14-18Hebdo

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19e semaine de guerre - Lundi 7 décembre au dimanche 13 décembre 1914

 

LUNDI 7 DECEMBRE 1914 - SAINT AMBROISE - 127e jour de la guerre

MARDI 8 DECEMBRE 1914 - IMMACULEE CONCEPTION - 128e jour de la guerre

MERCREDI 9 DECEMBRE 1914 - SAINT RESTITUT - 129e jour de la guerre

JEUDI 10 DECEMBRE 1914 - SAINT MELCHIADE - 130e jour de la guerre

VENDREDI 11 DECEMBRE 1914 - SAINT DAMASE - 131e jour de la guerre

SAMEDI 12 DECEMBRE 1914 - SAINTE DENISE - 132e jour de la guerre

DIMANCHE 13 DECEMBRE 1914 - SAINTE LUCIE - 133e jour de la guerre

Revue de presse

-       Succès de l'armée du Caucase

-       L'armée anglaise se renforce sans cesse

-       Guillaume II malade

-       Le bombardement de Cracovie

-       Le choléra en Allemagne et en Autriche

-       Von Falkenhayn remplace de Moltke

-       Le tsar à Tiflis

-       Plusieurs attaques complètement repoussées

-       Les Allemands et les Autrichiens culbutés au sud de Cracovie

-       Le Lloyd allemand a dû fermer ses bureaux

-       Les opérations en Pologne - Les attaques allemandes ont été repoussées - Nouvelle grande bataille en perspective

-       La trêve des armes pour la fête de Noël n'aura pas lieu

Morceaux choisis de la correspondance

Pierre Mangin te conseille de tâcher de ne pas t’exposer et de rester à l’arrière de tes canons de manière à ne pas écoper.

8 décembre - ELLE.- J’ai fait un excellent retour en pensant à toi et en te suivant dans le cours de ton voyage. Te voilà reparti commander ta batterie, refusant une prolongation de séjour à Meudon bien méritée pourtant. Pierre Mangin te conseille de tâcher de ne pas t’exposer et de rester à l’arrière de tes canons de manière à ne pas écoper.

 

Maurice quitte les Vosges pour le Nord à son grand regret, surtout parce qu’il part seul sans son régiment où il comptait beaucoup d’amis tant dans les officiers que dans les hommes. Il sera au 143e d’inf., 8e armée. Il y passe comme capitaine. Il préférait de beaucoup ses mitrailleurs, mais enfin il n’y a qu’à s’incliner. Il vient de passer ici nous dire au revoir. Il emporte ma carte jusque Paris, j’espère que de cette manière elle t’arrivera plus vite.

 

Paul C. va peut-être retourner dans les Vosges pour travailler pour l’armée. Que de travail et de soucis en vue pour rouvrir les trois usines avec un seul directeur sans employés ou presque.

 

Maguy nous signale qu’on trouve à Paris des sacs imperméabilisés pour se coucher dedans dans la tranchée qui au dire de plusieurs de leurs amis sont épatants. Elle y pense pour le Noël de nos combattants. Elle envisage aussi des lampes à alcool solidifié. Elle voulait en faire un colis pour Maurice mais maintenant ils ne savent plus son adresse car en partant pour la Belgique il a peut-être changé de régiment et d’autre part les correspondances militaires pour les combattants ne doivent plus s’adresser par le dépôt mais par un numéro de secteur postal et il leur faut attendre pour lui écrire qu’il leur envoie lui-même sa nouvelle formule.

 

L’Echo de Paris du 3 décembre publie ta proposition pour la croix de la Légion d’honneur et l’oncle Jules nous envoie vos notices qu’il a lues dans l’Officiel je crois, pour la tienne c’est le 22 novembre et pour Georges B. c’est le 20.

 

« M. Georges Cuny, officier d’artillerie, blessé dans le Nord par un éclat d’obus, a refusé de se laisser soigner et n’a pas quitté ses hommes dont, jusqu’à la fin du combat, il a soutenu le courage et ranimé l’ardeur. Sa conduite a été celle d’un héros, et son commandant, qui l’a félicité avec émotion, l’a proposé pour la Légion d’Honneur. Il est allié à la famille de M. Boucher, ancien ministre, et ses deux frères sont sous les drapeaux ».

 

« Boucher, adjudant de réserve au 4e régiment de chasseurs. Ce sous-officier, indépendamment de fréquentes reconnaissances périlleuses dans lesquelles il a donné l’exemple en se mettant en extrême pointe, a énergiquement secondé son lieutenant pendant la nuit du 26 au 27 août dans une retraite à travers les lignes allemandes et a contribué à ramener les hommes dont se composait la patrouille de cet officier. »

 

« Biesse, officier de très grande valeur, d’un zèle et d’une activité inlassables. Après avoir été dans la troupe un chef de bataillon des plus remarquables, n’a cessé depuis le début de la campagne de rendre à l’état major du 20e corps les plus grands services, remplissant de façon parfaite les missions qui lui ont été confiées. »

 

Mère va mieux. Elle a repris la plume.

 

Maman se plaint d’avoir du mal avec la Papeterie mais Maguy nous dit qu’à Angoulême il ne leur reste plus que 4 hommes sur 100 dans les usines et au bureau, c’est encore pis et avec cela ils reçoivent des commandes et ne savent plus où donner de la tête. Ce sont des femmes qui n’avaient aucune idée de cela il y a 8 jours qui collectionnent les commandes. Tous les hommes ont été pris pour la Poudrerie et la Fonderie de Ruelle comme extra auxiliaires pour faire des manœuvres. Heureusement leurs Espagnols et quelques réfugiés belges aident un peu à combler les vides dans les usines. Ils ne trouvent plus de chevaux et leurs 2 ânes qu’ils avaient achetés depuis la mobilisation ont été de nouveau réquisitionnés. Ils vont transformer la Peugeot en camion et vont être obligés de faire de même pour la Delaunay.

 

8 décembre - JMO 5e RAC/Groupe 95.- 8h50. Une batterie allemande du Mont de Pasly tire sur l’usine Piat, Le Mail et Soissons. Plusieurs obus tombant sur l’usine Piat, nous avons 1 cheval tué.

 

9 décembre - JMO 5e RAC/Groupe 95.- Le capitaine Cuny reprend le commandement de la 45e batterie à la tête de laquelle il a été blessé.

 

Il a admiré ma science et mon adresse à conduire une jolie petite auto.

10 décembre - ELLE.- J’ai reçu une lettre de Marie M. furieuse contre l’oncle Vautrin auquel elle a écrit l’état de Mère et qui lui a répondu ceci : « Ta pauvre mère est atteinte depuis 2 ans d’une tumeur maligne dans les intestins. Si elle gagne le foie comme tu me le dis, le terme est inévitable. Il n’y a rien à tenter, ni radium ni opération. D’ailleurs je vous avais prévenus » etc. Là-dessus Marie tonne, dit qu’il aurait dû le lui dire depuis longtemps, qu’elle aurait tenté tout pour sauver sa mère, qu’elle n’était plus une enfant, qu’il ne l’a pas prévenue du tout, que c’est peut-être à nous, les Georges qu’il l’a dit, que nous aurions dû lui communiquer ce que nous savions. Je vais lui répondre que nous ne savions rien du tout, que d’autre part l’oncle Vautrin, puisqu’il n’y avait rien à tenter, a bien fait à mon avis de ne pas lui dire la vérité depuis 2 ans, car elle aurait passé des jours bien pénibles à attendre les progrès du mal. J’ai vu Paul tout à l’heure à Epinal et nous en avons causé. Il me dit qu’en effet l’oncle Vautrin lui a dit cet hiver : « Ta mère est atteinte aux intestins et au foie », mais sans lui préciser davantage et lui n’avait pas cru que c’était si grave, ayant l’exemple de personnes atteintes de maladies de foie depuis longtemps et continuant à vivre néanmoins.

 

J’ai été stupéfaite cet après-midi en arrivant à la Place pour faire viser mon laissez-passer, car j’ai été conduire Maman, Kommer ayant encore beaucoup de choses à faire à l’usine avant son départ lundi prochain, lorsque Manuel me dit : « J’ai eu de bonnes nouvelles de votre mari par votre beau-frère ce matin - Quel beau-frère, dis-je ? - Mais Paul Cuny, il est ici depuis hier soir ». J’ai bien vite été à son bureau avec Noëlle que nous avions emmenée en grande récompense. Il avait bien à faire et semblait très triste pour sa mère ayant vu à Nancy toute la famille larmoyante à son sujet. Il ne la croyait pas si malade, et avait télégraphié à sa femme de revenir avec lui à Thaon, mais Marie a répondu qu’elle ne pouvait pas. D’autre part, il n’est pas démobilisé, il n’a qu’un sursis d’appel de 2 mois, donc ne peut aller en Suisse voir sa mère. Et la réponse de sa femme lui prouve que Mère n’est pas bien, aussi il était bien navré. J’ai vu aussi Gustave[1]. Il a admiré ma science et mon adresse à conduire une jolie petite auto, il semblait ravi de m’avoir vue à l’œuvre.

 

Je t’embrasse mon amour. Soigne-toi bien. As-tu fait faire tes piqûres anti-typhoïdiques ? N’as-tu pas de fièvre ? Ta petite femme. Mi.

 

10 décembre - JMO 5e RAC/Groupe 95.- Le groupe reçoit du dépôt un détachement de renfort composé de 4 s/officiers, 1 brigadier et 6 servants. Un brigadier faisant partie du détachement est resté à Villers-Cotterêts pour maladie.

 

11 décembre - JMO 5e RAC/Groupe 95.- Les batteries n’ont pas tiré. Journée très calme. Le lieutenant Ducrot de la 45e Bie entre à l’hôpital de Vauxbuin.

 

13 décembre - JMO 5e RAC/Groupe 95.- La 45e Bie a tiré hier après-midi sur la batterie de Pasly. Le lieutenant Hamon a été blessé au moment où il rejoignait sa Bie par un éclat d’obus à la jambe droite.

 

Gravures du Petit Journal - Supplément illustré - 13/12/1914 (N° 1251)

 

LPJ Illustre 1914-12-13 A.jpgLe roi des Belges et son état-major travaillent dans les tranchées

Il faisait très froid ce jour-là, et les troupes sur l’Yser souffraient terriblement. En dépit de la température, le roi Albert resta longtemps près des tranchées. A un moment, il rencontra quelques soldats qui, après avoir creusé la terre, laissaient là leurs pelles et soufflaient dans leurs mains pour les réchauffer. Le roi leur dit : « Il fait joliment froid, n’est-ce pas ? » Les soldats, reconnaissant le souverain, n’osèrent protester que faiblement ; mais le roi, avec un sourire charmant, se tournant vers les officiers de l’état-major, dit : « Messieurs, je propose de relever ces braves garçons et de creuser des tranchées à leur place jusqu’à ce qu’ils aient plus chaud. » Une quinzaine d’officiers supérieurs se proposèrent comme volontaires et s’emparèrent des pelles. Le roi fit de même et, pendant quelque temps, au milieu d’une grande gaieté, le jeune et héroïque roi-soldat et ses conseillers militaires remuèrent la terre. Tous les actes, et jusqu’aux moindres gestes de cet admirable souverain sont inspirés par l’âme la plus généreuse et reflètent la plus noble simplicité.

 

 

 LPJ Illustre 1914-12-13 B.jpg

Après la bataille de Lodz - Prisonniers allemands sous la surveillance des cosaques

La grande bataille qui s’est livrée dans la région de Lodz s’est terminée par la défaite complète des Allemands. Une division allemande entière s’est rendue. Les Russes ont fait une énorme quantité de prisonniers. Une dépêche de Varsovie rapporte que de longues colonnes de prisonniers capturés par les Russes au cours des combats victorieux qu’ils ont livrés autour de Lodz traversent Varsovie. Beaucoup de ces Allemands ont les pieds et les mains gelés, faute de vêtements suffisamment chauds. Les Russes, au contraire, bien équipés, bien entraînés, font preuve d’une endurance remarquable. Durant la guerre actuelle, plusieurs régiments russes d’infanterie sont restés plus de cinquante jours de suite sur les positions de première ligne, ont participé à la prise d’ouvrages puissamment organisés et ont accompli de longues marches par des chemins impraticables. Partout, la trempe du soldat russe s’est trouvée à la hauteur de l’effort colossal que la guerre contemporaine exige des troupes et, à l’heure actuelle, les régiments endurcis par les fatigues d’une lutte permanente, constitue une force offensive encore plus redoutable qu’auparavant.

 

Thèmes qui pourraient être développés

  • Guillaume II malade
  • La trêve de Noël : non (Benoît XV voudrait)
  • Le choléra en Allemagne et en Autriche
  • Des sacs imperméabilisés pour se coucher dans les tranchées
  • Les femmes au travail
  • Les piqûres anti-typhoïdiques
  • Prisonniers allemands sous la surveillance des Cosaques (LPJ Sup)
  • La fin du pantalon rouge (LPJ Sup)
  • Conseils pratiques - La toilette de deuil - Ne pas exagérer (LPJ Sup)
  • Religion - Fête religieuse - Immaculée Conception - 8 décembre


[1] Gustave Cuny, un cousin



05/12/2014
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