Edouard Favre - Mes cahiers de souvenirs - 36- Août 1917
Edouard Favre, 38 ans en 1914, officier d’active dans l’artillerie, va passer toute la guerre au front. Il tient un journal, et nous suivons ses préoccupations dans 3 domaines : la guerre, sa famille, et son « idée fixe » : les avions suspendus...
Document transmis par Marie Favre, sa petite-fille - 11/11/2014
Edouard Favre - 1918-1919
3 août (1917)
Le caporal propriétaire n’a pas été retrouvé. Le colonel de son régiment m’a répondu en déclarant que ces papiers ne concernent pas le caporal Lecaillon, j’avais en effet donné ce nom que j’avais lu sur les titres, mais c’est le nom de sa femme et lui s’appelle Beaucourt. Je l’ai su par sa sœur qui est venue chercher aussi un dépôt précieux qu’elle avait caché. Quand elle a appris que ce qui avait été retrouvé appartenait à son frère, elle s’est mise à fondre en larmes. Elle a elle-même retrouvé ce qu’elle était venue chercher. Elle m’a donné l’adresse de son frère ou plus exactement de sa belle-sœur, leur nom exact, et j’ai écrit aussitôt mais je n’ai pas de réponse.
L’oncle Jacques m’a répondu par une carte hier soir. Il croit que Mr Termier fera une démarche auprès de Mr Appel, démarche qui a quelque chance d’être accueillie favorablement. Mais Mr Appel est moins spécialisé que Mr Lecornu et celui-ci a refusé catégoriquement de reprendre la question jugée sans aucun recours et définitivement. Mon cher oncle ajoute que je devrais très sincèrement abandonner provisoirement cette question. Je vais lui répondre que je ne suis pas de son avis et que je considère au contraire de mon devoir impérieux de poursuivre jusqu’à ce qu’on l’étudie. Les essais que j’ai proposés ne sont pas compliqués. On en fait une infinité d’autres dont l’importance est secondaire, on poursuit avec persévérance des études coûteuses et qui ne donneront aucun résultat. La France a trop besoin de puissance sur mer ou dans les airs, même dans cette guerre, pour que je renonce à montrer les graves erreurs commises. Et puis n’est-ce pas ridicule d’être condamnés après l’examen d’hommes qui n’ont pas compris et qui n’étaient pas en mesure de comprendre.
Cette histoire est absurde et, à force de m’en tourmenter, je serai tout à fait détraqué avant d’en voir la fin.
La division s’en va mais nous restons quelque temps encore. Il fait si mauvais temps qu’il vaut mieux ne pas bouger maintenant. Pluie, vent, froid. Un poêle a été installé dans ma caverne derrière ma table, il est rouge et il se supporte très bien, il donne une agréable impression de chez soi et de confortable. C’est un vrai temps d’automne ou d’hiver. L’offensive franco-française dans la Somme s’en trouve bien gênée et ralentie. La pluie est un terrible ennemi pour les armées. Quand notre tour viendra de partir, nous aurons trois étapes à faire et nous reprendrons de nouvelles positions pour y rester sans doute définitivement.
A suivre…
A découvrir aussi
- Edouard Favre - Mes cahiers de souvenirs - 4 - Début mars 1915
- Edouard Favre - Mes cahiers de souvenirs - 6 - Début avril 1915
- Edouard Favre - Mes cahiers de souvenirs - 33- Mi juin 1917
Inscrivez-vous au blog
Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour
Rejoignez les 392 autres membres