14-18Hebdo

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Carnets de guerre (Anna Vautrin) – N° 104 –16 avril 1917

Document transmis par Renaud Seynave, son arrière-petit-fils - 11/04/2017

 

1911 Vautrin 4 generation.jpg

4 générations de la famille Vautrin en 1911 - De gauche à droite : Anna Vautrin, Grand-mère Vautrin,

Suzanne et Paul Boucher avec leur fille Annette.

 

Lundi 16 avril 1917

Je vais à Lausanne d’Evian par le bateau. Je pars à 1h15 de l’après-midi. Le bateau met 45 minutes. Le lac est très calme.

 

Je suis à l’hôtel de la Paix à Lausanne. Le pain est très « bis », deux jours sans viande. Je tombe sur un de ces jours. On m’apporte omelette au jambon et de la pintade rôtie ! J’en fais la remarque et on me répond que le jambon et la volaille sont permis. Je veux bien croire !!

 

Le mark est en ce moment à 80 francs et les 100 francs français à 88 francs suisse, je perds donc 12%. La couronne autrichienne perd 52%. On dit qu’il y a 6 mois, les 100 francs français ne valaient que 89 francs. Ce sont tous les pays en guerre dont l’argent baisse mais c’est encore l’argent qui a le plus de valeur.

 

Je déjeune au buffet de la gare et je remarque que le pain est encore plus noir qu’à l’hôtel. En France, notre pain est encore très blanc.

 

Je prends le train de Lausanne à Vevey et je monte pour une cure d’air en funiculaire au Mont Pèlerin où se trouve un très bel hôtel, « le Palace Hôtel ». Je reviens le soir à Lausanne, je vois à l’hôtel deux Ecossais amputés d’une jambe. Ils reviennent d’Allemagne comme grands blessés. Au lieu de leur kilt qu’ils portent d’habitude, ils ont de grands pantalons écossais sur leurs jambes de bois.

 

J’assiste au service protestant à la cathédrale située au dessus de la ville. La cathédrale est devenue protestante au 19ème siècle. Il y a 80 000 habitants à Lausanne dont 25 000 catholiques.

 

Je descends par le tramway à Ouchy pour reprendre le bateau pour Evian.

 

On ne voit que des soldats français à Ouchy et à Lausanne. Il y en a beaucoup plus que des soldats suisses, on voit très peu de soldats anglais et belges. Ils sont tous internés et reviennent des camps allemands. Ils peuvent aller à Berne et Interlaken avec une permission. Ce sont presque tous des prisonniers français renvoyés d’Allemagne comme grands blessés qui ont été échangés avec des prisonniers allemands.

 

Les prisonniers allemands grands blessés, venant de France sont plutôt à Zurich et à Lucerne. On ne voit pas un seul Allemand à Lausanne.

 

Les prisonniers peuvent passer d’Allemagne en Suisse sans être très malade mais c’est très rare.

 

Je vois tous ces pauvres soldats qui ont été faits prisonniers presque tous au début de la guerre en 14. J’en interroge quelques uns.

 

Un vient du camp de Münster en Westphalie. C’est un Belge qui a été fait prisonnier à Maubeuge. Il dit qu’il a été une fois au poteau pour avoir refusé de travailler pour les Allemands. Il est resté deux heures au poteau en plein soleil sans bouger. Si on tourne un peu la tête, on fait une heure de plus. Il ne recevait aucun paquet de sa famille étant dans les pays occupés. Il n’a pas osé écrire à des infirmières car il avait été blessé 3 fois.

    

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Note de Renaud Seynave

Malheureusement ce cahier ne comporte que la période du 18 mars 1917 au 16 avril 1917, écrit de la main d’Anna Vautrin.

 

Le dernier carnet que j’ai en ma possession reprend à la date du 25 octobre 1918 jusqu’au lundi 11 novembre 1918.

 

Je ne sais pas malheureusement ce que sont devenus les carnets pour la période du 17 avril 1917 au 24 octobre 1918.



14/04/2017
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