14-18Hebdo

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Henry Novel – Lettres à ses parents (1914-1918) – 16- Juillet 1918

 

Henry Novel, 17 ans en 1914, est mobilisé en 1916 à Chambéry puis rejoint le front en 1917. Futur étudiant en médecine il est affecté à des services d’ambulance. Il correspond régulièrement avec ses parents qui habitent Grenoble où son père exerce la profession d’avoué.

Document transmis par Michel Novel, son fils - 19/10/2015

 

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Georges et Henry Novel

 

 

Ce 7 juillet (07/07/1918 ?)

Mes chers Parents,

 

Toujours en réserve de je ne sais quoi, tapi sous une inconfortable et perméable toile de tente dans un petit bois humide... On attend toujours une hypothétique relève qui finira cependant bien par se faire. Le pays est plein d'Américains... il y en a, il y en a... ils sont même beaucoup trop nombreux. Là où il y a un Français ils se mettent facilement cinquante ce qui permet aux boches de faire de splendides coups au but. J'ai été la nuit dernière témoin des deux plus beaux coups de canon que l'on puisse réussir : l'un a tué 23 Américains, l'autre 15... et je ne compte pas les blessés !! Ces types là sont courageux mais ils ont rudement besoin d'apprendre à faire la guerre et en tout cas s'ils étaient utilisés rationnellement ils nous rendraient deux fois plus de service.

 

Je partirai à peu près sûrement en permission aux environs du 15 août, j'espère que ce sera pour douze jours quoique je ne sache pas si ma citation sortira avant car j'ai été proposé à l'armée et c'est assez long à venir, surtout si elle descend plus bas ce qui est probable. Maintenant nous sommes un peu reposés mais certes jamais je ne me serais cru capable de faire ce que nous avons fait. La résistance humaine a des limites que l'on ne suppose pas.

 

Enfin heureusement que bientôt je serai en permission et que tous ces mauvais moments seront vite oubliés.

 

Je vous embrasse tous.

Ce 9 juillet (09/07/1918)

Mes chers Parents,

 

Il pleut... on s'ennuie à mourir mais heureusement je ne suis pas trop mal logé pour l'instant et nous allons rester quelques jours en réserve. Une bonne nouvelle : dans un mois si les permissions durent je débarquerai à Murianette... c'est plus tôt que je l'espérais.

 

Ci-joint deux photos.

 

Je vous embrasse tous.

Ce 16 juillet (?)

Mes chers Parents,

 

Avez-vous de mes nouvelles ; ça va. On est éreinté : 8 nuits sans dormir, on bouffe comme on peut... Le boche est tombé sur un bec c'est un massacre... si cela continue il n'en restera plus.

 

Je vous écrirai plus longuement plus tard.

 

Bons baisers.

Ce 18 juillet (juillet est déduit)

Mes chers Parents,

 

Je vais bien mais je n'en puis plus, je compte 10 nuits sans sommeil ! Nous avons marché toute la nuit dernière sous un orage torrentiel. On tient debout parce que c'est la mode et parce que si on tombait on n'aurait plus la force de se relever. J'ai reçu la lettre d'Odette et de Maman qui me souhaitent ma fête, au diable si j'y pensais !!! Félicitations à Maurice. C'est Georges qui en a de la veine !!!

 

Je vous embrasse tous.

Ce 19 juillet (1918 ?)

Sitôt les boches tombés sur un bec on nous a relevés et embarqués en camion, 16 heures de camion de file... et une nuit de plus où l'on a oublié de dormir. Je ne peux plus les compter mais maintenant on ne sent plus la fatigue et l'on irait au diable pour suivre le boche qui n'en veut plus… parait-il. Actuellement je suis dans un petit bois où j'espère enfin passer une nuit tranquille et reposante bien qu'à la belle étoile. Je ne sais trop ce que nous allons devenir mais ce qu'il y a de sûr c'est que nous ne prendrons pas racines dans le petit bois susnommé. Les permissions sont supprimées je crois, mais comme je n'en suis pas à un retard près...

 

Je vous embrasse tous.

A suivre…



08/04/2016
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