14-18Hebdo

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67e semaine de guerre - Lundi 8 novembre au dimanche 14 novembre 1915

 

LUNDI 8 NOVEMBRE 1915 - SAINTE HELENE - 463e jour de la guerre

MARDI 9 NOVEMBRE 1915 - SAINT MATHURIN - 464e jour de la guerre

MERCREDI 10 NOVEMBRE 1915 - SAINT JUSTE - 465e jour de la guerre

JEUDI 11 NOVEMBRE 1915 - SAINT MARTIN - 466e jour de la guerre

VENDREDI 12 NOVEMBRE 1915 - SAINT RENE - 467e jour de la guerre

SAMEDI 13 NOVEMBRE 1915 - SAINT BRICE - 468e jour de la guerre

DIMANCHE 14 NOVEMBRE 1915 - SAINTE PHILOMENE - 469e jour de la guerre

 

Revue de presse

-       Le nouveau ministère grec - M. Skouloudis forme le cabinet grec

-       L'élan des troupes françaises change la situation en Macédoine

-       Les Russes passent la Strypa - Ils font 8,500 prisonniers

-       L'avance des Français en Serbie

-       L'offensive italienne contre le formidable rempart di Lana a été couronnée de succès

-       En Courlande et dans les régions de Dvinsk et de Komarovo les Russes remportent de nouveaux et importants succès

-       Les Autrichiens tentent de reprendre le col di Lana - Ils sont repoussés et poursuivis par les Italiens qui s'emparent du mont Sief

-       La destruction de l'"Ancona"

-       Le torpillage du "Firenze"

-       La démission de M. Winston Churchill

-       La guerre de Macédoine

 

Morceaux choisis de la correspondance

Si tu veux que je sois tout à fait chic pour revenir en permission, fais-moi faire un manteau si tu y tiens. Avec martingale et pli crevé dans le dos, c’est du moins le tailleur de la batterie qui me dit qu’on les fait ainsi.

8 novembre - LUI.- J’ai reçu ta bonne lettre du 4 courant. Tu ne m’y parles plus de mon petit Robert, ce qui me fait penser qu’il n’a pas eu ces jours-ci ces petites poussées de fièvre, qui d’ailleurs ne sont nullement inquiétantes. Il est très probable que cela va encore lui durer quelque temps du moins pendant l’hiver.

 

Si tu veux que je sois tout à fait chic pour revenir en permission, fais-moi faire un manteau si tu y tiens. Avec martingale et pli crevé dans le dos, c’est du moins le tailleur de la batterie qui me dit qu’on les fait ainsi. Tu verras bien. Mais ne me l’envoie pas ici. Je reviendrai avec le mien qui est sans doute un peu défraîchi mais qui peut encore aller malgré tout.

 

J’ai reçu la Revue des 2 Mondes. J’en ai même reçu deux dernièrement, plus le petit cornet de lichen et le livre d’images pour les enfants. Leur mère a paru touchée de l’attention et m’a chargé de te remercier. J’attends le numéro où l’on parle de Schoeny parce que je le ferai lire à tous mes hommes, cela les intéressera.

 

L’aspirant est parti hier pour suivre des cours à Fontainebleau. C’est encore quelque chose de profondément inutile, quel meilleur cours que la guerre !

Une de mes sections nous quitte pour une quinzaine je pense et va s’installer à 4 kilomètres d’ici. Mais enfin on me laisse mes lieutenants, d’ailleurs Bonnier est en permission et l’aspirant est parti hier pour suivre des cours à Fontainebleau. C’est encore quelque chose de profondément inutile, quel meilleur cours que la guerre ! Nous n’avons pas encore de nouvelles de la continuation des permissions, mais je pense qu’on attendra que tous nos hommes soient partis, nous autres officiers nous sommes en avance, après Bonnier il n’y en a plus qu’un. En tout cas je n’ai pas besoin de te dire que je me réjouis fort de revoir ma chérie, dire qu’il y aura bientôt un an que nous étions à Meudon, te rappelles-tu Mi comme il faisait bon.

 

Que veux-tu, l’inégalité est la loi de la guerre, mais je préfère de beaucoup faire l’immense sacrifice de ne plus te voir souvent ma Mie que j’aime tant, plutôt que l’on puisse jeter à la face de nos chéris que leur papa a été un embusqué.

10 novembre - LUI.- Je reçois ta bonne lettre du 6 novembre et te remercie de m’envoyer l’adresse du docteur Gaillemin, à qui j’écris par ce même courrier. Je suis content pour lui qu’il soit nommé médecin-major. Il doit être très consciencieux et actif et très apprécié de ses chefs.

 

Manuel a donc déjà décroché la citation, il aura évidemment bientôt la croix, mais enfin il est très possible qu’il se soit très bien conduit et en tout cas il en fait plus que bien d’autres, puisque rien ne le forçait à quitter Epinal. Je suis content du départ du parc auto, je suis persuadé que cela n’amènera pas d’ennui à Thérèse. Naturellement, ne vous faites aucune illusion, on va crier très fort pendant un mois, laissez passer l’orage, d’ici quelque temps on n’en parlera plus.

 

Je souhaite bien du plaisir à Mr Yvan Imbert et je le féliciterais de son attitude patriotique si ce n’est pas un bout de ruban qu’il cherche. Tu vas dire que j’ai l’esprit bien mal tourné mais tu sais je me méfie du désintéressement et cependant j’en ai souvent l’exemple sous les yeux. D’ailleurs ceux qui ne sont pas partis, ceux qui n’ont fait jusqu’ici aucun sacrifice, au contraire qui n’ont fait qu’emplir leurs poches, peuvent bien se dévouer un peu. Ce sont toujours les mêmes, dis-tu, qui ont de bonnes places. Que veux-tu, l’inégalité est la loi de la guerre, mais je préfère de beaucoup faire l’immense sacrifice de ne plus te voir souvent ma Mie que j’aime tant, plutôt que l’on puisse jeter à la face de nos chéris que leur papa a été un embusqué. Un de nos camarades nous quitte, encore rappelé par une usine soi-disant pour faire des obus. Nous ne sommes plus que quatre de Besançon dans tout le groupe. Tous les autres sont partis. Le brave Déon est décoré, j’en suis bien content pour lui car c’est un excellent homme et, à son âge, c’est vraiment méritoire de ne pas chercher une embuscade. T’ai-je dit que dans son usine on faisait mille obus par jour, en voilà un aussi qui aurait pu profiter de cela pour s’esquiver.

 

11 novembre - LUI.- J’ai reçu tes bonnes lettres du 7 et du 8. Dans celle du 7, ma pauvre Mi, tu parais encore un peu désorientée. Comme je serais heureux cependant si tu devenais un peu philosophe et si tu te faisais ce raisonnement si simple que je me fais moi tous les jours : « A quoi bon me donner du souci, me faire de la bile, puisque cela ne changera rien à la situation ». Cet état d’esprit te fatigue bien inutilement et, lorsque tu as ces petits moments de découragement, pense un peu aux autres qui sont plus malheureux que toi, à celles qui ont déjà perdu leur mari, à celles dont les enfants sont malades et puis dis-toi que ton Geogi t’aime, que, s’il est loin de toi, il pense toujours à sa Mi et voudrait de tout son cœur lui apporter le chaud réconfort de son amour. Mais surtout confie-toi à lui et dis-lui toutes tes pensées, il aime bien de savoir tout ce qui se passe dans ta petite tête chérie, dis-lui ton pessimisme pour qu’il te remonte un peu et dis-toi que notre séparation finira peut-être plus tôt que nous ne pensons.

 

Au sujet des permissions, on a décidé, comme je m’y attendais, que les officiers ne retourneront pas en permission avant que tous les hommes y aient été et puissent y retourner également. Ceci va nous reporter à la fin de décembre ou au début de janvier. Tant pis, mais j’espérais revenir plus tôt. Enfin ne nous plaignons pas, puisque dans un mois bientôt j’aurai la chance de revoir mes chéris et surtout toi ma Mi dont tu supposes bien que je suis fort en mal. Réjouissons-nous à l’avance ma Mi car il fera si bon et je t’apporterai une belle provision de caresses.

 

Que ne puis-je t’embrasser réellement comme je t’aime et te dire tout bas une multitude de tendresses. Bons baisers aux enfants et bonnes amitiés à tous. Ton Geogi.

 

11 novembre - JMO 5e RAC/Groupe 95.- Le capitaine Déon est promu chevalier de la Légion d’honneur. Le lieutenant Mailliary est rappelé aux Mines de Blanzy et il est remplacé à l’approvisionnement par le lieutenant Roux.

 

Je m’aperçois avec grand plaisir que ma petite femme ne sait pas du tout ce que c’est que la spéculation.

14 novembre - LUI.- J’ai reçu tes deux bonnes lettres du 9 et du 11 novembre. J’espère que le rhume de notre Dédé sera bientôt passé et qu’il pourra bientôt retourner à son école. Quant à notre petit Robert, ces petites poussées de fièvre ne signifient rien et ne t’en inquiète pas. C’est d’ailleurs l’avis du docteur Hadot. Je ne comprends pas pourquoi on ne le renvoie pas tranquillement à Pouxeux, lui qui a une dizaine d’enfants et qui rendrait certainement beaucoup plus de services dans tous les villages environnants que dans une ambulance quelconque.

 

Je m’aperçois avec grand plaisir que ma petite femme ne sait pas du tout ce que c’est que la spéculation. Oh ! son mari n’est pas non plus un spéculateur, mais veux-tu savoir pourquoi il vaut mieux acheter de la rente 3% en dessous de 65 frs que des bons de la défense nationale à 5%. C’est que la rente n’a jamais été aussi bas et qu’elle peut très bien remonter après la guerre à 80-85-90 frs. En versant 65 frs et en touchant 3 frs d’intérêt par an, cela fait déjà du 4 ½, puis si on peut avoir la chance de la revendre à 80 frs, on peut y gagner beaucoup. Tu me diras qu’il faut pour cela que la France soit victorieuse et qu’on ne devrait pas penser à cela (faire des bénéfices) par le temps qui court. C’est vrai, d’ailleurs la rente remonte ces jours-ci. Mais si tu ne veux pas acheter de rente 3%, je serais heureux que tu achètes un peu de rente 5% du nouvel emprunt, c’est un devoir de patriotisme que de contribuer à grossir les disponibilités de la Trésorerie du pays. Tu pourrais par exemple transformer nos obligations de la défense nationale en rente à 5%, je crois que c’est possible. Bien entendu fais comme tu l’entends.

 

Tu remercieras Paul L.J. de son offre que je ne puis accepter, car je ne connais absolument rien à la fabrication des poudres et ne rendrais aucun service, je ne serais qu’un simple embusqué. Je suis sûr d’ailleurs que tu es de mon avis, vois-tu ma Mi il faut faire les choses loyalement et faire son devoir. C’est dur surtout pour moi car tu sais bien, ma chérie, qu’aucune femme au monde n’a jamais été aimée, adulée comme tu l’es par ton Geogi, qui espérait te revoir bientôt et qui va encore être obligé d’attendre plus d’un mois avant de pouvoir couvrir de caresses ton petit corps qu’il aime tant.

 

Gravures du Petit Journal - Supplément illustré - 14/11/1915 (N° 1299)

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A Bruxelles - Les bonnes nouvelles qui tombent du ciel

De temps à autre, un avion allié survole la capitale belge et jette au passage des journaux français et des placards annonçant les échecs allemands sur le front français et sur le front russe. Les habitants se précipitent sur ces papiers, qu’ils lisent avec avidité, sous les yeux des Boches furibonds. Ces jours derniers, près de l’avenue de Tervueren, un avion a jeté un petit drapeau belge dont on s’est arraché les morceaux. Le soir, on en vendait les fragments aux enchères, au profit d’œuvres de bienfaisance.

 

 

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En Russie - Comment la femme de l’ataman cosaque Poltenko a organisé le transport des blessés

Au début de la guerre, la femme de l’Ataman cosaque Poltenko avait suivi son mari à la guerre. Poltenko, au mois de septembre de l’année dernière, tomba à côté d’elle, frappé d’une balle au front. La veuve, cependant, ne voulait pas abandonner les soldats de son mari. Ne pouvant plus combattre avec eux, elle se dévoua à l’œuvre du transport des blessés. Avec l’aide de son fidèle heiduque, un petit gars solide de dix-huit ans, elle a imaginé une gouttière spéciale attachée entre leurs deux chevaux ; et par ce moyen simple et ingénieux, elle emporte après chaque combat les blessés qu’elle a ramassés sur le champ de bataille, jusqu’à l’ambulance où des soins leur sont donnés. Cette femme généreuse est, de la part des Cosaques, l’objet des plus ardents témoignages d’enthousiasme et d’admiration.

 

Les instantanés de la guerre (photos)

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Le vainqueur des combats de Champagne - Obusier de 270

Un réseau téléphonique en Champagne

Nos poilus s'amusent - La lutte sur le front

Nos poilus s'amusent - Les arts chorégraphiques ont leurs adeptes sur le front

Un train de combat

Les cuistots du 2ème spahi marocain

Le fabricant de bagues

Un canon de tranchée

Le tri des objets laissés par les Allemands sur le terrain

Observatoire boche fait de deux arbres à la ferme de Navarin

 

 

Les instantanés de la guerre (photos)

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Tente d'officiers anglais

L'épluchage des patates

A Salonique - Débarquement de troupes françaises dirigées sur la Serbie

En Serbie - L'artillerie traînée par des bœufs

Christ et cloche de l'église de Carency

Ablain-St-Nazaire - Vue prise pendant le bombardement du 2 octobre

Sur les ruines de l'église de Carency

Tête de convoi de prisonniers allemands

Lance-mines allemand

A Belgrade - Près de la citadelle, une maison bombardée par l'ennemi

 

 

Thèmes qui pourraient être développés

  • Angleterre - La démission de Winston Churchill
  • Artillerie - Cours de tir à Fontainebleau - Quelle idée, quel meilleur cours que la guerre
  • Industrie - Usine à obus
  • Placements financiers
  • Embusqué - Lui refuse d'aller à l'arrière
  • Propagande - A Bruxelles : les bonnes nouvelles qui tombent du ciel (LPJ Sup)
  • Allemagne - La dynastie funeste : les Hohenzollern (LPJ Sup)
  • Les instantanés de la guerre (Photos dans LPJ Sup)
  • Conseils pratiques - Les dangers du sel (LPJ Sup)


06/11/2015
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