14-18Hebdo

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Journal de la Grande Guerre de quelques ancêtres des familles Farret, Cambon et Broquisse - 38 - Septembre 1917

Olivier Farret – 13-08-2018

 

Le mois de septembre verra la montée en puissance de l’armée américaine, les American Expeditionary Forces (AEF). Le général Pershing établit son quartier général à Chaumont en Haute-Marne. Il se souvient des mots adressés avant son départ des USA par le secrétaire à la guerre américain Baker : « Je ne vous donne que deux ordres : le premier d’aller en France et le second de revenir. Entre les deux, votre autorité en France sera totale. »

 

Autant dire que non seulement Pershing va constituer les AEF, mais qu’il va choisir la façon dont elles interviendront dans la bataille. Cependant sa marge de manœuvre est limitée par ses deux Alliés : les Britanniques veulent toujours tenir le front à proximité de la Manche, tandis que les Français veulent garder tout le secteur entre Paris et Verdun. Il ne reste donc aux Américains que la portion située à l’est de Toul, jusqu’à Belfort. En septembre, l’armée n’est pas encore opérationnelle et les Américains cherchent d’abord des champs de manœuvres. L’accent est particulièrement mis sur l’entraînement car les troupes ne sont pas aptes au combat. Trois phases sont prévues : L’entraînement élémentaire individuel mais aussi au sein de la section, de la compagnie ou du bataillon, la montée en ligne dans un secteur calme au sein d’une division française, de bataillons américains, l’entraînement au combat de la division entière, avec son artillerie et son infanterie, pour des attaques menées conjointement. À l’automne, Pershing dispose de quatre divisions pour l’entraînement, soit un peu plus de 100 000 hommes. Le plan américain prévoit cinq corps d’armée, comprenant au total 30 divisions.

 

Compte tenu des circonstances peu favorables, avec la perte de tant d’hommes chez les Britanniques et les Français et le nombre insuffisant de Sammies aguerris, il est plus opportun d’attendre l’offensive allemande prévue pour 1918. Une offensive américaine massive, en direction de Metz, n’est envisagée qu’au printemps 1919. Pour l’année 1918, les Américains prévoient une opération limitée : la réduction du saillant de Saint-Mihiel. (Yves Buffetaut).

 

 

À l’Est, les Russes doivent se replier et évacuent Riga et les pays Baltes. Il s’agit du dernier épisode militaire russe avant la prise du pouvoir par le parti bolchevique.

 

 

En France, un nouveau gouvernement (Painlevé) est constitué. Au camp de la Courtine, le camp est repris aux révoltés russes après de violents combats et les tirs de 800 obus. Le nombre de tués et de blessés pendant les opérations ne sera jamais connu.

 

Après cinquante-trois victoires, l’as de l’aviation française Georges Guynemer, 23 ans, ne rentre pas de sa mission. Il a été abattu au-dessus de Poelcapelle, en Belgique, aux commandes de son Spad VII par le lieutenant Wissemann. Symbole absolu de ce combattant nouveau qu’est l’aviateur, il a droit à une vingt-sixième citation, à titre posthume, qui sera lue sur tout le front :

 

« Mort au Champ d’honneur le 11 septembre 1917. Héros légendaire, tombé en plein ciel de gloire après trois ans de lutte ardente, Guynemer restera le plus pur symbole des qualités de la race : ténacité indomptable, énergie farouche, courage sublime ».

 

Moins d’un mois après sa mort, l’Assemblée nationale vote à l’unanimité son inscription au Panthéon. (Jean Christophe Buisson).

 

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Georges Guynemer devant l’un de ses avions de combat, wikipedia.org

  

 

Si le moral de l’armée française s’est amélioré depuis le printemps 1917, un grand nombre de poilus est épuisé. Alors que le 67e RI est au repos dans les Vosges pour reconstituer ses effectifs, le caporal Cederc écrit le 12 septembre à son père :

 

« Nous nous battons pour le triomphe du droit et de la civilisation ! Telle est la phrase que depuis trois ans les journaux nous ressassent chaque jour. De bien grands mots : droit, civilisation pour une chose aussi creuse que la guerre actuelle. C’est nous, gens civilisés, raffinés, qui au début de la guerre nous flattions d’avoir des obus à la « Turpinite » (mélinite), obus aux effets foudroyants qui tuaient tout à leur portée, par les gaz, plus loin, c’est nous, gens civilisés, qui sommes allés déposséder les Marocains, les Indochinois, etc., etc., par le fer et le sang. […]

 

Hélas ! pauvre France, jamais personne ne croit que nous allons avoir la victoire ; je t’assure que nous sommes dans une situation bien grave, mais que veux-tu, au petit bonheur la chance et tant qu’il y aura de la vie, il y aura de l’espoir, car moi, je préférerais vivre sous quel que soit le régime après la guerre que d’être française. […] J’étais un grand patriote, mais avec une bande de cochons que nous avons à nous gouverner on devient tout à fait anarchiste car si on avait été bien dirigé [sic] et gouvernés depuis le début, il y aurait longtemps que les boches seraient battus et que nous serions chez nous. […] ». (Philippe Faverjon)

 

Sur le front de Verdun, les Allemands tentent en vain des contre-attaques ; les Français résistent. Le 11 septembre, le général Georges Riberpray, commandant la 128e DI, est tué par un obus au bois de Chaume. Il est le trente-cinquième officier général français tué au combat depuis le début de la guerre ; quarante et un généraux, âgés de 46 à 69 ans seront tombés d’ici la fin de la guerre.

 

 

Le 150e RI est en ligne au nord du Bois des Fosses, le secteur est difficile en raison des bombardements ennemis. Dès le 8 septembre, une action vigoureuse a lieu vers le nord, alors qu’un épais brouillard couvre le champ de bataille. Les compagnies se portent à la rencontre des fractions ennemies qui contre-attaquent. Des corps à corps d’une violence inouïe, des combats acharnés à la grenade et à la baïonnette s’ensuivent. Le régiment déplore plusieurs morts et blessés.

 

Le 10 septembre, à 5h30, l’attaque est reprise, dans des conditions pénibles après plusieurs jours de luttes à la grenade incessantes et de bombardements continuels. Un groupe admirablement commandé s’élance en criant :

 

« En avant ! les gars de Sailly-Saillisel et de Sapigneul ! » (Allusion aux batailles de la Somme et du Chemin des Dames et le Mont Sapigneul où Paul Farret a été tué).

 

La section commandée par l’adjudant Godard, s’empare au prix de mille difficultés du point le plus solide de toute la position. L’adjudant Godard tue de son révolver plusieurs Allemands dont un qui lui a déjà sauté à la gorge. Puis il organise rapidement le terrain et tient tête à toutes les contre-attaques. Tout le nord du bois des Fosses est conquis par le 150e.

 

Relevé le 15, le régiment se rend au Faubourg Pavé à Verdun, puis se porte fin septembre dans la région de Taillancourt, au sud de Vaucouleurs. Les officiers de la 40e DI sont reçus par le général Pétain qui ne tarit pas d’éloges sur les régiments de la division. (Capitaine Ensalès et Historique du 150e RI)

 

 

Le 173e RI d’André Farret cantonne dans la région de Bar-sur-Aube, où il reconstitue ses effectifs. Le 23 septembre 1917, sur le vaste plateau de Bessoncourt dans l’Aube, la 126e DI toute entière est rassemblée pour la remise des fourragères par le général Pétain aux 55e, 112e, 173e RI à la suite de leurs récents exploits de la fin août. Par ordre N°900 du 22 septembre 1917, le 173e RI est cité à l’ordre de la IIe Armée :

 

« Régiment magnifique de bravoure et d’entrain. Les 20, 21 et 22 août 1917, sous l’énergique impulsion du colonel Bizard, chef de corps d’une haute valeur morale, a enlevé des positions successives fortement organisées sans se laisser arrêter par un feu nourri de mitrailleuses, ni par des réseaux de fil de fer incomplètement démolis, brisant la résistance désespérée de l’ennemi, résistant avec une vigueur sans exemple à toutes les contre-attaques. A capturé de nombreux prisonniers et un important matériel. »

 

Accompagné du général Fayolle, commandant le groupe d’armées de l’Est et du général de Fonclare, commandant le 15e Corps, le général Pétain attache les fourragères sur les hampes des drapeaux que l’on incline devant lui. Le défilé des troupes termine la cérémonie. Mais avant de se retirer, le général en chef fit rassembler les officiers de la division autour de lui et, après les avoir félicités sur la belle tenue de leurs troupes, il ajouta ces mots, comme destinés à mettre fin à l’odieuse calomnie du début de la guerre : « Le 15e corps est devenu un de nos meilleurs corps d’armée, la 126e Division d’infanterie est une division d’élite. » (François Petreto, Jean-Claude Fieschi)

 

Le soldat grenadier au 173e RI, Dominique Mufraggi, 27 ans, reçoit une citation à l’ordre de l’armée, à titre individuel (Ordre n°914, 2e armée, 29 septembre 1917) : « Grenadier d’élite, a fait preuve au cours des attaques des 20, 21, et 22 août 1917, d’une intrépidité et d’une audace extraordinaire. Quoique brûlé par un projectile incendiaire, se précipite sur les derniers occupants de la tranchée, les tuant de sa main. Puis partit en patrouille en avant des lignes, et n’en revint qu’après avoir épuisé ses grenades, en ramenant une mitrailleuse. »

 

 

Jean Broquisse est en permission de 6 jours à partir du 5 septembre ; il a retrouvé les siens avec effusion au château du Soulat en Gironde… hélas il faut très vite repartir vers le front : « Mes chères sœurs, je roule, je roule toujours pour n’arriver que demain matin. Je suis plein d’idées noires, mais le canard et le saucisson sont bons, le vin blanc émoustillant, ainsi je tuerai le vilain cafard qui voudrait m’accabler… »

 

Le cafard, terme moderne de la psychose nostalgique des siècles passées envahit le soldat, séparé de la vie d’avant et au fond de sa tranchée : « Tout Poilu a connu le cafard. Cela vous prend tout à coup, l’on ne sait pas pourquoi… C’est une lassitude qui s’empare de vous. Tout est noir. L’on est même las de vivre… » (Témoignage anonyme) Un journal de tranchées (Boyaux du 95e, n°7, 1917), évoque ce grand malaise du soldat :

 

« […] La permission est terminée, l’illusion du bonheur est évanouie et l’on vole vers la terrible réalité. Après une demi-nuit de mauvais sommeil, nous voici arrivés à la gare de destination ; l’air frais du matin nous fouette le sang, épaissi par la chaleur moite du wagon ; un territorial détache, à la lueur de la lanterne fumeuse, le coupon « Retour » et, franchissant la petite barrière, nous sommes en ville. […] Après un frugal repas, nous nous dirigerons vers la gare m… Une rame de wagonnets avec plateformes est prise d’assaut par les « bleus horizons » casqués, guêtrés, ayant musettes bourrées, bidons pleins et d’innombrables colis. […] ».

 

Le moral de Jean Broquisse est meilleur quand il retrouve son cousin germain Élie Gillet : « Hourra, les deux cousins se sont retrouvés ! Élie, toujours fringant cavalier, est venu me surprendre ce matin dans mon cantonnement de Br…. et m’a ramené dans sa cagna. Je serai son hôte. Oh, joie inexprimable… »

 

 

Élie Gillet, cavalier au 15e Dragons, est lieutenant. Avec l’évolution des techniques de guerre (tranchées, chars d’assaut…) on assiste à la dissolution d’un certain nombre d’unités de cavalerie et le versement du personnel dans l’artillerie, l’aéronautique… L’aérostation comprend des ballons captifs et des dirigeables. Élie Gillet devient ainsi aérostier.

 

 

Jean Broquisse quitte le DD et rejoint son régiment qui est au repos dans la région d’Épernay. Il cantonne près de Montmirail. Il assiste à une représentation du Théâtre aux armées. En effet, avec la guerre qui s’enlise, le commandement décide de maintenir le moral des troupes en organisant des manifestations culturelles ou sportives afin de distraire les soldats au repos.

 

Certains artistes célèbres y participent. Sarah Bernhardt, 72 ans, est l’une d’entre eux : « Mon rêve, c’est d’aller dans les tranchées, aussi près que possible. Je n’ai pas peur des obus et du reste. Qu’est-ce que cela peut me faire à moi ; ne serait-ce pas terminer ma carrière d’une façon glorieuse ! »

 

 

En Méditerranée, les Alliés ont sécurisé les routes maritimes. La partie occidentale est sous la surveillance de la Marine basée à Toulon ; les navires font route autant que possible en suivant les côtes et certains ports sont l’objet de protection accrue au moyen de filets. La flottille de torpilleurs, dont le Janissaire de Pierre Farret, patrouille sans relâche. En Méditerranée orientale, les convois doivent suivre des routes obligatoires, partant de Salonique et de la mer Égée pour rejoindre Bizerte, Gibraltar, Marseille, Toulon et Gênes. Des convois de 20 navires escortés de bâtiments de guerre quittent les ports toutes les semaines pour rejoindre la Grèce, Port-Saïd ou Alexandrie. Plus de 280 bâtiments d’escorte (contre-torpilleurs, avisos et chalutiers armés) veillent sur les convois. Ainsi, le ravitaillement en charbon de l’Égypte et le fret essentiel des Indes et de l’Extrême Orient sont mieux assurés.

 

En cet été 1917, la défense des côtes et des ports agite les états-majors et les ministères de la marine et de la guerre. En effet depuis la loi du 10 juillet 1791, la Marine a la charge de « la défense des frontières maritimes contre l’ennemi flottant » et la défense des côtes est sous l’autorité du ministère de la Guerre. Cette réglementation, confortée par Napoléon, doit toujours être suivie pendant le conflit. En clair, si un ennemi tente de s’approcher des côtes, c’est la Marine qui doit le repousser ; dès qu’il a foulé le sable, c’est l’armée qui s’en occupe !

 

Face à la menace ennemie, la Marine présente un projet de remplacement du personnel Guerre par un personnel Marine pour la défense du littoral. La Marine souhaite un transfert total de compétence, rejeté par la Guerre. Le général Pétain, commandant en chef, se montre défavorable à tout changement. Il conteste cependant le principe de séparation des défenses entre l’ennemi flottant et l’ennemi débarqué.

 

Le président Poincaré signe le décret du 21 septembre 1917. Art. 1 : Le ministre de la Marine est chargé de la défense des frontières maritimes contre l’ennemi flottant… Les organisations (personnels et matériels) du département de la Guerre sont mises à la disposition du ministre de la Marine. Art. 2 : Pour la défense contre l’ennemi flottant, le littoral est réparti entre les arrondissements maritimes sous l’autorité du préfet maritime. Art. 4 : Le présent décret est applicable à la France, l’Algérie, la Tunisie et le Maroc. Toutefois, la défense du littoral de la Zone des armées est et demeure, dans les conditions en vigueur, dans les attributions du général en chef commandant les armées, jusqu’à la fin des hostilités. (Frédéric Saffroy).

 

 

Dans l’enceinte du camp retranché de Toulon, ce sont 14 hôpitaux qui fonctionnent pendant la guerre. En 1917, Toulon et Hyères recevront 50 000 blessés dont 14 000 éclopés. L’hôpital civil, les deux hôpitaux maritimes (Ste Anne et Saint-Mandrier) avec leurs annexes A (externat Saint-Joseph des Pères Maristes) et B (École des mécaniciens au port marchand) et un dépôt de convalescents soit environ 2 100 lits. Si les blessés proviennent encore de la Zone des armées, la majorité arrive de l’Armée d’Orient, par les navires-hôpitaux. Ces hôpitaux reçoivent aussi des blessés et des malades serbes et des blessés allemands, prisonniers, ces derniers dirigés sur Saint-Mandrier. Les maladies les plus fréquentes souvent mortelles sont la fièvre typhoïde, la tuberculose, des affections pulmonaires et des péritonites non traumatiques. Un grand nombre de décès est dû au paludisme pour les soldats évacués des Balkans. En dehors de Toulon, des villes comme Hyères ou La Seyne concentrent de nombreuses formations hospitalières. (François Olier).

 

 

Sur le front de Salonique, Sarrail peut-il se résigner à l’inaction ? Il assure la relève des unités fatiguées et les seuls renforts qu’il reçoit sont des pièces lourdes expédiées de France et des avions modernes ; 260 appareils sillonnent le ciel de Salonique. Cependant, les ordres de Paris sont clairs : il faut tenir à toutes forces ce front face aux Germano-Bulgares pour soulager les Roumains engagés dans une résistance acharnée et priver l’Allemagne et l’Autriche du blé de la Valachie et du pétrole de Ploiésti. Les attaques françaises « de démonstration » sont coûteuses en hommes ; lors du bombardement des lignes, des cantonnements et des centres de commandement ennemis dans la région de Florina, un grand nombre d’avions alliés sont abattus.

 

Dans les Balkans, du 7 au 12 septembre, une offensive française permet de s’emparer des observatoires du massif de Kamia. Manquant d’hommes, cette attaque fut menée par une « division provisoire » rassemblée par Grossetti comprenant des gendarmes albanais, des Sénégalais, des unités coloniales venues d’Indochine ou d’Afrique du Nord, notamment des spahis marocains qui auront de lourdes pertes. Ainsi des actions offensives limitées se répètent en septembre et jusqu’au début de l’hiver. L’heure est plutôt à la défensive, le front roumain s’étant calmé en raison de la victoire de Berthelot sur les Bulgares. Si les Italiens et les Serbes continuent leurs actions à l’ouest du dispositif pour contenir les forces ennemies, les Britanniques retirent de Salonique des divisions pour la Syrie, indiquant ainsi leur véritable centre d’intérêt en Orient. (Pierre Miquel)

 

 

En ce début d’automne 1917, a lieu une rencontre inattendue dans les couloirs de l’hôpital militaire du Val-de-Grâce, à Paris. André Breton, qui y est interne, et Louis Aragon, médecin auxiliaire, font connaissance et se découvrent une passion commune pour Rimbaud et Lautréamont. Lors des alertes aériennes, ils récitent à tue-tête Les Chants de Maldoror, d’Isidore Ducasse, plus connu sous le nom de Comte de Lautréamont. Après la guerre, les deux hommes seront parmi les principaux animateurs du mouvement surréaliste.

 

 

Sources :

Yves Buffetaut, Les Américains en Meuse, Ysec, 2008.

Jean Christophe Buisson, 1917, Perrin, 2016.

Frédéric Saffroy, Le Bouclier de Neptune, Presses universitaires de Rennes, 2015.

François Olier, Jean-Luc Quenec’Hdu, Hôpitaux militaires dans la Guerre 1914-1918, Tome IV, France sud-est, Ysec, 2014.



24/08/2018
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