Marie (Mimi) Cuny (1884-1960)
Portrait proposé par Rose Wolf, sa petite-fille - 07/12/2014
Mimi Cuny, 30 ans en août 1914, commence avec son mari mobilisé une correspondance régulière qui va durer 4 ans. Cette correspondance est une mine d’information sur la vie à l’arrière et sur les différentes personnalités qui écrivent ou dont elle parle.
Cette lecture est intéressante au niveau historique, social, économique, mais c’est également un plaisir de lire l’écriture de Mimi, elle est si vivante. On a l’impression de vivre au jour le jour tout au long de ces années de guerre, maris au front et dames à l’arrière. Emouvante aussi, car elle nous présente des ancêtres ou des parents, connus ou pas, mais dont on a beaucoup entendu parler, dans des portraits évocateurs et nous allant droit au cœur.
Mimi Cuny (E. Bordes/1906 - Coll. Chantal Favre-Bismuth)
Marie-Valérie Cuny-Boucher et ses proches
Marie-Valérie Boucher, dite « Mimi », née le 19 février 1884 à Docelles, est décédée en 1960, à Cornimont, chez sa fille Noëlle. Elle épouse le 26 avril 1906 à Docelles Georges Cuny, son cousin germain, né le 23 novembre 1873 à Gérardmer, industriel textile à Cornimont (mort à Cornimont le 8 septembre 1946).
Ses parents
Célina Boucher est née Perrin le 26 décembre 1860 à La Bresse dans les Vosges et meurt à Docelles le 12 août 1951 ; elle épouse le 16 mai 1882 à Cornimont Louis Boucher (1857-1912), fabricant de papier à Docelles (Papeteries du Grand-Meix), décédé à l’âge de 55 ans : Mimi a 28 ans. Le ménage habite Docelles à 15 km d’Epinal. Ils auront 4 enfants.
Georges, Marie, Louis, Célina, Marguerite et Maurice Boucher en 1898
Ses frères et sœur
Maurice Boucher, né le 6 avril 1883 à Docelles, industriel textile à Cheniménil, qui épouse le 24 octobre 1911 à Raon-l’Etape Thérèse Schwindenhammer, née le 17 novembre 1886 à Raon-l’Etape, fille de papetiers.
Georges Boucher, né le 21 septembre 1885 à Docelles, fabricant de papier à Docelles.
Marguerite Boucher, dite « Maguy », née le 3 avril 1890 à Docelles, qui épouse le 24 avril 1912 à Docelles Paul Laroche-Joubert, né le 24 décembre 1886 à Angoulême, fabricant de papier à Angoulême.
Son mari jeune homme
Ses enfants
André (1907-1965), 7 ans en 1914
Noëlle (1909-1989), 5 ans en 1914
Robert (1910-1994), 4 ans en 1914
Et… longtemps… après-guerre : Geneviève dite Vivette (1921-1982)
André, Robert et Noëlle Cuny (Docelles 1915)
La famille Louis Boucher en 1912
Famille Boucher à Docelles (Vosges) en 1912
Les adultes de gauche à droite : Georges Boucher, Georges Cuny, Louis Boucher, Paul Laroche-Joubert, Maguy Laroche-Joubert, Célina Boucher, Marie Cuny, Thérèse Boucher et Maurice Boucher.
Les enfants de gauche à droite : André Cuny, Noëlle Cuny et Robert Cuny
PORTRAIT DE MIMI À TRAVERS LA CORRESPONDANCE
C’est à Mimi qu’on doit la partie la plus importante de la correspondance : 540 sur les 2 000 lettres (aussi bien de son mari que de leurs relations) conservées par miracle jusqu’à nous.
Elle est « ce qu’elle est » ! C’est-à-dire une bourgeoise de province, des Vosges, région à laquelle elle reste très attachée.
Son caractère est primesautier, un côté jeune fille, plus que femme dans ses affects. Son style reflète bien sa personnalité : vif, matter of facts, enlevé et piquant. Elle reste déterminée : avant-guerre, déjà, devant l’interdiction d’épouser son cousin germain, elle déclare froidement à ses parents : « ça ne fait rien, je resterai avec vous toute ma vie pour vous soigner »… Ce qui, naturellement, ne convient pas du tout auxdits parents, qui préfèrent la voir épouser son cousin.
Une « petite » femme dépendante…
Au début de la guerre, Mimi Cuny a 30 ans.
Elle reste pendant toute la guerre à Docelles, chez sa mère Célina, veuve depuis 1912 : « Maman me soigne, me choie ». Cette solution semble lui convenir parfaitement, sa mère la rassurant par son énergie et son sens des responsabilités. Elle se soucie tout de même de cette situation : « Toute la charge retombe donc encore une fois sur ma pauvre Maman ».
Elle a souvent des réactions de « petite » fille avec son mari, ce qui s’explique par le fait qu’il a tout de même 11 ans de plus qu’elle et que, étant son cousin germain, il l’a connue toute petite.
Il faut dire que, au début de la guerre, elle sort d’une « pleurite » (pleurésie ?) et restera fragile physiquement pendant au moins les deux premières années de guerre. Elle écrira d’ailleurs la plupart du temps ses lettres depuis son lit ou sa « chère » chaise longue : « tu ne peux t’imaginer comme je suis lasse ». Elle sera également la proie d’une fragilité psychologique, « je me sentais complètement désorientée dans ce milieu » – à Lausanne, où elle allait voir sa belle-mère mourante – « et n’ai retrouvé ma quiétude qu’en rentrant dans nos contrées ».
« J’ai le cafard aujourd’hui, est-ce parce que tu m’en parlais dans ta lettre d’hier ou est-ce plutôt un effet de fatigue mais je suis dégoûtée de moi et de tout, et j’aurais besoin de la présence de mon chéri pour me secouer et me redonner du calme dans l’esprit. »
Un leitmotiv au sujet des permissions : « à partir du 9 ou 10, comme je te l’ai dit, je serai fatiguée, et il vaudrait mieux que tu sois ici quand j’irai bien. »
Elle est parfois gênée de sa fragilité, mais s’en défend avec grâce dans la lettre « la petite sultane » :
« La poulette va mieux, continue son petit métier de fainéante, elle y met même une douce philosophie et, à la fin de la guerre, pour peu que cela dure, elle aura besoin, comme tous les soldats des services de l’arrière, comme tous ceux qui n’auront pas combattu, elle aura besoin, dis-je, d’un bon petit coup de fouet pour se remettre au travail, pour reprendre un peu d’activité. Je compte sur toi pour cela, mon Geogi, car tu sais on prend bien vite et très facilement la douce habitude de ne rien faire, d’être choyée par sa mère, par son mari adoré, et on devient une petite sultane étendue sur ses nattes, sur de moelleux coussins - et on se laisse vivre. Enfin je me dis qu’il vaut mieux encore vivre, quitte à ne pas travailler, mais être au milieu de mon mari, de mes enfants chéris, que de tomber vraiment malade et être obligée de vous quitter pour toujours. »
…Qui s’émancipe
Elle semble s’émanciper voire même se trouver au cours de cette longue guerre.
Premier symbole de son émancipation et de ses passions : l’automobile.
Elle adore conduire – la Zèbre – comme sa belle-sœur Thérèse, à qui appartient la voiture d’ailleurs. Elle en est très fière et semble faire son petit effet. On constate également qu’elle a plaisir et tire fierté de se débrouiller de problèmes mécaniques.
« Hier, en allant à Epinal, j’ai conduit la petite Zèbre pendant une dizaine de kilomètres. Ce n’est pas difficile du tout »
« Sais-tu que je la conduis très bien, maintenant la Zèbre, c’est très facile. Si on est encore en fonds l’an prochain, nous en achèterons peut-être une »
« Gustave a admiré ma science et mon adresse à conduite une jolie petite auto…» (Notez les termes affectueux qu’elle utilise pour décrire l’auto !)
« Aujourd’hui je suis restée tout le matin à l’auto avec un petit jeune homme de l’usine qui la lavait. Pendant le gros œuvre du lavage, j’ai démonté la petite montre accrochée à l’auto, elle ne marchait plus et j’ai réussi à la remettre en train. Vote-moi des félicitations ! Ensuite j’ai montré à mon jeune homme à faire les cuivres convenablement, car les premières fois il les sabotait, puis le graissage de fond en comble, depuis les amortisseurs, boîte de changement de vitesse, jusqu’aux ressorts des roues d’avant etc., enfin la toilette complète de la voiture. »
« Je voudrais avoir mon brevet de chauffeur et en faisant ma demande à la préfecture il faut que j’envoie ma photo. Comme Maman est assurée contre les accidents, il faut au moins que cela serve et il est bien stipulé dans la police que la voiture ne doit être conduite que par une personne munie de son brevet : c’est une simple formalité à remplir. »
« La voiture est bien en ordre, j’ai essayé les phares tout à l’heure, mis du pétrole dans les lanternes, nous sommes parés et prêts à courir. »
« Le fait est là, je n’ai jamais d’accroc à ma voiture et en aurais-je que je n’en serais pas morte. Je ne vais pas vite, donc ne crains pas un accident […]… J’ai toujours dans mon coffre une petite caisse pleine de crassin de houille pour jeter sous mes roues en cas de patinage, tu ne diras pas après cela que je suis imprudente. Et si tu savais comme cela m’amuse, tu ne me gronderais pas. Je vais dire comme Robert quand son frère l’ennuie : « Je n’ai déjà pas tant de plaisir », laissez-moi mes petites sorties en auto. »
« Je commence à être connue parmi tous ces convois qui venaient toujours s’équiper ici près du parc et il paraît que j’y ai la cote et qu’on trouve que je conduis très bien. Tu vois, je pourrais peut-être gagner ma vie comme chauffeur si nous étions ruinés (mais pour cela, il ne faudrait pas rester au lit jusque dix heures). »
« Il y a beaucoup de troupes tout autour d’Arches pour les exercices du camp et j’ai toujours du succès en passant en auto parmi les groupes de soldats. Les uns font bravo, les autres crient : « Le chic petit chauffeur ». D’autres me demandent une place. Pour tous ces pauvres gens qui reviennent du front, cela leur semble très curieux de voir une femme en auto et ils en sont amusés. »
« j’ai eu des automobilistes qui sont venus dès huit heures pour voir la grosse voiture qui n’a pas voulu se mettre en route hier au moment de partir à Plombières. C’est une diable de petite clef qui sert de contact et qui est ennuyeuse en ce qu’il faut avoir l’habitude et la mettre juste au point. Ces messieurs ont regardé et examiné le moteur pendant deux heures avant de trouver et finalement je suis très fière, car c’est moi qui l’ai mise en route. »
Lui la met en garde :
« J’ai reçu tes 2 bonnes lettres du 20 et du 21. Vois-tu ma Mi, veux-tu faire grand grand plaisir à ton Geogi. Eh bien, ne te fatigue pas et ne fais pas trop d’auto. »
Mais partage son plaisir et sa fierté :
« … tu fais toujours beaucoup d’auto. J’aurais voulu être à la place du fonctionnaire en question qui t’a admirée faisant tes virages superbes dans les allées d’Epinal. »
Un major lui déclare en 1917 : « Madame, c’est vous qui commandez dans votre ménage, votre mari ne doit pas être le maître, je vois cela dans vos yeux et dans votre manière de conduire l’auto » !!
Autre symbole de son émancipation : elle apprend à s’occuper des comptes du foyer puis de la papeterie.
Elle sait prendre le relais de sa mère lorsque celle-ci est obligée de chercher de la houille, ou essayer de retrouver son fils ou voir des banquiers sur une longue période.
« Me voilà donc passée maîtresse de maison et remplaçante des gérants à l’usine – de Docelles -. Maman m’a confié les rênes du gouvernement. Nous remettons en marche lundi. On a déjà remis en train hier coupeuses et calandres qui marchent avec la turbine pour faire le papier resté inachevé à la mobilisation. »
Visiblement, la comptabilité l’intéresse : « j’ai continué nos petits calculs –de prix de revient pour la papeterie – qui m’intéressent fort »
« je continue nos petits calculs de prix de revient »
« je fais toujours mes petits calculs de moyennes de revient qui m’intéressent vivement »
Elle suit également avec grand intérêt l’actualité sociale, économique (celle de la bourse par exemple..) et naturellement l’actualité guerrière du pays.
Dépensière ?
Elle est dotée d’un patrimoine renforcé par son mariage, mais garde le sens de l’argent ; on va dire qu’elle ne perd pas le nord ! Elle suit les comptes de près, s’occupe de l’assurance vie de son mari pour l’assurer contre les risques de guerre, sans signer le chèque bien entendu, puisque les femmes n’ont aucune possibilité de le faire à l’époque.
Sur place (à Docelles, les sollicitations ne sont pas pléthore), elle est plutôt économe, mais elle peut se laisser aller, surtout quand elle est à Paris ou devant certaines tentations trop fortes :
« Pour toutes mes courses, je prends des taxis, ce qui est assez coûteux. Heureusement j’ai touché 1 163,75 de nos coupons de rente sur l’Etat. Cela me fera quelques robes et de nombreuses courses. Je me suis acheté un chapeau très joli. Ne m’engage pas trop dans la voie de l’élégance, car je m’y lancerais trop vite. Ce chapeau, pour lequel je m’étais fixé un prix, m’a tentée et j’ai fait comme les entrepreneurs, mon devis a été dépassé presque du double. Quelle frivole petite femme tu as, n’est-ce pas chéri, elle serait si contente de se faire admirer par son mari aimé, et en ce moment personne ne l’admire, c’est bien triste. »
« J’ai encore fait des folies hier, mon chéri. J’avais apporté mon manteau d’astrakan pour le remettre à la mode pour cet hiver. On les fait tellement larges qu’on me demande 700 francs pour y rajouter le nombre de peaux nécessaires. Il est vrai que le fourreur m’a dit que mon manteau était superbe, absolument la première qualité de fourrure, mais cela ne me sert à rien, qu’à payer très cher. J’étais très vexée d’avoir à faire une dépense pareille cette année. »
Puis tout de suite après :
« J’ai essayé mon manteau d’astrakan rectifié, il est épatant. Je suis une femme très chic quand je suis dedans, tu sais Geogi, et je ne regrette presque plus les 7 à 800 francs qu’il va te coûter. Tu vois mes bonnes idées d’économie s’envolent à tire d’aile, voilà ce que c’est que d’encourager sa petite Mie à faire de l’élégance. C’est une voie très agréable et facile à descendre, espérons que je n’y courrai pas trop vite. »
Une des grandes caractéristiques de la correspondance : « une histoire d’amour »
Elle est très tendre, très amoureuse, - « mon bon chéri aimé » « mon Geogi aimé » « mon Gi chéri », « mon adoré », « je suis bien peu patriote quand il s’agit de mon Geogi »,
« Je prie Dieu qu’il mette en face de vous de mauvais tireurs allemands, … que deviendrais-je sans toi, mon chéri ? »,
« Je voudrais tant embrasser le petit coin que j’aime »,
« une petite follette si amoureuse de son mari – après 9 ans de mariage »,
« Tu ne peux t’imaginer la joie que m’a causée ta lettre m’annonçant ton arrivée prochaine. J’en suis toute émue et n’ose presque pas croire que c’est vrai, mon chéri, mon chéri, j’en pleure de joie »,
« Dire que tu serais si bien avec ta « petite » femme serrée contre toi, il fait si délicieux caresser son mari aimé et l’aimer de toutes ses forces, tandis qu’il faut le sentir loin de soi, roulé dans une couverture et gelé »,
« Je pense à toi à toute heure »…
Lui aussi est très amoureux en retour :
Il l’est à la folie – il est pourtant loin d’être fou, il ne s’agit pas de faire ici le portrait de son maris, mais en amour, il faut être deux ! :
« Je suis content d’apprendre que tu vas bien puisque tu as été à Epinal et que tu fais toujours beaucoup d’auto. J’aurais voulu être à la place du fonctionnaire en question qui t’a admirée faisant tes virages superbes dans les allées d’Epinal. Mais j’aimerais encore mieux être à la place du bon rayon de soleil dont tu parles, qui pénétrait par la fenêtre ouverte et qui allait jusqu’à toi. Un rayon de soleil, cela pénètre partout. Je voudrais être le rayon de soleil. Tu vois que ton Geogi est toujours aussi fou, aussi fou de toi s’entend. »
Elle lui répond :
« Monsieur Geogi chéri, vous n’avez pas du tout à envier le rayon de soleil qui vient me rendre visite. D’abord il est très discret en cette saison, de plus, quand j’ai la fenêtre ouverte, je m’affuble d’un chandail blanc très épais qui ne laisse passer aucun souffle ou coup d’œil étranger, enfin il n’est pas bon puisque nous sommes si loin l’un de l’autre que nous pensions aux tendresses que nous pourrions nous dire, ni aux caresses que je pourrais te donner. Sur ce, je t’embrasse en petite femme bien sage qui aurait pourtant grande envie de ne pas l’être tant. Je te donne mon cœur. Ta Mi. »
A quoi il répond :
« Malgré tout ce que tu dis, j’envie le rayon de soleil et je te serre de toutes mes forces comme je t’aime. »
Autres exemples de lui :
« Mimi, c’est mal de dire que tu n’es pas jolie quand tu sais que ton Geogi te trouve la plus jolie de toutes, quand tu sais qu’il t’adore tant et quand tu sais que son seul bonheur en ce monde est de te couvrir de baisers et qu’il préfère un seul de ces baisers-là à toutes les richesses du monde. Donc ne blasphème plus et dis-toi bien que tu es la meilleure, la plus sensée et la plus jolie de toutes. »
« Je ne veux donc pas que tes jolis yeux adorés pleurent des larmes inutiles. Je veux les voir avec leur gaîté, avec leur douceur et l’expression de joie que tu sais leur donner lorsque je te dis que je t’aime et lorsque nous nous serrons l’un contre l’autre en nous disant de douces paroles d’amour. Je t’aime ma Mi à la folie tu le sais bien... Aussi donc bon courage, Ma Mi, et laisse-moi t’embrasser tout ton être comme je l’aime. »
A noter : elle est amoureuse au–delà de son ambition pour son mari :
« J’espère bien […] que tu seras promu sous peu, ce n’est franchement pas la peine d’en avoir la fonction sans en avoir les honneurs et tu sais que je serais très fière quand tu reviendras en permission de me promener au bras d’un beau commandant. Tu vois, j’aime la gloire et le panache. Pour peu que la guerre dure encore un an ou deux, tu nous reviendras colonel, ce sera épatant. Mais au fond, je donnerais beaucoup pour que tout cela finisse et que je puisse serrer dans mes bras le simple capitaine que j’aime. »
Il y a plusieurs exemples là-dessus où elle trouve que son mari ne se met pas suffisamment en valeur, ne revendique jamais en sa faveur pour les permissions, les décorations, les avancements…
Les exemples de l’amour qui les relie sont innombrables et … à découvrir dans la correspondance
La situation à l’arrière
Ses lettres sont précises, très informatives, on pourrait même dire exhaustives sur ce dont elle témoigne de la situation à l’arrière.
Elle jette souvent un œil jaloux sur les réalisations des Allemands, leur reconnaissant une grande discipline et le sens de l’ordre en comparaison des Français… « toujours le même esprit peu pratique des Français »
Sa vision de l’éducation des filles :
Et son idée de l’éducation des filles rejoint largement celle de son mari : « Quand tu reparles du jour de notre mariage et de ta naïve petite femme, mon Geogi, c’est vrai que j’étais bien loin d’être aussi savante que toutes les jeunes filles de maintenant, toutes nos cousines élevées à l’américaine. »
Elle veut faire de sa fille Noëlle « une fille soumise, non pas comme les jeunes personnes modernes. J’en ai vu encore à Angoulême, une gamine de 18 ans, qui avait si bien l’air de mépriser sa mère, dédaigner ses idées et conseils et j’ai entendu un ménage (…) dire de leur fille âgée de 9 ans qu’elle commande dans la maison, Mademoiselle invite ses amies pour tel jour et en avertit ensuite sa mère, et d’autres petits détails de ce genre. Il faut de l’initiative aux garçons, mais je déteste l’indépendance chez les jeunes filles et, avec l’intelligence de Noëlle, ce serait désastreux »
Ils ne sont pas d’accord sur le bachot des filles : « Voyez-vous notre Mimi et quelle ambition elle a pour sa fille. Tu veux en faire une bachelière, ma pauvre Mi, je suis sûr que tu plaisantes. Ah non, que notre petite Noëlle ait une bonne santé. Elle est bien assez intelligente pour qu’on ne soit pas forcé de lui faire faire tant d’études. Elle se promènera beaucoup et, si tu veux m’en croire, elle ne passera aucun examen. Cela ne sert à rien pour les jeunes filles. »
Elle est très joueuse : cartes…
« Nous avons fait notre « petite » partie de bridge et j’ai perdu sept francs, quelle somme ! ».
« Après le dîner, nous avons fait un excellent bridge, pendant lequel j’ai perdu tout le temps ce qui m’a fort vexée ».
« Maintenant quand nous perdons, nous mettons dans une cagnotte qui doit servir à un voyage en Alsace, quand elle sera redevenue française. »
Donc bridge (avec une « cagnotte »), mais pas seulement, c’est tout l’univers du jeu qui défile : piquet, réussite, bourre (décrit sur internet comme « un jeu d’argent interdit dans les cafés et à la maison. »)…
…et bourse
« Nos Gafsa sont vendues, les 20 premières à 850, les 5 dernières à 855, cela nous fait 4 000 francs de gain. Tu vois, Monsieur mon mari, toi qui te moquais de ta petite femme et de sa gestion. Il est vrai que mes roubles sont rudement en déficit en ce moment… »
« Tu sais, j’ai prié les héritiers de faire un virement de notre compte à la Banque de Mulhouse car je veux acheter des roubles puisque cela va être si bon. Je t’ai dit n’est-ce pas qu’à la Banque de F. on nous l’avait déjà dit, à la Banque de Mulhouse le directeur l’a redit à Paul L.J.. Il y a encore 20 000fr. à gagner en un an sur 100 000. Tu avoueras que cela vaut la peine d’essayer. Ce n’est peut-être pas très patriotique de transformer ainsi ses fonds au lieu de prendre des obligations de la D.N., mais nous en avons déjà pour une belle somme, qu’en dis-tu ? »
L’emprunt russe : « De là je suis allée à la Banque de M. et, puisque tu m’as permis d’acheter des roubles, en te moquant de moi un peu Monsieur mon mari c’est très vilain, j’en ai parlé au directeur. Il m’a conseillé d’acheter plutôt de l’emprunt russe, car de cette façon je bénéficie du change et en même temps d’un plus fort intérêt que celui qu’il m’aurait donné comme dépôt de roubles en banque. Il ne me donnait que 3 ½ tandis que l’emprunt donne 5 ½, avec la différence de taux d’émission et du change cela fait du 7 ½. J’en ai pris pour 50 000fr. »
Point de vue du mari en janvier 1918 : « Quant à l’emprunt russe, je crois qu’il ne faut rien craindre. Les Russes, quel que soit leur gouvernement, auront besoin d’argent, or ils seront bien obligés d’en emprunter ailleurs que chez eux. Qui leur en prêtera si l’on sait d’avance qu’ils ne le rembourseront jamais. D’ailleurs il est impossible qu’un gouvernement d’anarchie comme le gouvernement actuel subsiste longtemps. »
Elle est donc très, très joueuse (cartes, actions…) On pourrait dire qu’elle se prend au jeu du jeu, mais elle a, comme son mari, un grand fond de bon sens…
Elle se fait de plus en plus de soucis tout au long de cette longue guerre
Pour sa maman, Célina, qui pallie à l’absence d’hommes en s’acharnant à continuer à faire tourner l’usine, ce qui est encore plus compliqué en temps de guerre, avec des arrivées aléatoires de rames de houille et tant de jeunes hommes mobilisés…
Elle sait faire preuve de compassion, pour ses amis d’origine alsacienne, pris entre le marteau et l’enclume, soupçonnés des deux côtés d’espionnage, ainsi que pour les moins favorisés, suite à l’augmentation des prix : « pour les pauvres gens qui n’ont que juste, la vie va devenir difficile », « les usines des Héritiers sont arrêtées faute de coton et de houille. Espérons pour les ouvriers que cela ne durera pas », ou pour les pauvres combattants tombés au milieu de nulle part. « Je suis bien navrée de ce vilain temps pour tous les pauvres soldats », ou, à la mort d’Edouard Michaut :« que c’est affreux de penser qu’un gentil petit ménage comme celui-là est maintenant séparé à jamais », « On dit que nous avons beaucoup de soldats gelés, non seulement pieds et mains, mais tout le corps, c’est vraiment affreux ».
Elle a ses opinions.
Pierre Mangin, « il m’agace cet homme ! », qui tient l’affaire textile de Cornimont tout seul, le mari de Mimi étant au front, en fait régulièrement les frais. Rien de ce qu’il décide ou entreprend ne trouve grâce à ses yeux, mais elle sait rester diplomate : « je suis allée chez Pierre Mangin où je voulais dire ce que j’avais sur le cœur, c.à.d. que son devoir était de rester à Cornimont plutôt que d’aller ajouter par sa présence un fainéant de plus dans les bureaux militaires à Epinal… Inutile de te dire que j’ai employé des termes plus choisis et surtout plus aimables. »
Elle parle de « l’esprit débilitant de l’arrière ».
Elle s’agace sur d’autres sujets : « je me demande à quoi servent ces fameuses infirmières de la Croix-Rouge, elles devraient bien assumer la tâche de prévenir les familles », lorsqu’elle apprend un peu tard que son frère Georges est blessé. Mais elle est généralement plutôt bienveillante, bien qu’ayant son petit avis sur tout. Elle saura tout de même plus tard bien exprimer son mécontentement, car sa belle-fille Lily Cuny, femme d’André, disait d’elle que « quand je lui avais annoncé que j’attendais un enfant, j’étais déjà à moitié accouchée » !!! (Il faut savoir que son fils André et sa fille Noëlle ont eu respectivement 12 et 13 enfants…)
Bien que peu éloignée de la ligne de front, contrairement à Nancy, où habite Anna Vautrin, plongée très vite pendant la guerre, Docelles, en fait, semble bien épargné et ne fait qu’« entendre » le canon.
Elle écrit d’Arcachon en 2016 : « Nous sommes si au calme ici, on s’y sent bien plus loin de la guerre que chez nous, cela ne m’étonne pas que les gens du Midi n’aient pas la même mentalité que nous. La guerre semble être dans un autre pays et on ne s’intéresse qu’aux secteurs dans lesquels on a un être cher. Dans nos Vosges, on est pris dans l’ambiance, les passages de troupes, les autos qui circulent, le canon qu’on entend, tout vous y fait penser. Tandis qu’ici on est entouré d’oisifs, de jeunes femmes élégantes, et c’est triste à dire, on ne trouverait pas étonnant que la guerre dure. »
Ou : « Cela ne m’étonne pas que les Méridionaux n’aient pas la même mentalité que chez nous, toutes ces batailles paraissent si loin d’ici. On lit bien les journaux mais, pour tous les gens d’ici qui n’ont jamais vu de troupes passer, ni de canons, ni camions, ils doivent bien mal se représenter quelles difficultés il y a à rassembler sur un seul point tout ce qui est nécessaire au ravitaillement, au transport d’une armée. »
« il y a quelques barques à pétrole, un petit bateau à vapeur qui passe à heure régulière pour faire le courrier d’Arcachon au cap Ferret dont nous avons le phare en face de nous. Je t’assure qu’ici on ne se croirait pas en guerre. »
Mais tout alentour, à Docelles, au début de la guerre, est en feu. Mimi, comme beaucoup d’autres, pense souvent à fuir.
On peut lui reconnaître une certaine conscience sociale
« Certains militaires sont heureux de prendre leur revanche sur les industriels qui les écrasaient parfois de leur luxe en temps de paix. »
Elle s’inquiète (comme d’autres) d’une possible révolution après la guerre : « Si tous les soldats reviennent aussi flemmards et buveurs après la guerre… depuis un an n’ayant rien fait ou si peu, bien nourris, [ils]vont trouver étrange en rentrant d’être obligés de travailler pour gagner leur pain et celui de leurs femmes et enfants et les 8, dix ou douze heures de travail qu’ils seront obligés de fournir leur sembleront bien dures et amères »
ou : «… mais c’est inévitable que des petits jeunes gens qui ont été laissés seuls maîtres un grand moment n’acceptent plus de réprimandes et deviennent de petits coqs. On aura bien du mal à reprendre la direction. C’est la même chose avec les bonnes… »
« Je me compare toujours aux pauvres femmes qui travaillent tout le jour, soit dans les champs, soit dans les usines, et qui ont encore en rentrant enfants à soigner, ménage à faire. A ce métier, il y a longtemps que je serais morte, je les admire beaucoup. »
Mais sa conscience sociale se développe au cours de la guerre et lui fait sortir un cri du cœur : « si j’étais pauvre, je serais rudement socialiste » !
Le style
Tout d’abord, il est clair que Mimi adore écrire, décrire et témoigner. On ressent son plaisir à le faire. Que trouve-t-on dans cette correspondance au niveau de l’écriture ?
Un certain panache dans le style : « On pardonnera beaucoup à un héros comme le capitaine Cuny, tu as la cote de la famille pour le moment. Saluez, Monsieur, car tout le monde ne l’a pas, je vous assure, tu es une minorité et la grande majorité est vouée aux sarcasmes, aux coups de dents et de griffes. »
Un style épistolaire relevé, dynamique, fluide, piquant et pimpant, qui se lit avec facilité et plaisir. Quelques exemples sur la moustache :
« Ce qui te donne l’air triste sur les photos depuis que tu es parti, c’est la forme de ta moustache qui est changée, elle fait comme ceci ^, cache ta jolie bouche que j’aime tant et te donne l’air désabusé et triste. Quand on veut avoir l’air gai, il faut avoir les coins de la bouche relevés. Regarde-toi dans une glace (j’espère que tu en trouveras une à la ferme) et tu verras que j’ai raison. Aussi je voudrais, la prochaine fois que tu te feras raser, que tu donnes l’ordre de couper la moustache de chaque côté de la bouche, qu’elle ne descende plus et reste seulement au-dessus de la lèvre supérieure. Mon pauvre chéri, je t’ennuie n’est-ce pas avec tous mes conseils. Tu sais, ne les suis pas si cela t’agace, d’ailleurs de loin, je puis me tromper. »
« Au fait, et la moustache ? Penses-tu à moi en la retroussant d’un petit air vainqueur, »
« Au fait, tu ne m’as pas donné de nouvelles de la jolie moustache. Penses-tu à la retrousser d’une façon harmonieuse en pensant à ta petite femme qui était si heureuse de s’asseoir sur tes genoux pour la friser à son gré. »
Elle disait d’ailleurs, d’après sa descendance, qu’« un baiser sans moustache était comme du pain sans sel. »
On trouve aussi des germanismes (nous sommes en Lorraine et elle parle allemand) : il s’ennuie après Ventron » (er hat Sehnsucht nach). « Nous trinquons… »
Des trouvailles dans le vocabulaire : « Que ma femme est donc voltigeante, vas-tu dire ? ». Des expressions savoureuses : « mais les deux petits ne me font que des miracles à rebours. » « mes coquelucheux »…
Nous sommes entre 14/18, certains termes qu’elle utilise de façon récurrente sont circonstanciels, comme vu plus haut « la moustache » ou « embusqués » : une quinzaine d’occurrences, mais le thème, comme celui des profiteurs de la guerre revient très souvent, elle s’en offusque horriblement et décide par exemple de refuser fermement, sinon patriotiquement, de loger des états-majors :
« Si la Chanonyère avait été prise pour des officiers de troupe comme toi, j’aurais été la première pour dire qu’on l’ouvre, mais pour des E.M., ah non ! En voilà de ceux qu’on abomine et qui auront passé une belle guerre à faire la noce et à loger dans des châteaux, à se chauffer les pieds près de bons feux ronflants pendant que de pauvres malheureux se font tuer pour leur gloire. Tous ceux de l’Ecole de Guerre que je connais sont tous dans d’excellents petits cénacles, à monter en grade bien gentiment. Qu’est-ce qui gagnera à la guerre, ce sont eux. Ils ne risquent rien. H. Collin est à St-Nicolas depuis presque le début. Ch. Perrin est au G.Q.G. Camille Biesse a envoyé en cartes postales à sa femme la photo d’un magnifique château dans lequel il loge. Ils ont eu des draps dans leur lit depuis le commencement, tu peux être tranquille. Et quand on demande à ces omnipotents de faire une démarche pour mettre un peu à l’arrière un brave garçon comme Paul Boucher, qui a été dans les tranchées depuis le début, ils semblent dire : comment ose-t-il se plaindre il n’est encore ni tué ni blessé ! Enfin égalité, fraternité, ce ne sont que chimères et mots vains, on le sait depuis longtemps. Mais c’est pour te dire que j’admets très bien qu’on se donne du mal pour vous qui vous dévouez pour la France, mais pour les flemmards, non. Je l’ai dit d’ailleurs à Pauline. Soignez bien les officiers qui vont au front, mais je ne veux plus loger d’état-major. »
Elle a aussi des tics de langage qu’on retrouvera dans les générations suivantes :
« petit », utilisé soit en terme d’affection, « mon cher petit mari », soit en terme de modestie feinte sur ses propres activités : « petits calculs » « notre petite partie de bridge ».
« brave-braves » (135 occurrences), « ce brave », « brave garçon » « les braves filles » pour ses bonnes…
« cher, chers, chères »
On trouve bien sûr le mot dans son sens économique, avec fonction d’attribut : « la houille sera plus chère », « la houille tellement chère », « la houille horriblement chère » …
Mais aussi dans un sens plus affectif et en épithète, presque toujours cette fois avec un possessif : « ta chère lettre », « sa chère filature » « notre chère maison », « notre chère vie intime », « notre chère vie d’autrefois », « sa chère manche, sans laquelle il ne peut s’endormir », « je ne veux pas perdre une heure de ta chère présence » (« ta chère présence » revient 4 fois, correspondant à chaque fois à des permissions de son mari, bien sûr, de même que « en entendant ta chère voix »), « Je fais volontiers sacrifice d’être privée de tes chères nouvelles », « la chère disparue »,« les chers disparus », « mes plus chères affections »…
Curieusement, à partir de l’automne 1916, l’adjectif semble disparaître et représenter de plus en plus une vie économique difficile « la vie est de plus en plus chère » (3 fois)
« bon-bonne » : 1471 occurrences : « la bonne chérie », « ta bonne lettre » « la bonne tête », « nos trois bonnes faces », « sa bonne maison » « une bonne somme », « compartiment envahi par des bonnes gens de 3ème classe », « la houille qu’on reçoit est affreuse et Maman aurait voulu la mélanger avec de la bonne » ou, souvent accompagné de l’adjectif petit : « bonne petite vie », « je ferai tous mes efforts pour redevenir la bonne petite poulette dodue d’antan », « maligne petite bonne femme », « le bon petit » (coup double) ; mais bien sûr, souvent dans le contexte accompagné de « nouvelle », ou signifiant souvent « domestique » avec le possessif « ma » ou « nos » : « j’en suis réduite à laisser mes bonnes se débrouiller toutes seules ».
Il y a des choses qui nous font tiquer, du genre : « je t’ai envoyé un caleçon en tricot qui te sera plus commode pour monter à cheval que ceux en cretonne ». La question se pose : entre tricot et cretonne effectivement, lequel est le plus confortable ??????
Et le leitmotiv bien sûr : « Quand cette terrible guerre finira-t-elle ? »
Pour conclure
Nous sommes heureux et reconnaissants à tous ceux qui ont fait que cette correspondance ait été écrite et qu’elle soit parvenue jusqu’à nous.
Pour cela, il a fallu plusieurs maillons de la chaîne de transmission :
- une guerre, la guerre de 14, pour que le couple soit séparé et ait besoin de s’écrire,
- qu’ils s’écrivent régulièrement,
- qu’ils gardent leurs lettres pendant le conflit,
- qu’ils conservent leurs lettres de tout leur vivant,
- que leur fille Noëlle récupère ce carton de lettres à la mort de sa mère,
- qu’elle le garde toute sa vie durant,
- que leur petite-fille Marie vide une armoire et récupère ledit carton,
- qu’elle traite les lettres à l’intérieur du carton.
… on peut penser que d’autres des générations suivantes pourront peut-être en faire quelque chose de totalement différent.
Autres Photos
voir aussi les portraits de famille de Célina Boucher (1860-1951) et Clémentine Cuny (1850-1915)
La famille Louis Boucher
Maurice, Célina, Marguerite, Marie et Georges Boucher en 1893-1894
Docelles 1895 – 1ère communion Marie-Valérie Boucher (21/04/1895) (Coll. Michel Segond)
Photo très rare par la présence des grands-parents Boucher et grand-mère Perrin Constant
Debout au fond : Jules Garnier, Louis Boucher, Caroline Garnier, Victor Perrin, Paul Boucher senior, Paul Cuny, Jean Boucher, Henri Cuny, Clémentine Cuny, Mathilde Perrin, Merie Geny, Paul Perrin, Marthe Boucher, Alphonse Perrin
Assis sur le banc : Colonel de Boureuille, Théodore Boucher, Grand-mère Perrin (Constant), Cécile Perrin (Biesse), Marie Perrin (Grandjean), Louise Garnier (de Reure), Marie Cuny (Molard), Marguerite Perrin (Boucher), André Boucher, Grand-mère Boucher (née Brocard), Marie Boucher (Cuny), Pierre Geny, Maurice Boucher, Célina Boucher
Enfants au 1er rang : Paul Boucher junior, Georges Boucher, François Boucher, Suzanne Vautrin (Boucher), Maguy Boucher (Laroche-Joubert), Alfred Geny
Mimi Boucher - 1897
Célina Boucher avec ses deux filles Maguy et Mimi (1897-1898)
Mimi Boucher en 1900
Mimi Boucher en 1904
Son mariage le 26 avril 1906
Les mariés, Georges et Mimi Cuny - 26 avril 1906 (Coll. Renaud Seynave)
Derrière : Georges Boucher, Suzanne Vautrin, François Boucher, Germaine Molard, Marguerite Vautrin et Yvonne Vautrin
1907 - Mimi Cuny et son aîné, André
1908 - Georges et Mimi Cuny et André
1909 - Mimi Cuny, Noëlle (dans ses bras) et André
1910 - André, Noëlle, Mimi et Robert Cuny
En vacances à Royan en 1913
Célina Boucher, Robert Cuny, Noëlle Cuny, Mimi Cuny, André Cuny, une bonne, Jean
Laroche-Joubert dans le landau, Maguy Laroche-Joubert et une bonne
(Royan en 1913)
La 1ère permission de Georges Cuny en 1915
1915 - 1ère permission de Georges Cuny à Docelles - André, Georges, Noëlle,
Mimi et Robert
Une permission de Maurice Boucher en 1917
Docelles 1917 – Robert Cuny, Thérèse Boucher, Maurice Boucher, Françoise Boucher, Louis Boucher, Célina Boucher, Mimi Cuny, André Cuny et Noëlle Cuny
La maison à Docelles côté rue
La maison à Docelles côté jardin
La Papeterie du Grand-Meix à Docelles
Sa famille après la Guerre
1919 - Robert, Noëlle et André Cuny
Robert, Noëlle et André Cuny - 1919
Noëlle Cuny en 1923
Robert Cuny en 1923
André Monsaingeon et Vivette Cuny en 1941
Mimi et Georges Cuny devant la maison de Cornimont - 1925
Août 1939 - Yvonne Favre, Georges et Mimi Cuny sur la galerie de la VCDA à Menthon
4 générations de femmes en présence : Célina Boucher, Mimi Cuny, Noëlle Favre-Vivette Cuny et Chantal Favre
Novembre 1941, à l’occasion du mariage de Vivette Cuny et d’André Monsaingeon
Georges Cuny, Célina Boucher, François-Régis Favre, Michel Favre dans les bras de Mimi Cuny, Pierre Favre, Noëlle Favre, Georges Favre, Gérard Favre, André Monsaingeon, Vivette Cuny et Chantal Favre
Famille André et Lily Cuny – 1950-1951 – Epinal
Anne, Dominique, Yves, Joseph, Phanette, Georges-Paul, Agnès, Jean-Philippe, Marie-Noëlle portant Véronique (Pierre-Marie n’est pas encore né)
Famille Jean et Noëlle Favre – Cornimont 1956
Michel, Olivier, Marie, Bernard, Noëlle, Anne, François-Régis, Jean, Chantal, Thierry, Gérard, Mimi Cuny, Pierre, Béatrice, Roselyne, Georges, Drew
Robert Cuny à son piano - 1945
Vivette Monsaingeon et ses 3 fils : Bruno, Benoît et Jean-François - Cornimont 1946
(Coll. Benoît Monsaingeon)
Mimi Cuny en 1954
Inscrivez-vous au blog
Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour
Rejoignez les 389 autres membres