14-18Hebdo

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138e semaine de guerre - Lundi 19 mars au dimanche 25 mars 1917

LUNDI 19 MARS 1917 - SAINT JOSEPH - 960e jour de la guerre

MARDI 20 MARS 1917 - SAINT GABRIEL - 961e jour de la guerre

MERCREDI 21 MARS 1917 - PRINTEMPS - SAINT BENOIT - 962e jour de la guerre

JEUDI 22 MARS 1917 - SAINTE CATHERINE DE GENES - 963e jour de la guerre

VENDREDI 23 MARS 1917 - SAINT FIDELE - 964e jour de la guerre

SAMEDI 24 MARS 1917 - SAINT SIMEON - 965e jour de la guerre

DIMANCHE 25 MARS 1917 - PASSION - 966e jour de la guerre

Revue de presse

-       Impressionnante avance franco-britannique - Noyon et Péronne sont repris - Notre cavalerie est entrée dans Nesle

-       Le 35e avion de Guynemer

-       La poursuite des Turcs continue en Mésopotamie

-       Guiscard, Ham et Chauny sont occupés et dépassés - Soissons est entièrement dégagé

-       Le ministère Ribot

-       Tergnier occupé par notre infanterie

-       La Russie mènera la guerre jusqu'à la victoire

-       Nouveaux progrès vers Saint-Quentin

-       La Chine déclarera la guerre à l'Allemagne

-       Arrestation des souverains russes - Nicolas II prisonnier arrive à Tsarskoïé Sélo - La tsarine arrêtée par le général Kornilof

-       Préparatifs de guerre aux Etats-Unis

-       Le "Danton" torpillé par un sous-marin en Méditerranée - 296 victimes - 806 hommes sauvés

-       Avance de l'heure

-       Entre Somme et Oise la bataille s'est poursuivie avec succès

-       Les Anglais occupent Roisel et progressent dans la direction de Cambrai

 

Morceaux choisis de la correspondance

Tu ne saurais croire avec quelle impatience on attend le courrier, c’est le meilleur moment de la journée.

19 mars - LUI.- Je n’ai rien reçu hier ni aujourd’hui de Docelles. Je compte demain sur deux lettres de ma chérie. Tu ne saurais croire avec quelle impatience on attend le courrier, c’est le meilleur moment de la journée. J’ai reçu un colis de fruits confits que m’annonçait Marie Paul. Ils étaient exquis et sont d’ailleurs tous mangés. Nous sommes huit à la popote et lorsqu’on a de bonnes choses comme celles-là elles ne traînent pas.

 

N’oublie pas de m’envoyer une feuille de déclaration pour l’impôt sur le revenu et aussi quand tu y songeras un peu de tabac jaune. J’en suis moins pressé maintenant, car mon ordonnance a écrit à sa femme qu’elle en envoie ici et le paquet est arrivé hier.

 

Le commandant va rentrer demain de congés et je vais regagner ma batterie. J’en suis très heureux d’un côté, de l’autre ce sera moins gai car ma batterie est détachée et je ne serai qu’avec mes deux lieutenants tandis qu’ici nous sommes nombreux et c’est très gai. Nous avons actuellement à notre popote un officier d’un autre régiment détaché ici pour faire des travaux. C’est le fils de Mr Riche, ancien gérant de Berger André et gendre de Mr Berger que j’ai connu autrefois. C’est un gentil garçon qui a été reçu à Centrale au début de la guerre.

 

Que dis-tu de l’avancée anglaise et française ? Et la révolution russe ? Et la démission de Briand ? Que d'événements ! Enfin la retraite boche nous achemine tout doucement vers la fin de la guerre que nous souhaitons tous deux si ardemment.

Que dis-tu de l’avancée anglaise et française. Sans doute les Allemands ont peut-être leur plan mais c’est rudement dangereux de reculer d’une vingtaine de kilomètres sans se défendre. Lorsqu’on songe aux difficultés qu’on éprouve pour gagner quelques kilomètres, on ne comprend pas très bien pourquoi les boches reculent ainsi bénévolement. Et la révolution russe ? Et la démission de Briand ? Que d’événements. Enfin tout cela (je parle de la retraite boche) nous achemine tout doucement vers la fin de la guerre que nous souhaitons tous deux, n’est-ce pas ma jolie mie, si ardemment.

 

Je t’aime mon adorée chérie et suis bien en mal de tout toi.

 

Il prétend qu’on enterre des lignes téléphoniques à deux mètres, lignes dit-il qui ne serviront à rien. C’est possible mais si on avait fait cela à Verdun, nous n’aurions pas perdu tant de monde.

21 mars - LUI.- J’ai reçu hier à la fois tes trois bonnes lettres des 15, 16 et 17 mars. Tu comprends bien que j’en étais très heureux, mais j’aimerais mieux recevoir une lettre par jour que trois à la fois. Enfin c’est un peu la faute du service postal et nous n’y pouvons rien. A ce sujet, si notre avance continue, ne t’étonne pas si tu ne reçois pas de lettres pendant quelques jours. Il se pourrait que les courriers fussent ou égarés ou retardés. Je serais curieux de connaître les motifs de cette retraite boche. Il est extraordinaire que ces gens-là se laissent reconduire si loin sans se défendre.

 

J’ai reçu les cahiers des enfants et je leur écris un petit mot à chacun. En effet ils travaillent beaucoup mais, d’après ce que tu me dis, il est heureux que Mlle Ferney soit partie. Tu vois en tout cas qu’il faut surveiller un peu ce que fait l’institutrice. Je ne parle pas évidemment de Mlle Marchal, mais si tu en prends une pour l’an prochain tu feras bien toutes les semaines de vérifier par toi-même ce qu’ils font car ils n’apprendront rien. Et puis occupe-toi de la chose dès maintenant afin d’avoir quelqu’un de tout à fait bien.

 

Evidemment c’est un peu bizarre que tous les officiers d’active que nous connaissons soient dans les états-majors, mais combien d’officiers d’active ont été tués au début de la guerre.

Paul Boucher est évidemment un peu aigri. Mais n’est-il pas plus heureux qu’on lui ait fait construire des tranchées au lieu de l’envoyer dans des secteurs où l’on se battait. Il prétend qu’on enterre des lignes téléphoniques à deux mètres, lignes dit-il qui ne serviront à rien. C’est possible mais si on avait fait cela à Verdun, nous n’aurions pas perdu tant de monde. Nous faisons nous aussi beaucoup de travaux qui ne serviront peut-être à rien mais nous avons raison de les faire parce qu’il faut tout prévoir. Evidemment c’est un peu bizarre que tous les officiers d’active que nous connaissons soient dans les états-majors, mais combien d’officiers d’active ont été tués au début de la guerre. Enfin comme tu le dis, après la guerre on ne songera plus à tout cela.

 

Le commandant rentre aujourd’hui. Je vais donc réintégrer ma batterie.

 

Tu as oublié de m’envoyer une feuille pour la déclaration de nos revenus. Le temps presse. N’oublie pas dans ta prochaine lettre.

 

Il est certain qu’il a beaucoup de mal pour approvisionner les usines et cela ne doit pas être bien gai de s’occuper d’industrie actuellement.

23 mars - LUI.- J’ai reçu tes deux bonnes lettres du 19 et du 20 mars avec celle de Pierre Mangin, à qui j’ai répondu que j’étais d’accord pour la construction de la cité. Il est certain qu’il a beaucoup de mal pour approvisionner les usines et cela ne doit pas être bien gai de s’occuper d’industrie actuellement. D’ailleurs la pauvre Maman qui se donne tant de mal s’en rend bien compte. Je suis content qu’on lui envoie un peu de houille. Tant qu’on pourra le faire, il est certain qu’il vaut bien mieux travailler, car les ouvriers prendraient réellement de trop mauvaises habitudes et ne feraient plus rien après la guerre.

 

Sois tranquille, je ne suis pas encore du côté de St Quentin et pour une fois qu’on se bat du côté de Soissons, nous n’y sommes pas. Nous continuons toujours nos travaux entre Soissons et Reims, mais serviront-ils à quelque chose si les boches reculent également devant notre front. Nous ne nous faisons pas beaucoup d’illusions sur cette retraite boche. Sans doute tant mieux mais il faudra recommencer sur un autre front, car je n’espère pas encore malheureusement, comme certains le croient, que les boches vont nous abandonner d’emblée leurs lignes de défense et évacuer notre territoire. Ce serait trop beau malgré tous les pillages et les horreurs qu’ils commettent.

 

Tu as raison de changer d’air mais c’est ennuyeux que ce soit actuellement, à cause des trains. Je regrette seulement que André et Noëlle fassent un voyage si court qui sera en somme fatigant. Mais je t’en prie, retiens tes places dans les wagons car tu n’en trouverais pas. N’hésite pas à donner des pourboires au chef de train. Un de mes camarades qui revient de permission me disait qu’on ne trouve aucune place dans les trains. Je crains donc que ton voyage soit bien fatigant ma pauvre Mie.

 

Nous gagnons tous les jours du terrain, ce qui prouve que les Allemands ont été surpris et forcés de partir avant qu’ils l’eussent voulu.

25 mars - LUI.- Le courrier n’est pas arrivé hier et j’ai été privé de ma lettre habituelle. J’espère que vous allez tous bien et je pense que tu auras beaucoup de mal à te décider à partir si le beau temps continue. Il est vrai qu’il fait très froid et que de notre côté tout au moins il souffle un vent du nord tout à fait glacial. Mais à la position de batterie que j’occupe actuellement, nous pouvons nous chauffer à partir de la brune.

 

Je t’ai dit que le commandant était rentré à peu près guéri, bien qu’il ne puisse pas encore faire de longues promenades, j’ai donc rejoint ma batterie qui est bien installée. J’ai une cagna très confortable. Nous sommes au bord d’un canal, près d’une écluse. Au-delà de cette écluse, du côté boche, une péniche est restée depuis le début de la guerre. Elle contenait de la houille et nous en profitons. On n’a pas pu l’enlever parce que le canal est presque à sec, les Allemands ayant coupé les communications avec les réservoirs d’eau, et d’un autre côté elle n’est pas très loin de la 1ère ligne boche, 1 200 mètres à peine. Mais le soir nous en profitons. Je ne crois pas malheureusement que nous resterons ici longtemps. On nous dit que nous allons aller occuper d’ici peu une des nombreuses positions de batterie que nous avons construites. Ces nouvelles positions n’ont pas le confortable des anciennes, car nous avons eu trop peu de temps pour les faire et puis surtout on nous marchandait les matériaux à tel point que nous étions souvent obligés d’interrompre.

 

Je suis très heureux que les Allemands ne nous aient pas repoussés des lignes que nous avons conquises dernièrement. Je craignais un peu je l’avoue qu’ils nous eussent tendu un piège et si nous nous étions heurtés à une ligne fortement défendue et préparée à l’avance, nous aurions peut-être eu du mal de nous maintenir. Nous gagnons tous les jours du terrain, ce qui prouve que les Allemands ont été surpris et forcés de partir avant qu’ils l’eussent voulu.

 

Gravures du Petit Journal - Supplément illustré - 25/03/1917 (N° 1370)

Le lieutenant-général Stanley Maude - Commandant en chef l’armée anglaise de Mésopotamie - Le vainqueur de Bagdad

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Le général Maude, qui n’était, il y a quelque temps encore, que major général, a été promu lieutenant général, après sa victoire de Kut-el-Amara, et le roi d’Angleterre lui a adressé, à la date du 26 février, le message suivant : « Je vous félicite, vous et les troupes sous votre commandement, pour les succès que vous venez de remporter, et suis convaincu qu’aucun effort ne sera épargné pour que de nouveaux succès viennent compléter votre œuvre. C’est pour moi un grand réconfort de savoir que les difficultés de communication qui, jusqu’ici, avaient entravé vos opérations sont enfin surmontées. » Le vœu exprimé par le roi s’est pleinement réalisé : de nouveaux succès, plus considérables encore, sont venus compléter l’œuvre du général Maude. Après une campagne aussi rapide que brillante, les troupes du général Maude, ayant culbuté les Turcs à Ctésiphon, sont entrées à Bagdad. Ainsi est effacé et glorieusement réparé l’échec que le général Townshend avait subi, en 1916, à Kut-el-Amara.

 

On se rappelle qu’au mois de novembre 1915 les Anglais, après avoir occupé Bassorah et battu les Turcs à Kut-el-Amara et à Ctésiphon, avaient été sur le point d’atteindre une première fois Bagdad. Mais les Turcs ayant reçu des renforts considérables, le général Townshend dut battre en retraite. Le 5 décembre, il rentrait dans Kut-el-Amara avec sa petite armée d’une dizaine de mille hommes. Il soutint là un siège héroïque. Mais plus de 60 000 Turcs assiégeaient la ville. Au mois d’avril 1916, le général Townshend dut capituler.

 

Les Anglais ont pris brillamment leur revanche. Le 26 février, on annonçait que l’armée du général Maude venait de reprendre Kut-el-Amara. Le général lança aussitôt sa cavalerie en avant, tandis que les canonnières anglaises remontaient le Tigre. Le 6 mars, Ctésiphon était dépassé. Les Turcs n’avaient pas même essayé de défendre la ville. Ils ne tentèrent un effort de résistance que sur la Diala, une rivière qui se jette dans le Tigre à treize kilomètres au sud de Bagdad. La cavalerie anglaise, arrêtée devant leurs lignes de défense, attendit l’arrivée du gros de l’armée. Vingt-quatre heures plus tard, le général Maude arrivait. Tandis qu’une partie de ses forces attaquait les retranchements turcs, une autre partie traversait la rivière sur un pont de bateaux et continuaient sa course vers Bagdad. Enfin, le 12 mars, un télégramme du général arrivé à Londres annonçait que les troupes britanniques s’étaient emparées de la ville des Califes.

 

Le désastre n’est pas moins grave pour les Allemands que pour les Turcs, car l’Allemagne, depuis un quart de siècle, s’était implantée dans cette région, dont elle voulait faire une véritable colonie allemande. Par la remise en état des terres de la Mésopotamie, qui furent jadis les plus fertiles du monde, que de richesses n’eût-elle pas tirées de ce pays merveilleux ! Ces projets sont anéantis par la glorieuse campagne du général Maude, et si, comme il faut l’espérer, la Mésopotamie redevient ce qu’elle fut jadis, le grenier du monde, ce ne sera pas au profit des Allemands.

 

 

 

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En Pologne, les Allemands condamnent les femmes aux plus durs travaux de la terre

Dans tous les pays occupés par eux, les Allemands n’ont réussi qu’à faire détester leur autorité. Ils se montrent d’une impitoyable dureté pour les populations, et ils s’étonnent après cela d’être haïs. « Nous avons beau faire, disait von Bissing, les Belges sont indécrottables, ils ne nous aimeront jamais. » Les boches qui occupent la Pologne peuvent en dire autant. Ils ont fait également tout ce qu’il fallait pour se faire détester, jusqu’à forcer les femmes à se livrer, sous leur surveillance, par les températures les plus rigoureuses, aux travaux les plus fatigants de la campagne. Les malheureuses souffrent, peinent et maudissent leurs bourreaux.

 

 

Les instantanés de la guerre (photos)

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La victoire anglaise en Mésopotamie - Cavalerie anglaise sous les palmeraies

La victoire anglaise en Mésopotamie - Officiers sikhs en Mésopotamie

La victoire anglaise en Mésopotamie - Campement britannique près de Kut-el-Amara

La victoire anglaise en Mésopotamie - Prisonniers turcs

La victoire anglaise en Mésopotamie - Transport d'un officier turc à l'hôpital

La victoire anglaise en Mésopotamie - Tranchées creusées par les Indiens en Mésopotamie

La victoire anglaise en Mésopotamie - Bateaux turcs sur le Tigre

La victoire anglaise en Mésopotamie - Barques arabes sur le Tigre

La victoire anglaise en Mésopotamie - Une rue de Kut-el-Amara

La victoire anglaise en Mésopotamie - Batterie de montagne servie par les Indiens

La victoire anglaise en Mésopotamie - Les inondations du Tigre près de Kut-el-Amara

La victoire anglaise en Mésopotamie - Bassorah, quartier général des Anglais à l'embouchure du Chatt-el-Arab

 

 

Thèmes qui pourraient être développés

  • La Somme - Impressionnante avance franco-britannique - Noyon et Péronne sont repris - Notre cavalerie est entrée dans Nesle
  • Aviation - Le 35e avion de Guynemer
  • Mésopotamie - La poursuite des Turcs continue en Mésopotamie
  • Politique - Le ministère Ribot
  • La Russie mènera la guerre jusqu'à la victoire
  • Russie - Arrestation des souverains russes - Nicolas II prisonnier arrive à Tsarskoïé Sélo - La Tsarine arrêtée par le général Kornilof
  • Etats-Unis - Préparatifs de guerre aux Etats-Unis
  • Marine - Le "Danton" torpillé par un sous-marin en Méditerranée - 296 victimes - 806 hommes sauvés
  • Avance de l'heure
  • Front - Travaux d'enfouissement
  • Industrie - Difficultés d'approvisionnement
  • Allemagne - Le flirt du Kronprinz (il aurait décidé de divorcer et de se remarier avec la grande-duchesse Adélaïde de Luxembourg)
  • Le lieutenant-général Stanley Maude, le vainqueur de Bagdad (Portrait dans LPJ Sup)
  • Mésopotamie - Bagdad, la ville des mille et une nuits (LPJ Sup)
  • En Pologne, les Allemands condamnent les femmes aux plus durs travaux de la terre (LPJ Sup)
  • Les instantanés de la guerre - La victoire anglaise en Mésopotamie (Photos dans LPJ Sup)
  • Conseils pratiques - Natalité et alimentation des nouveau-nés, le lait et le lait d'ânesse (LPJ Sup)
  • Religion - Fête religieuse - Passion


17/03/2017
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