202e semaine de guerre - Lundi 10 juin au dimanche 16 juin 1918
LUNDI 10 JUIN 1918 - SAINTE MARGUERITE - 1408e jour de la guerre
MARDI 11 JUIN 1918 - SAINT BARNABE - 1409e jour de la guerre
MERCREDI 12 JUIN 1918 - SAINT OLYMPE - 1410e jour de la guerre
JEUDI 13 JUIN 1918 - SAINT ANTOINE DE PADOUE - 1411e jour de la guerre
VENDREDI 14 JUIN 1918 - SAINT BASILE - 1412e jour de la guerre
SAMEDI 15 JUIN 1918 - SAINT MODESTE - 1413e jour de la guerre
DIMANCHE 16 JUIN 1918 - SAINT CYR - 1414e jour de la guerre
Revue de presse
- De Montdidier à Noyon l'ennemi a attaqué sur un front de 35 kilomètres
- M. Scheidemann vice-président du Reichstag
- Brillante contre-offensive de nos troupes à notre aile gauche sur un front de 12 kilomètres entre Rubescourt et Saint-Maur
- Un projet de monarchie finlandaise
- Les Allemands rejetés au nord de Matz
- Foch et Pétain maîtres de la situation
- Le comte Burian à Berlin
- Les Etats-Unis dans la mêlée - Plus d'un million de soldats avant peu
- L'importance des pertes allemandes
- Le général Guillaumat gouverneur militaire de Paris
- Une grande offensive autrichienne est engagée sur le front italien
- La situation s'aggrave en Autriche - Si la couronne ne s'incline pas, l'Autriche de 1867 aura vécu
- Le 40e raid de gothas sur la région parisienne - Des bombes font plusieurs victimes
- Lénine va se rendre à Berlin et à Vienne
Morceaux choisis de la correspondance
11 juin - LUI.- J’ai reçu tes bonnes lettres du 5 et du 6 et je t’engage beaucoup en effet à reprendre une institutrice, car tu vas sûrement te fatiguer avec ce garnement de Robert. Seulement il faudrait que l’institutrice en question ne s’occupât que de leur piano et de leur surveillance. Il ne faut pas qu’elle s’occupe de l’instruction. Tu as vu ce que faisait la première institutrice que nous avions. Afin d’avoir la paix elle ne leur faisait rien faire et se contentait de les laisser copier. Il faut que Mlle Marchal continue à s’occuper d’eux et que Dédé en tout cas fasse ses devoirs tout seul, sans être surveillé par l’institutrice qui l’aiderait et ne le laisserait rien faire.
J’ai reçu une lettre de Rouillon, le directeur du Saulcy, qui me raconte qu’il y a un gérant à Cornimont, Mr Saillant, avec qui il ne s’entend pas, qui lui a déjà enlevé la direction de la Filature du Bâs pour la donner à un contremaître, etc., etc. As-tu entendu parler de ce Mr Saillant. Lorsque tu iras à Cornimont, tâche de faire causer un peu Pauline à son sujet. Naturellement je réponds à Rouillon que je ne connais pas Mr Saillant mais que, ne m’occupant plus de la direction de l’affaire depuis bientôt quatre ans, j’estime qu’il faut qu’il s’adresse à celui qui la dirige effectivement depuis cette époque et qui en a toute la responsabilité, Mr Mangin. Je ne sais pas dans quel état je vais retrouver tout cela et je crois bien que je ne m’y plairai plus guère. Car je me méfie de ce monsieur qui va probablement donner de mauvaises habitudes aux ouvriers en en mettant deux là où il en faut un. Enfin ceci est le moindre de mes soucis.
Tu peux être tranquille à mon sujet, je vais très bien, il fait très bon dans cette forêt et, lorsque les marmites arrivent un peu trop près ce qui est rare, nous nous rentrons tous dans la tranchée d’infanterie, qui est suffisamment couverte pour nous protéger. Donc pas de danger.
11 juin - JMO 260e RAC/2e groupe. 19h-20h, tir allemand assez violent sur la forêt de Villers-Cotterêts. Les batteries et le PC du groupe sont marmités.
12 juin - JMO 260e RAC/2e groupe. A 2h30 du matin, les Allemands déclenchent une violente préparation d’artillerie. De 2h30 à 5h, tir violent d’obus explosifs et toxiques sur les batteries et surtout sur le PC du groupe. / Sont blessés légèrement : 26e batterie, le maréchal des logis Deix ?? et le canonnier Dumas, 27e batterie, le canonnier Marins ??. / Le groupe exécute des tirs d’interdiction dans le ravin à l’ouest de la ferme de Chavigny et sur les abords de la ferme de Vertes-Feuilles. / Le tir sur les batteries cesse à 5h dès l’attaque allemande qui se déclenche de Vertes-Feuilles jusqu’à Noyon. / Le tir allemand reprend violent vers 7h jusqu’à 10h. / Dans l’après-midi, le tir recommence sur les batteries. La 25e batterie reçoit particulièrement. A 14h, les canonniers Maire ?? et Anger de la 25e batterie sont tués par un obus.
Nous avons eu hier une grosse journée comme tu as pu le voir par le Communiqué. Les Allemands ont attaqué en force entre l’Aisne et la forêt de Villers-Cotterêts, y compris celle-ci où nous nous trouvions. La veille, bombardement intense à obus à gaz de 9 heures du soir à onze heures, nous avons dû tous dormir avec nos masques.
13 juin - LUI.- J’ai reçu ta bonne lettre du 8. J’espère que mes lettres vont maintenant t’arriver régulièrement. Jusqu’ici je n’ai pas été privé de nouvelles, sauf pendant trois jours lorsque nous venions seulement de débarquer. Il est vrai que j’ai reçu le même jour les trois lettres manquantes.
Nous savons de source certaine que les Allemands ont fait hier des pertes terribles. Ils sont sortis au moment où toutes les batteries françaises faisaient barrage et ont dû souffrir beaucoup.
Nous avons eu hier une grosse journée comme tu as pu le voir par le Communiqué. Les Allemands ont attaqué en force entre l’Aisne et la forêt de Villers-Cotterêts, y compris celle-ci où nous nous trouvions. La veille, bombardement intense à obus à gaz de 9 heures du soir à onze heures, nous avons dû tous dormir avec nos masques. Hier vers deux heures du matin, bombardement aussi intense en obus explosifs et obus toxiques jusque vers huit heures. Puis attaque de l’infanterie, qui hier n’a progressé que deux kilomètres. Malheureusement elle a atteint la lisière du bois et de petits groupes d’Allemands s’infiltrent et tâchent de gagner. Espérons qu’ils n’y arriveront pas mais ici c’est surtout une affaire d’infanterie et nous soutenons une infanterie qui n’est pas la nôtre et que je ne connais pas. Si elle a un peu de cran, je suis persuadé qu’on arrêtera les boches. Mais il faut qu’elle ait du cran et que chacun ne fiche pas le camp (pardonne-moi l’expression) quand il voit un boche. D’ailleurs nous savons de source certaine que les Allemands ont fait hier des pertes terribles. Ils sont sortis au moment où toutes les batteries françaises faisaient barrage et ont dû souffrir beaucoup.
Tu diras à Thérèse que j’espère bien que son frère est prisonnier simplement. Dans l’infanterie, lorsqu’on est blessé dans une action c’est en général ce qui arrive malheureusement. Dans l’artillerie, on a généralement le temps de mettre les blessés à l’abri.
J’ai eu malheureusement quelques pertes hier, mais moins cependant que je ne pouvais prévoir avec un pareil bombardement. En tout cas je n’ai pas eu un seul intoxiqué. Nous avons été tellement pris à Verdun que nous nous méfions. Cette nuit encore nous avons dormi avec nos masques.
13 juin - JMO 260e RAC/2e groupe.- Les Allemands, qui ont pris la ferme de Vertes-Feuilles dans la journée du 12 et ont commencé à progresser dans la forêt, continuent à s’infiltrer, ne rencontrant d’ailleurs peu ou pas de résistance de la part de notre infanterie.
Ils atteignent dans la journée la ferme de Beauve et dépassent le Champ Mantard ?? Ils ne se trouvent qu’à 1 800m du groupe. Nous recevons l’ordre de reconnaître des positions de repli.
Le groupe exécute pendant la nuit des tirs d’interdiction sur les abords de la ferme de Vertes-Feuilles. Harcèlement allemand sur les positions et les routes avoisinantes.
14 juin - JMO 260e RAC/2e groupe.- L’attaque allemande n’ayant pas aussi bien réussi au nord, ils se sont promptement maintenus en face de nous. On leur reprend la ferme La Beauve.
Oui, la situation actuelle n’est pas brillante et malheureusement les Allemands avancent toujours. Il faudrait pouvoir prendre l’offensive. Le peut-on ?
15 juin - LUI.- Tu m’excuseras de t’écrire sur ce papier. J’avais chargé mon cycliste de m’acheter du papier à lettres. Malheureusement c’est difficile à trouver. Il m’en reste encore un peu, mais tu m’approuveras de le réserver pour des étrangers, car celui-ci sent trop la misère. J’ai reçu aujourd’hui tes trois bonnes lettres du 9, 10, 11 juin. Hier nous n’avions pas eu de courrier mais il y a compensation aujourd’hui.
J’écris à Camille Biesse un mot pour le féliciter de sa nomination. Oui, la situation actuelle n’est pas brillante et malheureusement les Allemands avancent toujours. De notre côté cependant je les crois arrêtés car depuis avant-hier ils n’ont fait aucun progrès. Je crois sincèrement qu’ils ont subi des pertes importantes. Il faudrait pouvoir prendre l’offensive. Le peut-on ? Là est toute la question. Quand le pourra-t-on ? Et pourra-t-on arrêter les boches suffisamment pour que le moral de nos troupes et de l’arrière se maintienne jusqu’à ce moment-là ? Espérons-le. Mais en tout cas ne nous faisons pas de soucis. Nous faisons individuellement tout ce que nous pouvons faire et certes nous ne sommes pas responsables, ni des bêtises que peuvent faire certains chefs, ni de l’état d’esprit qu’on a trop inculqué aux Français depuis la dernière guerre.
J’ai reçu hier un paquet contenant des chaussettes et des serviettes. Je n’ai pas besoin de chemises pour le moment. Celles que je te renvoie, tu en feras ce que tu voudras. Peut-être ne valent-elles pas la peine d’être réparées, tu en jugeras.
Je pense bien que tu n’as pas écrit à Camille Biesse pour lui communiquer les renseignements soi-disant donnés par Georges. Tu penses bien ma Mie que l’état-major allemand ne crie pas ses projets par dessus les toits et que surtout les lettres de prisonniers sont épluchées de façon à ne contenir aucune indiscrétion. Ne songeons encore pas à cela pour découvrir les projets des boches.
Evidemment Mr Perrin ne peut toujours pas sentir P. Mangin. Il est vrai que pour plaire à Mr Perrin il faut être bâti spécialement. Moi je ne les blâme pas du tout de revenir à Cornimont et d’éviter les bombes de Paris. Seulement si je voulais être méchant je pourrais dire que P. Mangin est donc revenu de son idée qu’on ne pouvait faire de bonnes affaires qu’à Paris.
Sois tranquille à mon sujet. Je vais très bien, je dors et mange très bien et ne suis pas du tout fatigué. Merci du chocolat que tu m’envoies mais je crois que nous pourrons en avoir bientôt. On en a promis à mon officier d’approvisionnement.
Je suis content d’apprendre que les enfants sont sages et surtout Robert. Je t’embrasse avec eux de tout cœur.
L’émotion est dans tous les cœurs en ce moment où se jouent les destinées de la France et le sort de Paris.
15 juin - Marie Paul Cuny (Luchon – Villa St Georges – 11 avenue Alexandre Dumas) à Mimi Cuny, sa belle-sœur.- Nos lettres se sont croisées, toutes deux reflétaient pareille émotion, mêmes angoisses. L’émotion est dans tous les cœurs en ce moment où se jouent les destinées de la France et le sort de Paris. Nos chers soldats ont été admirables selon leur habitude et leur héroïque dévouement arrête cette fois encore l’ennemi aux approches de la capitale. Jamais je n’ai eu peur de l’entrée des Allemands à Paris, même aux plus mauvais jours je n’ai voulu envisager cette éventualité.
Il nous faut encore vieillir et vivre des jours et des mois d’anxiété, ceci est certain.
15 juin - JMO 260e RAC/2e groupe.- Une contre-attaque doit se déclencher le 15 au matin pour reprendre une partie du terrain perdu le 12. / Notre infanterie avance sa ligne de 300 à 400m seulement sur le front situé devant nous. / Notre mission consiste à faire un tir d’interdiction aux abords de la ferme de Vertes-Feuilles. / Tir de 200 coups dans le ravin au nord de Chavigny, un fort rassemblement allemand ayant été signalé.
16 juin - JMO 260e RAC/2e groupe.- De 13h à 19h, violent bombardement des positions de batterie, spécialement de la 24e. Les pertes se montent à 5 blessés. Sous le bombardement, le groupe fait C.P.O. pendant près d’une heure.
Gravures du Petit Journal - Supplément illustré - 16/06/1918 (N° 1434)
L’hommage aux blessés - Une midinette, en passant, leur offre des fleurs
La préparation des fils de fer barbelés (photos)
La préparation des fils de fer barbelés
Transport des fils de fer barbelés sur le front
Préparation des bobines de fil de fer barbelé qu'on portera la nuit
On déroule et on tend le fil de fer
L'entrecroisement des réseaux
On pose le fil de fer barbelé sur la monture
On transporte un élément achevé
Assemblage des réseaux
Préparation des supports pour fils barbelés
Les trains sanitaires (photos)
Les trains sanitaires
Chargement d'un brancard dans un E.V.G.
Intérieur d'un train sanitaire
Cabinet de toilette
Le cabinet du médecin chef
La distribution des boules de pain aux blessés
L'évacuation des blessés par train sanitaire
Transport d'un blessé vers le train sanitaire
Train sanitaire. Aspect général. Au centre, le wagon cuisine
Thèmes qui pourraient être développés
- Front - De Montdidier à Noyon l'ennemi a attaqué sur un front de 35 kilomètres - Brillante contre-offensive de nos troupes à notre aile gauche sur un front de 12 kilomètres entre Rubescourt et Saint-Maur
- Allemagne - M. Scheidemann vice-président du Reichstag
- Finlande - Un projet de monarchie finlandaise
- Foch et Pétain maîtres de la situation
- Autriche - Le comte Burian à Berlin
- Les Etats-Unis dans la mêlée - Plus d'un million de soldats avant peu
- Allemagne - L'importance des pertes allemandes
- Paris - Le général Guillaumat gouverneur militaire de Paris
- Italie - Une grande offensive autrichienne est engagée sur le front italien
- Autriche - La situation s'aggrave en Autriche - Si la couronne ne s'incline pas, l'Autriche de 1867 aura vécu
- Paris - Le 40e raid de gothas sur la région parisienne - Des bombes font plusieurs victimes
- Russie - Lénine va se rendre à Berlin et à Vienne
- Les Italiens brisent des attaques ennemies au massif du Tonale
- Académie - Trois grandes élections à l'Institut - Le président Wilson, le cardinal Mercier, M. Salandra
- Le centenaire d'un grand musicien, Charles Gounod (LPJ Sup)
- La préparation des fils de fer barbelés (Photos dans LPJ Sup)
- Les trains sanitaires (Photos dans LPJ Sup)
- Conseils pratiques - Dentition (LPJ Sup)
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