14-18Hebdo

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Carnets de guerre (Anna Vautrin) – N° 77 – 9 au 15 octobre 1916

Document transmis par Renaud Seynave, son arrière-petit-fils - 06/10/2016

 

1915 Alexis Vautrin avec Yvonne et Marguerite.jpg

Yvonne et Marguerite avec leur père Alexis Vautrin

 

Lundi 9 octobre 1916

Je vais à l’hôpital civil et lorsque j’y arrive, on me dit qu’on vient d’amener un malheureux lieutenant qui est mort en arrivant.

 

Je vais voir dans les salles de chirurgie de mon mari les pauvres blessés du bombardement du mois d’août quand les Allemands ont lancé plusieurs obus de 380.

 

Je vois la propriétaire de l’hôtel St Georges qui a perdu son père, sa mère et une bonne qui ont été tués dans leur lit. Une petite fille est là aussi. Elle a reçu de nombreux éclats d’obus.

 

Un petit garçon a eu un œil emporté. Je vois aussi plusieurs blessés, c’est affreux.

 

Mardi 10 octobre 1916

Vers 9 heures du matin, il y a plus de 12 avions en même temps. C’est une escadrille qui part pour la Somme et quitte Nancy.

 

Mercredi 11 octobre 1916

Aujourd’hui, tocsin et canon. Il y a des taubes qui viennent sur Nancy mais ils n’ont pu lancer des bombes. Ils en ont lancé à Lay-St-Christophe et à Dombasle.

 

Je vais à la Banque de France porter encore quelques pièces d’or qui nous restaient car tout le monde porte son or à la banque pour aider à la victoire car la France en a besoin. On ne voit plus une seule pièce d’or.

 

On a des billets de 5, 10 et 20 francs, des billets de 1 franc et 50 centimes aussi, on a en outre le porte-monnaie et des portefeuilles pour les billets faits exprès.

 

En allant à la Banque de France, je vois une personne de Cirey qui a été prisonnière des Allemands pendant plusieurs mois. Elle apporte à la banque des pièces allemandes et autrichiennes.

 

Jeudi 12 octobre 1916

On nous écrit de Gérardmer que, dans la nuit, deux taubes sont venus et ont lancé 28 bombes sur Gérardmer entre minuit et deux heures du matin. Il y en a eu partout qui sont tombées près de l’église, deux dans le jardin de Monsieur Lucien Simonin, une devant chez Largeron, une devant la gare.

 

Depuis l’école supérieure à Forgotte jusqu’au lac, plusieurs bombes ont été jetées. Il y en avait certaines qui étaient incendiaires. Trois incendies ont été allumés. Les vitraux de l’église ont été brisés. Les taubes ont aussi jeté des papiers disant qu’ils reviendraient plusieurs fois.

 

Madame Boucher est partie aussitôt pour St Amé.

 

Vendredi 13 octobre 1916

Dans la nuit, il y a eu une très forte canonnade, le canon était si fort que je me suis levée et j’ai regardé par la fenêtre car les coups de canon faisaient trembler les vitres. Je ne voyais pas de lueurs. On nous a dit que c’était un zeppelin qui voulait venir sur Nancy.

 

Samedi 14 octobre 1916

Il n’y a plus de blessés à Nancy. Les ambulances sont fermées à cause des bombardements. On a fait un bel hôpital à la Malgrange, à Bosserville et aux environs. Alexis a encore 30 blessés seulement à l’hôpital civil. Il n’y a presque plus de blessés à l’hôpital militaire. Les blessés de la Somme sont envoyés à Amiens et à Paris. Les blessés de Verdun sont envoyés à Revigny.

 

On se bat toujours très fort dans la Somme. Paul est toujours en réserve, tant mieux !

 

Dimanche 15 octobre 1916

Tocsin vers 7 heures du matin. Les taubes lancent deux bombes à Maxéville et repartent. Nous voyons très bien les flocons blancs de nos obus de 75. On entend toute la nuit les avions qui partent en reconnaissance.



07/10/2016
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