14-18Hebdo

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Carnets de guerre (Anna Vautrin) – N° 89 – 1er au 7 janvier 1917

Document transmis par Renaud Seynave, son arrière-petit-fils - 20/12/2016

 

1915 Alexis Vautrin avec Yvonne et Marguerite.jpg

Yvonne et Marguerite avec leur père Alexis Vautrin

 

Lundi 1er janvier 1917

Encore une nouvelle année de guerre. On pensait cependant qu’elle serait finie en 1916 et que 1917 s’ouvrirait avec la paix ! Ayons courage et confiance. On les aura comme disent nos poilus si courageux et si braves.

 

Le 1er janvier s’est passé tranquillement malgré les craintes des Nancéens qui pensaient à un bombardement de grosses pièces de celle qui se trouve dans la forêt de Hampont près de Château-Salins qui nous envoie de temps en temps des obus de 380.

 

Beaucoup de Nancéens étaient partis de Nancy et mon boucher nous disait qu’il n’avait jamais vendu autant de gigots à des gens qui fuyaient Nancy pour quelques jours. Plusieurs familles nancéennes sont allées aux environs de Nancy pour cette journée du 1er janvier qu’elles craignaient à cause des obus.

 

Mon pauvre mari a eu aujourd’hui une crise d’asthme affreuse. Il a beaucoup souffert toute la journée et la nuit a été très mauvaise.

 

Mardi 2 janvier 1917

Plusieurs Nancéens rentrent à Nancy mais beaucoup vont dans le midi. Il fait un froid terrible.

 

Gogo est partie à Gérardmer avec Paul et Suzanne pour rester avec Suzanne quand Paul sera parti.

 

Madame Boucher écrit de Paris à son fils Jean qui est en Tunisie et lui disait que Paul était à l’Hartmannswillerkopf en Alsace. Sa lettre est arrivée ouverte par la censure militaire et le passage de cette lettre coupée. On défend absolument dans les lettres tous les renseignements sur les militaires.

 

Mercredi 3 janvier 1917

Nous voyons beaucoup de tirailleurs passer à Nancy. Il y a aussi des nègres et des Marocains. Beaucoup de troupes traversent Nancy et passent cours Léopold, de la cavalerie, de l’artillerie, des hussards et 25 voitures d’ambulance. On ne voit que des tirailleurs et des Marocains dans les rues.

 

On dit sur les journaux que les Allemands tenteraient peut-être de violer la Suisse et de faire comme en Belgique. Les Suisses commencent à mobiliser. Je ne crois pas qu’ils le feront mais on ne peut prévoir ce qui va se passer dans l’avenir avec ces sauvages.

 

Un moine nommé Raspoutine vient d’être assassiné en Russie. Il était germanophile. On dit aussi que la Tsarine qui est une princesse de Hesse, par conséquent Allemande favorise plutôt les Allemands. On dit qu’on vient de l’éloigner de la cour et qu’elle est dans un château. Est ce vrai ?

 

Jeudi 4 janvier 1917

Les troupes passent toujours. On se prépare pour la grande offensive du printemps, toujours des tirailleurs. Un officier a un bouquet qu’on lui a lancé. Pauvres soldats, où vont-ils ?

 

Madame Brice, une de mes amies habitant Paris, a reçu une lettre d’une amie de Château-Salins lui disant. « Le Grand-père a été bien malade. On le soigne et un de ses amis est venu lui tenir compagnie ». Le Grand-père, c’est la grosse pièce de 380 qui nous bombarde et un de ses amis est une autre pièce que les Allemands viennent de monter à côté. On ne peut dire aucune nouvelle, toutes les lettres sont ouvertes.

 

Vendredi 5 janvier 1917

Monsieur Briand, le général Lyautey et Lloyd Georges d’Angleterre sont partis à Rome pour une conférence. Le Kaiser a fait connaître à la Suisse ses conditions de paix qui sont toutes inacceptables.

 

Samedi 6 janvier 1917

L’ambassade d’Allemagne a assuré à la Suisse que les Allemands ne violeraient pas la Suisse. Peut-on les croire ?

 

La situation en Grèce reste toujours grave. Nancy est très calme en ce moment.

 

Dimanche 7 janvier 1917

Encore des passages de troupes.

 

Paul est toujours à la Tête de Faux près du lac Blanc. On ne se bat pas mais les pays se préparent pour la grande offensive du printemps.



30/12/2016
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