32e semaine de guerre - Lundi 8 mars au dimanche 14 mars 1915
LUNDI 8 MARS 1915 - SAINTE VERONIQUE - 218e jour de la guerre
MARDI 9 MARS 1915 - SAINTE FRANÇOISE - 219e jour de la guerre
MERCREDI 10 MARS 1915 - 40 MARTYRS DE SEBASTE - 220e jour de la guerre
JEUDI 11 MARS 1915 - MI-CAREME – SAINT FIRMIN - 221e jour de la guerre
VENDREDI 12 MARS 1915 - SAINT MARIUS - 222e jour de la guerre
SAMEDI 13 MARS 1915 - SAINTE EUPHRASIE - 223e jour de la guerre
DIMANCHE 14 MARS 1915 – LAETARE - 224e jour de la guerre
Revue de presse
- Nos aviateurs ont, depuis la mobilisation, parcouru 1,800,000 kilomètres
- La crise grecque - Le roi offre à M. Zaïmis de remplacer M. Venizélos
- Combat opiniâtre sur le front d'Ypres
- Les soucis de l'ennemi - en juin plus de pommes de terre
- Bombardement des Dardanelles et de Smyrne
- Les atrocités allemandes
- Les batailles russo-allemandes d'Augustow et de Plock
- Les généraux Maunoury et Villaret blessés
- Les crimes d'un Corsaire - Le "Prinz-Eitel-Friedrich", croiseur allemand, a coulé une douzaine de navires marchands dont un américain
- La bataille se développe au nord de la Vistule
- La nouvelle offensive allemande dans la région de Prasnysz
Morceaux choisis de la correspondance
8 mars - JMO 5e RAC/Groupe 95.- Rapport du 8 mars adressé au lieutenant-colonel Machart : 1) Etat de proposition pour officier de la Légion d’honneur en faveur du commandant Giraud. 2) Etat de proposition pour la médaille militaire pour Ballot & Malavaux.
J’ai appris dimanche que Monsieur ne couchait pas dans un lit.
9 mars - Pauline Ringenbach (Cornimont) à Mimi Cuny, sa patronne.- Il fait aussi froid qu’au mois de janvier, c’est la bise qui souffle, l’hiver dure bien longtemps surtout pour tous ces hommes qui couchent dehors dans les tranchées. J’ai appris dimanche que Monsieur ne couchait pas dans un lit. J’espère que cela n’est pas vrai, ce ne serait pas la peine de loger des officiers ici en tous temps si les gens de là-bas ne se gênent pas plus pour les hommes. Ils ne seraient vraiment pas charitables. Pour le moment je loge toujours les mêmes en plus un autre major que le docteur Lecler avait fait venir la semaine dernière pour le remplacer à l’hôpital. Il a été très grippé et ne sortait plus. On lui a apporté son manger presque toute la semaine. Il a une ordonnance depuis lundi dernier, cela convient mieux que ce soit un homme que moi qui fasse sa chambre. Il m’a demandé de changer de chambre, il est maintenant dans la salle des enfants, il trouvait qu’il faisait trop froid dans l’autre et qu’il ne pourrait pas se guérir. Donc j’ai l’autre major dans celle de Mme Cuny. Ce matin il m’a demandé si cela ne me dérangeait pas que sa femme vienne quelques jours ici. Il s’appelle le docteur Guyot. Il est aussi très gentil.
Dimanche il est arrivé des Alpins. Le maire avait envoyé un officier à loger, j’ai répondu que j’en avais trois et que je ne pouvais pas en loger d’autres. Aujourd’hui ils viennent de partir pour la Schlucht, ils venaient de Soissons, ils disaient que le 170 et 352 allaient revenir de ces côtés aussi. Ce matin la laitière a pris le train de 5 h pour aller voir son mari à Paris. Elle a reçu une dépêche hier qu’il était blessé très gravement. Constant Girot est parti voir son fils à Paris aussi qui y est en convalescence. Il y a aussi un fils Mougel qui est blessé à la tête, il écrivait qu’il ne savait pas s’il n’aurait pas un œil perdu. Tous ceux qui reviendront seront estropiés d’une façon ou d’une autre.
Si les vivres continuent à augmenter comme cela, je ne sais pas comment beaucoup feront.
9 mars - Paret (Armées - Bordeaux) à Georges Cuny.- C’est avec peine que j’apprends la mort du MdL Durix ainsi que de mes frères d’armes. Je vois que cette terrible guerre vous fait toujours déplorer quelques pertes mais j’espère que maintenant vous êtes plus tranquille qu’à la retraite de Soissons et que personne des nôtres ne manque. Le docteur m’a dit que tout allait bien maintenant mais que je pourrais marcher aisément avant 6 mois. Je ne suis pas encore sur le point de pouvoir reprendre le pointage de ma pièce. Moi qui aurais été si heureux de pouvoir retourner près de vous pour me venger de mes blessures et venger aussi la mort de mes chers camarades et du MdL Schoeny.
Quelle épouvantable chose que cette guerre !
10 mars - Peuchart (Rouen), relation d’affaires, à Georges Cuny.- J’ai fait fin janvier un voyage intéressant dans les Vosges. J’ai pu parcourir en auto la région de Fraize, St Dié, Raon, Baccarat, Gerbéviller et Lunéville jusqu’à Nancy. Je me suis rendu compte des ruines accumulées dans cette malheureuse région. Quelle épouvantable chose que cette guerre ! Mais vous luttez pour une si bonne cause que votre vaillance à tous, officiers et soldats, en est décuplée. Nous approchons du moment où nous allons jeter ces hordes barbares en dehors de notre cher pays. Merci à vous tous qui luttez si opiniâtrement et si vaillamment. J’ai eu la douleur de perdre il y a un mois mon père. Il avait eu fin novembre une congestion pulmonaire qui ne nous laissait aucun espoir. Cette mort, quoique bien douloureuse car c’était le dernier lien qui nous reliait au passé, nous semble, dans de pareils moments où nous voyons autour de nous tant de jeunes disparaître, presque naturelle.
12 mars - Paul Cuny (Epinal) à Georges Cuny, son frère.- Je vais très bien sauf ma jambe, qui traîne et qui va m’ennuyer pendant plusieurs mois. Le Tissage de Roville marche en effet très bien. Mais n’oublie pas le revers de la médaille, le tissage n’a pas marché du tout pendant quatre mois ½ puis nous avions du coton acheté avant la guerre aux anciens prix. Nous n’avons presque plus personne comme employés ou contremaîtres !
12 mars - Isidore Voinson (Armées) à Georges Cuny, son patron.- J’ai eu le plaisir d’apprendre que j’étais papa une deuxième fois mais alors d’un gros Robert que je désirais tant. Je suis exaucé.
13 mars - Marie Molard (Chailly-Lausanne) à Georges Cuny, son frère.- Maman va mieux mais la diarrhée est persistante et c’est bien ennuyeux. Roux ne peut se prononcer mais il y a sûrement quelque chose au foie ou tumeur ou calcul. Si Maman se remet suffisamment on fera dans deux mois une incision pour être certain de ce qu’il y a et si l’on peut tenter dans l’avenir une intervention chirurgicale. Les docteurs estiment que Maman doit aller dans une clinique un mois 6 semaines, il lui faut pour la remonter une nourriture extrêmement soignée et un régime admirablement fait.
14 mars - A Curien (Cornimont - HGP) à Georges Cuny.- Nous marchons en plein, c.-à-d. 10 heures par jour au Daval, depuis un mois en mettant des femmes dans les Northrops, mais le personnel fait beaucoup défaut, surtout les contremaîtres. Heureusement que j’ai depuis une quinzaine de jours Prosper Voirin qui me seconde beaucoup pour la préparation et le vieux tissage. Mon fils René a été changé, il est maintenant au camp de Limburg sur Lahn. Camille est en ce moment à Jarménil ce qui me rappelle le bon souvenir de Mr Maurice Boucher qui aussi a été cité à l’ordre du jour pour sa belle conduite dans l’armée.
14 mars - JMO 5e RAC/Groupe 95.- Arrivée au groupe le 14 mars des s/lieutenants Bareille et Bonnier.
Gravures du Petit Journal - Supplément illustré - 14/03/1915 (N° 1264)
Il a mauvaise mine
On mande d’Amsterdam au ‘Daily Express’ que, pendant son séjour sur le théâtre occidental de la guerre, le kaiser avait si mauvaise mine et paraissait si triste qu’on défendit aux journalistes de rien dire à ce sujet.
Il a mauvaise mine !... On aurait mauvaise mine à moins. Toutes ses espérances anéanties, tous ses plans détruits, tous ses mensonges dévoilés. Ses belles armées arrêtées, immobilisées, décimées et bientôt repoussées. Ses soldats découragés, désertant à l’envi. Son peuple livré à la famine, ses villes menacées par l’émeute. Et, pesant sur sa tête, toutes les responsabilités de cette guerre criminelle, toutes les horreurs, tous les forfaits accomplis par ses officiers et ses soldats… Comment n’aurait-il pas mauvaise mine s’il a quelque conscience du présent et quelque prévision de l’avenir.
Un Boche incendiaire transformé en torche vivante
Au cours d’un récent engagement nocturne en Lorraine, l’un des soldats allemands des troupes d’attaque « prit feu » et s’enfuit en hurlant. Ses vêtements, son équipement, ses cheveux, tout était en flammes. Dans sa course il éclairait la campagne et fit découvrir ainsi un groupe de tirailleurs ennemis dont la plupart furent abattus. Ce soldat était vraisemblablement porteur de matières incendiaires auxquelles l’une de nos balles mit le feu. L’on se rappelle que les unités allemandes sont pourvues d’un matériel spécial d’incendie, et nos lecteurs verront, en lisant notre « Variété », qu’elles en ont fait largement usage.
Thèmes qui pourraient être développés
- Deux généraux blessés, Maunoury et Villaret
- Prisonniers - Comment sont maltraités les sous-officiers et simples soldats
- Allemagne - La nomination d'officiers n'appartenant pas à leur caste leur déplaît fort
- Deuil et mort naturelle - Mort du vieux père
- Pertes - Monuments aux morts
- Le cahier rouge de Marcel Drouet (mort au champ d'honneur) (Edito Maurice Barrès)
- La piraterie allemande et les Etats-Unis
- Mode de Paris - La "Saison" pendant la guerre
- La dessiccation des pommes de terre
- Graves désordres à Mexico
- Le Kaiser a mauvaise mine (LPJ Sup)
- Les incendiaires (LPJ Sup)
- La Mi-carême
- Religion - Fête religieuse - Laetare
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