14-18Hebdo

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Souvenirs de guerre 1914-1919 (Paul Boucher) - Ch 13-1 –L’état-major, Champigny, Verdun, Lunéville

Document transmis par Renaud Seynave, son petit-fils - 12/03/2018

 

Paul Boucher 13-1 Image1 Service militaire.jpg

Paul Boucher lors de son service militaire

 

Nous arrivons dans la grande banlieue parisienne après avoir traversé le champ de bataille de septembre 1914 de l’Ourcq, Chalibry puis Esbly où nous voyons les trains de banlieusards qui nous font mille saluts amicaux. Nous cantonnons à Couporay dans un vieux château de la famille Trévise, le bataillon loge à Pomponne et la compagnie de mitrailleuses est dans une grande propriété à Bron appartenant à une famille de fondeurs parisiens, les Thibaut.

 

A peine arrivé à Bron, j’ai un télégramme m’annonçant la naissance d’une fille Madeleine née le 26 juin à Nancy. Le temps d’obtenir les papiers, je file à Nancy où j’arrive le 29 dans la matinée. On baptise la jeune enfant le 30 juin, Papa est le parrain, Madeleine Michaut est la marraine.

(Note de RS : Voir photo du baptême de Madeleine dans l’épisode précédent chapitre 12, 5e partie)

 

Je me fais photographier avec les enfants et je regagne Bron puis Paris.

 

Je vais aider au transbordement de la famille qui part pour Evian où Papa a loué une villa, je déjeune avec mes camarades et quelques-uns du 25 chez Larue.

 

Une grande fête du bataillon est donnée le 7 juillet à Pomponne, résidence d’été de la famille Duborde dont le fils a été tué en juillet 1915 à Metzeral, côte 425.

 

La cérémonie est présidée par Mgr Marbeau, évêque de Meaux, le général Brissaud y assiste. Il y a notre brave commandant Dupont qui manque d’arriver en retard ayant fortement veillé la nuit précédente à Paris.

 

On parle de nous faire défiler à Paris le 14 juillet, cela vaudra mieux que de résister à des émeutes.

 

Le défilé à Paris a lieu en deux parties, d’abord une délégation de tous les corps de troupe ayant la fourragère, je suis désigné pour conduire la délégation du bataillon, fanion et corps franc avec le lieutenant Gautron. Le reste du bataillon défilera avec la division Brissaud qui a réussi à obtenir de défiler à Paris.

 

Je pars le 12 au matin en train spécial et notre groupe cantonne à Reuilly. Je couche rue Mazarine avec Gautron.

(Note de RS : Résidence située au 9 rue Mazarine derrière l’Institut à Paris, de la famille Henry Boucher depuis qu’Henry Boucher a été élu comme député des Vosges).

 

Nous déjeunons au Lutétia où je vois les Antoine. (Note de RS : La grand-mère maternelle de Paul Boucher est née Antoine). Nous dinons avec des amis chez Poccardi (Restaurant situé Boulevard des Italiens).

 

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Pages du 14 et 15 juillet 1917 du carnet où Paul Boucher prenait des notes

 

Le 14 juillet fut pénible, levé à 4 heures du matin, je pars armé de pied en cape avec Georgel, mon ordonnance, dans le métro et à Reuilly, nous formons un beau bataillon avec 35 délégations de bataillon différents, une fanfare double, drapeau des chasseurs.

 

Nous partons pour la Nation où nous sommes passés en revue, puis grand défilé par le Faubourg Saint Antoine, rue Saint Antoine, Bastille, Boulevard Henri IV, Boulevard Saint Michel, Place Denfert-Rochereau, etc.

 

A travers un peuple immense, acclamations, bouquets, tabac, cigarettes, argent, les hommes se redressent. C’est vraiment émouvant.

 

J’ai vu le 152e RI qui recevait des mains du Président de la République la fourragère jaune et verte.

 

On fait la soupe boulevard des Gobelins où les officiers des délégations boivent une coupe de champagne et chante une « Sidi Brahim » monstre. Je me souviens que nous étions dans un tel état de transpiration que le café où nous entrâmes fut instantanément couvert d’une buée intense. Nous rentrons avec Gautron et faisons une sieste réparatrice rue Mazarine.

 

Un de nos hommes du groupe franc ayant échappé à mille dangers a été écrasé dans le métro en rentrant le soir. Il avait un peu trop fêté la fête nationale. Je fais une enquête, recueille des dépositions des employés en pleurs de la station de Reuilly.

 

Je dine rue Mazarine à l’excellente cuisine d’Amandine, puis passe une bonne nuit réparatrice.

 

Je vais à la messe à St Sulpice et rentre à Bron en train où j’ai la surprise de voir le bataillon s’apprêter pour un départ en vue d’un embarquement.

 

Quelle vie, on ne nous laisse pas longtemps digérer notre triomphe de Paris. Entre temps, j’ai appris que Charton du 152e était décoré, Maurice Boucher aussi, je reste toujours en carafe !

 

Paul Boucher 13-1 Image3 Défilé 14 juillet 1917 Paris.jpg

Défilé du 14 juillet 1917 à Paris, le drapeau des chasseurs à pied.



16/03/2018
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