95e semaine de guerre - Lundi 22 mai au dimanche 28 mai 1916
LUNDI 22 MAI 1916 - SAINT AUSONE - 659e jour de la guerre
MARDI 23 MAI 1916 - SAINT ZENON - 660e jour de la guerre
MERCREDI 24 MAI 1916 - NOTRE-DAME AUXILIATRICE - 661e jour de la guerre
JEUDI 25 MAI 1916 - SAINT URBAIN - 662e jour de la guerre
VENDREDI 26 MAI 1916 - SAINT PHILIPPE DE NERI - 663e jour de la guerre
SAMEDI 27 MAI 1916 - SAINT BEDE - 664e jour de la guerre
DIMANCHE 28 MAI 1916 - SAINT GERMAIN - 665e jour de la guerre
Revue de presse
- L'effort russe opiniâtre et unanime
- Le nouveau dictateur des vivres en Allemagne
- L'armée des Etats-Unis est portée à 680,000 hommes
- Dans un merveilleux élan nos troupes pénètrent dans le fort de Douaumont
- M. Helfferich Vice-chancelier
- Bataille acharnée dans la région de Verdun
- La jonction des troupes russes et anglaises est effective en Mésopotamie
- M. Lloyd George essaie après M. Asquith de résoudre le problème irlandais
- Les combats près de Douaumont
- Les Autrichiens subissent un échec sanglant entre l'Adige et Vallarsa - Les Italiens évacuent une position avancée sur l'Astico
- En Afrique - Victoire anglaise au Darfour - Les rebelles perdent un millier d'hommes
- Les Bulgares envahissent la Grèce
- Le général Gallieni est mort - Il sera inhumé aux Invalides
Morceaux choisis de la correspondance
22 mai - ELLE (Paris).- Le docteur m’a dit hier que je pourrais partir samedi prochain. Je l’ai donc annoncé à Marie Molard, mais elle a beaucoup insisté pour que je remette mon départ au dimanche car elle donne un dîner le samedi soir et désire aimablement m’y voir assister. C’est donc entendu, tu le sauras pour la correspondance. Tes lettres ne mettent que deux jours pour venir ici, tu pourras donc encore m’écrire jeudi, ensuite tu les adresseras à Docelles. Ce qui est ennuyeux, c’est que le docteur me fera revenir d’ici un mois pour m’examiner. S’il trouve suffisamment de progrès, cela ira bien il me renverra de suite, sinon, il me fera recommencer une série de six applications électriques. Enfin, il ne faut pas s’ennuyer à l’avance du moment qu’il m’assure que j’irai bien mieux après, c’est une bien petite chose, surtout puisque j’ai les Molard qui m’accueillent si gentiment. S’il fallait être toute seule à l’hôtel, ce serait le vrai ennui, mais de cette façon je suis même très gâtée.
Hier nous sommes allées au cinéma de 3 à 4. J’y ai laissé Marie et Germaine qui ont vu tout le spectacle. J’avais donc mon rendez-vous chez le docteur, puis je suis revenue en tram jusqu’à mon hôtel et je me suis installée dans un bon fauteuil, les pieds allongés sur une chaise à faire des prix de revient que j’avais reçus de Docelles. A sept heures, je suis allée rue Boissière, dîner puis réussite avec Adrien qui, entre parenthèses, perd toujours, et coucher à 9 h 1/2.
A midi, nous aurons Paul et Madame Lanique qui est ici depuis vendredi pour tenir compagnie à Marie un peu l’après-midi, maintenant qu’elle va mieux et que Paul va retourner dans les Vosges. Mme Lanique a dû venir hier entre deux trains et Pierre vient très souvent depuis Vincennes. On ne parle pas du tout de son départ prochain pour le front. En ce moment il est dans l’artillerie lourde, mais il espère passer dans l’aviation qui l’intéresserait davantage.
Nos enfants vont toujours bien, j’ai reçu d’eux ces lettres que je te joins quoiqu’elles ne soient pas admirables, tu y verras l’étourderie de Monsieur « ton fils ». Quel petit diable, je me demande quand il fera attention. Je t’aime mon Geogi et t’embrasse bien tendrement. Ta Mi.
Je pense que nous aurons aujourd’hui l’autorisation d’aller voir Marie Paul.
Nous pourrons nous estimer heureux si nous sortons de cette pétaudière à notre honneur et si nous pouvons y gagner seulement l’Alsace-Lorraine.
22 mai - LUI.- J’ai reçu ta bonne lettre du 19. Tu as bien raison de profiter de ton séjour à Paris pour te distraire un peu. Je regrette seulement de ne pas être avec toi. Te rappelles-tu, Mi, il faisait si bon aller ensemble au théâtre et puis revenir dans sa petite chambrette bien close pour embrasser et caresser sa Mie. Je me réjouis fort de voir ton beau chapeau que tu as joliment fait d’acheter. Tu sais qu’on n’en a jamais que pour son argent et si l’on veut avoir de belles choses pour faire plaisir à son Geogi il faut y mettre le prix.
Nous avons le temps de penser à ce que nous ferons en 1918 pour Cornimont et tu as bien fait de dire à Paul qu’il ne répète pas vos conversations à ce sujet. Sans doute si je reste à Cornimont, je ne demanderai certes pas mieux que d’augmenter ma part mais cependant pas dans une forte proportion, je ne veux pas faire comme Paul et m’endetter pour avoir des actions et des parts un peu partout. Il faut songer à l’avenir, à l’établissement de nos chéris et il vaut mieux toujours garder une somme assez rondelette d’argent liquide pour parer à l’imprévu. Quant à habiter Epinal, nous avons aussi le temps d’y réfléchir mais a priori cela ne me semble pas bien indiqué. En tout cas immédiatement après la guerre il faudra habiter Cornimont car le patron aura beaucoup à faire et, comme on sera certainement obligé de transformer le Faing et le vieux Daval, il faudra qu’on soit là. Après nous verrons.
Je suis content que Marie Paul aille bien. Je sais qu’elle n’est pas commode malgré ses airs doucereux, mais il faut être juste et reconnaître que Paul lui cause quelquefois du souci avec ses habitudes de café. J’espère que lorsqu’elle sera remise elle vivra avec son mari et qu’elle ira s’installer soit à Thaon soit à Epinal pendant l’été. C’est ce qu’elle aurait de mieux à faire car cela ne vaut rien pour Paul d’être à Epinal tout seul.
J’ai reçu ton petit colis qui nous a fait à tous plaisir. Tu diras à Dédé que je suis très heureux qu’il travaille bien. J’espère qu’il va continuer jusqu’aux vacances.
Ne crois pas ce que dit Mr Marin. Pour que l’Allemagne nous cédât à nous et aux Anglais tout ce qu’il espère, il faudrait que la guerre durât encore une dizaine d’années. Or c’est impossible. Nous pourrons nous estimer heureux si nous sortons de cette pétaudière à notre honneur et si nous pouvons y gagner seulement l’Alsace-Lorraine.
23 mai - ELLE (Paris).- Tu me remercies de mes lettres journalières, mais mon Gi doit savoir quel plaisir j’ai à causer avec lui. Il fait si bon, quand nous sommes ensemble, échanger nos pensées, elles sont presque toujours communes et maintenant que je suis seule, en t’écrivant depuis mon lit, je m’imagine par instants que tu es couché près de moi, que j’ai ma tête dans le creux de ton épaule et que nous causons tous les deux tout en échangeant un baiser de temps en temps. Tu vois donc qu’il ne faut pas me remercier puisque cela me fait tant de plaisir, à moi aussi, de revivre en pensée ces bonnes heures. Quand les retrouverons-nous ?
Nous avons déjeuné hier avec Madame Lanique et Paul. Paul revenait de la maison de santé où Marie lui avait fait une scène, a-t-il dit. Il lui avait fait envoyer de très jolies fleurs et Marie ne les aimait pas, etc. Le brave Paul n’en paraissait pas autrement affecté mais à mon avis il aurait mieux fait de n’en pas parler car, après, Marie M. m’a dit que « Paul devait être bien malheureux, que sa femme avait un caractère si bizarre, etc., qu’heureusement sa mère n’était plus là, que cela lui ferait tant de peine ». Je lui ai fait remarquer que Paul ne semblait pas malheureux du tout, qu’il aimait beaucoup sa femme, que chacun avait ses petits moments de nervosité et qu’il ne fallait pas croire qu’on ne s’entend pas en ménage à cause d’une petite discussion d’une minute. Marie M. se crée souvent des chimères et ne voit pas très juste.
Nous sommes parties vers trois heures pour aller faire visite à Jeanne Blech qui demeure dans un petit appartement au sixième, loin des splendeurs de chez Marie Molard et Marie Paul et Mangin, mais qui donne une impression de sérénité, tout occupée de ses quatre enfants, de leurs cours, leçons, etc. La vraie mère de famille, toute de devoir. J’ai vu son fils qui a l’âge de Robert, un magnifique petit garçon, tout bouclé avec de grands yeux noirs, l’air très intelligent. Il sait très bien lire et commence le piano, je vais le citer en exemple à mon Bertus qui aurait bien besoin d’être secoué et un peu plus ardent au travail.
De là nous sommes allées voir Marie Paul, à laquelle j’ai trouvé très bonne mine pour une opérée. J’ai admiré les jolies fleurs de Paul qui avaient donc donné lieu à une discussion, c’était un ravissant rosier pleureur, tout rose, de ces fleurs œuvres d’art comme on n’en voit que dans les devantures de fleuristes à Paris. On n’a rien dit d’important. Madame Lanique adore son Nancy, elle ne va pas avec son mari à Troyes parce que la ville est humide, arriérée, qu’on y vide encore au bord des rues toutes les eaux sales. J’ai peine à croire cela d’une ville importante comme Troyes. Qu’elle me dise qu’elle préfère rester dans sa maison à Nancy et que son mari ne lui demande pas de venir le rejoindre, ce sera plus près de la vérité, mais « liberté pour tous » n’est-ce pas chéri. En sortant de là, je me suis aperçue que j’avais oublié mon parapluie chez Jeanne Blech et il a fallu y retourner le chercher. Pendant ce temps, Marie allait au Français prendre des places pour ce soir pour entendre le Marquis de Priola. Je suis rentrée dans ma chambre et je me suis déshabillée et changée complètement pour me rafraîchir, j’ai refait quelques points à des robes et j’étais bien reposée pour le dîner.
Aujourd’hui le temps est couvert, et il doit faire du vent, à voir mes volets se fermer et se rouvrir constamment. Ce sera plus agréable que la grosse chaleur d’hier.
Bonnes tendresses, mon mari aimé. J’ai été bien contente de recevoir ta photographie du fort de St Thierry. Je t’embrasse. Ta Mi.
Les nouvelles de Verdun étaient meilleures hier, cela fait bien plaisir.
As-tu vu dans les journaux qu’Epinal est bombardée par avions chaque nuit depuis une semaine.
24 mai - ELLE (Paris).- Je t’avais dit hier que j’irais chez Léontine Phulpin faire une visite dans l’après-midi. Elle a été fort aimable et m’a invitée à déjeuner pour aujourd’hui. Naturellement, elle m’a fait de grands compliments de toi, ce qui fait toujours grand plaisir à une petite femme aimant son mari. Ensuite je suis allée chez le docteur et retour pour le dîner et ensuite « Marquis de Priola » au Français. Pièce qui nous a amusées par les jolies toilettes et mises en scène qu’on y voit, mais pas par le thème et le caractère du principal acteur qui est répugnant. Cet homme qui fait tomber toutes les femmes, qui s’en vante et qui dit n’en aimer aucune, qui professe des théories d’un cynisme affreux et qui finalement a de la paralysie générale, est rien moins que sympathique. Cécile Sorel est apparue avec des robes et bijoux splendides comme toujours.
Je t’envoie un article que j’ai découpé dans le journal de Genève à ton intention. Tu y verras qu’on a fait à Joffre une lutte sourde pour le mettre à bas, comme le désirait vivement Pierre Mangin qui soutenait que Joffre ne voulait pas défendre Verdun et que sans Castelnau, il aurait laissé les Allemands passer.
Les nouvelles de Verdun étaient meilleures hier, cela fait bien plaisir. As-tu vu dans les journaux qu’Epinal est bombardée par avions chaque nuit depuis une semaine. Jusqu’alors, il n’y a pas eu beaucoup de victimes mais assez de dégâts, l’usine Beiringer a reçu quelques bombes. Thérèse m’écrit qu’on en voit passer plusieurs fois par jour au-dessus de chez nous (des taubes, pas des bombes) et que sur tout le front des Vosges les taubes sont très actifs en ce moment. Corcieux, où il y a toujours beaucoup de troupes et où siège le parc d’aviation, a été bombardé, le chef de gare tué, etc. Mais tout cela n’aura qu’un temps sans doute.
Je repars dimanche et me réjouis de voir mes chéris tu le devines. Dimanche, Maman est allée déjeuner à Raon avec Thérèse, ses enfants et Dédé, elle avait laissé les deux petits aux bonnes. Dédé a été très sage, il s’est intéressé aux éclopés, en a questionné plusieurs, paraît-il, très gentiment et a été ravi d’entendre le gramophone que les Schwind. ont acheté et qu’ils prêtent aux éclopés le dimanche.
Maurice quitte le bois de Mort-Homme, sa brigade vient au repos pendant une quinzaine près de Bayon. Thérèse pense pouvoir aller le voir facilement.
Le pauvre Georges B est reconnu adjudant. Maman avait déjà reçu il y a quelques jours de la Croix Rouge de Genève un avis que l’adjudant G. Boucher se trouve à Celle. Aujourd’hui par la mairie, elle trouve à son retour une note du ministère de la Guerre français datée de Paris 18 mai une note qui ne peut plus laisser subsister aucune énigme. Grade : Lieutenant inscrit comme le reste en même encre, puis biffé à l’encre rouge avec Adjudant aussi en encre rouge, on l’a donc rajouté après information. Il y restera donc. En ce cas elle voudrait qu’il tâche d’y travailler, d’y entreprendre un poste quelconque à gouverner car il ne peut plus jouir de la conversation agréable qu’il avait avec les officiers de Wahmbeck. Pourvu que cette supercherie une fois reconnue ne le fasse pas mal juger par ses anciens compagnons.
25 mai - ELLE (Paris).- J’ai reçu ta lettre du 22 hier soir, cela va vite pour Paris. C’est dommage, puisque nous sommes si près l’un de l’autre, qu’on ne me laisse pas aller près de toi te faire une petite visite. Je verrais enfin ce que c’est qu’un gourbi. Le lieutenant Zemb est-il remplacé ? Es-tu content de son successeur ?
Les taubes deviennent actifs dans les Vosges. Trois bombes sont tombées près de la Chanonyère, une sur l’embarcadère qui est mal en point. La dernière fois que j’étais allée à Gérardmer, j’avais remarqué des constructions bizarres sous les sapins et sous les gros arbres du jardin ainsi que tout le long du lac et on m’avait dit que c’était des dépôts de munitions. Il faut croire que les Allemands l’auront appris. Pourvu qu’ils n’incendient pas la pauvre maison de Mère pour faire sauter les munitions qui sont autour.
Hier je suis allée déjeuner chez les Phulpin où j’ai trouvé Madame Elie, leur sœur, Madame Claude, femme d’un avocat ou avoué de Nancy, dont la fille a épousé le jeune Kempf de St Dié, une vieille dame dont je n’ai pas retenu le nom et Monsieur Hennequin et sa sœur, originaires de Nancy. Ce Monsieur est juge d’instruction ici depuis 10 ans, il connaissait et aimait bien l’oncle Paul Boucher, il est en même temps auteur dramatique et sa conversation était très intéressante. Il nous a parlé un peu de ce monde de directeurs de théâtre, d’auteurs, d’acteurs et actrices, etc. Il est célibataire, sa sœur vit seule aussi à Nancy où elle s’occupe de bonnes œuvres, mais elle vient souvent voir son frère. Elle avait connu ta sœur chez Mlle Kleinholtz.
Je suis restée jusqu’à 3 heures, il faisait une pluie torrentielle et j’attendais une accalmie pour partir. De là je suis allée chez Marie Paul à laquelle j’ai trouvé moins bonne mine que mercredi, Marie Molard, Germaine et Mme Lanique étaient avec elle. Paul venait de sortir. Marie Molard voulait que Marie prie Paul de ne pas coucher à l’hôtel du Louvre à Epinal, par crainte des aéroplanes. Marie Paul soutenait qu’elle ne pouvait pas dire cela à son mari, d’ailleurs qu’il ne l’écouterait pas, qu’il aurait l’air d’avoir peur. D’ailleurs Marie Molard exagère, elle prétend qu’elle ne sera pas tranquille une minute pendant que Paul sera à Epinal, craignant toujours qu’il ne reçoive une bombe. J’ai eu envie de lui dire que tu étais bien plus exposé que ne le serait Paul à Epinal et que pourtant elle vivait tranquillement, mais je me suis abstenue, cela lui aurait fait de la peine.
26 mai - ELLE (Paris).- Je suis allée hier pour la dernière fois chez le docteur. Si j’avais su ne devoir pas y retourner j’aurais fait mes projets de départ pour aujourd’hui, mais comme il m’avait dit que je serais libre pour samedi, je me suis engagée à rester et à assister au dîner que Marie Molard offre aux Mangin, Lang de Nancy et un industriel de Rouen qu’Adrien a connu à l’intendance. De sorte que je ne partirai que dimanche. J’ai reçu hier mon sauf-conduit et n’aurai pas d’ennui en cours de route pour rentrer dans notre fameuse zone.
Et toi, mon chéri, tu as eu du bien mauvais temps pour ton changement de position, j’ai reçu ta lettre hier soir me l’annonçant et en entendant tomber la pluie à seaux cette nuit, je pensais à toi et regrettais que tu n’aies pas accepté le caoutchouc que Maguy t’offrait : par ces orages d’été c’eût été plus agréable que ton gros manteau à pèlerine.
Hier j’ai été faire une visite de digestion chez les Mangin, mais ils étaient sortis. Aujourd’hui nous irons chez Marie Paul et prendre le thé chez Léontine Phulpin. Adrien était bien ennuyé hier car il avait appris que Gauvain était malade et il se demandait qui s’occupait du tissage à Roville.
A Cheniménil, Auptel est rentré et il paraît que cela marche très bien, 11 self-actings sur 14 fonctionnent. Paul semble satisfait. Il offre d’acheter toutes les actions et obligations qui se présentent pour chaque usine, Dedovo, Vologne, Cheniménil dans le bulletin Renauld. Le brave Paul est toujours le même, un jour confiant en l’avenir de la France et du monde, le lendemain, navré tout noir dans ses idées. Marie Molard subit son influence surtout quand il est pessimiste, et parle souvent de ruine. Comme je ris d’elle, elle me traite d’inconsciente. C’est peut-être vrai, car jamais je n’ai pensé sérieusement que cette guerre pourrait nous ruiner et je ne m’en suis fait aucun souci. Les faits me donnent raison, mais cela aurait pu mal tourner en effet. D’autre part, comme le souci que je m’en serais fait, les nuits blanches passées comme le prétend Marie à réfléchir à ce triste sort n’auraient servi à rien, je remercie Dieu de ne pas m’y avoir fait songer. Tu vois, mon pauvre chéri, tu as une petite femme-oiseau qui vit au jour le jour, sans prévoir l’avenir. Pourvu que son chéri lui revienne, c’est tout ce qu’elle demande.
Toujours très bonnes nouvelles des petits. Un conducteur de Laval est venu se présenter à Maman. Après entente avec Marotel elle va remettre la machine 2 en marche le jour à partir du 1er juin, du moins c’est ce qu’elle écrit à ce conducteur. Avec 2 jeunes gens de 18-19 ans qui se sont présentés ces jours derniers et qui habitent Cheniménil ils auront ce qu’il faut. La houille arrive en masse. Maman a fini par donner 0,45 par voiture au soldat, ce qui va beaucoup mieux qu’à 3 f le jour.
26 mai - LUI.- Te voilà enfin revenue à Docelles et bien contente je pense d’avoir retrouvé nos bons chéris. Tu vas vite me donner de leurs nouvelles. J’espère que notre petite Noëlle est tout à fait remise et qu’elle aura déjà un peu repris depuis le Moulleau. Je ne parle pas des autres qui vont toujours bien et ont dû être bien sages et bien travailler pour faire plaisir à leur petite maman.
Nous voici nous aussi un peu installés et nous en sommes bien contents, car voilà deux nuits que nous n’avons pas beaucoup dormi et je t’assure que cette nuit chacun va tâcher de rattraper le temps perdu. Nous sommes encore près l’un de l’autre avec Déon et pouvons faire popote ensemble ce qui est fort agréable. Seulement cela ne durera pas trop longtemps car on nous fait construire deux positions de batterie, qui sont plus éloignées l’une de l’autre et qui ne nous permettront pas de dîner ensemble. En tout cas nous en avons pour un bon mois à rester ici, si on ne nous fait pas partir subitement comme cela nous arrive depuis quelque temps. Lorsque nous étions à Soissons, nous demandions du changement. Nous sommes servis à souhait et nous commençons même à en avoir assez et voudrions bien qu’on nous laissât maintenant un peu tranquilles.
Ce que tu me dis de Marie Molard est absolument ridicule et j’espère bien que l’influence que tu as sur elle, et qui est certaine parce qu’elle sait que nos conseils sont tout à fait désintéressés, l’empêchera de faire des bêtises. Je lui écris quand même un mot pour les remercier du bon accueil qu’ils t’ont fait. Comment le docteur t’a-t-il trouvée à ton départ et te sens-tu mieux ?
Je vais vite me coucher en pensant à toi et en regrettant bien de ne pas t’avoir auprès de moi.
27 mai - ELLE (Paris).- Voici ma dernière journée de Paris commencée. Je reste dans mon lit jusque midi, car j’étais fatiguée hier soir. Je ne puis encore me remuer beaucoup sans en ressentir de la fatigue.
Hier matin je me suis levée un peu plus tôt que de coutume pour aller chez un pharmacien faire faire l’ordonnance du docteur, et commander un corsage. L’après-midi nous sommes allées chez Marie Paul et de là chez Léontine Phulpin où nous avons pris le thé avec tout un groupe de dames de St Dié et Paris, Mme Gillottin de Saulcy s/Meurthe qui semble très simple et gentille, Mme François de St Dié, Mesdames Emile et Paul Blech, Mme Boppe, ex-Mademoiselle Demange nièce de Barrès, Mme Servais, femme d’un forestier, ancien danseur de Marie Molard, paraît-il, Madame Caël et quatre ou cinq autres dames dont les noms ne te diraient rien. C’était tu le devines un bon rendez-vous de grandes réactionnaires ennemies de la république, se plaignant de la guerre et ne semblant pas en souffrir grandement en voyant le somptueux goûter qu’on leur offrait et en entendant le nom des rues habitées par toutes ces nobles dames, c’était fort loin des galetas et de la famine. Léontine est vraiment très bonne et aimable pour tout le monde, elle trouve toujours une parole gentille à dire. Elle m’a présenté sa dernière fille qui a l’âge de Dédé et qui a l’air d’une bonne petite gamine, mais elle n’est pas jolie, elle ressemble tout à fait à son père. L’aînée est bien mieux. Léontine a beaucoup insisté pour que nous allions les voir cet été à Bains où elle va passer les vacances.
Figure-toi que Léontine nous a raconté une histoire bien amusante sans avoir l’air d’y voir une malice, mais franchement il faut être bonne comme elle l’est pour se laisser faire ainsi. Dans son salon, sur une petite table, elle avait étalé une dizaine de colliers en perles (comme on en fait à Docelles) confectionnés par Mme Lorrain de Nancy (Mlle Caël de St Dié) et que Léontine devait vendre au profit des blessés. Léontine et plusieurs de ces dames en avaient déjà acheté naturellement et Léontine nous a dit : « Ils sont ravissants ces colliers et Mme Lorrain les vend si peu chers, c’est pour les blessés. L’an dernier elle avait fait des épingles à chapeau qu’elle nous vendait aussi, mais bien plus cher, 60 et 80 francs et à son profit à elle, pour payer ses toilettes ! ». Vois-tu cela, chéri, une femme qui tape ses riches connaissances en leur faisant payer très cher ses œuvres d’art ou soi-disant telles pour se payer ses robes. Quand on est dans la situation de Madame Lorrain, je trouve que c’est du cynisme, j’en serais honteux si j’étais son mari.
Marie Paul n’avait pas très bonne mine hier, elle est très faible et manque d’appétit, on pense la lever demain quelques instants. J’irai cet après-midi lui faire mes adieux et chez la maîtresse de piano des enfants, qui doit me donner par écrit la marche à suivre pour leur continuer son enseignement.
Je te joins une lettre de Maman qui t’intéressera par les détails qu’elle donne des enfants. Pour Dédé, les problèmes roulent à présent en règle de trois sur l’intérêt à 4 ou à 5 et les densités sont finies à présent. Noëlle va bien et grandit, c’est un plaisir de la voir racler (c’est le mot) son assiette entre chaque plat car Maman ne lui donne pas selon son appétit. L’âne est une distraction pour tous les trois. Ils sont au jardin tout le jour avec les 2 Jacquemin, jouent aux soldats, font des prisonniers qui se sauvent, se cachent et qu’on retrouve.
La présence de Boullery donne à présent à Maman plus de sécurité puisque l’usine n’est plus seule jusqu’à minuit comme précédemment, de sorte qu’elle n’y va pas chaque soir. La houille arrive. Voici Delattre de Calais à qui elle devait envoyer des attestations en règle qu’elle ne se pressait pas d’envoyer qui a trouvé, malgré sa négligence volontaire, les wagons nécessaires pour lui envoyer sa rame. Quel ennui d’avoir tout à présent. 50 tonnes de pâte vont arriver aussi, il faudra une bourse énorme, elle me dit « plains-moi mon trésor ». Beaucoup d’artillerie est arrivée et occupe les hangars et écuries de l’usine. Nous ne logeons qu’un lieutenant.
28 mai - ELLE (Paris - Gare de l’Est).- Me voici sur mon départ, très contente de mon séjour, mais surtout ravie de repartir et de retrouver mes enfants. Hier nous avons eu un dîner très beau chez les Molard. Les Mangin, Lang, personnage richissime paraît-il, mais très simple, sa femme est charmante, Monsieur est simple soldat à l’intendance, c’est comme cela qu’Adrien l’a connu car il y a plus de vingt ans qu’il est installé à Paris, et enfin Mr Canteloup, industriel, fabricant de drap à Elbeuf, capitaine à l’intendance chargé des achats de drap. J’étais entre Pierre Mangin et lui et me suis bien amusée. P.M. a naturellement dit quelques gaudrioles, Misie a fait des réflexions à sa mère que je n’admettrais pas chez ma fille plus tard, mais Pierre Mangin a seulement dit : « Mes filles se sont bien dessalées depuis leur arrivée à Paris », cela ne m’étonne pas avec tout ce qu’il dit devant elles. Il s’est aussi lancé dans ses grandes théories antimilitaristes, antigouvernementales, anticléricales, se disant révolutionnaire jusqu’à la gauche. Les autres Messieurs lui ont fait remarquer qu’une révolution lui ferait perdre à lui et à nous tous beaucoup plus qu’à d’autres et que nous n’avions rien à y gagner, mais il n’y a rien à lui dire, Joffre, Poincaré et Briand sont bons à pendre, ou à fusiller, il se réjouit d’aller voir leur exécution. Je lui ai dit en riant que ces paroles détonnaient dans la bouche d’un officier français. « Un officier tout ce qu’il y a de plus antimilitariste, Marie. Quand donc pourrai-je jeter mes frusques au feu ». Note bien qu’il était en jaquette avec cravate somptueuse. Sa femme et sa fille en robes ultramodernes. Misie avait absolument l’air d’une jeune personne de la « vie parisienne », quand par hasard elles sont habillées et elle avait l’audace de parler de sa vie triste de guerre. C’est à faire tressauter d’entendre semblables réflexions.
Avant j’étais allée voir Marie Paul qui était bien pâle, elle doit essayer de se lever aujourd’hui pourvu qu’elle aille bien après tout ceci. Sa sœur passe avec elle plusieurs heures par jour. De là, je suis allée chez Madame Le Feuve qui devait me donner des instructions pour faire continuer le piano aux enfants. C’est bien le ménage de bohème qui vit au jour le jour. L’appartement est très gentil, bien meublé, tapis partout, fillettes en robes brodées et avec cela on voit qu’on se nourrit avec rien, qu’on n’a pas un sou d’avance et qu’en ce moment on se débat dans une misère très pénible. Je crois qu’elle n’aurait pas demandé mieux de venir à Docelles passer l’été, et continuer à donner des leçons aux enfants, ce qui l’aurait fait vivre, mais je n’ai pas eu l’air de comprendre les invites, car avec des idées peu justes comme elle en a, j’aurais pu avoir des ennuis et des responsabilités que je redoute. Si par exemple son mari mourait, elle aurait été à ma charge. Je préfère que nos enfants ne fassent pas tant de progrès en musique.
28 mai - LUI.- J’ai reçu ta bonne lettre du 25 et regrette bien aussi que tu ne puisses venir faire une petite visite à mon gourbi. Je t’assure que la présence de nos femmes l’embellirait de suite et que nous nous y plairions tout à fait. Si la guerre dure encore dix ans, peut-être autorisera-t-on les hommes à recevoir leur femme de temps à autre et la guerre prendra un caractère tout à fait nouveau. Mais j’espère bien que nous n’en sommes pas encore là et que, s’il est encore peut-être nécessaire de passer un troisième hiver, ce sera bien le dernier.
Je plains la pauvre Chanonyère de recevoir des bombes. Je suis sûr que si ma pauvre Maman était encore là, cela lui ferait une peine inouïe. Quant à Epinal, il pourrait venir juste qu’une bombe atteignit l’hôtel de Louvre lorsque Paul y sera.
Enfin toutes ces bonnes dames de Paris dont tu me parles et que tu as vues chez les Phulpin ont l’air d’être un peu folles. Pour inventer des histoires comme celle de la dame de Reims que tu me racontes, il faut être tout à fait déraisonnable. Vois-tu, Mimi, le bon sens est la qualité la plus rare en ce monde. On s’en aperçoit même ici à la guerre où le bon sens fait quelquefois complètement défaut. Sans me vanter, c’est une qualité que nous possédons je crois tous les deux et c’est tant mieux car cela empêche de faire bien des bêtises dans la vie.
J’espère que tu te reposes bien à Docelles et que vous avez le beau temps comme ici. Donne-moi de tes nouvelles et de celles des chéris.
Gravures du Petit Journal - Supplément illustré - 28/05/1916 (N° 1327)
Le général Nivelle - Commandant de l’armée de Verdun
La bataille de Verdun qui, dès les premiers jours, avait mis une fois de plus en relief les éminentes qualités militaires du général Pétain, a fait surgir, en se prolongeant, un autre chef de haute valeur : le général Nivelle, commandant du 3e corps d’armée. Leurs mérites, à tous deux, viennent d’être officiellement consacrés, et les services signalés qu’ils ont rendus récompensés. Les journaux, en effet, nous ont appris, ces jours derniers, que le général Pétain recueillait, à la tête du groupe des armées du centre (secteur Soissons-Verdun), la succession du général Langle de Cary -dont il convient de rappeler ici le rôle brillant dans la bataille de la Marne, où il eut à la victoire une part importante- tandis qu’il était remplacé lui-même à la tête de l’armée spéciale chargée de la défense de Verdun par le général Nivelle. Le ‘Petit Journal’ du 14 mai rappelait que le général Nivelle appartient à une véritable famille de soldats. Son grand-père paternel a fait les campagnes du 1er Empire et a été retraité comme lieutenant porte-drapeau du 4e régiment d’infanterie, chevalier de la Légion d’honneur. Son père, capitaine au même régiment, fut, en 1870, colonel de la garde nationale de Dunkerque.
Le nouveau chef de l’armée de Verdun est né à Tulle, le 15 octobre 1856. Sa carrière se résume en ces quelques étapes : Ecole polytechnique, Ecole d’application d’artillerie de Fontainebleau, Saumur, et plus tard Ecole de guerre ; stages en Tunisie, en Algérie ; campagne de Chine de 1900-1901 ; état-major de l’armée, puis chef d’état-major de la division d’Alger. Au début de la guerre, le colonel Nivelle commandait, à Besançon, le 5e régiment d’artillerie, à la tête duquel il partit en campagne et se distingua déjà particulièrement. Si bien que sa récente élévation, les notes élogieuses qui l’ont fait connaître à la foule reconnaissante des Français n’ont pas été pour tout le monde une révélation. Notre confrère l’’Illustration’ exhume à ce propos quelques extraits d’articles parus au cours de l’été de 1915 dans la ‘Revue des Deux Mondes’, et où M. Charles Nordmann, qui servit « au…e régiment d’artillerie », racontait les ‘Impressions d’un combattant’. C’est là que nous recueillons ce portrait du nouveau commandant de l’armée de Verdun.
« Le colonel N…, sous les ordres de qui j’ai eu l’honneur de servir comme agent de liaison pendant un temps trop court à mon gré, m’a donné tout à l’heure l’ordre de faire seller les chevaux. Nous devons aller faire une reconnaissance et la journée sera bien remplie. Ce colonel est le type le plus accompli du « chef » que j’aie rencontré dans cette guerre, du « chef » tout court, mais surtout du « chef français » en qui les qualités militaires et viriles se teintent harmonieusement d’humanisme. Grand, solide, cavalier intrépide, silencieux, avec une belle tête noble et grave, d’un sang-froid et d’un calme étonnants sous la mitraille, il s’est couvert de gloire à la bataille de la Marne ; il est adoré de tout le régiment, ne laissant à personne le soin de faire les reconnaissances, d’aller juger des effets du tir dans les tranchées de première ligne, toujours en route dans les batteries, ce qui rend pour moi particulièrement intéressantes et animées mes fonctions auprès de lui. Ses hommes savent tous qu’il n’est pas un d’eux qui, autant que lui, s’expose (il ne le permettrait pas) ; les officiers le vénèrent, car plus qu’eux tous il « connaît son artillerie » et le prouve. Il a sur toutes choses des idées aussi justes qu’originales. Par exemple, il professe, contrairement à l’opinion courante sur le front, que jamais autant qu’en temps de guerre les marques extérieures de respect ne sont indispensables des hommes au chef, car c’est l’heure où, bien plus que dans le paisible formalisme de la vie de garnison, le chef a besoin de tout son prestige sur ceux qu’il commande… »
Pour compléter ce crayon, pour en accuser l’un des traits essentiels, à savoir le courage à toute épreuve du modèle, recueillons encore ces deux notes, prises au cours des reconnaissances. On est derrière l’Aisne et l’on visite un poste d’observation. L’arrivée du colonel Nivelle semble donner le signal de « la musique ». Les obus sifflent assez bas, cherchant quelque but derrière le groupe : « A chacun de ces passages, qui se succèdent d’ailleurs fort vite pendant un moment, écrivait M. Nordmann, les officiers et les hommes, groupés autour du colonel, baissent instinctivement et d’un seul mouvement la tête. On dirait, à l’église, l’inclinaison unanime et pensive des fidèles au moment de l’Elévation. Seule la tête du colonel reste droite et impassible, plus droite peut-être qu’avant. Il blague cette petite révérence collective, si involontairement machinale que bien peu y échappent : « Qu’est-ce que peuvent bien faire dix centimètres de plus ou de moins ? » Un autre jour, on est à la recherche d’une position favorable à l’installation d’une batterie. Cette fois on est en même temps sous les balles et sous les obus. L’emplacement propice est enfin trouvé… « Nous revenons en arrière, toujours accompagnés par le bruit de petite flûte que font à nos oreilles les balles mauser et le craquement léger qui jaillit quand elles s’enfoncent dans quelque arbre voisin. Le colonel ne paraît pas y prêter attention, mais à chaque sifflement il sourit et ses lèvres en imitent le bruit reptilien, et il fait, sans broncher, des réflexions sur la philosophie de ces choses. Quelle est la probabilité pour qu’une balle sifflant à une oreille humaine, c’est-à-dire passant à une distance très faible et facile à déterminer, casse la tête à qui elle est destinée ? C’est un calcul facile à faire avec une table de logarithmes. Malheureusement nous avons oublié d’en emporter en ces lieux et il n’y en a point dans les chariots de batterie. C’est une grave lacune… » Et le narrateur de conclure : « Comment ne mépriserait-on pas le danger à côté de cet homme ? »
Reproduisons, en terminant, les termes de la citation à l’ordre de l’armée du colonel Nivelle, le 19 décembre 1914. « Chef de la plus grande valeur militaire. S’est distingué au feu les 9, 10 et 19 août. Le 9, l’un de ses groupes fait évacuer le village par l’ennemi. Porté le 10 à l’aile gauche avec deux groupes, arrête par le feu de ses pièces plusieurs attaques. Le 19, participe avec deux groupes à l’attaque d’un village, puis à l’attaque d’une division. Un groupe entier d’artillerie allemand, sur lequel il a tiré le 19, a été trouvé le 21, au matin, abandonné sur le champ de bataille. » Le général Nivelle a été promu commandeur de la Légion d’honneur le 10 avril 1915.
Messieurs les « hautement nobles » officiers boches à Bruxelles
Une correspondance parvenue de Bruxelles décrivait ces jours derniers les hauts faits de MM. les hobereaux prussiens dans cette ville. « Plus que jamais, disait-elle, la capitale reste le paradis des embusqués ! Embusqués teutons aux noms aristocratiques qui payent en belle monnaie la faveur d’exploiter les Belges dans le bureau d’une « Zentrale » quelconque. Ils n’en conservent pas moins tout leur attirail guerrier : sabre trainant le pavé, revolver énorme, cartouchière gonflée. Ces ustensiles leur sont indispensables pour aller dans les bars, les pâtisseries et les théâtres ! Ils déambulent, en ville, toujours en groupe, le monocle à l’œil, un gros cigare à la bouche ; ils commentent les faits d’armes de tous les fronts, répondent d’un doigt fatigué au salut des soldats et se cassent en deux dès qu’ils aperçoivent un supérieur. De midi à deux heures, ils inondent les restaurants ; ils choisissent les plats les plus copieux, arrosés de bons vins… » Et, pendant ce temps, la population pressurée, volée, tyrannisée, a faim.
Les instantanés de la guerre (photos)
Le village de Vaux
Le fort de Vaux
Verdun - Les ruines sur les bords du canal
Verdun - Carrefour des rues Mazel et Saint-Pierre
Les troupes russes en France - Le débarquement
Les troupes russes en France - L'arrivée à Marseille
Une tranchée allemande
Un cantonnement sous bois
Cavaliers hindous traversant Marseille
Soldat autrichien descendant au flanc d'une montagne
Les instantanés de la guerre (photos)
Village de gourbis avec caillebotis pour passer à pied sec
Pont de bateaux sur la Meuse
Troupes au repos en arrière de Verdun
Un établissement de douches froides à la disposition des hommes
Convoi d'artillerie lourde anglaise dirigé sur le front
On sort les obus de la fosse où ils sont abrités
Une des dernières photographies du Kaiser
Blessé allemand soigné par les Français sur le champ de bataille
Appareil servant à lancer bombes et fusées lumineuses
Construction d'un poste de secours souterrain par des brancardiers
Thèmes qui pourraient être développés
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- Etats-Unis - L'armée des Etats-Unis est portée à 680,000 hommes
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- Allemagne - M. Helfferich Vice-chancelier
- Mésopotamie - La jonction des troupes russes et anglaises est effective en Mésopotamie
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- Général Nivelle, commandant l'armée de Verdun (Portrait dans LPJ Sup)
- Belgique - Bruxelles et les boches (LPJ Sup)
- Les instantanés de la guerre (Photos dans LPJ Sup)
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