Deux Anglaises au chevet des Poilus – 3. Quelques extraits des lettres de JULIET MANSEL
François Thibaux – 17-07-2018
Histoire de deux jeunes sœurs anglaises, Marcia et Juliet Mansel, âgées de 24 et 21 ans en 1914, qui ont, durant la Grande Guerre servi en France comme infirmières ; d’abord dans la Croix Rouge britannique puis, à partir de 1917, animées par une passion francophile rare dans leur milieu, dans les hôpitaux militaires français qu’elles jugeaient plus proches du front.
Traduction française de Claire Simon et François Thibaux
Les passages en français sont en italique
JULIET (Ju) MANSEL (21 ans), sœur de Marcia (Minch)
Juliet (Archives famille Mansel)
27 juillet 1916
Quel bonheur insigne d’avoir l’autorisation de les soigner et de faire tout son possible pour ces petits poilus, ces jeunes héros de notre temps !
Lulu est toujours là, le cou émergeant du plâtre. Il a l’air d’aller tellement mieux. En me voyant ce matin, il a crié « Petite tante ! » et s’est précipité vers moi comme s’il voulait me dévorer et, en même temps, soulever le toit.
Cette semaine a été harassante. 214 malades et blessés sont arrivés samedi soir. Nous avons veillé toute la nuit. Je les ai accueillis à la gare jusqu’à cinq heures du matin… François, mon autre filleul, est apparu à l’heure du déjeuner, après avoir voyagé deux nuits et deux jours depuis Nice pour rejoindre le front. Il n’a que vingt-quatre heures à passer à Dieppe. Il m’a apporté un superbe bouquet de roses, de mimosa et d’œillets. N’est-ce pas délicieux ? J’ai failli pleurer en le voyant. J’ai ravalé mes larmes, pour ne pas gâcher les dernières heures de liberté et de gaieté que va vivre avec moi ce merveilleux garçon !
Ce que je souhaite de plus en plus, c’est : « La paix à n’importe quel prix ». Nous ne détruirons jamais les Boches. Si tu étais là, je suis sûre que tu penserais la même chose que moi.
27 décembre 1917
Pardonne mes pattes de mouche, mais il est quatre heures du matin et, comme disent les infirmières, je n’ai « vu ma chaise » que dix minutes au cours de la nuit. C’est la seconde fois depuis mon retour que je travaille sans relâche trente-six heures d’affilée ce qui, infligé à une bête de somme, passerait pour de la cruauté. A présent, chacun ici le fait tous les neuf jours et personne, à part moi, ne trouve encore la force d’écrire ni de prononcer un mot.
J’ai vécu, le jour de Noël, une scène bouleversante dont je me souviendrai toujours. Je m’inquiétais beaucoup à propos des Boches. Bien sûr, je ne les avais pas revus depuis mon retour, puisque Madame Oulmière avait pris la tête du service. Je savais toutefois qu’ils n’auraient rien pour leur Weihnacht, pas même de quoi fumer. Dès lors, comment leur donner quelque chose ? La veille, je n’avais pas fermé l’œil, ne cessant de me demander comment procéder. Enfin, j’ai mis au point un plan. J’ai rassemblé quelques provisions, un paquet de « Woodbines » et une tablette de chocolat pour chacun, certaine que cela représenterait pour eux un véritable trésor. Lorsque tout le monde s’est rendu à une espèce de concert, prévu à une heure de l’après-midi, j’ai couru jusqu’au baraquement des Boches, à l’autre extrémité de l’hôpital. Il neigeait à gros flocons. Je suis arrivée hors d’haleine et toute tremblante ! Lorsque j’ai poussé la porte du baraquement où se trouvaient mes Allemands aux membres brisés, ils ont poussé des cris de joie ! « Ach, ach ! Es ist Schwester zuruck gekommen ! » Jamais je ne me serais attendue à un tel accueil. Tu aurais dû voir leur visage lorsque je leur ai distribué leur misérable pitance de cigarettes ! Ils me faisaient pitié. Même jeu dans le second baraquement. Mais ce fut dans le premier que ce petit Polonais, Paul, dont je t’ai parlé, me dit : « Schwester, einmal lange hin, ein Christenkind ist in der Welt gekommen – jetz haben wir auch ein Christenkind wie unsere Gast gehabt ».
N’est-ce pas merveilleux ?
Lorsque je me suis retrouvée dehors, sous la neige, j’ai eu le sentiment d’avoir reçu une sorte de bénédiction. Tout cela est tellement extraordinaire ! Noël ! Quelle ironie ! Et quelle folie que la guerre !
Bonne nuit, mon adorée.
Je t’embrasse de tout mon cœur.
Ta Ju.
22 août 1918
Je ne puis te décrire, maman, l’aspect des villages que nous avons traversés. A peine un mur debout, bois aux arbres soufflés, énormes trous d’obus partout et, le long de la route, canons abandonnés, casques, caissons d’obus, tranchées, abris souterrains, tombes. On a livré dans un de ces villages, il y a seulement un mois, une célèbre bataille (je n’ai pas le droit de le nommer, même si j’en meurs d’envie !). Je n’oublierai jamais cet endroit, ces fantômes de maisons. Seule la flèche de la petite église semblait ne pas avoir été touchée. Je n’ai jamais rien vu d’aussi triste.
Juliet au milieu des ruines (Archives famille Mansel)
24 août 1918
Encore des villages fantômes. Mais le plus pathétique, ce sont les tranchées et les trous d’obus remplis de casques boches et français entassés les uns contre les autres, les munitions boches et françaises, les capotes, les fusils, les canons, les caissons d’obus boches et français… Il y a à peine un mois que ces lieux ont été pris et l’on peut imaginer les terribles corps à corps qui s’y sont déroulés. Des tombes françaises s’alignent juste à côté de tombes allemandes, chacune avec une inscription dans la langue du soldat tué. Et les ruines… C’est trop affreux. Nul ne peut concevoir une telle désolation avant de l’avoir vue. À C…, tout est par terre. Le plus étrange, c’est l’église, totalement détruite, hormis un grand crucifix qui se dresse au-dessus du village. Tout un symbole, n’est-ce pas ?
1er septembre 1918
Nous avons été submergés de blessés. Comme d’habitude, le bloc n’était pas prêt et nous n’avons quasiment reçu ici que les mourants. Rien ne pourrait te donner une idée de ce que cela a été. Soixante pour cent d’entre eux sont déjà morts et je trouve miraculeux qu’il n’y en ait pas eu davantage. Ils ont presque tous des blessures au ventre et à la poitrine. J’avais, seule, la responsabilité des « salles ». Quoique très gentille, Madame B. d’A. ignore tout du métier. Chacun fait ce qu’il peut, c'est-à-dire, tu t’en doutes, pas grand-chose. Maintenant, je souris en me remémorant à quel point j’étais sûre de savoir ce que signifiait être infirmière « sur le front ». Nous n’avons pas le moindre oreiller et seulement quelques vieux traversins. Nous manquons de tout, notamment de matériel chirurgical. Ma chérie, cela a été épouvantable ! Si tu pouvais voir la saleté des petites pièces sombres où l’on entasse ces pauvres garçons, les lits branlants, les couvertures crasseuses. Et si tu pouvais sentir les odeurs !
19 septembre 1918
J’ai vraiment le sentiment, pour une fois dans ma vie, d’être utile. Ce qui est tellement déprimant, ici, c’est de travailler dans un tel désordre. On pourrait, avec un peu plus d’organisation, s’occuper bien mieux des hommes, leur offrir un minimum de confort. Cette semaine, tout a paru aller de travers. Nous avons eu ce que nous appelons une mauvaise série, avec une majorité de cas désespérés. Quelle horrible semaine ! Je rêve d’un superbe hôpital avec des lits blancs comme neige, des infirmiers militaires compétents et une nuée d’infirmières qui rendraient moins pénibles les derniers instants de ces malheureux, ou d’être cantonnée près d’une ville où nous pourrions faire des achats pour eux.
29 septembre 1918
Nous n’avons pas de champagne depuis des semaines. Or, tu le sais, le champagne est absolument nécessaire pour ces cas-là.
Un épisode plutôt amusant hier. Il y a quelques jours, le général et Madame de Chauvange ont regagné leur château pour effectuer un inventaire de leurs biens. Ce pauvre vieux couple octogénaire a découvert, bien sûr, que les Boches avaient fait main basse sur les tapisseries, l’argenterie, la plus grande partie du mobilier, tout. Les rares meubles qui restaient, déménagés au grenier, étaient en miettes. Hier, les deux propriétaires, effondrés, ont parcouru la campagne et exploré les abris des Boches à la recherche de leurs possessions. Figure-toi qu’ils ont trouvé leur grand piano dans une tranchée, à deux kilomètres de chez eux, et un fauteuil Louis XV flottant cul par-dessus tête dans la mare du village ! Imagines-tu une dizaine de Bavarois sentimentaux portant le piano sur leurs épaules et marchant deux kilomètres jusqu’à leur tranchée ? Imagines-tu le concert qu’ils ont donné le soir, le Wacht am Rhein et les voix chargées de bière déchirant la nuit ? En tout cas, il semble qu’il y ait mis du sien, ce pauvre vieux piano. Mille baisers de
Ta Ju.
4 octobre 1918
Je dois t’avouer que j’ai acheté, avec ton argent, deux bouteilles de champagne pour deux de mes cas les plus graves et que cela leur a fait le plus grand bien. L’un d’eux, un gamin blessé à la poitrine, a changé du tout au tout depuis qu’il en a bu.
7 octobre 1918
Nous sommes terriblement excités. Tout le monde dit : « C’est le commencement de la fin… Nous rentrerons chez nous le Jour de l’An… Ils sont crevés, les Boches », etc., etc. Quelle joie pour moi de me trouver ici en ce moment ! Je crois pourtant qu’il y aura d’autres terribles combats avant la fin. Mais j’espère que nous envahirons leur pays avant qu’ils ne capitulent, que nous leur rendrons la monnaie de leur pièce et que nous les ferons un peu souffrir pour tous leurs incendies et leurs pillages. Une chose est sûre : ils doivent rembourser au penny près les dommages qu’ils ont causés en France et en Belgique. Pour avoir vécu si longtemps dans ce pays, je sais qu’ils ne pourront jamais assez payer ou souffrir pour ce qu’ils ont fait, les monstres !
15 octobre 1918
Maman chérie, n’était-ce pas merveilleux de pénétrer dans Laon trente-six heures à peine après la prise de la ville ! J’avais du mal à croire que je ne rêvais pas lorsque nous avons remonté en voiture la route sinueuse qui, escaladant la colline, mène à cette cité superbe. Deux mille cinq cents civils la peuplent encore. Nous en avons vu plein dans les rues : enfants d’une maigreur affreuse, adultes blêmes, harassés. Dès que nous nous sommes arrêtés, ils ont ceinturé la voiture, saisi nos mains. Des gamins ont grimpé dans le véhicule, m’ont embrassé les paumes, les joues, le front. Je n’ai pas pu m’empêcher de pleurer comme une petite fille.
Tous criaient : « Nous sommes délivrés, délivrés, Mademoiselle. Vous êtes Anglaise ! Vive l’Angleterre ! » C’était presque irréel. Je n’oublierai jamais l’expression de bonheur de ces pauvres visages émaciés. Comme si le Paradis venait de s’ouvrir pour eux.
8 novembre 1918
Maman chérie,
La PAIX ! Est-ce vrai ?
Le Ciel et l’Univers semblent s’écrouler avec un fracas assourdissant. Rien ne paraît solide, réel, possible, vivant. Personne n’est heureux. Nos sentiments sont trop violents pour laisser la moindre place au bonheur. J’aimerais courir jusqu’au bout de la Terre en soufflant dans une trompette pour prendre vraiment conscience de ce qui nous arrive.
C’est la fin de l’horreur, le début d’un nouveau monde. Oh, maman, pourquoi n’es-tu pas là ? J’aimerais tant te parler de vive voix !
Nous n’aurons pas nos journaux avant ce soir. Hier, nous ne les avons eus qu’à six heures ! Nous n’avons droit qu’à des rumeurs, encore des rumeurs. Seule nouvelle officielle : les plénipotentiaires allemands ont rencontré Foch hier soir. Tout le monde était certain qu’ils allaient signer l’armistice. Et s’ils ne signaient pas ? Peu importe. Les Alliés ont dépassé Vervin.
Nous sommes en train de les mettre à genoux.
15 novembre 1918
Juliet à Mully
Oh ! Mère, Mère, Mère !
Hier soir, je n’ai pas pu dormir. Curtis et moi avons évoqué notre expérience de la guerre jusqu’au petit matin. J’aurais donné tout l’or du monde pour voir les hommes dans les tranchées la nuit dernière.
Tu as toujours cru en la victoire. Moi, je n’y ai jamais cru, jusqu’à il y a trois mois. Je me demande comment j’ai pu traverser ces quatre années sans cette certitude.
23 novembre 1918
Tu n’imagines pas à quel point Metz me fascine. Tous les antagonismes. Le patriotisme extraordinaire de tant de gens en dépit de quarante-huit ans de prussianisation et, d’un autre côté, le nombre de Boches affichés que l’on croise, certains même en uniforme. On ressent un choc en entendant, pour la première fois, cet allemand guttural dans les rues.
2 décembre 1918
Que l’armistice ait été signé si tôt est une catastrophe. Quinze jours de plus et Mangin aurait pris Metz. L’armée allemande n’existerait plus. Tout le monde incrimine Wilson. D’un autre côté, les prisonniers français rentrant au pays nous décrivent la révolution et la pagaille en Allemagne. Les Allemands, affirment-ils, n’ont plus envie de se battre. Mais dans dix ans ? Quelle affreuse perspective !
9 décembre 1918
La grande célébration a eu lieu le lendemain, dimanche. B. d’A. a obtenu pour nous des places sur la grande estrade, au premier rang, juste à côté de Poincaré & Co. Je n’essaierai pas de te décrire l’ensemble de la cérémonie – l’arrivée de Poincaré, de Clemenceau, de Foch etc., le bâton de maréchal remis à Pétain, le discours de Poincaré tombant à la fin dans les bras de Clemenceau, toutes ces scènes extraordinaires, le défilé des troupes, les Américains, les tanks ; et cet enthousiasme délirant ! Juste après, sur la place de la Cathédrale, j’ai rencontré le commandant de Rodelec, un de mes blessés de Zuydcoote. Il m’a embrassée sur les deux joues et m’a dit : « Eh bien, ça vaut la peine de se casser la gueule, pas vrai ? ». Il a été blessé je ne sais combien de fois. C’est un homme exceptionnel.
Après le déjeuner, grand rendez-vous sur la place de la Cathédrale, où nous avons eu encore la chance d’obtenir des places juste sous l’estrade où se trouvaient « le Tigre », Poincaré, etc. Cette fois, les civils de Metz avec tous les représentants de leurs sociétés, les écoles, les vétérans de 70 et de petits Lorrains en costume ont défilé. Spectacle touchant et sublime, tous ont, en passant devant l’estrade, agité leurs chapeaux et leurs mouchoirs en direction de Poincaré et du Tigre. Alors, la joie de la foule n’a plus connu de bornes. Tout le monde sanglotait, s’embrassait. A la fin, lorsque ces grands hommes, parmi lesquels Douglas Haig, se sont mêlés à la population pour marcher jusqu’à la cathédrale, nous nous sommes précipitées vers eux. J’ai réussi à serrer la main de Clemenceau, de Haig et d’innombrables autres officiels. Quant à B. d’A., elle a pris Clemenceau dans ses bras !
Juliet part ensuite pour Strasbourg. Là encore, elle décrit les défilés, les Alsaciennes en costume traditionnel, les fêtes, les torches, l’enthousiasme, les proclamations martiales en français (On ne pourra jamais oublier ça. Paris ne saura jamais ce que ça a été. Que ceux qui disent que l’Alsace n’est pas française viennent seulement à Strasbourg !) Elle poursuit :
J’ai retrouvé un jeune médecin qui était avec nous à Metz. Avec sa casquette alsacienne, il était à croquer. J’ai dansé deux ou trois fois avec lui. Il a passé quatre ans dans l’armée allemande, en Russie. Sa joie à propos de la libération de Strasbourg est la chose la plus émouvante que j’aie vue.
9 janvier 1919
Mère adorée,
Le général Mangin a tenu parole. Ce soir, il est venu en personne nous décorer, Chaze et moi, de la Croix de Guerre. La petite cérémonie s’est tenue dans le bureau de Madame B. d’A. Il n’y avait que le général, son officier d’ordonnance, B. d’A. et nous-mêmes. Il a commencé par Mademoiselle Marie Chaze et sa citation, avant d’épingler la croix sur sa poitrine et de lui baiser la main. Même jeu avec moi. Il a alors déclaré : « Mesdames, je vous remercie et je suis content d’avoir eu l’honneur de vous décorer. » Si charmant et si simple. Il est merveilleux ! Il a signé nos deux citations de sa propre main. Un document unique, n’est-ce pas ? Ensuite, il a arpenté deux des salles et a eu un mot pour chaque homme. Tel est celui qu’on accuse, entre autres, d’être un boucher et un broyeur de Noirs. Personne n’aurait pu lui faire ces reproches en l’entendant, ce soir-là, poser toutes sortes de questions sur les maladies, proposer d’envoyer des livres, etc., etc.
Si j’étais soldat, je le suivrais les yeux fermés. Sa personnalité nous écrase. Il est plus qu’humain. Sans doute restera-t-il dans l’Histoire comme la plus belle figure de l’Armée française, celui qui aura repoussé la marée allemande en juillet 1918.
15 juillet 1919
J’ai eu une place sur les marches de la Madeleine. Seules vingt-cinq infirmières ont été choisies pour en obtenir une. Je ne comprends pas pourquoi j’ai fait partie du lot. J’ai failli être étouffée par la cohue et je n’ai pas vu grand-chose. Quoi qu’il en soit, ces deux jours ont été une fête inouïe. Nous avons passé la nuit d’hier dehors, admirant les illuminations, si belles que je ne peux les décrire. La Seine semblait en feu.
Je pars pour Dieppe jeudi ou vendredi. Tout le monde est à Paris et j’ai l’impression d’être au paradis. Ce qui est merveilleux, c’est l’esprit qui régnait parmi le peuple. Cette Grande Guerre a eu la fin qu’elle méritait. Pas la moindre fausse note.
Et la foule, ma chérie ! Huit millions de gens dans la rue hier.
L'histoire de Marcia et Juliet a fait l’objet, en 2015, d’un documentaire sur France 24, réalisé par Marie Valla.
http://webdoc.france24.com/grande-guerre-infirmieres-anglaises-poilus-france/
Prochain article : 4. Rhys, Ju, Minch (1918)
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