Centre Pompidou Metz 5 – Les peintres « missionnés »
Exposition 1917 Metz
Bernadette Grandcolas – 13-06-2017
Plusieurs missions d’artistes ont été commanditées par l’Etat au cours de la guerre. Leur but est de rapporter des images peintes, destinées à enrichir les collections nationales. Au cours de l’année 1917, plusieurs peintres sont autorisés à se rendre dans la zone des armées pendant quelques semaines. Sont choisis les artistes dispensés de la mobilisation à cause de leur âge et dont la réputation est établie, des anciens Nabis (Bonnard, Maurice Denis, Vallotton, Vuillard) et des Post-impressionistes. Leurs toiles seront exposées au Musée du Luxembourg d’avril 1917 à mars 1918. Nous avons choisi, pour terminer cette chronique sur l’exposition du Centre Pompidou de Metz, deux tableaux d’inspiration très différente.
Félix Vallotton, d’origine suisse, a été naturalisé français en 1900. Il est surtout connu pour ses gravures sur bois. A la déclaration de guerre, il n’est pas mobilisable.
Vallotton : « Verdun, tableau de guerre interprété,
projections colorées noires, bleues et rouges, terrains dévastés, nuées de gaz »
« Je termine mon Verdun, essai d’expression par des droites, ce qui ne veut pas dire cubisme, mais représenter des forces n’est pas commode, et la droite s’indique elle-même pour ces tentatives ».
Le tableau concentre visuellement le déchainement des moyens mis en œuvre pour détruire l’adversaire, la violence extrême des combats provoquant la désagrégation du paysage et l’effacement de l’humain derrière la machine. Le peintre ne cherche pas à rendre compte des instants décisifs du combat, mais à donner une image synthétique de la guerre, d’où toute présence humaine a disparu.
Pierre Bonnard, dont l’inspiration habituelle se situe très loin des tableaux de la guerre, peint surtout des nus féminins et des scènes d’intérieur. Ce tableau est le seul qu’il exécutera pendant sa mission dans la zone des armées et il ne sera pas achevé.
Un village en ruines près de Ham, huile sur toile, 63x85 cm
Ham est une petite ville de la Somme, lieu d’une terrible bataille en 1917. L’ennemi s’est retiré après avoir tout incendié. Les troupes françaises attendent au milieu d’habitations calcinées. Au premier plan, un vieillard accroupi symbolise accablement et misère. A l’arrière-plan, on distingue une voiture de la Croix-Rouge, qui recueille son lot de blessés.
Le tableau, brouillé par places, traduit un sentiment de désolation. L’ennemi s’est retiré après avoir tout incendié. La couleur chaude dominante témoigne de la vigueur des incendies. Le ciel couvert se reflète sur le sol détrempé par la pluie. Toute végétation a disparu, seuls deux arbres dépouillés se dressent vers le ciel. A droite, à l’abri derrière un mur, des soldats attendent, sans doute, les ordres de leur chef.
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