14-18Hebdo

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Souvenirs de guerre 1914-1919 (Paul Boucher) - Ch 12-5 – Le 16 avril 1917- Ce que j’ai vu- Le Chemin des Dames-Mon passage à l’état-major

Document transmis par Renaud Seynave, son petit-fils - 05/03/2018

 

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Journal de campagne du 68e bataillon de chasseurs du 8 au 22 mai 1917

 

Le 30 mai, je vois le général Brissaud qui vient dans la tranchée et s’excuse déjà de l’affaire d’Unchair. Gautron, le sous-lieutenant de notre groupe franc fait un joli coup de main qui réunit à merveille trois prisonniers boches qui arrivent de Roumanie et donnent des renseignements importants. Le régiment entier va attaquer le plateau de Californie.

 

Les hommes regrettent la Roumanie car il y avait moins d’artillerie. Les boches tentent de reprendre leur poste et nous ramassons encore deux prisonniers que j’interroge.

 

Gros bombardement toute la journée du 2 juin.

 

Au matin, je crois que ce sont des obus à gaz puis nous sommes engagés. Va-t-on nous attaquer ? Nous sommes sur nos gardes, prêts à lutter, dur moment !

 

Mais ce sont les voisins du plateau de Californie et je peux à la jumelle, chose rare, voir l’attaque se développer à 1500 mètres.

 

Derrière les nuages noirs, je vois des soldats tels des fourmis courir. Sont-ce des Français ? Je vois nettement le départ de fumée de leurs fusils face au sud, donc des boches. Pas de doute.

 

Les boches occupés nous laissent tranquille au point que je puis installer quatre pièces à découvert En face, dans la hauteur, il y a un boyau vertical plein de boches, je déclenche moi-même un tir violent des quatre pièces.

 

Je vois les hommes refluer en arrière vers le nord et se grouper. D’énormes marmites tombent tandis que comme des fourmis, ils couraient dans tous les sens.

 

Le 28e BCA et le 18e RI contre-attaquent au même moment. Je suis certain d’avoir grandement aidé à cette contre-attaque. Je n’ai aucune gloire que celle d’y avoir songé et réussi, d’ailleurs sans risque pour nous, nos quatre pièces étant en plein découvert, hors de tous boyaux et tranchées. Nos hommes, bien que n’ayant rien vu, exultaient de joie car le lendemain 4 juin, nous étions relevés par le 52e Chasseurs. (Mentionné dans le journal de campagne ci-dessous)

 

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Journal de campagne du 68e bataillon de chasseurs (composition du bataillon)

 

Le tour des permissions est enfin rétabli, trop tard car nous apprenons que les mutineries qui par endroit ont été graves et ont fait courir un danger certain si les boches avaient pu ou su en profiter.

 

Nous devons aller relever le plateau de Californie qui a mauvaise réputation. Nous ne sommes pas enchantés et un contre-ordre est accueilli avec une joie non dissimulée.

 

J’attends d’un jour à l’autre un télégramme de Nancy (une naissance), le lit du bataillon de Grey nous ayant laissé un souvenir de famille !

 

J’avais fait venir d’avance mes muletiers en vue de la relève.

 

J’avais un tué par obus, nous sommes relevés le 17 et emmenés à Coincy, vers la Marne, pays que je devais revoir en 1918.

 

Nous retrouvons un pays habité, accueillant, puis nous partons par petites étapes par Mouthiers (défendu en 1918 par le 152e RI), Montigny l’Allier, Cerfroid.

   

 

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Baptême de Madeleine Boucher le 30 juin 1917, née le 26 juin à Nancy (Photo prise par Anna Vautrin)

De gauche à droite : Paul Boucher, Jean Boucher, Lucette Boucher ??, Annette Boucher, Marthe Boucher, Marguerite et Yvonne Vautrin, Colette, Madou et Madeleine Michaut, Henry Boucher et Alexis Vautrin.

 

 

Visite du général Brissaud qui nous ahurit par un discours.

 

« Mes amis, la division a été remarquée pour son bon esprit, là on nous appelle, vous trouvez une manière à laquelle vous n’étiez pas habitués mais sachez qu’en guerre, l’ennemi peut prendre bien des formes et, s’il faut taper, vous taperez ».

 

Stupéfaction, rébus ou énigme ?

 

« En attendant, les officiers doivent coucher avec leurs hommes, sous-officiers, responsables »

 

Ce sont les échos et relents de mutineries.

 

A Paris, une grève de midinettes prend mauvaise allure.

 

La division considérée « division sûre » va aux portes de Paris pour intervenir et, s’il y a lieu, remettre de l’ordre. Et certainement nous aurions tapé s’il avait fallu mais avec quelle répugnance. Heureusement, ce ne fut pas nécessaire !

Fin du 12e chapitre



09/03/2018
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