Georges Thibaux et Georges Fontaine
Marie-Christine Sauzay – 03/08/2018
« Mes deux grands-pères sont morts pour la France à la première Guerre mondiale »
Georges THIBAUX (1887-1916)
Georges THIBAUX est né le 3 septembre I887 à Givet où il est sergent-fourrier. Il est issu d’une famille d’agriculteurs de Neuflize dans les Ardennes, « tous très intelligents et très désintéressés », d’après leur oncle paternel Elisée. Son frère Alexis, clerc de notaire, fiancé à sa cousine germaine Charlotte Decré, tombe au champ d’honneur dès les premières hostilités.
Alexis Thibaux (né en 1893) tué le 27/08/14, enterré à Dancourt près de Conflans
Georges Thibaux, jeune homme
Georges épouse en 1910 Marie-Henriette Avet, âgée de 18ans et titulaire de son brevet, dont il a deux enfants, Serge en 1911, et Pol en 1914.
Georges Thibaux et sa femme Marie-Henriette en 1916 avec leurs deux enfants : Serge et Pol
Blessé en 1916, il est évacué à l’arrière où sa femme vient le soigner, s’improvisant infirmière volontaire.
Georges Thibaux en 1916
Il retourne au front où il tombe à son tour en 1916.
En 1921, Serge doit entrer en 6ème au Prytanée Militaire de la Flèche réservé aux fils d’officier et sa mère a un emploi de manutentionnaire réservé aux veuves de guerre - elle deviendra vite chef du service de l’habillement.
Vers 1930, Marie-Henriette (à droite debout) avec la famille Houot-Néral.
Georges HOUOT, jeune homme (au milieu debout) futur commandant Houot du Bathyscaphe.
Il n’était pas rare selon Domain, commissaire de la marine et condisciple de Pol, que les garçons restent en pension le dimanche, leur mère ayant des réunions mystiques de veuves de guerre et envoyant des anneaux d’or au Pape. On imagine difficilement ce que fut cette saignée de 1 500 000 hommes jeunes qui provoqua des courants de société comme le regain de criminalisation de l’avortement avec les mythiques médecins marrons, -manque d’enfants- et les slogans comme « une veuve de guerre ne se remarie pas » -manque de maris.
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Georges FONTAINE (1881-1921)
Georges FONTAINE est fils d’un artiste peintre de Lorient qui eut 9 garçons en 9 ans. Le dernier, né sans palais, ne vécut pas et la mère mourut en couches. Les autres furent élevés au séminaire par leur oncle Arnaud, prêtre, et sa sœur. Des cinq que l’on voit sur cette photo, trois sont morts pour la France, Georges, Jules, instituteur, et Eugène.
Photo famille Fontaine – L’oncle Arnaud, la tante Eloïse, le grand-père Fontaine, Louis, Eugène, Jules, Georges et Paul
Louis Fontaine, mon arrière grand-père peintre, n’eut les moyens nécessaires aux études supérieures que pour l’aîné qui devint officier de marine et passa la guerre, relativement protégé, à Salonique, ce qui incita mon grand-père Georges à en faire un croquis avec un soleil dans le dos. Georges, né en 1881, était un artiste.
Croquis d’un poilu
Il commença à créer des affiches signées GEO qu’il vendait à bicyclette, et il tenait une grande droguerie-encadrement avec son frère Paul rue du Port. Les deux frères épousent en 1913 par présentation deux sœurs parisiennes, les Maiseau, ascendance aristocratique, père receveur de l’enregistrement, aquarelle, piano, couture. Ma grand-mère avait aussi son brevet. Ils ont deux enfants Yolande (1915) et le petit Georges dit Nono mort à 5 ans.
Marie-Louise Fontaine
Georges Fontaine à son bureau
Georges traverse entièrement l’enfer de Verdun, il revient gazé à mort, emporté à 40 ans par la grippe espagnole. On demande à sa femme si elle préférait être veuve de guerre ou toucher la grosse assurance de l’affaire d’affichage devenue très importante. Elle répond sans hésiter la vérité : « Il est mort pour la France ».
Georges Fontaine et un camarade à Verdun
Georges FONTAINE a fabriqué ces objets en utilisant des cartouches de fusil Lebel
Paul qui, à plus de 40 ans, avait fait la guerre à l’arrière, à Vissou où sa femme l’avait rejoint, servit de père aux 4 orphelins en plus de ses trois garçons. En effet les enfants de Jules avaient perdu aussi leur mère et Georges fut placé chez les Fontaine tandis que sa sœur Marie, de 10 ans son aînée, le fut chez les Kersant, sa famille maternelle.
Eugène venait d’épouser une très jolie femme, « Tante Jeanne », un peu fragile mentalement chez qui Georges (orphelin, fils de Jules) passa ses premières années. Elle l’enfermait dans les placards et prenait des photos sans pellicule.
A la deuxième guerre mondiale, elle mourut à Lesvelec, l’hôpital psychiatrique du Morbihan.
Les orphelins de guerre que ce soit les Thibaux ou les Fontaine ont été très marqués par leur père mort, optant tous pour l’uniforme, voire l’habit religieux, comme Marie Fontaine, devenue sœur Paule de Saint Alexis (comme son oncle Paul). Son frère Georges, devenu officier de marine, a appelé sa fille Patricia-Paule.
Georges Fontaine, officier de marine
1974 - Marie Fontaine, religieuse, entre Philippe et Marie-Christine Sauzay
Serge Thibaux, mon père, est mort pour la France en 40, lieutenant de vaisseau dans l’Aéronavale, et son frère Pol, mon oncle et parrain, chirurgien colonial, fut Compagnon de la Libération.
1938 – Serge Thibaux et sa femme Yolande Fontaine, jeunes mariés
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