14-18Hebdo

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La houille

 

Patrick Germain · 11/10/2014

La guerre totale exigeait une mobilisation intégrale des moyens ; au delà des moyens humains, la production intense d'armements, munitions, matériels et équipements militaires de tous ordres nécessitait une industrie consacrée entièrement à l'effort de guerre, pour augmenter les dotations des unités, allant bien au delà de leur simple remplacement du fait de leur consommation ou de leur destruction.

La houille, principal combustible énergétique d'alors, fournissait l'essentiel de la force motrice de l'appareil de production français.

Aussi convenait-il d'en assurer une fourniture fiable en volume et en délais.

Or une tension dans les approvisionnements apparut dès les premiers mois de la guerre ; d'une part la production se trouvait amputée des puits situés en zone occupée, et d'autre part, une partie des mineurs avait été envoyée au front ; s'ajoutaient à cela les perturbations du réseau ferré lié aux opérations militaires de la guerre de mouvement, et ce malgré l'utilisation du réseau des canaux.

C'est pourquoi, dans le but de hiérarchiser les priorités d'approvisionnement, des procédures militaires et administratives furent instaurées.

Ceci transparaît clairement dans les lettres d'Elle à Lui des 16 et 18/10/14.

Célina Boucher, qui avait vaillamment pris les rênes de la papeterie à Docelles, a ainsi déployé une énergie sans faille et un sens opportun du contact pour "tirer les sonnettes" à Epinal aux différents niveaux : le dépôt du port (déchargement des péniches), le transport du port à la gare d'Epinal, et enfin le chargement sur des wagons spécialement affrétés à destination de Docelles, jusqu'à ce qu'un contact privilégié à la Préfecture lui ait permis d'utiliser une procédure administrative l'autorisant à passer sa commande directement sur le lieu d'extraction (Montceau-les-Mines).

D'une façon générale, cette femme était dotée d'une faculté entrepreneuriale très rare à cette époque chez les épouses d'industriels, qui ne s'occupaient guère des affaires, encore moins du fonctionnement d'une usine. Au delà de son courage et de son dynamisme, se profile le réflexe de l'industriel très vigilant sur l'évolution de son coût de fabrication, déplorant ainsi le faible rendement de la chute d'eau...

En effet, à cette époque, les usines vosgiennes (filatures, tissages, papeteries...) jouaient alternativement sur deux sources d'énergie :

- la force motrice hydraulique, procurée par une ou des turbines utilisant les chutes d'eau de la rivière à proximité, donc aléatoire selon le débit d'eau,

-la force motrice de la vapeur, produite par une ou des chaudières alimentées en houille et reliée(s) à une machine à vapeur transformant l'énergie thermique de la vapeur d'eau en énergie mécanique.

Ainsi, une usine qui dispose d'une bonne hydraulicité est moins tributaire de la houille.

Dans les deux cas, la transmission de l'énergie mécanique se faisait à cette époque par un enchaînement de poulies et de courroies.

Ce n'est qu'après la guerre 14-18 que se généraliseront les moteurs électriques individuels pour chaque machine, et que l'alimentation électrique étendra son réseau. Des chaudières à fioul prendront le relais des chaudières à charbon pour les autres besoins thermiques.



17/10/2014
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