paix et de la civilisation. »

 

Ainsi fut évoqué le nom de Paul Boucher au centre des souvenirs des morts, ce nom qui a tant signifié pour les Chasseurs et les Tirailleurs de l’Hartmanswillerkopf. C’était lui qui en 1926 avec M.Pierre Marteaux et malgré toutes les difficultés de l’époque invita le capitaine allemand M.Naendrup, ancien chef de la 3e Cie du 8e Chasseurs de réserve, à venir en Alsace pour suivre sur le terrain les événements du 21 et 22 décembre 1915, si tragiques pour les Français. Cette rencontre était à l’origine du livre « Diables Rouges, Diables Bleus à l’Hartmann ». Pour apprécier les actes des uns et des autres, pour tendre après tant de faits tragiques et contre tous les sentiments vers une réconciliation, il fallait un esprit humain, du courage et de la confiance. Paul Boucher posséda richement ces qualités qui lui ont permis de conduire les hommes pendant la guerre et en temps de paix avec une autorité naturelle.

 

 

Personne ne pouvait se douter que 15 mois après les deux pays se trouveraient de nouveau en guerre entre eux et que le monument du 152e devant lequel ces mots furent prononcés serait détruit par le génie allemand par obéissance à la politique.

 

Le destin a voulu encore que Paul Boucher représentant tous les 15-2 et le major Hans Muhe, ancien adjudant du 8e chasseurs allemands et maintenant à la Kommandantur à Nancy, arrivèrent les premiers devant les ruines. Le Français était profondément blessé et l’Allemand indigné s’exclama à haute voix « C’est une cochonnerie ».

 

Ainsi, ils ont déposé, muets, leurs gerbes aux monuments.

 

Lorsqu’en hiver 44-45, la Wehrmacht se replia sur les crêtes des Vosges et se mit à brûler tout l’avant-terrain pour le rendre inutilisable pour l’arrivée des Américains, Paul Boucher, Maire de Gérardmer, s’opposa au commandant allemand. Comme ancien officier français, il lui rappela le destin des femmes, des enfants et des malades qu’on ne pouvait pas laisser à leur sort en hiver dans les Vosges. Les hommes étaient depuis longtemps déportés au travail en Allemagne. Par son courage, son savoir-faire et son tact, il réussit à sauver un quart de la ville de la destruction. Plus tard, devant le tribunal militaire à Paris, Paul Boucher sauva par son témoignage à coup sûr l’officier allemand d’un sort fatal.

 

Pouvait-on s’étonner qu’après tout en été 1945, le monument des chasseurs sauta par une forte charge de dynamite ? Lorsque la tempête se calma, malgré toute déception et offense, Paul Boucher fut de nouveau le premier à comprendre le désir des chasseurs allemands de reconstruire leur monument, le premier à leur prêter son appui pour aplanir les excès et encourager les hésitants.

 

Lors de la grande cérémonie de juin 1959, après les graves paroles de M.Richard Müller, ancien capitaine de la 4e Cie du 8e chasseur et son appel au pardon et à l’oubli, le chemin de la compréhension, de la réconciliation et vers une vraie amitié était enfin engagé. (Note de Renaud Seynave : Voir ci-dessus les photos du capitaine Müller en 1915 et en 1970)

 

Les chasseurs et tirailleurs de la garde, les 14e et 9e Chasseurs et ceux du 25e RI von Lutzow, tous ont rencontré Paul Boucher lors de la réinstallation de leurs plaques et ils apprirent à estimer sa personnalité, toujours disponible, toujours prête à aider. Lors d’une des nombreuses réunions entre le Donon et le Sundgau, lui seul, sur la grande place de Metzeral qui a vu de si sanglants combats, pouvait trouver les mots courageux « Et tout ceci, compréhension et réconciliation, nous aurions pu l’avoir bien plus tôt, si nous avions été plus intelligents en 1919. » En effet, pour les soldats des deux guerres, ces paroles venaient du cœur.

 

Ainsi Paul Boucher jusqu’à son dernier soupir, quelques jours après son 89e anniversaire, est resté fidèle à sa grande famille, fidèle à ses entreprises et d’une manière inoubliable à ses camarades du 152e RI et du 68e Alpin. Il a accompli son devoir avec modestie et discrétion pour son pays, les Vosges, la France. Ni fleurs, ni couronnes, ni discours, ce fut son dernier désir.

 

Un grand convoi funèbre l’a accompagné à sa dernière demeure à Gérardmer. Innombrables furent les hommes et les femmes de toutes classes, les vieux camarades du 15-2 et Alpins auxquels le colonel en retraite Scheyer se joignit au nom de l’amicale des anciens du 8e Chasseurs Allemands. (Note de Renaud Seynave : Voir ci-dessus photo du colonel Scheyer avec Paul Boucher en 1968)

 

A la sortie de l’église, comme si Paul Boucher avait pour une dernière fois voulu donner à tous, pour les consoler et les redresser, la devise et l’idéal de sa vie, l’orgue entonna avec force le final de IXe symphonie de Beethoven, l’ode à la joie.

 

« Tous les hommes deviennent frères »

C’est à ce noble but qu’aspirait ce bon camarade. » 

 

Tous, Tirailleurs et Chasseurs Allemands et le 8e tout particulièrement s’inclinent et le remercient.

 

Bulletin de l’association des Chasseurs Allemands. Amicale de tous les Chasseurs et Tirailleurs Allemands. Septembre 1973

 

 

Rencontre des descendants de Paul et Suzanne Boucher à Gérardmer, Toussaint 2018

 

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Une partie des descendants de Paul et Suzanne Boucher devant la maison de Gérardmer

 

 

Nous nous sommes réunis à Gérardmer du 1er au 3 novembre 2018 à la veille du centenaire de l’armistice de la guerre 14-18, en souvenir de Paul Boucher, lieutenant de réserve au 152e RI et de François Boucher, sergent qui est mort au combat le 2 janvier 1915 à Steinbach.

 

Le 1er novembre, nous avons eu des témoignages sur François Boucher et sur la présence de la famille Boucher en Tunisie avec de nombreuses photos et films de famille. Le deux novembre, certains sont allés le matin à Steinbach pour voir la stèle de François Boucher puis nous nous sommes retrouvés à l’Hartmannswillerkopf avec visite guidée du musée et du champs de bataille où Paul Boucher s’est battu en 1915.

 

 

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Quelques cousins devant la stèle indiquant l’endroit où François Boucher a été tué le 2 janvier 1915 à Steinbach

 



09/11/2018
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