14-18Hebdo

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Carnets de guerre (Anna Vautrin) – N° 99 –12 au 18 mars 1917

Document transmis par Renaud Seynave, son arrière-petit-fils - 07/03/2017

 

1910 Vautrin Alexis et Anna Coll Michel Segond.jpg
Alexis et Anna Vautrin à Nancy en 1910

 

Lundi 12 mars 1917

La mission française a apporté à Rome deux souvenirs : une partie de la flèche de la cathédrale de Reims et une pierre du fort de Douaumont. Les deux souvenirs sont bien émouvants !

 

L’Autriche appelle les jeunes gens de 17 ans.

 

Le contre-torpilleur français a été coulé en Méditerranée. Le commandant, 6 officiers et 100 marins ont été noyés. Les Allemands tiraient sur les naufragés depuis leur sous-marin lorsque les naufragés voulaient se sauver sur leurs canots.

 

Dans un village près de Verdun, les enfants vont à l’école avec des masques à cause des gaz asphyxiants que les Allemands lancent en ce moment.

 

Mardi 13 mars 1917

Soissons a été bombardé aujourd’hui avec des obus incendiaires. Il ne reste plus que des ruines !

 

Bagdad est pris par les Anglais aujourd’hui. Quel triomphe ! Une ville de 100 000 habitants. Les Turcs sont en déroute. C’est le général anglais Maude qui l’a pris.

 

Le comte von Zeppelin est mort aujourd’hui à Stuttgart. C’est un grand nom qui disparaît. Il avait grande confiance dans ses zeppelins pour la guerre. Il avait projeté un raid de 30 zeppelins sur l’Angleterre pour écraser Londres et il voulait envoyer aussi plusieurs zeppelins en France mais il sera mort avant de pouvoir réussir ses sinistres projets et faire mourir tant de monde.

 

Mercredi 14 mars 1917

Nous sommes bien tranquilles sans taubes ni canon. On a toujours beaucoup de difficulté de se chauffer. On ne trouve pas de houille. Le peu que l’on trouve est à 200 francs les 1 000 kilos. Cela va vite.

 

Nous sommes allés à l’hôpital. Nous y avons vu six malheureux soldats avec deux jambes coupées. Un autre soldat avait les deux mains coupées. C’est lamentable et combien d’autres comme eux. Le soldat qui avait les mains coupées nous disait qu’il pouvait écrire et manger avec un appareil. Ce sont les blessures de la face qui sont les plus affreuses.

 

Jeudi 15 mars 1917

Les Allemands commencent une retraite stratégique (disent-ils) dans la Somme. Ils se retirent et nous les poursuivons ainsi que les Anglais. Rien de nouveau en Orient à Salonique.

 

Vendredi 16 mars 1917

Par mesure de précaution, la Suisse complète sa mobilisation. L’armée roumaine se réorganise.

 

On nous a envoyé aujourd’hui de la mairie nos cartes de sucre pour chaque personne de la famille. Elle est composée de petits tickets que l’on détache tous les 10 jours et qu’on porte chez n’importe quel épicier donnant droit à 250 grammes de sucre chaque fois. Comme Colette et Madou n’ont pas trois ans, j’aurai droit en plus à 250 grammes pour chacune par mois. Aurons-nous bientôt d’autres cartes ? On parle de la carte de pain et de la carte de viande. Heureusement que j’ai fait un peu de provision de sucre, j’en ai 17 kilos d’avance. J’ai acheté aussi de la farine, du thé, café, etc.

 

Tout devient rare. Nous avons du pain rassis tous les jours. On s’y habitue très bien. Il est défendu aux boulangers de vendre du pain frais. Les pâtisseries et confiseries sont fermées le mardi et le mercredi.

 

Samedi 17 mars 1917

Je vais voir aujourd’hui place Stanislas les taubes qui ont été abattus hier aux environs de Nancy et qui sont exposés place Stanislas. Il y a un avion de chasse qui est complet et pas abimé. Il a été abattu par Guynemer hier 16 mars à Hoéville. A côté se trouvent les débris d’un autre avion abattu hier à Regnéville puis à côté de celui-ci les restes d’un autre appareil allemand abattu hier.

 

Trois de ces avions ont été abattus en 40 minutes par Guynemer, le premier de nos as. Il en abattu un quatrième qui est tombé dans les lignes allemandes. Six aviateurs qui étaient dans les avions que nous voyons sur la place ont été carbonisés. Le lieutenant allemand qui était dans l’avion resté intact a été fait prisonnier. Il pleurait de rage. Il avait trois balles de mitrailleuses dans la cuisse. Il est soigné à l’ambulance de la Malgrange.

 

Dimanche 18 mars 1917

J’ai vu aujourd’hui 8 camions contenant à peu près chacun 25 soldats qui traversaient la ville. Les soldats chantaient. Pauvres gens, où allaient-ils ? C’est un chargement de troupes extraordinaires. On ne voit sur le cours Léopold que des troupes et des canons passer.

 

Hier, c’étaient des coloniaux habillés en kaki. On se prépare pour la grande offensive.

 

Pendant la nuit, nous avons entendu deux énormes détonations. On nous dit que ce sont deux bombes sur le plateau de Malzéville.

 

J’ai vu aujourd’hui Guynemer qui était en automobile.



10/03/2017
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