14-18Hebdo

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26e semaine de guerre - Lundi 25 janvier au dimanche 31 janvier 1915

 

LUNDI 25 JANVIER 1915 - CONVERSION DE SAINT PAUL - 176e jour de la guerre

MARDI 26 JANVIER 1915 - SAINT POLYCARPE - 177e jour de la guerre

MERCREDI 27 JANVIER 1915 - SAINT JEAN CHRYSOSTOME - 178e jour de la guerre

JEUDI 28 JANVIER 1915 - SAINT CHARLEMAGNE - 179e jour de la guerre

VENDREDI 29 JANVIER 1915 - SAINT FRANCOIS DE SALES - 180e jour de la guerre

SAMEDI 30 JANVIER 1915 - SAINTE MARTINE - 181e jour de la guerre

DIMANCHE 31 JANVIER 1915 – SEPTUAGESIME - 182e jour de la guerre

Revue de presse

-       Combat naval dans la mer du Nord - Le croiseur allemand Blücher coulé - Deux autres croiseurs ennemis gravement endommagés

-       Une contre-attaque autrichienne à travers les Carpathes

-       Les généraux turcs refusent d'obéir à von der Goltz

-       Deux millions d'engagés volontaires, tel est le chiffre qui vient d'être atteint et dépassé en Angleterre - Les zeppelins sont d'excellents agents de recrutement

-       Le canal de Suez ne court aucun danger

-       La disette en Allemagne

-       L'élection du nouveau général des Jésuites

Morceaux choisis de la correspondance

27 janvier - Isidore Voinson (Armées - Palavas) à Mimi Cuny, sa patronne.- Maintenant je crois que je suis parti pour, si je le peux, venger mon cher frère. Voilà une quinzaine de jours que nous sommes en villégiature à Palavas. Nous sommes venus comme chauffeurs conducteurs. On fait de la télégraphie ce qui nous change beaucoup car on a pris la tenue du génie, ce qui change la jolie tenue de chasseurs. Tout en causant dans le bureau, j’entends appeler Chagué. Alors à ma grande joie je me suis entretenu avec et on a causé du pays. Je suis pour quitter Palavas vendredi, pour quelle direction, pour Versailles ou le Mont Valérien. Je ne sais comment tout ça tournera. Je fais à présent du véritable tourisme. Je ne puis me plaindre sauf que je m’enrhume ici comme chez nous. A part cela tout va bien pour moi ainsi que pour ma petite femme. Je m’impatiente beaucoup pour recevoir de ses nouvelles sur sa situation, jusqu’à présent rien de neuf. J’espère cette fois avoir un deuxième Robert, j’en serais très heureux.

 

27 janvier - Adrien Molard (Nancy) à Mimi Cuny, sa belle-sœur.- Samedi dernier, j’ai eu l’autorisation d’aller déjeuner chez l’oncle Paul et d’assister à nos réunions mais je suis revenu au travail à 3 h ½ jusqu’au moment du dîner. Tu n’as pas idée comme j’ai eu du plaisir ce jour-là à revivre quelques instants une vie que je ne connaissais plus depuis 6 mois, et ce plaisir aurait été plus grand si ton cher mari avait pu se joindre à nous. Je suis désigné pour représenter l’Intendance en justice de paix ; il y a eu récemment une affaire à Bayon et ce fut l’occasion pour moi de revoir ma maison et les usines.

 

J’ai beaucoup songé à toi pendant toute cette triste semaine de l’affaire de Soissons.

27 janvier - Paul Cuny (Epinal) à Georges Cuny, son frère.- J’ai beaucoup songé à toi pendant toute cette triste semaine de l’affaire de Soissons. Aussi j’ai été dans la joie en recevant de tes nouvelles et en apprenant que tu étais sain et sauf. Quant à l’affaire en elle-même c’est en somme un incident malheureux et voilà tout. Mais la situation générale ne s’en trouve pas modifiée de ce fait et le moral du moins ici n’en reste pas moins excellent aussi bien parmi les civils que parmi les militaires. Mais il faut dire qu’ici nos populations vosgiennes ont assisté au recul des Allemands et alors ceux-ci ne font plus peur à personne ! Ils bombardent encore quelquefois St Dié, eh bien, si j’en cause à quelques Donatiens, souvent ils prennent cela à la blague et s’en moquent. Or tout cela est excellent à tous les points de vue.

 

J’ai suivi à la lettre tes conseils et je n’ai sous aucun prétexte demandé la démobilisation de personne : il me reste juste Knipiler et trois employés secondaires (Pierrat est aussi mobilisé) pour les quatre usines car je m’occupe aussi du Tissage de Roville (où nous faisons de fortes affaires). En général la situation est très difficile, seuls les articles retors et bonneterie pour l’armée marchent. Puis la plupart de nos clients habitent les départements envahis. Enfin les communications sont très difficiles aussi et je suis en mal du téléphone !! Tu vas rire de moi mais tu en as au moins un toi pour ton service d’observation. Je ne sais encore si je resterai ici, sinon c’est le 9 février que je rentrerais à Versailles. Toujours excellentes nouvelles de ma mère, c’est un vrai miracle. Notre assemblée de la Vologne s’est très bien passée, tout le monde a été particulièrement content de la remise en marche des usines.

 

Après la guerre nous serions heureux de pouvoir ramener ce cher enfant dans notre cimetière communal.

27 janvier - Lacarelle Guillermain (Grandis, après la mort de son fils Louis Guillermain) à Georges Cuny.- La seule satisfaction qui nous reste est celle de savoir que sa mort est glorieuse, qu’il l’a donnée pour la France. Après la guerre nous serions heureux de pouvoir ramener ce cher enfant dans notre cimetière communal.

 

28 janvier - JMO 5e RAC/Groupe 95.- Motifs de proposition pour la Légion d’honneur en faveur du lieutenant Déon « A fait preuve en toutes circonstances dans le commandement de sa batterie, d’énergie et de la plus grande bravoure, en particulier dans les combats qui se sont lancés autour de Soissons, où l’observatoire étant à proximité des pièces, s’est rendu maintes fois sans aucun souci du danger auprès de ses hommes pour soutenir leur ardeur, et au moment où la batterie était sous le feu repéré de deux batteries allemandes ».

 

Motifs de proposition pour la Légion d’honneur en faveur du lieutenant Jacquinot « A accompli 15 années de service dans l’armée active, retraité comme adjudant, officier de réserve depuis le 20 Xbre 1909, sur le front depuis le 18 octobre. A montré en maintes circonstances au mépris absolu du danger comme orienteur du groupe. Officier très allant et énergique ».

 

28 janvier - Clémentine Cuny (Lausanne) à Mimi Cuny, sa belle-fille.- Je vois les enfants par la pensée se donnant bien de la peine pour écrire à leur cher papa. Ces dames sont parties hier par un froid horrible, mais quel voyage, obligées de coucher 2 nuits en route, je serai contente de les savoir arrivées. Nous avons expédié 4 petits colis à Georges car on ne pouvait mettre que 2 ½ kilos dans chaque. Marie a donné tous les tricots qu’elles avaient faits elles deux Germaine, elle y a joint du tabac et autre chose : elle a fait mettre du chocolat, du foie gras, des pruneaux, des figues, etc. Pourvu que tout cela lui arrive. Marie a cherché partout des pâtes de lichen sans résultat, il n’y en a pas ici. Il fait un froid horrible et nous avons de la neige. J’ai le temps long comme tu le devines.

 

Paul m’écrit qu’il est très occupé mais que toutes les usines marchent.

28 janvier - Clémentine Cuny (Lausanne) à Georges Cuny, son fils.- Je suis bien contente que vous soyez un peu à l’abri des obus, au moins pour la nuit. Paul m’écrit qu’il est très occupé mais que toutes les usines marchent, ils ont déjà près de 900 ouvriers rentrés, mais ils ont beaucoup de mal pour les transports de houille, coton, etc., et il a une peine inouïe de se procurer du bois pour le fourneau de son bureau.

 

28 janvier - Commandant Demangel (Armées - Besançon) à Georges Cuny.- Je prends part à votre deuil de batterie mais comme vous je pense que c’est pour la France. Je réunis le nom de Dieu à celui de Schoeny et à celui d’Aligne, dont j’ai appris la blessure par son père qui est ici au 4e Régt et au-dessus je place le vôtre et je pense à vous tous, comme un aïeul qui, dans les derniers jours de sa vie militaire, a eu la consolation de faire l’éducation de tous les jeunes membres de sa famille.

 

Après la guerre… Les augures disent que ce sera à la fin de juillet 1915. Dieu les entende.

29 janvier - Maurice Boucher (Granville) à Georges Cuny, son beau-frère.- Je suis maintenant sur pieds, mes rhumatismes ayant bien voulu me quitter, tout en me prenant une bonne partie de ma souplesse d’antan. Je n’ai pas besoin de te dire mon bonheur quand j’ai appris qu’un beau ruban rouge gagné sur le champ de bataille ornait ta boutonnière : son rouge sera bien plus beau et plus brillant que celui des rubans anticléricaux ou autres de même agence. Je vais être très fier de me promener entre mes deux frères Georges. Je n’ai pas eu votre chance et mon 3e galon, malgré mes 4 propositions et ma citation, n’est pas encore arrivé. Mais qu’importe je suis vivant et j’ai conscience d’avoir fait mon métier avec conscience et avec honneur. Le docteur d’ici m’a dit qu’il serait très mauvais pour moi de rentrer dans un régiment et qu’il me serait du reste difficile d’entreprendre des marches d’une certaine longueur. En conséquence après réception de ta bonne lettre, j’ai fait une demande appuyée d’un certificat du docteur pour un commandement quelconque dans une formation automobile. J’espère y arriver et je ne te cache pas que cela me soulagerait d’un gros souci que je n’ai jamais pu arriver à arracher de mon cœur. Elle me donnerait la presque assurance de rentrer chez moi après la guerre et de retrouver ma femme, mes enfants et tous les miens.

 

Je serai évacué d’ici lundi, 1 février, et aurai à me présenter devant une commission à St Malo qui statuera si je dois aller en convalescence ou réintégrer mon dépôt. Je pense avoir une convalescence. Dans ce cas j’irai passer quelques jours à Angoulême chez les L.J. qui y sont rentrés (heureuses gens), après quoi, je me dirigerai sur Docelles où j’espère aller le reste de mon congé. Je me réjouis infiniment de passer quelques bonnes journées avec mes enfants et les tiens.

 

On fera de bonnes promenades avec l’oncle Maurice qui n’aura rien à faire puisque la filature est réquisitionnée. La pauvre usine, que de choses à faire pour les remettre en route. Tu sais que Schwam et l’employé de réception ont été tués à Steinbach. Si tu connaissais un bon conducteur, dis-le moi, je le retiendrais dès maintenant pour… après la guerre. Les augures disent que ce sera à la fin de juillet 1915. Dieu les entende et fasse passer rapidement ces derniers mois. Mon bon frère, fais bien attention à toi, ne t’expose pas trop et fais un peu marcher tes lieutenants. Avec nos 2 ficelles nous sommes faits pour aider le capitaine, surtout dans les sales postes car notre présence est moins nécessaire que la sienne dans le commandement de l’unité. Souviens-toi souvent que tu es notre grand frère à tous et qu’avec Mimi et tes chéris, nous serions désolés si un éclat d’obus devait encore te faire du mal.

 

30 janvier - Maguy Laroche-Joubert (Royan) à Georges Cuny, son beau-frère.- Nous sommes bien contents de savoir que notre petite lampe à alcool a été commode. Avec une vieille carte d’état-major de la région de Soissons, nous avons pu mettre le doigt sur la ferme où tu te trouves. Si nous pouvons trouver une carte qui soit moins déchirée, nous l’enverrons à Mimi qui serait j’en suis sûre bien contente de pouvoir suivre pas à pas tes marches et tes contremarches. Nous n’avons pas reçu encore l’avis officiel de notre départ d’ici, aussi j’attends avec calme son arrivée pour m’en aller car je trouverais bête de faire un déménagement inutile. Nous avons ici un temps splendide mais très froid. Cela me fait penser encore davantage à toi mon bon Geogi, mets double chaussette surtout, il n’y a rien de tel pour se garantir. Paul fait maintenant cela tous les soirs pour ses veilles de nuit et s’en trouve très bien.

 

30 janvier - JMO 5e RAC/Groupe 95.- Renseignements demandés sur les bouches à feu en service : 44e batterie a tiré jusqu’au 30 janvier 1284 coups par pièce, 45e batterie, 735.

 

31 janvier - JMO 5e RAC/Groupe 95.- Le groupe a reçu du dépôt du régiment : répartis comme suit :

7 servants                                                                     45e

2 conducteurs                                                              45e

8 chevaux                                                                  4/44e   4/45e

 

31 janvier - Marie Paul Cuny (Chailly - Suisse) à Mimi Cuny, sa belle-sœur.- Lorsqu’on m’annonce -9 de froid, je songe avec peine à la vie pénible qui doit être celle de nos chers combattants. Tu sais sans doute que le fils Bretagne (Henri) a été grièvement blessé aux jambes, on ne sait s’il se remettra complètement. Sa femme vient d’avoir un bébé, le 5ème au moins.

 

31 janvier - Madame Henri Roux (Lyon) à Georges Cuny.- Ayant appris ce qui est arrivé à mon mari, je vous prie Monsieur le Capitaine de vouloir être assez bon pour me donner de plus amples détails sur la gravité de sa blessure car je suis très inquiète n’ayant reçu aucune nouvelle depuis l’avis du maire et puis, ne sachant à quel endroit ou quel hôpital où il se trouve, je ne puis aller le voir.

 

Gravures du Petit Journal - Supplément illustré - 31/01/1915 (N° 1258)

 

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Salut au nouveau drapeau russe

Après vingt ans d’alliance, le plus grand nombre des Français ne connaissaient pas le vrai drapeau russe. La plupart des cartes postales remises par le ministère de la Guerre à nos soldats donnent, pour la Russie, dans le faisceau des drapeaux alliés, non pas le drapeau national russe, mais le pavillon personnel du tzar, le pavillon jaune timbré de l’aigle noir bicéphale. Or, le drapeau national russe est formé de trois bandes horizontales : blanc-bleu-rouge. Mais, ces temps derniers, pour symboliser une communion d’esprit, le tzar a décidé d’ajouter désormais au drapeau national russe, dans l’angle supérieur, du côté de la hampe, une réduction de son propre pavillon. Donc, le nouveau drapeau russe peut être ainsi blasonné : « De Russie ancien cantonné du pavillon impérial ». Et c’est le salut à ce nouveau drapeau que représente notre gravure.

 

 

LPJ Illustre 1915-01-31 B.jpg

Les déserteurs allemands à la frontière hollandaise

Ils sont si nombreux que l’autorité allemande a dû prendre les mesures les plus sévères pour essayer de les arrêter au passage : des postes à toutes les routes, des réseaux de fils barbelés dans les champs. N’importe ! les soldats se sauvent en foule et tentent tout pour passer la frontière, préférant le risque d’être repris, la prison, la mort même à la cruelle condition qui leur est faite par l’impitoyable discipline à laquelle ils sont soumis. Les Bavarois sont les plus nombreux, tant les Prussiens leur font la vie dure. A Bruxelles l’autorité allemande a toutes les peines du monde à les empêcher de déserter. Elle a beau multiplier les descentes dans les maisons de confection et chez les tailleurs, interdire sous les peines les plus sévères la vente aux soldats et ‘aux officiers’ de vêtements civils, rien n’y fait : les hommes disparaissent comme des muscades. Si ça continue on verra bientôt la moitié de l’armée allemande occupée à surveiller l’autre moitié pour l’empêcher de déserter.

 

Thèmes qui pourraient être développés

  • Angleterre - 2 millions d'engagés volontaires en Angleterre
  • Religion - L'élection du nouveau général des Jésuites
  • Combat naval dans la mer du Nord
  • Demandes de démobilisés
  • Ramener les morts dans le cimetière communal
  • Allemagne - Von der Goltz et les Turcs
  • Pertes - Deuil de batterie
  • Une formation automobile
  • La vie en Lorraine annexée
  • Le nouveau drapeau russe (LPJ Sup)
  • Les déserteurs allemands (LPJ Sup)
  • Religion - Fête religieuse - Conversion de Saint Paul - 25 janvier
  • Religion - Fête religieuse - Septuagésime


23/01/2015
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