14-18Hebdo

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100e semaine de guerre - Lundi 26 juin au dimanche 2 juillet 1916

 

LUNDI 26 JUIN 1916 - SAINTS JEAN ET PAUL - 694e jour de la guerre

MARDI 27 JUIN 1916 - NOTRE-DAME DU PERPETUEL SECOURS - 695e jour de la guerre

MERCREDI 28 JUIN 1916 - SAINT BENIGNE - 696e jour de la guerre

JEUDI 29 JUIN 1916 - SAINTS PIERRE ET PAUL - 697e jour de la guerre

VENDREDI 30 JUIN 1916 - SAINT CŒUR DE JESUS - 698e jour de la guerre

SAMEDI 1ER JUILLET 1916 - PRECIEUX SANG - 699e jour de la guerre

DIMANCHE 2 JUILLET 1916 - VISITATION DE NOTRE-DAME - 700e jour de la guerre

Revue de presse

-       L'offensive formidable contre Verdun continue

-       L'artillerie anglaise est toujours très active

-       Les Russes progressent dans la région de Brody et vers Kolomea - La conquête de la Bukovine est complète

-       La Roumanie démobilise - La frontière de Hongrie est dégarnie

-       Sur le plateau d'Asiago la lutte est toujours intense à l'avantage des Italiens

-       Les hôtels de Gand sont encombrés de blessés allemands

-       Les Autrichiens en retraite au Trentin - Les Italiens ont reconquis la ville d'Asiago et la plupart des positions jusqu'à la frontière

-       198 000 prisonniers faits par l'armée du général Broussiloff

-       Grande activité des patrouilles anglaises sur tout le front

-       Les pertes prussiennes : 2,750,000 hommes et ce n'est pas toute la vérité

-       Les Allemands tentent une offensive au sud de Riga

-       Heureuses opérations préliminaires sur le front britannique et à notre aile gauche

-       Le général Letchitsky remporte de nouveaux succès en Bukovine

-       Les progrès de l'avance italienne continuent malgré la résistance autrichienne

-       Nos magnifiques troupes enlèvent l'ouvrage de Thiaumont

-       L'Indochine dans la rafale

-       Graves incidents au Maroc espagnol

-       Sur un front de plus de 40 kilomètres l'offensive franco-britannique s'est déclenchée au nord & au sud de la Somme

-       Les Russes enlèvent Kolomea - Les Autrichiens battent en retraite vers l'ouest

-       Une révolte au Monténégro

 

Morceaux choisis de la correspondance

26 juin - ELLE (dans le train pour Paris).- Mon cher mari, me voici dans le train qui m’emmène à Paris. Je pars accompagnée de la plus belle pluie qui puisse tomber en été et le bruit circule dans le train que nous aurons beaucoup de retard à cause des nombreux trains qui transportent des troupes. Hier déjà, les trains devant arriver à Epinal à 5 heures du soir n’y étaient que près de minuit. Je tombe toujours au bon moment décidément, il en était de même déjà en février lors de notre départ à Moulleau.

 

Maman et Thérèse m’ont amenée à la gare d’Epinal, et de là partaient à Thaon à l’enterrement de Monsieur Willig, qui est mort vendredi soir chez sa fille Elisabeth. Il a dû mourir très subitement, car nous l’avions rencontré en rue à notre dernier voyage à Epinal et il semblait aller bien. Comme mon voyage était décidé, le docteur et les Molard prévenus de mon arrivée, je n’ai pas voulu retarder, j’écrirai à ces dames depuis Paris. Maman et Thérèse représenteront la famille.

 

Paul Cuny devait partir à Paris avant-hier. Peut-être s’il a su la mort assez tôt, sera-t-il resté dans les Vosges pour assister à l’enterrement. Il a vu Thérèse vendredi et est très satisfait de Cheniménil qui marche bien maintenant. A Laveline, l’inventaire a donné le double de ce que tu comptes comme amortissement et intérêts chez les H.G.P., mais n’en dis rien à Paul, car il ne voulait pas que je te le dise, je ne sais pas pourquoi d’ailleurs. Il paraît que Marie Paul va partir à St Gervais pour faire une cure d’air. Ces chères belles-sœurs sont amusantes, elles ont des maisons de campagne mais ne veulent pas s’en servir et vont louer des villas dans les lointains. Enfin pour une fois elles vont au moins en France et Paul pourra peut-être y aller passer un moment avec elle.

 

Les enfants n’étaient pas très contents de me voir partir, tout leur manquera en même temps, leur maman et les soldats qui ont reçu l’ordre d’embarquer ce matin. Si c’est vrai que l’offensive va prendre, il est probable que nous n’aurons plus de division au repos dans nos environs. On annonce que c’est sûr cette fois, mais je suis contente de penser que ce n’est pas près de chez toi qu’on commence la première poussée. Tu vas me dire que j’ignore les projets du grand Q.G., c’est vrai, mais tant de paroles entendues de-ci de-là vous mettent un peu au courant.

 

Ecris-moi à l’hôtel d’Iéna, je serai si contente d’avoir de tes nouvelles.

 

Il y a une violente lutte d’artillerie dans le Nord, peut-être est-ce le début de l’offensive anglaise. Il est temps je crois pour Verdun qu’elle se produise. On nous donne aussi de bonnes nouvelles des Russes et même des Italiens qui auraient repoussé les Autrichiens et repris pas mal des positions qu’ils avaient dû abandonner il y a un mois. Enfin nous sommes un peu dans la fièvre de l’attente et nous voudrions bien que tout cela se déclenche une bonne fois afin de nous permettre de revoir nos épouses si chères.

26 juin - LUI.- J’ai reçu tes deux bonnes lettres du 22. Ah ma pauvre Mie, les broches ne sont plus guère tes rivales. Elles ne l’ont jamais été d’ailleurs mais je les ai rudement oubliées tandis que toi, tu sais ma petite mie que je ne t’oublie pas et qu’il m’est impossible de ne pas penser souvent à toi et aux chers souvenirs d’autrefois.

 

Je ne sais pas si ma lettre te parviendra. Je t’ai dit qu’on avait supprimé les permissions. On nous dit aussi qu’on va retenir nos lettres pendant quelques jours et comme je n’ai pas pu te prévenir je crains que tu ne sois inquiète. Mais peut-être le sauras-tu, puisque vous avez toujours des troupes dans vos environs et que les mêmes règles s’appliquent ou doivent s’appliquer partout. Les journaux nous apprennent qu’il y a une violente lutte d’artillerie dans le Nord, peut-être est-ce le début de l’offensive anglaise. Il est temps je crois pour Verdun qu’elle se produise. On nous donne aussi de bonnes nouvelles des Russes et même des Italiens qui auraient repoussé les Autrichiens et repris pas mal des positions qu’ils avaient dû abandonner il y a un mois. Enfin nous sommes un peu dans la fièvre de l’attente et nous voudrions bien que tout cela se déclenche une bonne fois afin de nous permettre de revoir nos épouses si chères.

 

Ma petite mie je voudrais bien t’avoir dans mes bras, il fait si bon comme tu dis avoir ta petite tête dans le creux de mon épaule, j’aime tant tes caresses et je suis si fou de tout ton être. Je te serre sur mon cœur comme je t’aime. Ton Geogi.

 

Les jours me semblent longs depuis que tu es reparti.

27 juin - ELLE (Paris).- Comme on me l’avait fait prévoir j’ai eu un retard énorme, 22 heures pour venir d’Epinal à Paris, presque comme au début de la guerre. Je n’ai débarqué ici qu’à 7 heures du matin. Hier je n’avais pas pu déjeuner à midi, notre train n’étant arrivé qu’à cinq heures du soir à Chalindrey, il a fallu que j’attende l’heure du dîner au wagon-restaurant. Enfin ce sont petits ennuis de la guerre, je n’avais pas de petits enfants avec moi, quand on est seule on accepte plus facilement ces petits inconvénients.

 

Si les permissions ne sont pas supprimées de vos côtés, ne pourrais-tu pas obtenir 24 heures pour venir jusqu’ici, je serais si contente de te voir, tu n’as pas besoin de dire que c’est pour venir retrouver ta femme, les jours me semblent longs depuis que tu es reparti.

 

En arrivant à l’hôtel, j’ai fait une bonne grande toilette pour me ragaillardir de la nuit passée en wagon. Pendant ce temps Paul Laroche-Joubert a téléphoné de chez Madame Roques, mais comme je n’étais pas en état de descendre, je lui ai fait répondre que j’irais le trouver une ½ heure après. Je voulais lui causer de différentes choses que Maman m’avait dites et en particulier pour les 100 000 couronnes que notre pauvre Mère a achetées à 180 croyant ainsi fixer son change et le malheur veut que le change baisse terriblement depuis son achat, il a été à 165, maintenant il est à 169,5. Paul et moi irons cet après-midi chez Paul Picard pour lui demander son avis à ce sujet. Il doit être renseigné et nous dire de suite si cette baisse est momentanée ou si elle va s’accentuer et je télégraphierai à Maman ce qu’elle doit faire, revendre ou garder. Pour une fois qu’elle veut spéculer, la pauvre chérie, cela ne lui réussit guère.

 

Tu recevras des chaussures sous peu, elles ont été envoyées hier de Docelles.

 

28 juin - ELLE (Paris).- Comme je te le disais dans ma lettre d’hier, j’ai vu Paul L.J. hier matin et nous avons convenu d’aller ensemble chez Paul Picard pour avoir des renseignements sur les changes étrangers.

 

Paul est donc venu me chercher chez Marie Molard à deux heures et nous nous sommes fait conduire à la Banque de France. Paul Picard nous a très bien reçus. Je lui ai donc raconté ma petite affaire, que Maman avait acheté des couronnes à un certain prix de 180frs pour fixer ainsi son change dans ses paiements de pâtes, mais qu’il se trouve qu’après avoir monté à 187, le taux était descendu à 169 et qu’elle se demandait si cela allait continuer à baisser. Paul Picard n’a rien voulu dire. Il a raconté que la B. de F. et les grands financiers font tout pour faire baisser le change, qu’ils ont de grosses négociations en train dans ce but et espèrent réussir mais n’en sont pas sûrs.

 

Il a fait descendre le directeur du service de l’escompte pour parler avec Paul L.J. de certains projets dont Paul les avait entretenus par lettre, des dépôts à la B. de F. de valeurs sûres comme garantie de crédit dans une banque suédoise qui effectuerait les paiements, mais les Suédois ont refusé. Ils ont aussi parlé de faire passer les paiements par les Etats-Unis, mais ceux-ci n’accordent de crédit que pour les achats faits chez eux exclusivement.

 

J’ai raconté à ce directeur ma petite histoire de couronnes et lui demandais conseil, vendre ou garder. Il s’est d’abord récusé, puis a fini par me dire : « Vendez vite vos couronnes et achetez des roubles pour balancer votre perte car les roubles vont remonter ». Là-dessus, P. Picard a dit : « Vous donnez un conseil de spéculateur, ma cousine n’avait pas acheté de couronnes pour spéculer mais pour faire ses paiements de pâtes. Elle n’a pas d’achats en Russie, donc elle n’a pas besoin de roubles ». C’est dommage a répondu l’autre car c’eût été une bonne affaire, mais « vendez vos couronnes ».

 

Nous avons bien vu Paul et moi qu’ils croient en des événements prochains qui feront baisser les changes des neutres, mais ils ne voulaient pas s’engager.

 

Il paraît que sur le réseau du Nord, non seulement on ne fait plus le transport des marchandises, mais celui des voyageurs est interrompu aussi pour quelques jours, et qu’on parlait d’en faire autant pour l’Est. J’espère que d’ici le 7 juillet ce sera remis, car je ne tiens pas à rester ici plus que je n’y suis obligée par le docteur. J’ai fait ma première séance hier. A raison de six avec un intervalle de deux jours, cela me mène à vendredi en huit et mon départ au lendemain.

 

En sortant de la banque, Paul L.J. m’a emmenée chez Chaumet choisir une broche pour sa femme. De là, il est parti faire des courses et je suis allée chez Marie Paul, qui est encore bien pâle et sans forces, elle se désole et craint de ne pas se remonter. J’ai cherché à la consoler naturellement. Elle part prochainement à St Gervais, dès qu’elle se sentira capable de supporter le voyage. Comme les trains directs se rétabliront vers le 12 juillet, elle attendra vraisemblablement ce moment. Ne parle pas à Paul de l’inventaire car Marie Molard m’a dit que Paul craignait des indiscrétions par lettres et, s’il savait que je te l’ai écrit, il ne serait pas content. Lui as-tu écrit pour sa fête ?

 

Paul L.J. est venu dîner hier soir chez Marie Molard. Il voulait m’emmener au restaurant et au théâtre, mais j’avais si sommeil, je l’ai prié de remettre cette fête à aujourd’hui. Nous avons donc dîné ensemble rue Boissière et je suis rentrée de bonne heure ayant besoin d’une bonne nuit.

 

Je t’aime mon chéri. As-tu reçu ma lettre d’hier et étudié ma proposition. Crois-tu qu’elle soit réalisable.

 

Les Anglais nous dit-on vont attaquer sérieusement. Pourvu qu’ils réussissent !

28 juin - LUI.- Je reçois ta bonne lettre du 26 me disant que tu pars pour Paris. Tu tombes mal ma pauvre Mi et j’ai bien peur que tu ne sois fatiguée par un voyage qui sera certainement long, puisque les trains militaires doivent abonder sur la ligne de l’Est. Je t’ai écrit hier à Docelles et te disais que les permissions étaient supprimées et même que nos correspondances ne nous parviendraient peut-être pas pendant quelques jours, ce qui pourrait peut-être t’inquiéter. Je t’écris donc encore aujourd’hui, espérant qu’on n’arrêtera pas nos lettres et que celle-ci t’arrivera. C’est quand même bien dommage que nous ne puissions prendre une petite permission de 48 heures pour Paris, ce serait si commode et je serais si heureux de te revoir et de passer quelques bons moments avec ma chérie.

 

Je te recommandais dans une de mes dernières lettres de profiter de ton voyage à Paris pour t’y faire photographier. N’oublie pas et va chez un excellent photographe et envoie-moi de suite une épreuve que je serai si content de porter sur mon cœur.

 

Rien de nouveau de notre côté. Les Anglais nous dit-on vont attaquer sérieusement. Pourvu qu’ils réussissent.

 

Bonnes amitiés aux Molard et à Marie Paul. Ne t’ennuie pas trop dans ta chambre toute seulette et dis-toi que ton Geogi voudrait bien être avec toi le soir quand tu rentres. Te rappelles-tu la bonne si bonne soirée que nous avons passée ensemble à l’hôtel Terminus lorsque je sortais de l’hôpital. Je t’embrasse en y pensant de tout mon cœur. Ton Geogi.

 

29 juin - ELLE (Paris).- Je reçois ta lettre du 23 qu’on me retourne de Docelles. Ne sois pas navré, tu ne m’as fait aucune peine, mon chéri, as-tu donc oublié que c’est « moralement que tu as tes élégances » et que c’est cela que j’aime en toi. Maintenant, puisque tu sais que j’apprécie aussi une bride et un ceinturon ajustés, je suis sûre que pour me faire plaisir, en pensant de temps en temps à ta petite Mie, tu serreras un ou deux crans de plus pour que cela tienne droit. Si tu venais me voir ici, je te montrerais bien à la mettre. Je saurais très bien t’habiller et toi, tu me rendrais aussi le même service. Au fait, je crois que tu aimes mieux me défaire mon corsage que l’agrafer, c’est moins long, n’est-ce pas, mon Gi. Si tu savais comme c’est triste de ne pas avoir son chéri avec soi à Paris.

 

Hier soir, Paul Laroche-Joubert m’a emmenée au concert Mayol. Le spectacle était très amusant, mais à la sortie nous n’avons pas pu trouver de taxi, j’ai donc pris le métro jusque l’Etoile. A l’Etoile plus de correspondance, il faisait nuit noire, heureusement j’ai trouvé un fiacre qui s’est fait surpayer pour m’amener jusqu’ici, mais je ne me souciais pas de descendre cette avenue déserte, toute seule dans la nuit. Tandis que si j’avais eu le bras de mon cher petit mari, c’eût été une promenade exquise et un retour dans notre chambre et un coucher encore meilleur. Tu vas me trouver bien follette, mais mon Geogi je t’aime, alors tu excuseras mes petites bêtises. Tu me demandes un baiser de pardon, je t’en envoie cent à condition que tu me les rendes et même dix fois plus.

 

Tu me parles toujours de mes robes élégantes, mais tu sais ne t’attends pas à des merveilles. D’abord en noir ce n’est jamais très plaisant et puis, pendant que tu n’es pas là et que nous sommes entourés de troupes, tu penses bien que je ne peux pas faire grandes toilettes, je suis encore assez provinciale pour m’occuper du « qu’en dira-t-on » et ne veux pas qu’on te dise quand tu rentreras que ta femme est une coquette. Non, mais vois-tu cette brouille, cette chose affreuse dans notre ménage, mon mari gentil grondant sa femme, qu’est-ce que je deviendrais ? Tu me crois peut-être bien présomptueuse et m’imaginant qu’avec une belle robe on ferait attention à moi. C’est vrai qu’une jolie toilette embellit, je ne dis pas que cela me ferait remarquer car il n’y a que toi mon aimé qui me trouve jolie, mais il est de fait que, dans notre campagne, une robe qui paraîtrait peu de chose ici y fait plus d’effet et, en ce temps de guerre, on est obligé à plus de réserve.

 

Avec tout cela, je ne t’ai pas parlé de ma soirée d’hier avec P.L.J. Nous avons dîné chez Prunier où je me suis commandé un délicieux homard à l’américaine, pour une personne souffrant soi-disant de l’estomac, qu’en dis-tu ? C’est une preuve qu’il va joliment bien, car il n’en a souffert aucunement. J’aurais voulu te faire envoyer un plat de homard mais ils n’en font plus pour le front. Je n’ai trouvé que de la bouillabaisse qu’on m’a dit être très bonne. Cela te rappellera nos dîners à Marseille sur le port. Si tu ne l’aimes pas, jette-la ou donne-la plutôt à un de tes méridionaux.

 

Maman fait tout ce qu’elle peut pour empêcher Henrion de lui envoyer encore 2 péniches de houille à Giraucourt car le tout dépasse le tonnage de son marché.

 

30 juin - ELLE (Paris).- Nous avons eu Lili Nicolas à déjeuner. C’est en effet une bien jolie jeune fille, très séduisante. Elle n’est pas la petite jeune fille comme je l’étais, n’ayant rien vu, ne sachant rien de la vie, elle a reçu une éducation plus américaine, lit tous les livres, va dans tous les théâtres. Elle était ici avec son frère Gérard qui venait passer sa philosophie, entre parenthèses il a été refusé, mais on a célébré gaiement son échec en allant le soir à l’Olympia, au « Veilleur de nuit » joué au Palais Royal, pièce que Marie Molard dit être tout ce qu’il y a de moins jeune fille. On allait déjeuner au pavillon d’Armenonville et le soir en rentrant du théâtre, comme on ne peut plus aller dans les cafés, on se faisait monter dans sa chambre d’hôtel un petit souper avec du champagne. Que dis-tu de cela ? Evidemment il n’y a là rien de répréhensible mais tout de même à la place de Marie Nicolas, j’aurais accompagné ma fille à Paris ou je l’aurais fait accompagner par une institutrice ou par sa sœur aînée, et en tout cas je lui aurais conseillé plus de réserve, car une jolie fille comme celle-là, gaie, entrain, joliment habillée, peut être prise pour ce qu’elle n’est pas et s’attirer des ennuis.

 

Sa famille et elle vont revenir à Xoulces pendant un mois, puis elles iront à Berck et de là retourneront à Nice où Marie vient d’acheter une magnifique villa. Comme elle avait un long bail pour celle qu’elle habite en ce moment elle va chercher à la sous-louer.

 

Ce matin je vais déjeuner chez Paul Cuny que je n’ai pas encore vu. Marie Molard se plaint que Marie Paul cherche à faire le vide de la famille autour de Paul, que Marie doit avoir en ce moment un très drôle de caractère, qu’il y a des jours où Paul semble exaspéré. En tout cas pour nous c’est un fait, l’an dernier pendant que sa femme était en Suisse, Paul avait pris la gentille habitude de s’arrêter souvent à Docelles. Il semblait s’intéresser aux enfants, faisait semblant de regarder les devoirs. Depuis que Marie est rentrée, il est juste venu une fois au début de l’hiver et depuis plus rien, il n’a pas donné d’étrennes à Noëlle. Est-ce un oubli, est-ce Marie qui en est cause, je n’en sais rien. Mais comme je n’ai rien fait, je ne m’en inquiète pas et ne veux pas avoir l’air de m’en apercevoir car Marie pourrait croire que mon affection pour eux n’est pas désintéressée, et Dieu sait pourtant que je ne compte pas du tout sur ce qu’ils ont et que je serais la première à me réjouir s’il leur venait des enfants, c’est si triste un ménage sans enfants.

 

Je t’aime mon Gi chéri, quand te reverrai-je, n’as-tu pas essayé de demander une permission ?

 

30 juin - LUI.- J’ai reçu tes deux bonnes lettres datées de Paris. J’étais sûr que le voyage serait long mais enfin, me dis-tu, tu n’as pas été trop fatiguée et c’est l’essentiel. Je te recommande bien de te ménager et, tout en profitant de ton séjour à Paris, de ne pas faire d’imprudence.

 

Ma pauvre Mie, la combinaison que tu proposes est bien impossible à réaliser. Les permissions, je te l’ai écrit, sont totalement supprimées depuis huit jours, sinon j’aurais peut-être tenté quelque chose et demandé 48 heures pour passer 24 heures à Paris, sans d’ailleurs que ma demande ait eu, je crois, beaucoup de chances de succès. Mais maintenant c’est impossible, te dire combien je le regrette n’est pas possible. Il eût fait si bon rentrer le soir dans notre petite chambrette. Il eût fait si bon la prendre sur mes genoux, ma petite mie, la dépouiller de tous les voiles qui cachent les chers petits trésors que j’aime tant, puis dans notre lit ma Mi tu m’aurais donné tout toi, et ton Geogi eût été au comble du bonheur. Que veux-tu, il faut y renoncer et prendre courage, mais une aussi longue attente est bien dure. En tout cas ma petite Mi promets-moi de te faire photographier à Paris et de m’envoyer le plus tôt possible une épreuve.

 

J’ai écrit à Paul Cuny et à Paul Laroche-Joubert pour leur fête. Bien entendu je n’ai pas parlé d’inventaire à Paul. Ta pauvre maman doit se faire de la bile avec cette fameuse question du change. Tâche de lui dire encore combien ces pertes d’argent sont insignifiantes. D’ailleurs en somme ce n’est pas une perte, puisque vous aviez vendu du papier et que le prix de vente doit quand même vous laisser de la marge.

 

Bonjour à Paul s’il est encore là. Combien j’aurais aimé être à sa place lorsqu’il t’a conduite au restaurant et au théâtre.

 

Et toi aussi tu es en mal de moi et quelques heures avec ta femme t’auraient fait du bien, avant les grosses batailles cela t’aurait redonné du courage.

1er juillet - ELLE (Paris).- Tes deux lettres du 26 et 28 me sont arrivées hier soir. Je suis contente d’avoir les photos qui me montrent vos divers campements mais j’ai été bien déçue en apprenant que toutes les permissions étaient supprimées. Je m’étais si vite et bien mis dans l’esprit que tu pourrais venir que j’avais pris une plus grande chambre qu’à mon dernier voyage, avec un lit large pour pouvoir t’y donner asile et je me réjouissais tant de te revoir que j’ai été toute attristée de cette déception. Tes lettres si tendres qu’elles semblent des caresses m’ont consolée un peu mais tout de même je te regrette. Et toi aussi mon pauvre chéri tu es en mal de moi et quelques heures avec ta femme t’auraient fait du bien. Avant les grosses batailles cela t’aurait redonné du courage. Que Dieu te protège et te ramène et nous oublierons ces longs jours de séparations et de tristesses.

 

Paul est maintenant très optimiste, il avait parié la veille que la guerre serait finie, au point de vue batailles, pour octobre. Abel Ferry au contraire parie pour octobre 1917.

J’ai déjeuné hier chez Paul qui est maintenant très optimiste, il avait parié la veille avec plusieurs députés, « mon ami Schmidt, mon ami Verlot » etc., que la guerre serait finie, au point de vue batailles, pour octobre. Abel Ferry au contraire parie pour octobre 1917 mais Paul prétend que c’est de rage de n’avoir pu renverser le ministère. Il paraît que dans leur complot contre le commandement c’était Briand qu’ils visaient à travers Joffre et, comme au jeu de massacre, en culbutant l’un ils voulaient renverser l’autre pour évidemment se mettre à sa place. La combinaison ayant échoué, tout ira mal. Que le pari de Paul réussisse, c’est mon plus vif désir.

 

Marie Paul a encore bien mauvaise mine et se plaint de n’avoir pas de forces. Elle fait chaque jour une promenade en voiture et se couche ensuite deux heures. Plusieurs personnes causant à la fois la fatiguent. Enfin la pauvre fille, à quoi lui servent toute sa fortune, les sommes énormes que gagne son mari, cent fois j’aime mieux mon lot, mon Geogi d’abord, mes trois diables ensuite et même ma petite santé qui est encore supérieure à la sienne.

 

Je ne sais au fait pas pourquoi tu veux que je me fasse photographier. Crois-tu que cela en vaille la peine, tu en as déjà des masses et puis tu me connais par cœur, quand je ferme les yeux je te vois bien plus beau qu’en photographie, tu n’as qu’à faire comme moi. Je te taquine, mon Geogi, mais pour te faire plaisir je me ferai prendre et t’enverrai une épreuve.

 

J’ai vu hier chez Marie Molard les dames Mangin toutes habillées comme des gravures de modes. Elles vont partir pour Schingnach. Pierre attend son sursis et s’il l’obtient elles iront le rejoindre à Cornimont, mais ce ne sera qu’un séjour de deux ou trois mois car on compte revenir pour l’hiver ici. Que ferions-nous dans Cornitrou, ont dit élégamment les jeunes filles ? Paul Cuny est amusant, au fond il n’aime pas Pierre et il disait hier : « Pour avoir chez les Héritiers le même résultat que moi il faudrait qu’ils aient 4 000 fr. Je me réjouis de voir ce que Pierre va nous sortir ». Et Demangevelle, on n’en dit rien et je crois qu’au fond il serait très vexé si l’autre lui présentait je ne dis pas autant que lui mais presque.

 

Je t’embrasse mon chéri adoré de tout mon cœur et de toutes mes forces. Mimi.

 

Très bonnes nouvelles de nos petits. As-tu écrit à Paul pour sa fête ? Celle d’Henry est le 15 juillet.

 

1er juillet - LUI.- Je te fais envoyer demain à l’hôtel d’Iéna un mandat de six cents francs. Je veux que tu l’utilises pour t’acheter un bijou quelconque. D’ailleurs bien entendu tu peux dépasser tant que tu voudras, mais je tiens à ce que l’argent qu’on me verse pour la Légion d’honneur soit employé à cela. Vite à la hâte, je t’écrirai demain longuement. Je t’envoie mille baisers. Ton Geogi.

 

Maurice semble enchanté d’être sorti de Verdun.

2 juillet - ELLE (Paris).- Nous sommes allées hier au Français, Marie Molard, Germaine, Lili Nicolas et moi. On y jouait la « Mégère apprivoisée ». C’était très joli comme décors, on se trouvait à Padoue, à Vérone au moment de la Renaissance, comme costumes, mais comme thème c’était un peu extraordinaire. C’est l’histoire d’une jeune fille insupportable, que son mari arrive à mater par la faim, les mauvais traitements et aussi un peu par l’amour. Il y a quelques scènes fort amusantes, entr’autres une où le jeune mari lève la main sur sa femme, « Vous battez les femmes, Monsieur » - « La mienne, oui, pas celles des autres ».

 

Je t’aurais bien voulu avec moi mais je ne veux plus te le dire puisque c’est impossible. Maurice a écrit à Marie Molard, ne me sachant pas ici, qu’il allait arriver dans une ambulance parisienne. Il écrivait de l’hôpital de Revigny où on venait de lui extraire un éclat d’obus reçu dans la tête. Il semble enchanté d’être sorti de Verdun. La blessure est peu grave donc tout est pour le mieux. Thérèse est allée chercher au Ménil son frère Jean qui a sa permission qu’il passera chez elle en attendant le retour des parents.

 

Nous sommes invités à déjeuner au pavillon d’Armenonville par Paul. En revenant, j’irai voir Marie. Je n’y vais que chaque deux jours et on ne sait si les visites lui font plaisir. Paul dit que cela la fatigue et qu’elle se réjouit d’aller à St Gervais pour être au calme. D’autre part si on n’allait pas la voir, ce serait montrer bien de l’indifférence, de sorte qu’on ne sait comment faire.

 

J’ai encore fait des folies hier, mon chéri. J’avais apporté mon manteau d’astrakan pour le remettre à la mode pour cet hiver. On les fait tellement larges qu’on me demande 700 francs pour y rajouter le nombre de peaux nécessaires. Il est vrai que le fourreur m’a dit que mon manteau était superbe, absolument la première qualité de fourrure, mais cela ne me sert à rien, qu’à payer très cher. J’étais très vexée d’avoir à faire une dépense pareille cette année. Tu sais, j’ai prié les Héritiers de faire un virement de notre compte à la Banque de Mulhouse car je veux acheter des roubles puisque cela va être si bon. Je t’ai dit n’est-ce pas qu’à la Banque de F. on nous l’avait déjà dit, à la Banque de Mulhouse le directeur l’a redit à Paul L.J. Il y a encore 20 000fr. à gagner en un an sur 100 000. Tu avoueras que cela vaut la peine d’essayer. Ce n’est peut-être pas très patriotique de transformer ainsi ses fonds au lieu de prendre des obligations de la D.N., mais nous en avons déjà pour une belle somme, qu’en dis-tu ? Je n’ai pas encore donné les ordres, j’attends ton avis. Adrien a dit qu’il en achèterait aussi. C’est bien facile pour lui qui va toucher une fameuse somme sans avoir rien fait. Il y en a de ceux qui ont de la veine.

 

La pauvre Maman a suivi les conseils de la Banque de France et est allée à la Banque de Mulhouse pour vendre ses couronnes, sans connaître le cours du jour car la Banque lui a dit ne pouvoir le savoir que le soir. La veille dans le Petit Parisien, elle avait vu 1 point de moins que le jour d’avant, encore de 169 ½ à 173 ½, elles avaient pourtant un peu remonté ces derniers jours. Elle n’a plus de commandes que pour 15 jours et il n’y a aucune offre, l’époque de l’inventaire est peut-être la cause de ce grand calme. Elle regrette de n’avoir pas pris de nouveaux ordres il y a 2 mois car certainement les prix seront moins élevés.

 

Figure-toi que sur les photos, si tu ne m’avais pas dit que c’était toi, je ne t’aurais pas reconnu. Tu sembles tellement mince, ou bien tu as maigri, ou c’est un effet d’optique très curieux.

 

2 juillet - LUI.- J’ai reçu tes deux bonnes lettres du 29 et du 30 juin. Je m’étonne que ce brave Paul ne t’ait pas reconduite jusque chez toi, à cette heure si tardive rentrer seule n’était guère prudent en effet.

 

Tu as reçu ma lettre d’hier et j’espère que tu as fait ton choix. Tu vas me dire ce que tu as choisi.

 

Ah oui ma petite mie j’aime cent fois mieux dégrafer ton corsage que de l’agrafer, mais ce n’est pas précisément parce que cela va plus vite, c’est qu’après l’avoir dégrafé on voit de bien jolies choses. Si je ne craignais que ma lettre ne fût ouverte, je te dirais que je crois en ce moment t’avoir sur mes genoux, que je dégrafe ton corsage et que j’embrasse les petits boutons de rose qui s’épanouissent gracieusement au sommet de tes seins chéris. Je te dirais qu’après avoir dégrafé le corsage, je dégrafe tout le reste et que, mais encore une fois on ouvrira peut-être ma lettre. Je te serre ma Mie sur mon cœur comme je t’aime. Ton Geogi.

 

2 juillet - JMO 5e RAC/Groupe 95.- Le lieutenant Grosperrin est classé de nouveau à l’AC/37 groupe du 5e le 2 juillet et rejoint le groupe le 5 juillet.

 

Gravures du Petit Journal - Supplément illustré - 02/07/1916 (N° 1332)

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Le général Broussilof - Chef de l’armée russe qui vient d’écraser les Autrichiens et les Allemands en Wolhynie

Le général Broussilof, l’habile manœuvrier qui vient d’enfoncer si hardiment le front autrichien et de « se donner de l’air », est, malgré ses soixante-trois ans, un alerte cavalier. Il appartient à la lignée des beaux sabreurs, les Lassalle ou les Galliffet. Haut de taille, élancé, nerveux et agile, il est d’allure très élégante. Sa figure fine et blonde décèle l’aristocratie de ses origines. Appartenant à une famille très riche, il fit ses premières études à l’Ecole des pages, puis passa à l’Ecole de cavalerie, dont il devait plus tard devenir le directeur. Officier de la Garde impériale, appelé au plus bel avenir, Broussilof refusa de passer par l’Ecole de guerre. Il ne s’embarrasse d’aucune théorie militaire préétablie. Son seul principe c’est : attaquer dès qu’on le peut et continuer sans trêve ni répit.

 

M. Hamilton Fyfe donne sur lui les détails suivants dans le Daily Mail. « Le général Broussilof a seulement deux ans de moins que le général Ivanoff auquel il a succédé. Tandis qu’Ivanoff est grand et que ses mouvements sont lents, Broussilof est vif et alerte. Il a l’esprit prompt et c’est avant tout un homme d’action. Son visage le montre : des yeux sombres, fixes, inquisiteurs, et son nez aquilin lui donne l’aspect d’un aigle, son menton est ferme, la ligne de la mâchoire vigoureuse ; sa persévérance dans les tâches qu’il entreprend a été établie par sa campagne dans les Carpathes. C’est lui qui, en dépit de l’hiver, de la neige et du froid, a poussé en avant jusqu’au moment où, ayant traversé les montagnes, il dominait la plaine hongroise. Ce n’est pas par sa faute que ses efforts et les victoires remportées par lui dans cette circonstance n’ont été d’aucun avantage. Il attribue ses succès au courage de ses troupes et à la méthode qu’il employa en ne donnant jamais aucun repos à l’ennemi. « La meilleure stratégie et la tactique la plus heureuse, dit-il au journaliste anglais, c’est d’attaquer. - Mais, lui répondit son interlocuteur, cela implique de lourdes pertes. - Non, en aucune façon si votre attaque réussit. Des attaques qui échouent, comme les attaques allemandes à Verdun, sont terriblement coûteuses. Mais des attaques qui réussissent coûtent très peu d’hommes. Si seulement nous avions eu des munitions à cette époque de l’année, l’an passé… » Il secoua la tête d’un air de regret. Mais les hommes d’action ne s’abandonnent pas à des regrets futiles. « Maintenant, il en est autrement, dit-il ; nous avons tout en abondance, nous sommes prêts et nous nous réjouirons quand on nous donnera l’ordre de le prouver. »

 

Le général Ivanoff était extrêmement populaire ; le général Broussilof a déjà inspiré plus de confiance encore. Le seul point commun de ces deux hommes, c’est qu’ils n’appartiennent ni l’un ni l’autre à l’état-major ; ce sont des officiers de troupes qui ont gagné leur situation par un dur travail. A tous égards, ils sont le contraire l’un de l’autre. Ivanoff, le fils d’un paysan propriétaire, est resté pour tout l’essentiel un paysan. Il vit de la manière la plus simple, préfère la nourriture des soldats à toute autre, et dort sur un lit de soldat. Quand il habitait Kiew, au commandement de l’armée, et qu’il avait un palais pour y vivre, il fit meubler très simplement trois petites pièces et laissa le reste vide.

 

La carrière du général Broussilof a été fort différente. Il est d’une bonne famille ; entra tout d’abord dans le corps des Pages, puis dans un régiment de cavalerie élégant. Son talent personnel et ses relations contribuèrent également à lui assurer un avancement rapide. Il était fort bien vu à la cour, se distinguait comme un cavalier audacieux, encourageait les officiers de cavalerie à prendre part à des parties de polo et à des steeple-chases ; il était très aimé dans la société de Petrograd. Puis vint la guerre pour éprouver la capacité et le caractère des hommes.

 

Il commença en 1914 comme commandant d’un corps d’armée. Bientôt il fut nommé général d’armée. Aujourd’hui il commande toute l’aile gauche de l’armée russe. En remportant sur l’ennemi une des victoires les plus considérables de la guerre, il a hautement justifié la confiance que le Tsar et le grand état-major russe avaient mise en lui.

 

 

 

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Après la victoire russe - Fuyards autrichiens à la frontière roumaine

Jamais on ne vit pareille débandade. L’offensive des armées russes en Wolhynie, en Galicie, en Bukovine a littéralement enfoncé le front de l’ennemi, et porté sur certains points le désordre et la panique dans les lignes autrichiennes. Un butin de guerre considérable est tombé entre les mains des Russes. Le nombre des prisonniers est énorme : il dépasse cent cinquante mille hommes. La démoralisation des troupes autrichiennes, devant cette offensive irrésistible, est complète. Des corps entiers se sont rendus spontanément à l’arrivée des Russes ; beaucoup de soldats, au contraire, pour ne pas tomber entre les mains de l’ennemi, ont fui dès que fut signalée l’approche des troupes du général Broussilof. Certains ont couru sans un instant de répit jusqu’à la frontière roumaine, jetant leurs armes tout le long du chemin, et préférant être internés en pays étranger jusqu’à la fin de la guerre plutôt que de subir de nouveau le choc terrible des soldats russes. C’est, pour l’Autriche et pour l’Allemagne qui l’a soutenue en maints endroits dans la bataille, une défaite irrémédiable et qui marque fatalement le commencement des échecs ennemis sur le front oriental.

 

 

Les instantanés de la guerre (photos)

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Eclatement d'un 305

Effets de fusées éclairantes

La préparation du café

Musique de chambre en plein air

Le poilu cantonnier

Les pompiers de Verdun

Le saut dans le vide pour ne pas être fait prisonnier

La lettre et le portrait de la maman

Un 120

Nouveau brancard pour le transport des blessés dans les boyaux

 

 

Les instantanés de la guerre (photos)

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Bataillon se portant en avant soutenu par l'artillerie

Attaque anglaise à travers un réseau de fils de fer

Une revue des 75

Nettoyage de la mitrailleuse

Le blockhaus de la légion à la frontière de Macédoine

Femmes musulmanes à Salonique

Le ruisseau de Forges

L'ouverture de la pêche dans les fils barbelés

Dans le ravin de Forges (vue prise d'un créneau)

Sentinelles avec masques contre les gaz

 

 

Thèmes qui pourraient être développés

  • La Roumanie démobilise - La frontière de Hongrie est dégarnie
  • Belgique - Les hôtels de Gand sont encombrés de blessés allemands
  • Russie - 198 000 prisonniers faits par l'armée du général Broussilof
  • Verdun - Nos magnifiques troupes enlèvent l'ouvrage de Thiaumont
  • L'Indochine dans la rafale
  • Maroc - Graves incidents au Maroc espagnol
  • La Somme - Sur un front de plus de 40 kilomètres l'offensive franco-britannique s'est déclenchée
  • Monténégro - Une révolte au Monténégro
  • Mexique - La trahison allemande au Mexique
  • Transport en train - 22 h pour venir d'Epinal à Paris
  • Les Italiens avancent sur tout le front
  • Allemagne - Les socialistes d'extrême-gauche sont vainqueurs à Berlin
  • Finance - Le change des neutres - Les couronnes suédoises
  • Théâtre - Concert Mayol
  • Restaurant - Dîner chez Prunier - Envoi d'une bouillabaisse au front
  • Procès - Sir Roger Casement, condamné à mort
  • Théâtre - La Mégère apprivoisée au Français
  • Le général Broussilof chef de l'armée russe qui vient d'écraser les Autrichiens et les Allemands en Volhynie (Portrait dans LPJ Sup)
  • Les mutilés (LPJ Sup)
  • Les instantanés de la guerre (Photos dans LPJ Sup)
  • Conseils pratiques - Les Taciturnes (LPJ Sup)
  • Religion - Fête religieuse - Notre-Dame du Perpétuel Secours - 27 juin
  • Religion - Fête religieuse - Saint Cœur de Jésus - 30 juin
  • Religion - Fête religieuse - Précieux Sang - 1er juillet
  • Religion - Fête religieuse - Visitation de Notre-Dame - 2 juillet


24/06/2016
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