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Souvenirs de guerre 1914-1919 (Paul Boucher) - Ch 10-5 – Le départ pour la Somme

Chapitre 10 – Le départ pour la Somme – 5e partie

Document transmis par Renaud Seynave, son petit-fils - 27/09/2016

 

Paul Boucher 6-1 Image4 Paul Boucher a Cheval.jpg
Le capitaine Paul Boucher et son cheval Goéland au 68e BCA

 

Note de Renaud Seynave : Nous sommes fin octobre 1916, le capitaine Paul Boucher commande la Cie de Mitrailleuses du 68e bataillon de chasseurs alpins.

 

Suite des souvenirs :

Nous ne bougeons pas d’une semelle pendant ces cinq journées terribles et nous nous demandons quand viendra la relève !

 

Elle arrive enfin le 22 au soir. Le 15e bataillon de chasseurs avec les commandants Dessage et Chussot arrivent avec des masques à gaz sur le nez. La relève est horriblement pénible pour nos mitrailleurs, nous avons encore de la chance, le 15e en montant la route depuis Frégicourt a eu de nombreuses pertes et, dans la nuit, nous passons au milieu des cadavres et des blessés geignant. Nos hommes vont aussi vite qu’ils peuvent, ployant sous leurs pièces, trépieds, affûts et caisses de cartouches si mal commodes à porter.

 

Essoufflés, ils me demandent un arrêt, arrêt qui semble long tant on craint à ce moment de la relève de recevoir un coup alors que chacun est heureux de revenir d’un si sale coin.

 

Enfin, après une course, nous trouvons nos braves mulets, beaucoup plus braves que leurs muletiers qui ont hâte aussi de s’en aller sur des lieux plus tranquilles. On nous installe dans une trouée.

 

Le 23 octobre, Lacapelle vient nous voir, nous sommes boueux et sales à souhait. Il distribue trois médailles militaires, mais nous craignons de retourner encore au front.

 

Le 15e BCA a de nombreuses pertes dans les tranchées que nous venons de quitter !!

 

Nous baraquons ici trois jours sans savoir si nous allons remonter au « pastis » ou partir à l’arrière, cruelle énigme. Nous avons entre-temps trouvé une sape boche assez confortable et nous ne sommes pas trop mal.

 

Le 27 octobre, nous pataugeons jusqu’à Sailly où je revois le 152e RI qui a été bien amoché. En camion, nous gagnons un patelin fatigué de recevoir des troupes, Oresmaux rempli d’autos et de boue. L’accueil et le feu ne viennent qu’en graissant la patte, les gens sont avares et renfrognés.

 

Je passe dans le pays les 28, 29 et 30, 31 octobre et la Toussaint dont je suis tous les offices.

 

Enfin, nous embarquons le 2 novembre à 11h du matin en gare de Prouzel, pays où il existe une petite papeterie.

 

Où allons-nous ? Au hasard de la guerre, nous n’en savons rien, chaque changement nous enchante, croyant toujours avoir mieux.

 

Le temps passé en chemin de fer est toujours gai, nous sommes en nombre, on joue aux cartes, on dort, on fume, on blague. Le voyage est interminable. La journée du 3 se fait entièrement en route, Troyes, Neufchâteau où nous arrivons le 4 à une heure du matin, puis nous passons à Laveline devant Bruyères et nous cantonnons à Barbey-Seroux.

 

Sailly a coûté à ma Cie sept tués dont le sergent Crespe et quinze blessés. Et moi, j’ai reçu une troisième citation à l’ordre de la 66e division.

Fin du chapitre 10

 



30/09/2016
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