Le certificat d’études à l’aube de la 1re guerre mondiale
Alice Aldebert - 17/06/2015
S’en allant à l’école du village
Introduction
Le 20 août 1866, une circulaire met en place un certificat d'études primaires.
Celui-ci est institué par la loi Jules Ferry du 28 mars 1882, qui rend l'instruction primaire obligatoire de 6 à 13 ans. L'article 6 précise :
« Il est institué un certificat d'études primaires ; il est décerné après un examen public auquel pourront se présenter les enfants dès l'âge de onze ans. Ceux qui, à partir de cet âge, auront obtenu le certificat d'études primaires, seront dispensés du temps de scolarité obligatoire qui leur restait à passer. »
C'est ainsi que pendant longtemps, pour la majorité des lauréats, il marque la fin de l'instruction obligatoire et l'entrée dans la vie active. (Source Wiki)
La durée de l’enseignement pour aller jusqu’au certificat d’études se divise ainsi :
Maternelle ou classe enfantine : vers 5 ou 6 ans
Cours élémentaire : 2 années, de 7 à 9 ans
Cours moyen : 2 années, de 9 à 11 ans
Cours supérieur : 2 années, de 11 à 13 ans
Eventuellement, un cours complémentaire d’enseignement primaire supérieur de un an.
« Les classes sont très lourdes. Elles comptent en moyenne plus de 30 élèves. En Seine et Oise, une classe sur 5 comptait plus de 50 élèves. Les classes uniques des petits villages sont moins chargées, mais il faut enseigner à des grands et à des petits, avec la difficulté supplémentaire d’une fréquentation irrégulière.
L’école fait d’incroyables progrès. En 1913, moins de 5% des conscrits ne savent ni lire ni écrire. Mais le certificat d’études ne concerne que les bons élèves. Le maître ne présente d’ailleurs à l’examen que ceux qu’il juge susceptibles de réussir. Au total, seulement un enfant sur trois seulement obtient le précieux diplôme. Encore, ne garantit-il chez les lauréats que des apprentissages solides d’écriture, d’orthographe, et de calcul. En sciences, histoire et géographie, les acquis restent minces.
Et les autres ? On ne s’en occupe guère. L’idée que tous les élèves peuvent et doivent réussir est totalement absente.
Certains enfants sont forts, d’autres faibles ; certains agiles et d’autres maladroits. De même certains apprennent, et d’autres non. C’est ainsi. Jamais un inspecteur primaire ne reprochera à un maître d’avoir de grands élèves qui ânonnent encore : il est normal qu’il y ait des cancres. Mais inversement, le maître qui reste plusieurs années sans avoir de succès au certificat d’études est mal noté : il avait certainement de bons élèves, et il n’avait pas été capable de les faire réussir.
Comme les mauvais trouvent malgré tout une place dans la société, leur échec n’inquiète personne : il est dans l’ordre des choses ». (Extrait du livre d’Antoine Prost : Si nous vivions en 1913)
Hum ! Pas commode la maîtresse ou vraiment cancre l’écolier ?
Lettre de Jaurès aux instituteurs :
"Vous tenez en vos mains l'intelligence et l'âme des enfants ; vous êtes responsables de la patrie. Les enfants qui vous sont confiés n'auront pas seulement à écrire et à déchiffrer une lettre, à lire une enseigne au coin d'une rue, à faire une addition et une multiplication. Ils sont Français et ils doivent connaître la France, sa géographie et son histoire… »
La tenue :
Les enfants portent un grand béret ou une casquette pour éviter les poux et ils ont les cheveux courts sauf les petites filles qui portent les cheveux longs et qui ont des tresses ou des rubans. Ils ont aussi une blouse noire ou grise et une culotte courte pour l’hiver et l’été. Les blouses se boutonnent sur le côté. Les fermetures éclair n’existent pas.
Il convient également d’avoir tout ce qui est nécessaire dans son cartable. Vérifions…
La salle de classe
La journée commence par la leçon de morale dont la maxime est inscrite sur le tableau noir
L’écriture
On remplace la plume d’oie, très incommode, par la plume d’acier. La fabrication industrielle des plumes métalliques a commencé à Boulogne-sur-Mer en 1846.
Deux types de plumes :
la Sergent-Major est certainement la plume la plus utilisée.
« Elle a été fortement conseillée aux maîtres d'écoles pour que les élèves, au travers de l'appellation "sergent-major" aient sans cesse en mémoire l'effort demandé à nos valeureux soldats pour reconquérir l'Alsace et la Lorraine annexées par l'Allemagne à l'issue de la guerre de 1870 » (wiki)
La Polycopie de Baignol et Farjon, la meilleure car elle possède une pointe plus souple.
On écrit à l’encre violette contenue dans un encrier de faïence
On couvre des pages entières de pleins et de déliés. On apprend l’écriture penchée.
La lecture
On apprend l’année, les mois, les saisons, les jours
Au cours moyen
On apprend :
La règle de trois, ainsi appelée dans le manuel du cours moyen et supérieur :
« On appelle règle de trois un problème dans lequel il s’agit de déterminer une grandeur qui soit dans le même rapport ou dans un rapport inverse à d’autres grandeurs connues. La règle de trois est simple ou composée. »
Les leçons de choses
Au début du XXe siècle, la leçon de choses est le moment préféré des élèves curieux et avides de connaître le monde qui les entoure. Sciences naturelles, animaux et plantes, communs ou exotiques, corps humain, roches, phénomènes physiques et expérimentation en tous genres… Au programme :
« L'Éducation par les yeux est celle qui fatigue le moins l'intelligence, mais cette éducation ne peut avoir de bons résultats que si les idées qui se gravent dans l'esprit de l'enfant sont d'une rigoureuse exactitude ». E. Deyrolle Louis Albert de Broglie
- Zoologie, anatomie comparée, animaux d’ici et d’ailleurs
- Botanique, reconnaissance et utilisations des végétaux
- Le corps humain, son anatomie, son fonctionnement…
- Phénomènes physiques, l’air, l’eau…
- Sciences de la Terre : roches et minéraux
On y trouve des réponses aux questions telles que :
- Quelle est la fonction du cœur ? Comment les artères communiquent-elles avec les veines ?
- A quelle température correspond le zéro du thermomètre centigrade ?
- Que marque le nombre 100 sur un thermomètre centigrade ?
On se prépare en vue de l’épreuve qui comporte :
Trois épreuves écrites :
- Dictée : 15 lignes maximum et questions relatives à l’intelligence du texte.
- Calcul
- Rédaction portant sur la morale
- Histoire-géographie ou les sciences
- Couture pour les filles
- Dessin ou d'agriculture pour les garçons (Qu'est-ce que le terreau ? Quels sont les principaux instruments du jardinier ?)
Des épreuves orales :
- Lecture-récitation et analyse grammaticale portant sur le texte (ex : Petit Paul)
- Histoire-géographie (ex : Pendant la funeste guerre de 70, quelle victoire importante remporte l'armée de la Loire ? Qu'est-ce qui l'empêche de marcher sur Paris et peut-être de sauver la France ? Si le gouvernement de Défense nationale n'a pu sauver la patrie, qu'a-t-il au moins sauvegardé ?)
L'examen est obtenu si le candidat obtient la moyenne aux épreuves écrites et la moyenne à l'ensemble des épreuves. Le zéro est éliminatoire. L'écriture est évaluée sur le texte de la dictée.
Le jury d'examen est présidé par l'Inspecteur Primaire. Il délivre le diplôme.
Dans l’esprit de Jules Ferry, le certificat d’études primaires devait, comme son nom l’indique, permettre à chaque élève de justifier l’acquisition d’un bagage scolaire normalisé.
Conclusion :
Une si belle école, avec son tableau noir et sa craie, des enfants si attachants avec leurs encriers, porte-plumes, une génération qui mérite notre estime et que nous aimons…
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