14-18Hebdo

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Edouard Favre - Mes cahiers de souvenirs - 42- Mars 1918

Edouard Favre, 38 ans en 1914, officier d’active dans l’artillerie, va passer toute la guerre au front. Il tient un journal, et nous suivons ses préoccupations dans 3 domaines : la guerre, sa famille, et son « idée fixe » : les avions suspendus...

Document transmis par Marie Favre, sa petite-fille - 11/11/2014

 

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Edouard Favre - 1918-1919

18 mars (1918)

Après une quinzaine de jours de repos dans la région de Paris, nous voici en route pour revenir au front. Le colonel étant absent, j’ai pris le commandement des éléments montés de la 62e division et les achemine vers la région de La Fère-en-Tardenois. Y resterons-nous quelques jours à l’instruction ou bien rentrerons-nous en secteur ? Nous ne savons.

 

J’ai pu aller passer à Paris trois soirées mais j’aurais vivement désiré y passer une journée pleine pour quelques commissions ou visites. J’ai eu le plaisir de faire la connaissance avec la fiancée de Paul, elle est tout à fait charmante et simple, elle a su plaire à tous ceux qui l’ont vue. Elle était accompagnée par sa belle-sœur et par son frère, le monde est petit, que j’avais connu sous-lieutenant de chasseurs à Valence, il y a dix ans. Il a changé d’arme depuis et il est actuellement lieutenant d’artillerie.

 

J’ai vu Jean Callies aussi, pas très gai. Et André[1] son frère que je n’avais pas revu depuis le 28 août 1914 à la Bourgonce lorsque, avec Jacques[2] et Henri, ils m’avaient hélé au moment où je passais au trot en tête de ma batterie devant le renfort de chasseurs du 11e alpin dont ils faisaient partie, comme c’est déjà loin déjà. Il est actuellement avec Jacques[3], Jean et Yves[4] (bientôt) à l’armée d’Italie, ils y sont assez tranquilles.

 

L’oncle Jacques n’a pas remis à Monsieur Bertin la note sur le corps immergé, pensant que je voulais la corriger. Je lui ai écrit avant-hier une lettre qui est censée accompagner la note et qui explique ce que sont les résistances passives. Je l’ai prié de me la faire recopier à la machine et de m’en conserver un exemplaire.

 

La question de Madame Piet reste en suspens, je ne sais si Maman lui aura écrit… Le baptême de ma filleule est fixé à la fête de Pâques. Je pense pouvoir être libre pour ce jour-là et partir le soir pour St Jorioz.

 

François et Jean y arriveront le samedi, leurs lettres me les montrent impatients, comptant les jours. Ils continuent à bien travailler. Mon pauvre Jean ne s’entend pas très bien avec son surveillant et cela me surprend car il n’est pas difficile à mener, un peu insouciant cependant et lambin… ses mauvaises notes de division coïncident avec ses meilleures places de composition : 1er en mathématiques et 2e en je ne sais plus quoi.

 

J’aurais voulu avancer mon travail mais depuis le 20 février je n’ai pas pu. Le repos a été morcelé pour moi entre Sannois et Chatenay et les reconnaissances, manœuvres de cadres, critiques à la division, etc., m’ont pris des journées entières à cheval ou en auto. Le château de Chatenay où je me trouvais était fort agréable à habiter, surtout avec le beau temps que nous avions. Il me rappelait St Jorioz, un bouquet de pins se trouvait devant ma fenêtre identique à celui qui sert de support au portique de gymnastique, celui de gauche incliné et sensiblement plus grand que les autres. L’illusion était si complète que je voyais distinctement au travers, quand je me laissais aller à la rêverie, le lac et les dents de Lanfon.

A suivre…



[1] André Callies (1893-1945), fils de Jacques Callies et Marie, née Aussedat

[2] Jacques Deries ? (1890-1961), fils d’Armand Deries et Marie Callies

[3] Jacques Callies ? (1894-1948), fils de Jacques Callies et Marie, née Aussedat

[4] Jean (1896-1986) et Yves (1897-1986) Callies, fils d’Alexis Callies et Louise Amiot



27/04/2018
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