Carnets de guerre (Anna Vautrin) – N° 68 – 7 au 13 août 1916
Document transmis par Renaud Seynave, son arrière-petit-fils - 03/08/2016
Lundi 7 août 1916
Suzanne nous écrit de Paris qu’elle est avec Paul et qu’elle part pour Beauvais. Elle ira dans un petit village à côté de l’endroit où est Paul. Il cantonne en attendant l’attaque. Il est en réserve.
Mardi 8 août 1916
Nous faisons une promenade en voiture et nous voyons la Maladeta un des grands glaciers des Pyrénées.
Mercredi 9 août 1916
On nous écrit de Nancy qu’un taube a jeté des bombes. Il y a quelques victimes.
Suzanne nous écrit de La Neuville près de Beauvais qu’il y a 50 à 60 femmes d’officiers et de sous-officiers qui sont là près de leurs maris. Suzanne espère encore rester quelques jours. J’ai la garde de ses enfants, Annette et le petit Jean.
Jeudi 10 août 1916
Nous voyons sur l’Eclair de L’Est, journal de Nancy, une belle citation d’Edouard Michaut. Il vient de recevoir une citation à titre posthume. Madeleine a reçu une copie en attendant qu’elle reçoive l’original. Monsieur Michaut a écrit à Madeleine qu’on venait enfin d’envoyer la cantine d’Edouard et le harnachement.
Voilà six mois que notre pauvre Edouard a été tué à Douaumont près de Verdun et on reçoit seulement ses reliques !
Vendredi 11 août 1916
Nancy est calme. On entend encore le canon mais il n’y a plus de taubes.
Samedi 12 août 1916
La bataille de Verdun et celle de la Somme continuent, toujours des attaques près de Fleury et de Thiaumont entre Allemands et Français pour prendre ces villages.
Dans la Somme, les Anglais essaient de prendre Péronne après avoir réussi avec plusieurs villages.
Les Français sont près de Maurepas et de Cléry dans la Somme.
Les Russes avancent dans les Carpates.
Les Autrichiens sont battus.
A Salonique, le général Sarrail commence les attaques contre les Bulgares qui ont pris plusieurs forts grecs sans que la Grèce les repousse.
Dimanche 13 août 1916
Aujourd’hui nouveau bombardement de Nancy. A 2 heures de l’après-midi un coup terrible a fait trembler les portes et les fenêtres. Le tocsin et la sirène fait entendre 4 bombes de 380.
Une bombe rue de Boudonville au coin de la rue Isabey près du quai, une deuxième bombe dans un jardin rue Saint Dizier. Cet obus n’a pas éclaté et chose curieuse, il a fait autant de bruit que les autres. Un artificier est venu pour le vider sur place. Il y avait dedans pour plus de 1 000 francs d’explosifs. Nous allons nous en servir pour nos canons. Cet obus de 380 est exposé à la mairie de Nancy.
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