14-18Hebdo

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Carnets de guerre (Anna Vautrin) – N° 88 – 25 au 31 déc 1916

Document transmis par Renaud Seynave, son arrière-petit-fils - 20/12/2016

 

1910 Vautrin Alexis et Anna Coll Michel Segond.jpg
Alexis et Anna Vautrin à Nancy en 1910

 

Lundi 25 décembre 1916

C’est aujourd’hui la fête de Noël mais on n’y pense même pas cette année. Nous plaignons beaucoup les pauvres soldats qui sont dans les tranchées par un froid pareil, quelle chose terrible que la guerre !

 

Mardi 26 décembre 1916

La situation est toujours très tendue à Athènes contre les Alliés. Le Kaiser a adressé un ordre du jour à ses armées disant qu’il espère bien que la victoire aura lieu en 1917.

 

Mercredi 27 décembre 1916

Paul et Suzanne passent aujourd’hui à Nancy car Paul a sa permission. Ils nous laissent les enfants et vont à Paris voir les parents Boucher qui y sont depuis deux mois. Annette et Jean restent avec nous. Annette est une enfant très affectueuse, elle a eu 5 ans le 5 avril et Jean est un gros bonhomme très tranquille. Il vient d’avoir 3 ans le 6 décembre. Ils s’amusent bien avec Colette.

 

Jeudi 28 décembre 1916

Nancy est calme, sans taubes mais nous entendons toujours le canon.

 

Vendredi 29 décembre 1916

Rien de nouveau. Mon pauvre mari souffre en ce moment beaucoup de son asthme et tousse la nuit. Il continue malgré cela ses occupations.

 

Madeleine ne va pas très bien en ce moment et cependant elle est si courageuse avec son grand chagrin.

 

Samedi 30 décembre 1916

Il y a une délégation des Etats-Unis qui vient de venir à Nancy avec Monsieur Sharp, ambassadeur des Etats-Unis. Elle s’est rendue à Gerbéviller pour voir les ruines. Ils sont allés à Vitrimont où se trouve une Américaine qui y demeure et y fait reconstruire l’église et les maisons.

 

Paul et Suzanne sont arrivés hier soir de Paris et partent ce soir à deux heures pour Gérardmer avec les enfants. L’auto sera à Epinal pour les prendre. Ils préfèrent passer le 1er janvier à Gérardmer car Suzanne craint qu’on nous bombarde encore avec la grosse pièce de 380 comme l’année dernière au 1er janvier.

 

Dimanche 31 décembre 1916

Marie Grandjean n’a pas eu de nouvelles depuis deux mois de son mari Alfred qui est à Briey. Il parait que le ravitaillement se fait rare malgré le comité américain. Il écrivait à sa femme il y a six mois. « Nous n’avons plus de viande, ni de vin depuis longtemps. Le régime végétarien a du bon mais cela n’empêche que j’ai maigri de 13 kg ».

 

Tout est très cher. Chaque personne a droit à 400g de pain par semaine, une livre de lard, ½ livre de sucre par mois. Un lapin coûte 25 francs, un œuf 1,25 francs, une bougie 17 sous, le chocolat 23 francs le kg, le savon 15 francs le kg et encore on n’en trouve pas.

 

Les pays envahis en ce moment sont très malheureux car l’Allemagne n’a plus de vivres pour elle. Ce n’est pas pour en donner aux autres.



23/12/2016
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