14-18Hebdo

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Le maréchal Maunoury

 

Patrick Germain · 26/09/2014

  

Peu de livres d'histoire évoquent la carrière de ce valeureux chef ; j'avoue moi-même avoir méconnu jusqu'à son existence, quand ma vie professionnelle me conduisit à Blois il y a près de 30 ans, et que mon attention fut attirée par une rue importante portant son nom, voisine d'ailleurs de celle portant le nom d'un autre très grand chef de guerre, le maréchal Maurice de Saxe, mort au château de Chambord (qui lui avait été attribué par Louis XV en récompense de ses victoires), en 1750.

  

Comme Maurice de Saxe, Michel-Joseph Maunoury vécut la fin de sa vie dans un village proche de Blois, où il mourut en 1923, avant d'être élevé à la dignité de Maréchal de France peu de temps après.

  

Officier d'artillerie polytechnicien, il effectua une belle carrière qui se termina en 1912 par son placement dans la section de réserve. Il n'avait donc plus de commandement à la déclaration de guerre, et de ce fait était étranger à la préparation et au déroulement des premières opérations.

  

Joffre fit cependant appel à lui le 11/08/14 tout d'abord pour diriger une mission d'inspection, puis pour constituer la 6ème armée, formée à Paris et constituée de troupes disparates de l'armée d'Alsace, d'unités nouvellement incorporées (réservistes), renforcées des troupes du camp retranché de Paris, que le général Gallieni, alors Gouverneur militaire de Paris, avait mises à sa disposition.

  

On se souvient que l'offensive des Français en Lorraine avait tourné court, et que les troupes allemandes se trouvaient en bonne voie de concrétiser leur manœuvre d'enveloppement ; toutefois, les troupes alliées avaient reflué en bon ordre, mais perdant par là-même leur capacité offensive.

  

Or c'est à ce moment là que le tandem Gallieni/Maunoury sauva la situation ; le 05/09, Maunoury lança son armée sur le flanc de l'armée de von Kluck (aile droite allemande), ouvrit une brèche entre celle-ci et l'armée de von Bülow ; la bataille de l'Ourcq (au cours de laquelle périt le lieutenant Charles Péguy à la tête de sa compagnie), qui désorganisa le fer de lance allemand, permit aux forces alliées en retraite jusqu'à 40 kms au sud de Reims, de se regrouper et de lancer la contre-offensive victorieuse de La Marne.

  

L’initiative audacieuse de Gallieni transportant l’armée de Paris sur l’Ourcq restera comme le témoignage d’un merveilleux esprit de décision. Von Kluck, le général vaincu, rendait lui-même, sans le vouloir, un véritable hommage à cet esprit de décision : « Je savais, disait-il dans une interview, l’armée de Maunoury, telle que je la connaissais, incapable de tenir le combat, et, d’autre part, je ne pouvais m’écarter de ce principe, enseigné de tous temps dans toutes les écoles militaires, qu’un général commandant une place ou une enceinte fortifiée n’a pas le droit de prendre l’offensive, sinon contre un ennemi le menaçant en face. Sans doute n’existait-il qu’un seul général pour risquer, en méconnaissant ce principe, les plus graves responsabilités… Mon malheur voulut que ce fût Gallieni. »

  

Le général Maunoury fut très gravement blessé à la tête le 11/03/15 au moment où il mettait l'œil à un créneau, lors d'une inspection dans les tranchées ; cette blessure le rendit aveugle jusqu'à sa mort, en 1923 ; son corps repose au mausolée des Invalides, après que des obsèques nationales lui furent rendues.



30/09/2014
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