14-18Hebdo

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25e semaine de guerre - Lundi 18 janvier au dimanche 24 janvier 1915

 

LUNDI 18 JANVIER 1915 - SAINTE PRISCA - 169e jour de la guerre

MARDI 19 JANVIER 1915 - SAINT SULPICE - 170e jour de la guerre

MERCREDI 20 JANVIER 1915 - SAINT SEBASTIEN - 171e jour de la guerre

JEUDI 21 JANVIER 1915 - SAINTE AGNES - 172e jour de la guerre

VENDREDI 22 JANVIER 1915 - SAINT VINCENT - 173e jour de la guerre

SAMEDI 23 JANVIER 1915 - SAINT RAYMOND - 174e jour de la guerre

DIMANCHE 24 JANVIER 1915 - SAINT TIMOTHEE - 175e jour de la guerre

Revue de presse

-       Le tremblement de terre en Italie - Le chiffre des victimes serait de 50,000 - L'esprit public ne se laisse pas abattre

-       L'isolement de l'Italie peut se transformer en désastre

-       La débâcle turque

-       Les Allemands échouent toujours en Pologne

-       Le typhus et la pneumonie dans l'armée allemande

-       Erzeroum menacée par les Russes

-       La flotte turque est hors de combat

-       Situation désespérée des Turcs dans le Caucase

-       Le raid des zeppelins en Angleterre - A Yarmouth, deux morts - A Saringham, une famille sauvée par miracle - A King's Lynn, deux morts

-       Des avions allemands lancent 80 bombes sur Dunkerque - 20 victimes, dont 7 morts

-       Le compte Tisza remplacerait bientôt le baron Burian

-       Les Anglais repoussent de violentes attaques à Festubert

-       M. Roume est nommé gouverneur général de l'Indo-Chine

-       L'avance russe au nord de la Vistule

-       Victoire russe au Caucase

Morceaux choisis de la correspondance

18 janvier - Mme L. Parmentier (Paris, propriétaires de la maison où se trouvait Georges Cuny à Soissons, 4 rue Saint Jean) à Georges Cuny.- Vous avez été si aimable de nous promettre de surveiller notre maison que je me permets de venir vous demander de nous rendre un service si vous vous y trouvez encore naturellement. Nous hésitions beaucoup à partir comme vous le savez et nous nous sommes décidés brusquement en apprenant que l’envoi d’automobiles pour emmener les habitants serait le dernier. Il fallait faire 3 kilomètres à pied pour le prendre à Vignoble. J’avais fait un paquet de huit gravures auxquelles mon mari tenait beaucoup. Au moment de partir nous avons dû renoncer à l’emporter avec nos autres petits colis. Je l’ai remonté dans le petit salon sans prendre le temps de l’enfermer dans un coffre où il aurait été en sûreté. Auriez-vous l’obligeance si vous aviez un instant libre d’aller avec Brancia (qui connaît la pièce à gauche du grand escalier) dans le petit salon. A gauche de la porte, par terre, vous verrez un paquet enveloppé de papier jaune et ficelé avec un cordon de tirage vert. Je vous prie de mettre ce paquet dans le dernier tiroir de la commode contre lequel il se trouve. Il y serait plus en sûreté contre les abus ou la chute du plafond. Je suis confuse, je vous demande toute cette peine probablement inutile car nous ne retrouverons sans doute de la maison qu’un morceau de ruines.

 

Nous vous suivons par la pensée dans la terrible tâche que vous accomplissez pour notre défense et faisons mille vœux pour vous et vos deux aimables lieutenants, Grosperrin et Zemb, de bonne chance et de succès.

 

19 janvier - Jeanne Prononce (Arches) à Mimi Cuny, son amie.- Des nouvelles de Habay que nous recevons ce matin, pour nous dire de bonnes choses qui ne sont peut-être pas certaines mais qui sont vraisemblables. Au 1er janvier aucune maison de Habay n’a été démolie ou brûlée, mais quelques maisons inhabitées ont été pillées. Les Allemands s’y comporteraient bien actuellement et la population ne manque pas du nécessaire, soit que la région possède ce qu’il lui faut, soit qu’elle puisse être ravitaillée par le Luxembourg. La population tout entière est sauve. C’est grâce à nos amis qui sont restés à Habay que le pays a été épargné, ils ont arrangé toutes difficultés avec les Allemands. Nous sommes bien contents et puisque tout va bien, nous n’essaierons pas par des correspondances compromettantes de tout démolir. Les choses auxquelles nous tenions ont été sûrement mises à l’abri et le principal est que notre maison ne soit pas brûlée. Il reste la grave question du retour des Allemands, mais nous avons été protégés jusque maintenant et je veux espérer que cela continuera et que nous retrouverons tout notre monde sain et sauf.

 

20 janvier - Louis Gaillemin (Armées), médecin de Cornimont, à Georges Cuny.- Qu’êtes-vous devenu depuis les 12 et 13. Je suis sorti sain et sauf de l’échauffourée. Comme j’ai craint d’être fait prisonnier !! S’ils avaient eu du culot !!!! Je frémis en y pensant. Nous sommes au repos à 15 km sud de nos anciennes positions.

 

20 janvier - JMO 5e RAC/Groupe 95.- Les batteries n’ont pas tiré. Le groupe a reçu du dépôt : 2 brigadiers, 4 conducteurs, 4 servants, 8 chevaux sans ferrure.

 

Nous commençons bien à trouver le temps long.

21/01/15 Paul Boucher (Armées) à Mimi Cuny, sa cousine.- Merci de ta bonne lettre ma chère Mimi… Nous commençons bien à trouver le temps long et ces jours-ci il fait froid.

 

21 janvier - Georges Humbert (Armées) à Georges Cuny, son cogérant.- As-tu reçu la liste officielle des morts de Cornimont ? Déjà 36 sans compter les disparus dont on est sans nouvelles, cela commence à compter. Nous sommes tous heureux d’avoir quitté le Pas de Calais, cet affreux pays, et de nous retrouver dans l’Est. Ici comme là-bas, eau et boue, je regrette la neige.

 

21 janvier - Clémentine Cuny (Lausanne) à Georges Cuny, son fils.- Te voilà dans une ferme en dehors de Soissons. La petite fête que le commandant et tes camarades t’ont offerte m’a fait aussi plaisir. Dis-moi bien que tu ne t’exposes pas inutilement, les journaux racontent tant de malheurs, d’atrocités de toutes sortes, les prisonniers sont maltraités à certains endroits.

 

22 janvier - Henry Cuny (Gafsa - Tunisie) à Georges Cuny, son frère.- Depuis ma dernière lettre, j’ai quitté Sfax et je suis maintenant à Gafsa au dépôt des prisonniers de guerre. Il y a 120 hommes et nous en attendons 60 ce soir. Nous pouvons en loger au maximum 400. Notre rôle consiste en une surveillance continuelle. Personnellement j’accomplis les fonctions d’adjudant de quartier. Nous prenons le jour à tour de rôle. Ici avant-hier soir il a neigé assez fort et le matin au réveil les montagnes autour de Gafsa étaient toutes blanches. Depuis le poste optique de la Kasbah la vue était superbe. C’est la première fois que je vois de la neige depuis que je suis en Tunisie. Quelle horrible chose que cette guerre.

 

23 janvier - Louis Nicole (Armées - Besançon) à Georges Cuny.- Le major du 5ème d’artillerie ne m’ayant rien trouvé je sollicite de votre haute bienveillance de m’accorder l’autorisation de retourner auprès de vous. Mais avant d’aller vous retrouver, je voudrais pouvoir obtenir une permission de quelques jours pour aller rendre visite à ma femme et ma petite famille.

 

24 janvier - Madame Gaillemin (Vagney), femme du médecin de Cornimont, à Mimi Cuny.- Je sais que monsieur Cuny était aux environs de Soissons, non loin de mon mari, et qu’il a dû prendre part, comme lui, à la bataille de 10 et 14 janvier. Mon mari a pu évacuer un certain nombre de blessés et gagner la rive gauche de l’Aisne, juste à temps pour ne pas être cerné avec beaucoup d’autres. 14 de son infirmerie (dont un médecin auxiliaire) sur 60 sont prisonniers. Quel soulagement pour nous, quand nous avons reçu une lettre, du 15, de mon cher mari, et quand nous avons connu les heures qu’il a vécues : se couchant à plat ventre dans la boue pour éviter les balles et obus qui sifflaient de toutes parts, les Allemands étant tout près de lui, courant à toutes jambes pour sauver ses blessés et se mettre avec eux en sûreté. Enfin grâce à Dieu il a échappé sain et sauf à cette bagarre.

 

Les enfants vont en classe régulièrement, heureusement qu’ils s’y plaisent car ils sont tellement diables surtout mon gros Henri, qu’on deviendrait fou si on devait les conserver à la maison toute la journée. Malgré tout ils sont bien bons, bien amusants et nous sommes si heureux de les avoir, ils nous forcent d’être gais, et dans nos moments de tristesse et de découragement, nous devons encore rire avec eux : les enfants n’aiment pas les larmes et sont impressionnés quand ils voient pleurer.

 

Gravures du Petit Journal - Supplément illustré - 24/01/1915 (N° 1257)

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Hommage à la sœur décorée

C’est à Gerbéviller, la petite ville si cruellement ravagée par les Allemands, que s’est passée cette scène. Un escadron de chasseurs passe… Devant une des rares maisons restées debout au milieu des ruines, où flotte le drapeau de la Croix-Rouge, le capitaine demande : « Sœur Julie ?... » Elle paraît. « Ma sœur, nous allons vous demander une faveur… Permettez-nous de défiler devant vous… Mais si, mais si… cela nous ferait tant de plaisir ! Voulez-vous vous mettre là, vous allez voir ! » Et, se tournant vers l’escadron, il dit : « Mes amis, vous vous en souvenez, lorsque nous les avons arrêtés près d’ici, le 25 août… Nous avons vu, de ce côté, de grandes flammes qui montaient dans le ciel… Vous voyez ce qu’ils faisaient. Eh bien ! dans le village évacué, au milieu des incendies, sous les obus et sous les balles, même après le départ de l’héroïque section de nos chasseurs à pied qui a tenu si longtemps le pont -un contre dix- une femme est restée là… à son poste de charité, relevant les blessés, se prodiguant à tous : c’est sœur Julie… La voici. Le Président de la République vient d’attacher à sa guimpe la croix des braves… Saluons-la ! Et maintenant, nous allons avoir l’honneur de défiler devant elle ; elle le permet. Vers la gauche… pour défiler ! » Le capitaine salue largement du sabre, et devant la sœur émue, et fixant sur elle leurs clairs regards, impeccablement alignés, sabre à la main, officiers et cavaliers -ceux que les Boches ont appelés naguère les « diables bleus »- les chasseurs de L…. défilent fièrement.

 

 

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Un mariage sur le front

Ce mariage -le premier qu’on signale aux armées- a été célébré à la mairie d’Hauteville, petite commune des environs d’Arras, par-devant un jeune sous-lieutenant de dragons transformé pour la circonstance en officier… de l’état civil. Le marié, adjudant au peloton cycliste territorial, avait obtenu -on suppose après quelques démarches- l’autorisation de réaliser devant l’ennemi l’union que la mobilisation l’avait obligé à reculer ‘sine die’. Comme les circonstances l’exigeaient et en raison même du lieu, la cérémonie fut des plus simples, mais touchante et non sans grandeur. Sorti la veille au soir des tranchées de première ligne, le marié arrivait au petit matin à bicyclette dans le petit village occupé par les dragons et remettait à la mairie les pièces nécessaires à l’établissement de l’acte. A dix heures et demie, heure fixée, une automobile militaire déposait sur la place principale la mariée en simple toilette de voyage et accompagnée d’une seule amie. Les témoins, tous militaires, attendaient dans l’humble salle d’école. La cérémonie fut courte. L’officier de l’état civil, casque en tête et jugulaire au menton, lut le Code et posa les questions traditionnelles. Puis un vieil instituteur enregistra fort dignement le « oui » solennel des deux époux, et s’appliqua à la confection des documents officiels. Pendant ce temps, le jeune sous-lieutenant de dragons, devenu officier de l’état civil, se tira comme il put du discours d’usage. Une messe suivit dans l’église encore respectée par les obus.

 

Thèmes qui pourraient être développés

  • L’Indochine
  • Evacuation - Civils évacués
  • Belgique - Habay
  • Angleterre - Raid des zeppelins sur l'Angleterre
  • Censure - Les mensonges des communiqués - Tableau : la guerre du 15/11 au 15/01 EDP
  • Tranchées - Le périscope de tranchées
  • Prisonnier - Les prisonniers allemands à Gafsa
  • Pape - Les tendances germanophiles de l'Osservatore Romano
  • Sœur Julie - Hommage à la sœur décorée (LPJ Sup)
  • Un mariage sur le front (LPJ Sup)
  • Conseils pratiques - Comment tanner des peaux de lapin (LPJ Sup)
  • Conseils pratiques - Mariage - Ne pas opter pour le lit matrimonial mais préférer 2 lits jumeaux ou mieux 2 chambres séparées (LPJ Sup


16/01/2015
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