14-18Hebdo

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154e semaine de guerre - Lundi 9 juillet au dimanche 15 juillet 1917

LUNDI 9 JUILLET 1917 - SAINTE VERONIQUE - 1072e jour de la guerre

MARDI 10 JUILLET 1917 - SAINT SYLVAIN - 1073e jour de la guerre

MERCREDI 11 JUILLET 1917 - SAINT PIE - 1074e jour de la guerre

JEUDI 12 JUILLET 1917 - SAINT JEAN GUALBERT - 1075e jour de la guerre

VENDREDI 13 JUILLET 1917 - SAINT ANACLET - 1076e jour de la guerre

SAMEDI 14 JUILLET 1917 - FETE NATIONALE - SAINT BONAVENTURE - 1077e jour de la guerre

DIMANCHE 15 JUILLET 1917 - SAINT HENRI - 1078e jour de la guerre

Revue de presse

-       M. Dato refuse de convoquer les Cortès

-       Grande victoire russe près de Stanislau - Iesoupol, Tzenjovo, Paveltche, Rybno sont tombés - La cavalerie du général Korniloff a atteint la rivière Lomnica

-       Nos positions reconquises au Chemin des Dames

-       L'empereur de Chine abdique

-       La crise intérieure en Autriche

-       Les Russes enlèvent Kalusz

-       La crise allemande - Le vote égal, le conseil de la couronne, les conférences du Kronprinz, la situation de Bethmann

-       Lutte d'aviation la plus dure depuis le commencement de la guerre terminée en faveur des Anglais - 14 appareils boches abattus - 16 autres contraints d'atterrir désemparés

-       Le cuirassé "Vanguard" coule à la suite d'une explosion - Nombreux morts

-       Le nouveau chancelier allemand - Bethmann est remplacé par le docteur Georg Michaelis

-       M. Lloyd George et la défense aérienne de Londres

-       Troisième 14 juillet de guerre – La fête des drapeaux et des braves – les Parisiens les acclament et les couvrent de fleurs

 

Morceaux choisis de la correspondance

Les Allemands ont massé les Alsaciens dans leurs premières lignes.

9 juillet - ELLE.- J’étais un peu fatiguée de ma journée hier, aussi je reste un peu au lit ce matin, quoique je sois seule à la maison, Maman étant partie hier en Suisse pour s’occuper de Georges. Pour tout notre entourage elle est à Paris à la recherche de houille.

 

Hier c’était donc le baptême du petit Georges Fort. Tout était prêt après la messe quand un gamin vient dire que l’aumônier qui a dit la messe ne peut attendre et que le baptême aura lieu le dimanche suivant. Consternation des parents, qui avaient préparé un bon petit dîner avec les provisions que nous avions offertes, désappointement des enfants. Enfin j’ai offert d’aller chercher Mr le Curé de Cheniménil pour faire la cérémonie. Sous une pluie battante, je pars en auto, Mr le Curé a été très aimable et finalement on a baptisé le poupon. J’ai reconduit Mr le Curé puis ai été rejoindre les enfants aux Cités pour donner les dragées. Tout cela au cours d’un orage affreux comme nous en avons cette année.

 

A midi, Thérèse, sa sœur et ses enfants sont venus déjeuner, ils ne sont partis qu’à cinq heures. Il paraît qu’un de ses cousins d’Alsace a été fait prisonnier au Chemin des Dames. Il avait toujours été en Russie et en avril on les a ramenés dare-dare en France, il n’avait qu’une peur c’était de tomber sur le front anglais, c’est la grande terreur des troupes allemandes, car leur bombardement est affreux et qu’ils ne font guère de quartier aux prisonniers. Les Allemands ont massé les Alsaciens dans leurs premières lignes. Celui-ci a pu se cacher huit jours dans une caverne, un trou quelconque avec quelques camarades et quand ils n’ont plus rien eu à manger ils se sont montrés et à leur grande joie se sont trouvés au milieu des Français qui avaient avancé à cet endroit. Camarade a été vite dit et ils ont été envoyés dans un camp spécial réservé aux Alsaciens près de Paris. Ils travaillent ou ne font rien, à leur gré. Celui-ci s’est engagé dans une usine, il a le droit de venir le dimanche à Paris et dans un mois s’il se conduit bien, il aura le droit de changer de nationalité et de s’engager dans l’armée française. Mr Schwind. l’a vu à son dernier voyage à Paris. Il a dit qu’en Allemagne la misère est très grande, en Alsace moins, mais ce n’est que vexations et défenses. Le terrain est fortifié jusqu’au Rhin, fils de fer et tranchées perpétuelles.

 

Bonnes tendresses, mon petit Geogi. Ta Mi.

 

10 juillet - Mathieu Philibert (St Georges de Reneins – Rhône), à Georges Cuny.- J’ai reçu votre lettre du 3 et suis très heureux de savoir que vous avez passé une bonne permission auprès de votre famille. Je vous dirai que je suis actuellement chez moi pour 25 jours à titre de permission agricole, je ne perds pas de temps car il y a beaucoup de travail de ce moment à la campagne. Je suis resté 3 jours au dépôt à mon arrivée du front, je suis bien heureux de pouvoir passer quelques bonnes journées auprès de ma famille. Je dois rejoindre le dépôt le 22 courant, je ne sais pas du tout où je serai dirigé, en tout cas je vous donnerai de mes nouvelles dès que je serai fixé.

 

14 juillet - ELLE.- J’ai eu hier une journée chargée et je n’ai pas eu le loisir de t’écrire un petit mot comme d’habitude.

 

Nous avons eu jeudi un coussinet de la machine à vapeur qui a chauffé et les contremaîtres m’ont demandé de profiter de l’arrêt forcé pour faire les autres réparations à la machine à vapeur. Berger André avait répondu à notre demande d’ouvrier en nous disant qu’ils nous en enverraient le plus tôt possible. Je suis donc partie à Remiremont le matin pour aller leur en demander un pour voir les segments. Mr Béha était là, paraît-il, mais à l’usine on m’a dit qu’il était au bureau. Au bureau, personne, il venait de partir à Plombières louer une villa pour s’y installer avec sa famille. Enfin, ils n’avaient pas de monteur à me donner, ils sont tous à Thann, où ils démontent ce qui reste de machines pour les installer dans une grande usine qu’ils ont faite près de Paris. Peut-être la semaine prochaine pourront-ils en envoyer un.

 

A l’aller j’avais eu un pneu et avais remis sans difficulté ma roue de secours. Au retour, autre pneu près de St Nabord. Je me mets en devoir de le réparer mais mon cric s’est démonté, il n’a plus voulu marcher. J’étais bien ennuyée et me mettais en devoir de le réparer quand passe une auto militaire. Le militaire descend et m’offre aimablement de m’aider, ce que j’ai accepté avec joie. Mais sous ses airs bien élevés ce n’était pas un homme sérieux sûrement, car il s’est mis à me faire des compliments insupportables, et j’ai poussé un soupir de soulagement quand, mon cric enlevé, j’ai pu reprendre mon vol et laisser mon automobiliste à ses réflexions. Je pense qu’il ne cherchera plus à aider si aimablement une dame, car il a dû trouver les vosgiennes bien peu intelligentes, je ne semblais pas comprendre aucune de ses offres et intentions. Les hommes sont vraiment bêtes, aussitôt qu’ils voient une femme seule, ils ne peuvent s’empêcher de lui faire des compliments.

 

Enfin je suis rentrée sans encombre et, après m’être reposée une heure sur ma chaise longue, j’ai été faire le courrier, puis vers 4 heures, nous sommes partis les enfants et moi à Epinal où je pensais aller à la banque et chercher Maman. Mais il était dit que ma journée serait manquée complètement, les banques fermées veille de fête et pas de Maman au train. Nous sommes allés voir Marie Paul dans son nouvel appartement, elle n’arrivait que par le train de 6 heures ½. Nous l’avons attendue pour ne pas avoir notre journée entièrement perdue et ne sommes rentrés pour dîner qu’à huit heures.

 

Les enfants sont contents d’avoir deux jours de vacances. André s’est levé à six heures ½ ce matin pour servir la messe, les deux petits sont encore au lit, ils font comme moi la grasse matinée.

 

14 juillet - LUI.- J’ai reçu déjà aujourd’hui ta bonne lettre du 10. Nous sommes relevés demain et allons à cinq ou six kilomètres à l’arrière dans un village où nous serons très bien. Si nous restons dans le même secteur, je resterai là pendant près de quarante jours car on me charge de diriger un peloton de sous-officiers. Sans doute ce ne sera pas la vie active que je mène depuis quelque temps, mais je pourrai quand même faire quelques promenades à cheval et me remuer suffisamment tout en n’étant pas fatigué.

 

Voyez-vous notre Mimi et quelle ambition elle a pour sa fille. Tu veux en faire une bachelière, ma pauvre Mi, je suis sûr que tu plaisantes. Ah non, que notre petite Noëlle ait une bonne santé. Elle est bien assez intelligente pour qu’on ne soit pas forcé de lui faire faire tant d’études. Elle se promènera beaucoup et, si tu veux m’en croire, elle ne passera aucun examen. Cela ne sert à rien pour les jeunes filles.

 

J’ai écrit au petit père et suis presque sûr qu’il ne doit pas être bien loin de nous. Je serais heureux de le voir et de lui causer un peu.

 

Que devient notre petite Noëlle.

 

Et cette guerre qui se prolonge indéfiniment !!!

15 juillet - ELLE.- Je ne t’ai pas écrit ce matin mon chéri car je voulais te donner des nouvelles de Paul Cuny et Marie puisque nous devions déjeuner chez eux. Nous y avons trouvé les Gustave, Marie avait préparé un très bon et beau dîner, je t’assure qu’on n’avait pas l’air d’être en guerre.

 

Mais j’ai eu une peine infinie de voir Paul. Il avait l’estomac à l’envers, la figure pâle, les yeux injectés, ne disait pas un mot. Je l’ai vu un moment vouloir porter son verre à ses lèvres, ses mains tremblaient. S’il continue cette vie là, il ne vivra pas vieux, j’en étais toute impressionnée. Marie maintenant dit que Paul se fait trop de soucis pour Dedovo, pour Schlestadt, qu’il craint que tout soit perdu et qu’il est désolé pour tous les actionnaires, que c’est cela qui le mine. Paul était en effet aujourd’hui très pessimiste.

 

Marie part jeudi pour Paris et de là près de Trouville où elle s’installe dans une grande propriété avec sa sœur et sa nièce. Elle y a invité aussi Germaine Molard.

 

Si notre Mère vivait encore, ceci lui aurait fait plaisir, mais tant d’autres choses lui auraient déplu. Et cette guerre qui se prolonge indéfiniment !!! Je crois décidément que Dieu a bien fait de l’emporter, il y a deux ans.

 

Il paraît qu’Henry a dit aux Paul qu’il n’irait plus en Tunisie et qu’il s’installera sur les bords de la Méditerranée après la guerre. Il est donc bien décidé à vivre de ses rentes, bien tranquillement. Si seulement sa fameuse Mouna restait en Tunisie.

 

Maman est revenue de Suisse hier soir, après avoir vu beaucoup de monde de toutes sortes, officiels et officieux, depuis le docteur Erbe, celui qui s’occupe de notre affaire soi-disant et qui semble très filou, jusqu’à la femme du président du conseil fédéral, une Madame Schultasse, en passant par d’autres femmes de docteurs qui paraissent de prime abord faire mille démarches par pure générosité et compassion et qui vous glissent ensuite dans la conversation que la vie est chère, que ces œuvres auxquelles on se dévoue en Suisse sont chères, et finalement acceptent une offrande d’importance « pour leurs œuvres ». Cette fois, si Maman ne réussit pas, c’est qu’il n’y a vraiment pas moyen, car elle pense avoir mis tous les atouts dans son jeu. En même temps, elle est allée voir Chinger, chez lequel elle aurait voulu avoir un crédit ouvert qu’elle aurait remboursé ultérieurement, pour éviter la perte au change qui arrive en ce moment à 12.2 et 12.4. Mais le banquier n’a pas voulu, il juge l’avenir très noir, s’attend à des révolutions en Allemagne, France et Suisse. Ils sont déjà extrêmement engagés et ne veulent pas aller plus loin. Tu vois qu’il n’est pas très encourageant.

 

Les écoles ont congé le 4 août, cela ne fait donc plus que 3 petites semaines aux enfants. Pendant que Monsieur l’Abbé Hamant sera là, il nous arrive ce soir, je ne leur donnerai sans doute pas régulièrement leurs leçons de piano, ce qui leur sera une petite joie.

 

Je t’aime, mon Gi, et t’embrasse tendrement. Ta Mi.

 

 

Gravures du Petit Journal - Supplément illustré - 15/07/1917 (N° 1386)

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Le général Deville - Commandant la 42e division d’infanterie

Le plus bel éloge qu’on puisse faire du général Deville, dont nous donnons aujourd’hui le portrait, c’est la reproduction pure et simple de la citation à l’ordre du jour de sa division, telle qu’elle fut publiée au ‘Journal Officiel’ : « La 42e division d’infanterie, division d’élite qui a pris la part la plus glorieuse à toutes les opérations les plus importantes de cette campagne : la Marne, l’Yser, l’Argonne, la Champagne, Verdun, sous la direction énergique du général Deville, vient de donner de nouvelles preuves de son esprit d’offensive et de ses brillantes qualités manœuvrières, sur la Somme, en enlevant des positions fortement organisées et âprement défendues. Les 8e et 16e bataillons de chasseurs à pied, les 94e, 151e et 162e régiments d’infanterie se sont ainsi acquis de nouveaux titres de gloire. »

 

 

 

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Les soldates anglaises à l’exercice

C’est aux environs de Rouen qu’on peut les voir s’exercer. Gracieuses, dans leur uniforme kaki, elles défilent, court vêtues d’une jupe plissée, la taille souple dans leur tunique pareille à celle des hommes, guêtrées de cuir fauve et coiffées d’un feutre pareil à celui des soldats australiens. Un de nos confrères a interrogé leur commandante sur les fonctions qu’elles sont chargées de remplir.

 

« -- Que voulez-vous que je vous dise, a répondu l’officière. Ce que nous faisons est tout naturel ! Pendant que les hommes se battent, nous essayons d’être, à l’arrière, de bonnes soldates, voilà tout ! Notre vie ? Eh bien, nous sommes cantonnées tant par salle ; chaque matin, une sous-officière fait l’appel… Aucune soldate n’y a jamais manqué. Ensuite, chaque groupe part pour le travail auquel il est affecté. Il y a les expéditionnaires dans les bureaux, les secrétaires, les interprètes, les chauffeuses, les cuisinières, puis les soldates chargées des gros travaux. Toutes sont des volontaires, que nous employons selon leurs capacités -- Les soldates font l’exercice ? - Oui, des exercices de mouvements. -- Vous ne pensez pas à partir pour le front ?... Et la commandante, avec un sourire de ses yeux malicieux, répond : « S’il faut aller au front, nous irons, mais je crois que, pour la femme, le meilleur champ de bataille est celui où elle peut utilement développer ses aptitudes. »

 

 

Les instantanés de la guerre (photos)

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En Macédoine - Convoi d'artillerie russe de 65 de montagne

Un soldat acrobate amuse ses camarades

En Macédoine - Compagnie russe au repos

Convoi de mulets à travers les montagnes de Serbie

Obus de 420 non éclaté, mais qui s'est brisé en tombant

Avion allemand abattu par Guynemer en Lorraine

La réparation d'un ballon saucisse

Les débris d'un zeppelin abattu

Goumiers examinant un fusil pris aux Allemands

Troupes chinoises à la concession allemande de Tien-Tsin

Danses de soldats grecs

Une ambulance défilée dans la montagne

 

 

 

Thèmes qui pourraient être développés

  • Russie - Grande victoire russe près de Stanislau - Iesoupol, Tzenjovo, Paveltche, Rybno sont tombés - La cavalerie du général Korniloff a atteint la rivière Lomnica
  • Chine - L'empereur de Chine abdique
  • Autriche - La crise intérieure en Autriche
  • Marine - Le cuirassé "Vanguard" coule à la suite d'une explosion - Nombreux morts
  • Allemagne - Le nouveau chancelier allemand - Bethmann est remplacé par le docteur Georg Michaelis
  • Angleterre - M. Lloyd George et la défense aérienne de Londres
  • Commémoration - Troisième 14 juillet de guerre – La fête des drapeaux et des braves – les Parisiens les acclament et les couvrent de fleurs
  • Alsace - Terreur des Alsaciens de combattre sur le front anglais - Les Allemands ont massé les Alsaciens dans leurs premières lignes
  • Femme - Se faire draguer par un automobiliste
  • Enfant - Education des filles - Vouloir faire de sa fille une bachelière, quelle ambition. Cela ne sert à rien pour les jeunes filles
  • Prisonnier - Corruption en Suisse pour essayer de faire revenir des prisonniers
  • Le général Deville, commandant la 42ème division d'infanterie (Portrait dans LPJ Sup)
  • Régiments de femmes - Les soldates anglaises à l'exercice (LPJ Sup)
  • Les instantanés de la guerre (Photos dans LPJ Sup)
  • Conseils pratiques - La malveillance (LPJ Sup)


07/07/2017
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