104e semaine de guerre - Lundi 24 juillet au dimanche 30 juillet 1916
LUNDI 24 JUILLET 1916 - SAINTE CHRISTINE - 722e jour de la guerre
MARDI 25 JUILLET 1916 - SAINT JACQUES LE MAJEUR - 723e jour de la guerre
MERCREDI 26 JUILLET 1916 - SAINTE ANNE - 724e jour de la guerre
JEUDI 27 JUILLET 1916 - SAINT PANTALEON - 725e jour de la guerre
VENDREDI 28 JUILLET 1916 - SAINT VICTOR - 726e jour de la guerre
SAMEDI 29 JUILLET 1916 - SAINTE MARTHE - 727e jour de la guerre
DIMANCHE 30 JUILLET 1916 - SAINTS ABDON ET SENNEN - 728e jour de la guerre
Revue de presse
- La retraite autrichienne dans les Carpathes
- Les troupes britanniques poursuivent leurs attaques avec une splendide énergie
- De Riga aux Carpathes la lutte continue à l'avantage des Russes - 27,000 prisonniers en six jours
- Sur les Dolomites et aux Sette Comuni les Italiens enlèvent de fortes positions
- La question d'Irlande à la Chambre des communes
- Le "survol" de Berlin par l'aviateur Marchal - Il jette des proclamations sur la capitale boche et bat dans un raid de 1,300 kilomètres le record du monde de la distance sans escale
- Attaques italiennes pour encercler le mont Cimone
- Les Anglais repoussent victorieusement de puissantes contre-attaques de l'ennemi qui a reçu de gros renforts
- Nungesser abat son dixième avion
- Au nord-est de Lemberg les Russes entrent en Galicie
- Les Antilles danoises vendues aux Etats-Unis
- Attaque convergente des Russes vers Brody
- La fête nationale à Bruxelles - Le cardinal Mercier prononce un sermon qui déchaîne l'enthousiasme populaire - Les troupes allemandes chargent à la baïonnette
- Les Anglais maîtres de Longueval et du bois Delville
- Deux attaques allemandes repoussées au sud de Fleury - Nous avons légèrement progressé dans la région de Thiaumont
- L'armée Letchitsky menace Stanislavoff - Plus de 20,000 prisonniers ont été faits le 28 juillet - 55 canons capturés
- Attaques autrichiennes repoussées sur le mont Cimone - Combats d'artillerie sur l'Isonzo
- Solution satisfaisante des négociations entre les Etats-Unis et le Mexique
Morceaux choisis de la correspondance
On a lu en chaire hier une lettre de N.S.P. le pape qui recommande à tous les parents de faire communier leurs enfants dimanche prochain pour demander la paix.
24 juillet - ELLE.- Nous avons eu Maurice à déjeuner avec sa famille, grand-mère, belle-mère et belle-sœur. Les enfants ont été d’une sagesse exemplaire et nous n’avons pas eu à nous en occuper une seconde. Ils ont joué tous les quatre dans le jardin, je dis tous les quatre car André était en classe.
Maurice est encore un peu pâle, cela lui fera du bien d’avoir huit jours de bon air et de calme. Il repart lundi prochain à sa brigade qui est en train de se reformer près de Bar-le-Duc. Les dames Schwindenhammer sont toujours très entrain, très versées dans les choses militaires, dans les secteurs qui sont plus ou moins bons, etc.
Nous avons eu aussi la visite des Prononce, qui voulaient voir Maurice. Ils sont bien aimables, un peu flatteurs parfois, s’imaginant qu’il n’y a que chez nous qu’on fait son devoir, car ils nous comparent aux Perrigot, dont ils trouvent les gendres embusqués ou les Brueder qu’ils détestent.
On a lu en chaire hier une lettre de N.S.P. le pape qui recommande à tous les parents de faire communier leurs enfants dimanche prochain pour demander la paix. J’ai pensé qu’André devenait assez grand pour lui faire faire sa première communion privée à cette occasion. Notre curé est justement en permission cette semaine et je suis allée le trouver pour lui demander de s’occuper d’André un peu tous les jours et le préparer. Mr Defer, ne donnant pas de devoir, lui laisse des loisirs et Dédé ira chez Mr le Curé entre cinq et six. Mr le Curé, qui est très bien, a dit que sous forme de causeries il lui parlerait de la religion, et il fera sa première communion dimanche. Je suis contente de saisir cette occasion car ce prêtre est très bien, bien mieux que tous ceux de Cornimont et environs et laissera à André une bonne impression. Ce n’était pas dans nos idées à l’un et à l’autre de faire faire des premières communions de bonne heure à nos enfants, mais voilà qu’André a 9 ans, il est raisonnable à ses heures et peut déjà un peu comprendre et avec ces petites instructions que lui fera l’abbé Krick il comprendra je pense ce qu’il fera.
J’ai écrit à Paris de presser l’exécution de la photo puisque tu y tiens mon bon chéri, car ce que nous pouvons faire ici n’a rien de beau, j’en ferai prendre néanmoins demain par Maman pour te faire plaisir.
Bonnes tendresses, mon Geogi aimé. Ta Mi. Je repense que j’ai oublié à ton nouvel uniforme d’y faire mettre les brisques aux manches pour la blessure et les années au front, tu les feras poser là-bas quand il t’arrivera.
24 juillet - LUI.- J’ai reçu ta bonne lettre du 21 courant ainsi que la petite carte de Noëlle, à qui j’écrirai demain car tu sais qu’il est près de minuit. J’ai été pris toute la journée mais ne veux pas me coucher avant d’avoir pensé à ma petite mie et, comme le vaguemestre prend les lettres demain à 6 heures, je ne voudrais pas qu’elle n’ait pas sa lettre habituelle.
Notre petite Noëlle a eu une bonne leçon me dis-tu et tu as fort bien fait, elle se la rappellera. Pour notre petit Robert tu me sembles bien sévère et je ne sais pas si j’aurais eu ton courage. Peut-être as-tu d’ailleurs pardonné et remis cette grosse punition à une nouvelle faute.
Chez nous on ne parle pas d’offensive du côté de Tahure et à l’arrière on est toujours mieux renseigné que sur le front. Ici on cherche à faire quelques petits coups de main. On fait quelques prisonniers mais c’est tout. Seulement on est alerté assez souvent.
Le Lt Zemb est venu nous voir hier et a dîné avec nous. Il nous a fort intéressés par tous les renseignements qu’il a sur l’aviation et, comme c’est un garçon sérieux et consciencieux, il a pris son affaire très à cœur et rendra certainement de grands services. Je l’avais prié il y a quelque temps de photographier nos nouvelles positions de batterie et j’ai été content de voir qu’elles étaient si bien camouflées qu’on ne peut pas les trouver sur les photos d’avion.
Ma petite mie, il ne faut pas regretter si nous n’avons pas un autre chéri. Ne nous plaignons pas, nous en avons trois qui sont si bons. Tu sais que nous avons déjà fait notre devoir et maintenant il faut d’abord que tu te remontes tout à fait. Je suis bien en mal aussi de toi je t’assure. On parle de donner de temps à autre des permissions de 24 heures pour Paris. Quel dommage que ces permissions n’aient pas été instituées il y a un mois. J’aurais été si content de te voir et d’embrasser toutes les bonnes choses que j’aime tant.
Enfin c’est la guerre et, quoique tu ne m’en dises jamais rien, je pense bien que Messieurs les boches vous envoient de temps en temps un peu de ferraille.
25 juillet - ELLE.- J’ai reçu avec joie les photos que tu m’as envoyées. De ton abri démoli, j’en ai conclu en effet qu’il n’était pas « très très solide » comme tu veux bien m’en convaincre ou que l’obus était très fort. Enfin c’est la guerre et, quoique tu ne m’en dises jamais rien, je pense bien que Messieurs les boches vous envoient de temps en temps un peu de ferraille. Celles de tes camarades et soldats me les montrent tous en bon état de santé et quoique tu ne sois pas parmi eux, j’espère qu’il en est de même pour toi.
Nous sommes allés déjeuner à Cheniménil, c’était ma première sortie en auto depuis mon retour, tu vois que je suis bien raisonnable. Nous avons parlé avec Maurice du camion automobile, mais tu penses bien que nous ne ferions rien sans en parler à Paul, puisqu’il a le gouvernement de l’usine. Nous ne sommes pas du tout décidées et Maurice croit que Paul n’en a pas envie non plus. D’autre part, il faut absolument prendre une décision quelconque. C’est très joli, Paul envoie des masses de houille à la fois, 700 tonnes en quelques jours à la filature, il dit ou écrit : « Débrouillez-vous ». Naturellement, il voit cela de loin, il dit si souvent : « Il faut voir grand », mais de près c’est Maman qui a tout le mal, car Drach surchargé n’amène plus rien chez nous, se disant Mme Boucher est débrouillarde et saura s’arranger. Maurice disait qu’il allait plutôt lui demander de faire une demande de raccordement, il paraît qu’on en fait un aux Kiener qui avaient trop de mal aussi pour leur camionnage. Comme Paul vient déjeuner vendredi, on en parlera.
Dédé ne nous a pas accompagnés, c’est lui-même qui a émis l’idée de rester. Maurice avait dit qu’il le ramènerait à une heure, mais André a trouvé qu’il ne serait peut-être pas rentré pour l’heure exacte. Pour cela il est très régulier et ne manque pas lorsque le dîner semble traîner un peu d’aller voir l’heure de l’horloge pour être sûr. Je voudrais que tu le voies imiter Mr Defer en train de priser, de cracher, de crier : « Bougre de buse, tas d’apaches, bande de sauvages » et autres noms charmants. Comme Mr Defer boit beaucoup de grands et de petits verres, il est assez souvent violent. Enfin à notre point de vue personnel, c’est très ennuyeux, André aurait très bien pu rester deux ans encore à l’école primaire mais il eut fallu qu’elle soit bien menée et il n’en est rien. Je crains bien d’être obligée de prendre une institutrice car je ne suis pas assez forte pour m’en occuper, et une heure de Mlle Marchal ce ne serait guère suffisant.
Les permissions sont-elles rétablies chez vous et quand penses-tu avoir ton tour ? Je voudrais bien que cela vienne vite car je trouve le temps si long sans toi.
26 juillet - ELLE.- Voici quelques belles journées qui font bien plaisir. Le croirais-tu, j’ai joué au bridge tout l’après-midi chez Marie Krantz, où nous avons déjeuné avec Maurice et Thérèse. Nous y sommes restés jusque cinq heures. Maman est repartie à 4 heures avec les enfants après le goûter car ils avaient des devoirs. J’avais donné un grand verbe à faire à Noëlle comme punition car depuis quelque temps elle montre un caractère qui ne me plaît pas, elle vient rapporter ce que font ses frères, cache leurs affaires car elle sait qu’ils sont grondés quand au moment de partir en classe ils ne trouvent pas ce qui leur faut, enfin un vilain petit caractère fouinard. Hier c’est ce qui s’est passé, elle avait caché le cahier de Robert, le pauvre petit l’a cherché une grande heure, elle le voyait et ne disait rien. Je suis montée aussi, ai regardé partout, enfin elle s’est décidée à le rapporter mais l’avait soi-disant trouvé dans un endroit tellement invraisemblable qu’il a bien fallu qu’elle avoue l’avoir caché. Les garçons ne sont pas parfaits mais ils sont francs et ont très bon cœur tandis qu’elle est très dissimulée. Il n’y a que la couleur de son teint qui la trahit, car lorsqu’elle ment elle rougit, mais je voudrais bien la corriger de ce vilain défaut, je tâche de beaucoup la raisonner et espère y réussir. C’est surtout la dissimulation et les cachotteries que je déteste.
Tu as dû recevoir ma lettre où je te disais avoir reçu de la Cotonnière avis d’un virement de 4 200 et j’en ai accusé réception. Quant au coupon 1 de Cheniménil, la Banque de Mulhouse me l’avait payé mais Maurice a retrouvé le chèque payé en 1913, j’avais bien vu aussi sur ton cahier un versement en 1913 de sorte que j’ai fait faire un virement pour restituer les 2 212,30 indûment touchés.
Les permissions sont-elles rétablies chez vous et quand penses-tu avoir ton tour ? Je voudrais bien que cela vienne vite car je trouve le temps si long sans toi. Tu me manques tant mon pauvre chéri et dire que ce ne sera encore que pour six malheureux jours, ce n’est presque pas la peine de s’en réjouir, il y en a encore de si nombreux avant et après à passer seule.
Demain Maman et Maurice iront à Ronchamp pour voir Mr Mura pour l’inventaire. Ils ont demandé un laissez-passer et iront en auto, par ce joli temps cela leur fera une bonne promenade. Ils passeront par le Mont-de-fourche et partiront à une heure. En ce moment les jours sont longs et ils seront revenus avant la nuit. Charles Mura est à Salonique.
Robert a été très flatté de ta lettre, il y répondra demain, le jour de ses six ans. Comme le temps passe vite, on devient vieux sans s’en apercevoir, il me semble que les naissances de nos enfants sont d’hier et pourtant c’est déjà loin, six ans, neuf ans, une époque dans une vie.
P. Mangin n’a toujours pas son sursis, ses filles sont parties à la Bourboule avec Alice Kempf et ses enfants et s’y amusent paraît-il très bien. C’est Marie Molard qui me l’écrit. Le brave Pierre, qui avait fait sa demande pour aller passer les mois chauds à Cornimont, ce serait amusant si elle ne lui était accordée qu’en automne. Tous les inventaires connus sont très beaux mais on ne parle pas de celui de Demangevelle, je me demande ce que va en dire Paul vendredi, tu sais qu’il ne porte pas le gérant dans son cœur. Et Cornimont et les belles petites balances que tu faisais autrefois, personne n’en fait plus maintenant. Je me demande quand ils auront fini leur inventaire.
Nos hommes seront bien désillusionnés s’il faut encore attendre un an avant de retourner chez soi. Je dis toujours au commandant que, si on est obligé de passer l’hiver, il faudra leur donner des permissions plus longues ou plutôt plus fréquentes.
26 juillet - LUI.- J’ai reçu tes deux bonnes lettres des 22 et 23 juillet. Je t’assure que comme toi je vois passer les jours avec plaisir. Pourvu qu’on ne supprime plus les permissions et que je puisse te revoir au mois de septembre. Cela m’aidera à patienter encore un peu si la guerre ne doit pas être finie pour l’hiver, mais franchement je crois que nos hommes seront bien désillusionnés s’il faut encore attendre un an avant de retourner chez soi. Je dis toujours au commandant que, si on est obligé de passer l’hiver, il faudra leur donner des permissions plus longues ou plutôt plus fréquentes, espérant que cela se réalisera et que moi-même par conséquent je pourrai revoir plus souvent ma petite mie adorée.
Notre petite Noëlle me dis-tu est un peu malade mais rien de grave sûrement. C’est simplement la conséquence d’une gourmandise qu’entre nous nous excuserons, nous rappelant que nous étions comme elle autrefois. Je lui écris aujourd’hui pour la remercier de sa petite carte qui m’a fait plaisir.
Paul m’a envoyé le bilan de Laveline, auquel je ne puis rien comprendre puisque je n’ai pas les anciens bilans. Je crois que j’ai gardé les anciens dans mon livre de comptes et nous regarderons cela lorsque je reviendrai en permission. On donne 275frs par action ½ libérée, cela doit faire pour les actions libérées à peu près 10%. Tu sais que j’ai beaucoup d’actions libérées et quelques-unes non libérées. Elles sont d’ailleurs séparées dans mon livre et tu verras cela. Prends bien note ma Mie de tout ce que tu touches, afin que nous ne fassions pas d’erreur pour l’impôt sur le revenu.
Je compte les jours ma petite Mie qui me séparent de mon retour et le souvenir des dernières permissions où tu fus si gentille et où tu sus si bien répondre aux tendresses de ton Geogi m’est resté profond dans le cœur. J’y pense sans cesse et voudrais revoir ma jolie Mimi que j’embrasse avec mes chéris de tout mon cœur. Ton Geogi.
27 juillet - ELLE.- J’ai déjà ta lettre du 24 écrite si tard, me dis-tu, et après une journée fatigante sans doute. Je reconnais là ta bonne pensée pour moi, tu ne veux pas que je m’inquiète en ne recevant pas ta lettre habituelle, mon aimé Geogi toujours si bon pour ta femme. Je suis contente d’apprendre que tes nouvelles positions de batteries sont bien cachées et ne peuvent facilement être découvertes par l’ennemi. Espérons qu’il en sera toujours ainsi.
Nous avons passé l’après midi, Thérèse et moi, à travailler en gardant nos enfants. Ils ont cueilli du tilleul sur les arbres de devant la maison pour Maurice qui veut en emporter pour sa popote. Ils prennent paraît-il de l’infusion tous les soirs. Pendant ce temps, Maman et Maurice faisaient leur course à Ronchamp. Ils ne sont pas encore revenus, il est près de 7 heures, j’espère qu’ils n’auront pas eu d’ennuis, panne ou pneus.
Maman trouvera en rentrant une bonne grande lettre de Georges, qui lui fera plaisir. Il reprend ses projets pour l’usine. Il semble aller bien, ils ne sont plus que cinq Français dans ce camp, tous les autres ont été envoyés en Suisse. Il reste surtout des Russes. Pour les Français, Anglais et Belges, on a fait une innovation heureuse, on les promène tous les jours dans les bois environnants sous la garde d’un garde forestier allemand, après leur avoir fait donner leur parole d’honneur de ne pas chercher à s’échapper. Les Russes ne jouissent pas de cette faveur. Georges est content de ces promenades en dehors des grilles. Il aime toujours beaucoup que nous lui envoyions des paquets, les jours de distribution sont les mardis et vendredis, « jours sans viande » nous dit-il, les paquets sont doublement bienvenus.
Marie Krantz vient dîner ce soir avec nous et nous allons faire un excellent petit bridge. Tu vois, en ton absence je ne perds aucun de mes défauts, j’aime toujours autant les cartes. Cela te condamnera à quelques soirées de jeux à ton retour quand nous serons de nouveau bien tranquilles à Cornimont.
28 juillet - ELLE.- Maman et Maurice ont fait très bon voyage à Ronchamp. Mura est tout seul dans son usine, pas de contremaître, et se lève tous les jours pour l’entrée des ouvriers. Maman a été enchantée d’apprendre que comme elle il s’était ému de la pénurie momentanée de la houille au printemps et en avait acheté à 125 francs. Le malheur des gens vous console un peu du vôtre et Maman était contente de voir qu’un ancien avait fait la même bêtise qu’elle, la novice. Il leur a mis sous les yeux tous ses livres, au total 466. Sa fille Jeanne est à Remiremont chez Madame Pécheur, où elle va accoucher. Elle n’a pas pu rester chez elle ou à Ronchamp car il n’y a plus de docteur. Monsieur Mura a depuis la guerre une petite Bébé Peugeot avec laquelle il circule facilement pour ses affaires vers Belfort et le dimanche à Remiremont.
Aujourd’hui, nous sommes allés déjeuner à Cheniménil où nous avons trouvé Paul, qui a été très gentil. Il est resté jusque deux heures ½ puis est parti à l’usine avec Maurice. On a parlé de l’achat du camion automobile. Paul a d’abord dit qu’il trouvait que c’était cher pour la filature, puis quand on a dit que les deux usines pourraient en partager les frais, il a trouvé que la solution serait meilleure. Il faut simplement demander au camionneur de se contenter de la houille, car sur ce camion on ne transporterait que coton, caisses, tonneaux, pâtes et papiers. Paul a dit qu’il s’en ferait acheter un par la blanchisserie et nous le recéderait. Mais avant, il faut voir Drach et qu’il accepte le transport de la houille. On s’arrangerait pour que le camion ne puisse pas faire plus de 12 ou
Il paraît que Pierre Mangin lui a dit un beau chiffre pour Demangevelle, mais en ajoutant : « Oh, vous savez, je crains bien qu’on se soit trompé ». Paul en était suffoqué : annoncer un inventaire disait-il et dire qu’on s’est peut-être trompé, c’est inouï. Il disait que si Pierre quittait Cornimont et vendait sa part qu’il lui en rachèterait une partie avec sa part de Demangevelle, trop heureux de lui rendre ses actions.
Franchement cela ne va pas vite et je me demande quand va finir cette interminable guerre.
28 juillet - LUI.- Je reçois ta bonne lettre du 24. As-tu parlé à Maurice de cette question du coupon de Cheniménil ? Je suis content d’apprendre que Maurice retrouvera son poste à la brigade. Sans doute on n’est pas complètement à l’abri et sa dernière blessure le prouve bien, mais on est toujours mieux que dans une compagnie et surtout pour l’hiver, si la guerre doit encore durer, les tranchées ne sont pas très agréables à habiter.
Voilà donc notre Dédé qui va faire sa première communion. Comme le temps passe ma pauvre petite mie. Te rappelles-tu son baptême, Bonne-maman d’Epinal et ma chère maman et le cher papa étaient encore là. Comme tout cela paraît loin déjà et comme nous le regrettons ce bon temps où nous étions si heureux. Nous le serons encore lorsque nous nous retrouverons, mais franchement cela ne va pas vite et je me demande quand va finir cette interminable guerre.
Je t’envoie quelques photos, deux sont amusantes. Le lieutenant en question était parti sur le front avec nous, il a été très grièvement blessé à Crouy et est resté près d’un an à l’hôpital. Il est d’une gaîté folle, a un talent d’imitation remarquable et nous amuse en nous faisant oublier la guerre. Il sort de Centrale et était à Belgrade le jour de la mobilisation.
Je t’ai dit qu’on allait peut-être nous donner de temps à autre des permissions de 24 heures. Déon s’apprêtait à partir ces jours-ci, mais nous faisons journellement de petites affaires auxquelles les Allemands répondent. Tu as pu voir sur le communiqué leur attaque près de la Volle aux Bois et du bois des Buttes. Il faut donc être vigilant et nos petites permissions ne commenceront que plus tard. Nous n’avons d’ailleurs pas beaucoup d’artillerie boche devant nous et, depuis que nous avons quitté le bois de Gernicourt, où nous avons été copieusement arrosés, nous n’avons pas reçu un coup de canon.
Je suis content que Maman t’ait prise en photographie. Tu vas bien vite m’envoyer les épreuves afin que je puisse admirer ma petite mie de temps à autre et voir ces jolis yeux si doux dont je suis si amoureux. Je suis d’ailleurs amoureux de toute ma Mimi, mais évidemment la photo ne peut dévoiler toutes ces jolies choses que je me réjouis tant de caresser et d’aimer comme elles le méritent.
Bonnes amitiés à Maman et à Thérèse. Je te serre sur mon cœur avec nos chéris comme je t’aime, ma mignonne chérie.
Mon pauvre chéri est bien en mal de sa petite femme, de ses enfants et de sa vie d’autrefois… Il y a un temps fou que je ne t’ai plus vu.
30 juillet - ELLE.- Je ne t’ai pas écrit hier, je ne sais comment la journée s’est passée. Je me suis levée tard le matin, puis je suis allée me confesser. A onze heures, j’ai préparé André pour qu’il en fasse autant le soir à cinq heures. Puis Maurice est arrivé avec les siens pour déjeuner et passer l’après-midi. Vers quatre heures les enfants ont cueilli du tilleul, André est parti chez Monsieur le Curé. Quand il est revenu, pour qu’il ne se dissipe pas trop, je les ai emmenés tous les trois dans un coin du jardin où nous avions enterré en août 1914 un fusil boche à répétition, que Georges Boucher nous avait confié. Si les Allemands étaient venus, il n’eut pas fallu qu’ils le trouvent, mais comme maintenant il n’y a plus à craindre qu’ils viennent, on peut le déterrer. Nous nous y sommes donc employés, mais nous n’avons pas pu le mettre à jour. Nous l’avions introduit bien graissé dans un grand tuyau de fonte pour le garantir de l’humidité. Le tuyau est dégagé mais il faut qu’un homme vienne nous le sortir. Les enfants étaient très contents d’être au courant de la cachette.
Ce matin, nous sommes tous partis à 7 heures pour communier. Mais Monsieur Dédé avait bien du mal d’être recueilli, il faut vraiment que Dieu ait des trésors d’indulgence. Néanmoins André a auprès de ses frère et sœur l’allure d’un héros, ils le regardent attentivement et l’ont embrassé très tendrement au retour de l’église.
Tout à l’heure, on va retourner à la grand’messe, puis catéchisme et nous allons déjeuner chez Thérèse, Maman et moi. Les enfants n’y viendront qu’à une heure parce que Maurice a invité des officiers d’Epinal et cela ferait une trop grande table. Je reçois ta lettre du 26 et j’y vois que mon pauvre chéri est bien en mal de sa petite femme, de ses enfants et de sa vie d’autrefois. Cela devient en effet bien long. Ces derniers mois depuis ta permission me semblent passer lentement, je crois qu’il y a un temps fou que je ne t’ai plus vu.
Je crois avoir inscrit bien exactement les sommes touchées ce mois-ci pour les usines qui ont fait des versements de façon à ce que tu t’y retrouves et puisses les retranscrire sur ton livre.
L’aumônier a fait d’abord un sermon en breton, il faut croire qu’il y a encore de ces braves gens qui ne savent pas le français, au XXe siècle !!!
30 juillet - LUI.- J’ai reçu tes deux bonnes lettres du 26 et 27 juillet. Es-tu bien remise de ton voyage à Paris et à Nancy et continues-tu à grossir ? Tu as raison de corriger Noëlle du vilain défaut que tu me dis être son défaut dominant. Je ne connais rien de plus détestable que la fausseté ou la dissimulation.
J’ai été ce matin à la grand-messe dite à Hermonville par l’aumônier du régiment d’infanterie qui occupe les tranchées qui sont devant nous. C’est un homme encore jeune qui est fort bien. Nous l’avons eu à déjeuner. Ce régiment est un régiment de Bretons. C’est te dire que tous les officiers et beaucoup d’hommes sont très catholiques. C’était aujourd’hui la fête de Ste Anne, patronne des Bretons. L’église était comble. L’aumônier a fait d’abord un sermon en breton, il faut croire qu’il y a encore de ces braves gens qui ne savent pas le français, au XXe siècle !!! puis il a parlé en français et a raconté que, le jour de Tahure, le capitaine d’une compagnie, qui était un peu en l’air et qui était violemment bombardée, a invoqué Ste Anne avec tous ses hommes. Instantanément, disait l’aumônier, le tir de l’artillerie allemande s’était allongé. Enfin le régiment porte toujours avec lui une petite statuette de Ste Anne, qui trônait aujourd’hui au milieu de l’église entourée de lauriers et de fleurs. Le régiment est revenu de Verdun depuis un mois et demi à peu près. Le colonel porte un grand nom (de Courcy) et est allié des familles allemandes qui ont quitté la France sous Louis XIV après la révocation de l’Edit de Nantes. Tous les officiers sont très gentils. Nous les recevons de temps à autre à notre table.
Nous ne sommes plus alertés et Déon a pu partir ce matin choisir des chevaux à Château-Thierry, c’est-à-dire aller à Paris passer une journée, le veinard. Quel dommage que Docelles ne soit pas Paris !
Je ne suis pas de ton avis pour Dédé. D’ailleurs puisque voici les vacances nous en reparlerons à ma prochaine permission. Mais tu comprends bien ma petite mie qu’avec une institutrice il n’y a aucun effort personnel. On compte toujours sur elle. Elle est constamment là pour surveiller les devoirs et, involontairement et pour montrer qu’elle enseigne bien, elle aide beaucoup trop ses élèves. Tu peux être tranquille, avec une institutrice, tu auras de beaux cahiers, des devoirs très bien faits, des problèmes difficiles très bien résolus, mais ce ne sera pas Dédé qui aura fait tous ces devoirs et résolu tous ces problèmes, ce sera l’institutrice. A mon avis, l’école primaire avant tout, même si on n’y fait pas grand chose. En dehors de l’école primaire, si Dédé n’a aucun devoir à faire, j’admets que Mlle Marchal lui en donne, mais qu’elle ne vienne jamais à la maison ou une seule fois par semaine, pour apprendre de temps à autre mais pas souvent quelque chose de nouveau. Songe donc, ma petite mie, si notre Dédé savait déjà bien tout ce qu’il a appris, ce serait presqu’un savant. Enfin tu sais que je n’ai pas de parti pris et que je me rangerai toujours à tes raisons si elles sont bonnes. Mais vois-tu, je ne m’inquiète en aucune façon car, je te l’ai déjà dit, j’ai rencontré depuis la guerre pas mal de jeunes gens qui avaient fait comme ce pauvre Jonett et qui avaient vite rattrapé le temps perdu. Quand j’avais l’âge de Dédé, je n’aurais certainement pas compris les problèmes qu’on lui fait faire. Cela ne m’a pas empêché d’arriver à l’X. Lutte simplement contre la paresse et à cet âge-là la paresse intellectuelle est tout à fait commune. Il ne faut jamais s’en inquiéter. Mais ce que j’appellerai la paresse physique, il faut énergiquement la combattre parce que forcer les enfants à travailler physiquement ne leur fait aucun tort au contraire, lorsqu’on n’abuse pas de leurs forces.
Gravures du Petit Journal - Supplément illustré - 30/07/1916 (N° 1336)
Le général Douglas Haig - Commandant en chef des armées britanniques
Le général Douglas Haig généralissime des armées anglaises sur notre front est un combattant de la première heure. Sous les ordres du maréchal French, le général Haig, au début de la guerre, commandait le 1er corps anglais qui subit, après Charleroi, le plus rude effort de l’offensive allemande… La retraite de Mons fut pour ce chef énergique l’occasion de témoigner du plus rare sang-froid. Les troupes excellentes qu’il avait sous ses ordres tinrent tête à l’ennemi et résistèrent à ses assauts répétés. Pendant sept jours, le corps du général Haig contint quatre corps d’armée allemands, tandis que s’opérait la retraite des troupes franco-anglaises. A la Marne, les soldats de Douglas Haig se distinguèrent encore. C’est le 1er corps de l’armée anglaise qui chassa l’ennemi du Petit Morin et qui, à Château-Thierry, traversa le fleuve sous un déluge de mitraille. A la bataille de l’Aisne, le 1er corps anglais se fit remarquer de nouveau et défendit héroïquement le plateau de Craonne contre des forces infiniment supérieures. C’est alors que le haut commandement décida d’envoyer les forces anglaises à l’aile gauche du front, c’est-à-dire à proximité de l’Angleterre. L’armée de nos Alliés pouvait ainsi recevoir plus facilement ses renforts, ses approvisionnements, son matériel.
Sir Douglas Haig et ses soldats arrivèrent en Flandre juste à point pour prendre part à la terrible bataille de l’Yser. Là encore les soldats anglais se couvrirent de gloire. Leur héroïsme fut digne de celui de nos fusiliers marins et de celui des vaillantes troupes belges qui défendaient le dernier lambeau de leur territoire. Les attaques furieuses subies par le premier corps anglais ne réussirent pas à l’entamer. Des régiments se firent hacher sur place. Mais l’ennemi fut contenu. On sait enfin quel fut le rôle des soldats du général Haig dans la grande offensive de mars 1915, et comment ils infligèrent à Givenchy une cruelle défaite à l’ennemi.
Tant de pages héroïques à l’actif des soldats du premier corps anglais valurent à leur chef l’honneur d’être appelé à commander l’ensemble des forces britanniques lorsque le maréchal French se retira. Cette « misérable petite armée » comme disait naguère le Kaiser, est devenue, dans les mains du général Haig, une armée formidable. Les boches, qui en parlaient si légèrement, apprennent une fois de plus, dans les combats qui se déroulent sur le front anglais, à connaître ce qu’elle vaut et ce que vaut le chef qui la commande.
Quelques notes biographiques en terminant : Sir Douglas Haig a 55 ans. Il est d’origine écossaise. Ancien élève d’Oxford, il entra dans l’armée en 1885 comme lieutenant de hussards. Nommé capitaine six ans plus tard, il fut admis au Staff College, qui est, en Angleterre, l’équivalent de notre école de guerre. En 1898, on le trouve sous les ordres de Kitchener, en Egypte et au Soudan ; puis il prend part comme major à la guerre du Transvaal. Aide de camp du roi en 1902, il est nommé, l’année suivante, inspecteur général de la cavalerie des Indes. Depuis 1906, il a tour à tour occupé d’importantes fonctions au ministère de la Guerre ou exercé de hauts commandements dans l’Inde ou dans la métropole. Ajoutons que, dans l’armée anglaise, on l’appelle volontiers « Lucky Haig » (Haig le veinard). La destinée, en effet, l’a comblé de ses faveurs. Mais il a su s’en montrer digne. Et, partout où il a passé, il a témoigné des plus remarquables dons du chef et du soldat. Un de nos confrères qui l’a vu au quartier général anglais, dit que, depuis la disparition de lord Kitchener, aucun chef n’est plus représentatif des qualités britanniques. Il a « l’élégance native, la droiture de caractère, l’énergie froide, l’audace. » Il est, disent les Anglais, l’homme du ‘push’, c’est-à-dire de la poussée, de l’offensive. Et les boches en ce moment doivent s’en apercevoir.
La bataille de la Somme
Les batailles, autrefois, portaient le nom des villes ou des villages aux environs desquels elles se livraient. Cette guerre aura bouleversé non seulement toutes les méthodes de combat, mais encore toutes les traditions de l’histoire. Une bataille n’est plus un engagement de troupes sur un terrain restreint, c’est une rencontre de forces innombrables qui s’étendent sur un espace considérable, telle, par exemple, la vallée entière d’un fleuve ou d’une rivière. Et c’est ainsi que les batailles d’aujourd’hui ne prennent plus le nom des villes, mais celui des fleuves : batailles de la Marne, de l’Aisne, de l’Yser, de la Somme.
Car le nom de bataille de la Somme restera probablement acquis aux actions que la grande offensive franco-anglaise a déterminées entre cette rivière et l’Ancre. C’est, en effet, dans la vallée de la rivière aux multiples marécages, que la bataille a éclaté. Et quelle bataille !... Jugez-en par cette description qu’un officier allemand prisonnier a faite des effets de la préparation d’artillerie. Obus lourds et torpilles aériennes s’abattent sur les tranchées allemandes.
« On voit, dit l’officier, une vague terreuse s’élever à 100 mètres au moins de hauteur. L’éruption d’un Vésuve en miniature. Les explosions se succèdent sans interruption. Une épaisseur de quatre mètres de terre ne suffit pas contre la déflagration des torpilles ; les obus arrivent toutes les dix ou vingt secondes et cela devient infernal. Muets d’étonnement et quelques-uns glacés par la terreur, nos hommes se taisent. Des éclairs éblouissants se montrent au loin, et avec un sourd grondement, de lourds obus s’abattent sur les tranchées. Les gros calibres, jusqu’aux monstrueux 380, font entendre leur voix épouvantable. C’est le moment où une tempête de feu et d’acier éclate dans toute sa violence. Elle gronde à l’horizon, elle s’approche et roule sur les airs son énorme fardeau. Partout les éclairs jaillissent sur un plus vaste espace et le fracas redouble. Un lourd nuage de terre et de fumée couvre la voûte du ciel qui, peu à peu, semble s’ouvrir et se fermer. D’horribles convulsions secouent et déchirent le sol. Il semble que tout est menacé de destruction. » Alors l’infanterie entre en scène, et rien ne résiste à son élan. Et c’est ainsi que partout, entre l’Ancre et la Somme, les Allemands ont dû reculer devant l’offensive concertée des deux armées alliées.
Les instantanés de la guerre (photos)
Amorçage d'une fusée
Distribution de viande fraîche
Au poste avancé
Gros canon anglais en action
Un coin de Soissons après le dernier bombardement
Campement de troupes indigènes
La "Piéta" de l'église de Woësten
Un instant de repos
La cathédrale de Soissons après le dernier bombardement
Construction d'un pont au-dessus d'un boyau
Veillée d'armes - Groupe cycliste
La cathédrale de Soissons après le dernier bombardement
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