14-18Hebdo

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Souvenirs de guerre 1914-1919 (Paul Boucher) - Epilogue

Document transmis par Renaud Seynave, son petit-fils - 29/10/2018

 

Pour mes enfants - En souvenir de François Boucher, mon frère et d’Edouard Michaut, mon beau-frère, morts au champ d'honneur. (Gérardmer - 1920).

 

  

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Paul Boucher (3e à gauche, 1ère rangée) et une partie de la 4e section de la 1ère Cie à Soultzeren en août 1914

 

 

Pendant quatre jours, nos troupes demeuraient sur place pour laisser partir les troupes allemandes. Ces quatre jours ne furent pas de trop pour nous faire prendre conscience des prodigieux événements qui allaient se produire.

 

Le danger était fini.

 

Alors, chacun voulait aller de l’avant, l’ordre des échelons était inversé. Tout le monde voulait entrer en triomphateur et surtout aller en Allemagne.

 

Le 14 novembre, nous passons la ligne et arrivons à Michelbeke en Flandres orientale où j’avais une réception. Le bataillon attend à l’entrée du village. Dîner et toasts à table. Te Deum à l’église, décoration de la Croix de Guerre à une jeune Flamande.

 

Visite aux sœurs qui ont confectionné le drapeau français. Cela continue à Oultre puis Ninove où j’assiste à un service pour les morts du 152e. On approche de Bruxelles, Etterbeek. Je dîne chez un sénateur marseillais. J’ai vu le retour du Roi à Bruxelles. Nous sommes acclamés dans la rue. Dans les cafés, on me prend pour un marin.

 

On visite Louvain, puis on a ordre de revenir en arrière.

 

La division n’ira pas en Allemagne ! Grosse déception pour tous. A partir de ce jour, ce fût triste. Nos chefs pensaient à la dissolution prochaine et nous au retour dans nos familles.

 

La division part en étape : Herzele, Deinze, Ruiselede, Roulers.

 

Rentré en France le 3 décembre, j’apprends les fiançailles de Marguerite Vautrin avec Pierre Michaut, frère d’Edouard.

 

Beaucoup de paperasses mais le zèle n’y est plus. Je vais à Dunkerque pour voir Bertin à l’hôpital. Des prisonniers français sont rapatriés.

 

Le maréchal Pétain remet la fourragère rouge au 152e RI à Rosendaël. Il me fait mauvaise impression ! Puis Arches, Desvres, Beaurainville, étapes lamentables. Les troupes n’ont plus de chaussures et ronchonnent. Puis Saint Valéry, Abbeville d’où je pars en permission le 26 décembre jusqu’au 18 janvier.

 

(Notes de Renaud Seynave : informations relevées dans son carnet :

  

« Je prends l’express qui me met à Paris à 8h, Suzanne y arrive à 6h. J’y trouve Papa. Le 4 janvier, départ pour Nancy.

 6 Janvier, j’ai vu Pierre Michaut. Le 8 janvier, départ pour Gérardmer, heureusement, l’auto est venue me chercher. Arrêt en passant à Rambervillers. Le 10, rien le matin, je mets mes affaires en ordre. Après-midi, promenade avec Maman et les petits au Xetté. Le 11, visite au Kertoff avec Papa, question des salaires. 12 Janvier, visite des Garnier et Gutton. Je passe la journée du 13 au bureau. Le 18, départ à 7h du matin, l’auto me conduit à Lure où je prends le train pour Paris. Cette ligne n’est presque pas encombrée. Je couche Rue Mazarine où est Papa. »

 

Je retrouve la division à Beauvais le 19 janvier. La division est dissoute et je m’occupe de ce travail.

 

Chacun s’en va de son côté, « le militaire ne tient plus l’affiche » !

 

Je suis presque abandonné à Beauvais sans ordres. Je laisse mon cheval Goéland qui a été bon pour moi à un détachement de cavalerie et me promène à Paris. A force de réclamer une affectation, on m’envoie le 10 février à la 25e Brigade que je cherche en vain où l’on me dit de rejoindre Strasbourg. En route, on me dit que c’est à Epinal, j’y vais par le chemin des écoliers.

 

(Notes Renaud Seynave : informations relevées dans son carnet :

  

« 14 février, Epinal, couche à l’hôtel de la Poste, visite à Tante Lucie, vois Maurice Boucher. 16 février, déjeuner chez Maurice à Cheniménil, Tante Célina et Georges Cuny en civil. Le 19 février, je serai démobilisé demain après 1666 jours de guerre et de mobilisation. »)

 

Je retrouve ma famille et me fais démobiliser à la caserne de Courcy.

 

Je rentre à Gérardmer le 23 février 1919 où le 152e RI revient le même jour.

 

Je suis parti et je rentre avec ce même 15-2.

 

  

Paul Boucher Epilogue Fin du carnet.jpg

Dernière page écrite du carnet de poche de Paul Boucher



02/11/2018
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