14-18Hebdo

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Edouard Favre - Mes cahiers de souvenirs - 43- Avril 1918

Edouard Favre, 38 ans en 1914, officier d’active dans l’artillerie, va passer toute la guerre au front. Il tient un journal, et nous suivons ses préoccupations dans 3 domaines : la guerre, sa famille, et son « idée fixe » : les avions suspendus...

Document transmis par Marie Favre, sa petite-fille - 11/11/2014

 

 

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Edouard Favre - 1918-1919

 

26 avril (1918)

Que d’événements depuis un mois. Nous arrivions le 22 à Chéry-Chartreuve dans la région de Fismes où nous devions relever immédiatement une division. Contrordre. Au lieu de relever on nous fait reconnaître une position de 2ème ligne vers Pontavert que nous occuperons la nuit suivante. Contrordre. L’attaque boche progresse rapidement sur l’Oise et au sud de St Quentin. Notre infanterie part en camions pour être jetée au nez du boche sur le canal de Libermont. Nous suivons en 3 étapes le 23, le 24 et le soir du 25 nous nous mettons enfin en batterie derrière nos fantassins engagés depuis le 24 au matin. Mais le 25 tout craque, les boches innombrables nous débordent de toutes parts. Retraite dans la nuit avec une intention de réorganisation à Margny-Avricourt. On y renonce à 2 heures du matin et nous faisons tête sur le front Crapeaumesnil Lassigny, nous mettant en batterie au nord de Canny sur Matz. Le 26 au soir nouveau repli de 1 500 mètres et à minuit nous retraitons jusqu’à la Berlière. Combat toute la journée et violente attaque boche dans la soirée. Tout semble craquer à nouveau, notre infanterie est de nouveau en désordre, les 2e et 3e groupes tirent à vue sur les boches, toute l’artillerie commence un mouvement vers une position nouvelle. Mais des renforts nous arrivent en artillerie et en infanterie, la situation se stabilise, le boche s’arrête et se prépare à une offensive plus violente sur ce front fortifié en 1914 et 1915. Les 28, 29, 30, ses attaques se succèdent sans résultat. Il perd beaucoup de monde et sur le front de la division il ne réussit pas à aborder nos lignes à travers nos tirs de concentration. Je commande alors le régiment, car le colonel a remplacé à l’A.D. le colonel Lips limogé pour des raisons futiles. Je m’installe le 30 à Ricquebourg et à mes trois groupes s’ajoutent un groupe porté et l’ACD125. Ce commandement est lourd mais j’en suis débarrassé le 3. Il paraît que je me suis bien tiré d’affaire, l’artillerie est l’objet de félicitations de l’infanterie et des grands chefs, et il paraît que je suis proposé pour une citation à l’ordre de l’Armée.

 

Retirés de la bagarre le 20 avril, transportés par chemin de fer dans les Vosges, nous voici dans les cantonnements connus de Mossoux La Baffe où nous nous trouvions (1er gr. du 2ème) en décembre 1915. Nous y avons eu trois journées de bon repos pour dormir et nous nettoyer et nous partons demain pour le secteur de St Dié que j’ai connu autrefois. Le secteur est paraît-il assez calme, et le général Girard, notre nouveau commandant de D.I. (le général Margot a été limogé le 27 mars et remplacé par le colonel Serrigny qui a pris à notre départ de là-bas le commandement de la 77e D.I.), n’a pas l’intention de l’exciter outre mesure. Il tient simplement à faire les coups de main qui sont indispensables au commandement et à l’entretien du mordant de notre infanterie.

 

Je suppose que nous serons en batterie dimanche pour quelques mois peut-être. Nous arrivons pour la belle saison et ce sera agréable.

 

Les permissions vont reprendre, doucement il est vrai et avec un pourcentage qui ne permettra pas de faire partir tout le monde avant la fin de mai. Qu’importe.

 

Les boches attaquent de nouveau avec une grande violence sur le front Amiens et au nord. André et Jacquet s’y trouvent et s’efforcent de tenir le coup.

A suivre…



16/04/2018
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