14-18Hebdo

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36e semaine de guerre - Lundi 5 avril au dimanche 11 avril 1915

 

LUNDI 5 AVRIL 1915 - SAINT VINCENT FERRIER - 246e jour de la guerre

MARDI 6 AVRIL 1915 - SAINT CELESTIN - 247e jour de la guerre

MERCREDI 7 AVRIL 1915 - SAINT EPIPHANE - 248e jour de la guerre

JEUDI 8 AVRIL 1915 - SAINT ALBERT - 249e jour de la guerre

VENDREDI 9 AVRIL 1915 - SAINTE MARIE L’EGYPTIENNE - 250e jour de la guerre

SAMEDI 10 AVRIL 1915 - SAINT FULBERT - 251e jour de la guerre

DIMANCHE 11 AVRIL 1915 – QUASIMODO - 252e jour de la guerre

Revue de presse

-       L'Autriche-Hongrie plie sous l'offensive russe

-       La dernière affaire des Eparges

-       Violents combats de l'Yser et grands mouvements de troupes

-       L'attaque bulgare contre la Serbie

-       La marche en avant des Russes dans les Carpathes

Morceaux choisis de la correspondance

5 avril - Marie Molard (Lausanne) à Georges Cuny, son frère.- Ma pauvre Maman est toujours dans le même état. La tumeur reparaît et se sent au toucher. On ne peut s’imaginer de loin quelle terrible maladie et toutes les tristes conséquences et malaises occasionnés par cela.

 

Espérons que le beau temps va un peu précipiter le mouvement.

6 avril - Paul Cuny (Epinal) à Georges Cuny, son frère.- Je vais te rassurer tout de suite sur mon sort. Je craignais des conséquences fâcheuses mais je craignais seulement ! On me dit que le fait de boiter encore un peu ne signifie rien et je suis rassuré. Rentré de Paris et de Versailles me voici de nouveau ici pour un mois et demi. Ma mère est bien faible paraît-il et a bien besoin de se remonter. Pour comble de malheur elle a contracté une bronchite dont certes elle n’avait guère besoin. Enfin espérons que nous nous retrouverons tous bientôt et en bonne santé ! Le coton continue à monter (28/30 à 82 et 83 francs, la chaîne 28 vaut 2,70 le calicot 34 centimes). J’ai dû arrêter beaucoup de self-actings à la suite de la nouvelle mobilisation des réformés et auxiliaires. Ne t’ennuie pas trop et espérons que le beau temps va un peu précipiter le mouvement.

 

7 avril - Célina Boucher (Docelles) à Mimi, sa fille.- Hier pendant le peu de temps que j’ai laissé Noëlle avec la petite Renard qu’elle a vu aller acheter chez Grenaille des cacaouets pour 1 sou, la nôtre a trouvé bon de venir ici chercher 0.50 dans sa bourse pour faire même acquisition. Je ne l’ai appris que ce matin quand je me suis informée de ce qu’elle avait absorbé, car hier soir en venant me coucher, j’ai trouvé ma pauvre Noëlle qui dormait mais après s’être largement oubliée dans son lit qui en était plein. Je l’ai alors transportée dans le lit de Robert plus petit que le tien et plus facile à réchauffer avec sa boule où elle a parfaitement dormi jusqu’à 8 heures. Mais dans la crainte de commencer un embarras comme celui de Lili, j’ai beaucoup surveillé son régime aujourd’hui que j’ai donné très léger avec de l’eau de Vals, flanelle sur le ventre et lever seulement à 10 heures. Elle n’est sortie que pour sa leçon de piano ce soir, aucun malaise ne s’étant plus manifesté, de sorte que demain je pense qu’elle pourra s’alimenter. J’ai fait partir le gros cornet de cacaouets chez la petite Renard.

 

Cette après-midi je suis restée avec Noëlle, n’ayant aucun courrier ni hier ni aujourd’hui en raison des fêtes de Pâques, je regrettais bien ton absence pour une fois où j’ai pu tirer l’aiguille.

 

Ci-joint un mandat de Georges Cuny arrivé seul dans une lettre ce matin.

 

9 avril - Mme Bodenreider, une amie (La Bresse) à Mimi Cuny.- Je me réjouis pour vous que vous ayez pu avoir des renseignements certains et sûrs sur la situation de votre pauvre prisonnier. Tant mieux s’il a eu la chance de tomber dans un des camps les moins mauvais, son bon caractère et sa complaisance aident sans doute beaucoup à lui rendre sa captivité moins pénible. Ici le temps est détestable, ce matin encore il neigeait comme à Noël. A propos de jardin pourriez-vous me donner un renseignement ? Mon beau-père voudrait faire essayer la culture de crosnes. Je sais que ma belle-mère a réussi à en récolter ici mais en est-il temps encore et surtout où trouver des tubercules à planter, croyez-vous qu’il y en a à Epinal ? car je n’ai plus pu en avoir à Lyon où je demande les semences extra. Je ne sais plus rien d’Alsace. Je crois que les lettres pour la Suisse ne passent plus, il faut se contenter de cartes.

 

Gravures du Petit Journal - Supplément illustré - 11/04/1915 (N° 1268)

 

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Le centenaire de Bismarck

Par une singulière ironie du destin, le centenaire de Bismarck tombe au moment où la grande œuvre du chancelier de fer est singulièrement compromise. Cet homme, dont le génie politique ne connut aucun scrupule, avait marché vers son but en écrasant tout sur son passage. Dans l’amertume qui empoisonna sa vieillesse, il se consolait du moins en pensant qu’il avait fait une œuvre grande et durable. Et cette œuvre bientôt va s’effondrer sous les coups de ceux que son orgueil et sa tyrannie avaient humiliés. C’est lui qui façonna l’âme de l’Allemagne moderne, lui qui la fit arrogante et impitoyable ; c’est la mise en pratique de ses méthodes politiques qui a dressé contre ce pays tous les peules épris de justice et de loyauté. Et si les Allemands tombent par centaines de mille sur les champs de bataille de France, de Belgique et de Pologne, c’est parce qu’ils l’ont trop écouté, parce qu’ils ont trop cru que la force serait toujours victorieuse du droit. Qu’ils fêtent son centenaire… Qu’ils le fêtent dans le sang allemand !

 

 

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Une héroïne française fusillée par les Allemands

« Y a-t-il des Français ici ? », demanda le sous-officier bavarois à une jeune femme qu’il rencontra à l’entrée du village. « Je n’en sais rien », répondit la femme. Et, en effet, elle n’en savait rien. L’embuscade de nos chasseurs était à l’autre bout du pays. Les Bavarois furent reçus à coups de fusil. Le soir, ils revinrent en force, et rassemblèrent les habitants sur la place de l’église. « Ce matin, dit le commandant du détachement, une femme a trompé nos soldats. Qu’elle se fasse connaître… J’ai l’ordre de la fusiller. Sinon, toute la population sera passée par les armes et le village brûlé. » La jeune femme sortit du rang. « Je n’ai pas trompé vos soldats, dit-elle, j’ignorais qu’il y eût des Français dans le village. Mais s’il vous faut une victime, prenez-moi et épargnez les autres. » On la colla au mur, ainsi qu’un jeune homme de seize ans quelconque pris dans l’assistance. La jeune femme eut une attitude de véritable héroïne, encourageant les habitants à se montrer dignes et braves, et leur faisant de la main des signes d’adieu jusqu’à ce qu’elle tombât sous les balles ainsi que son malheureux compagnon. A ce moment, dix ou quinze maisons flambaient. Les habitants furent contraints de rester toute la nuit devant les deux cadavres qu’on ne put emporter qu’au matin.

 

Thèmes qui pourraient être développés

  • Bulgarie - L'attaque bulgare contre la Serbie
  • Les cacaouets
  • La culture des crosnes
  • Alsace - Absence de nouvelles des familles d'Alsace
  • Allemagne - Le Hun - A propos du centenaire de Bismarck (LPJ Sup)
  • Religion - Fête religieuse - Quasimodo


03/04/2015
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