Journal de la Grande Guerre de quelques ancêtres des familles Farret, Cambon et Broquisse - 0 - Avant-propos
Olivier Farret – 28/09/2016
Avant-propos
Dans le cadre du centenaire de la Première Guerre mondiale, j’ai commencé à écrire à partir d’août 2014 un journal de la Grande Guerre concernant six ancêtres de trois familles : Farret, Cambon et Broquisse. Comme pour la plupart des Français, ma famille « élargie » a été durement touchée par cette tragédie qui a endeuillé le XXe siècle naissant. Le souvenir de la Grande Guerre, les veuves et les orphelins, les pupilles de la Nation, les « pèlerinages » dans les nécropoles nationales ont marqué l’enfant que j’étais. Enfouis pendant ma vie d’adulte et les bonheurs qu’elle procure, ces souvenirs ressurgissent alors que l’existence nous permet d’avoir encore du temps pour transmettre à nos enfants et nos petits-enfants leur histoire familiale. Certes et heureusement, elle n’est pas faite que de guerres mais ils garderont la mémoire de ces hommes et de ces femmes qui ont tant enduré pour un idéal que l’on appelle la France. Écrire, participer au blog 14-18 de Marie Favre, que je remercie chaleureusement, permet de vaincre l’oubli. Nous sommes des passeurs de mémoire.
Ces six parcours de vie et de combats rédigés simultanément sont issus des dossiers militaires, des historiques des régiments et des journaux de marche et d’opérations (JMO) du Service historique de la Défense (SHD), des Archives départementales de l’Hérault, de documents familiaux et de recherches sur internet. Ces « journaux de guerre » sont enrichis par des lectures d’ouvrages historiques, souhaitant intégrer l’histoire de ces soldats dans le cadre plus général du conflit. Je me suis attaché à transcrire des témoignages de combattants, de médecins, de brancardiers… dont les régiments étaient sur les mêmes lieux de combats.
Quatrième génération de militaires, j’ai choisi d’être médecin des armées, ancien élève de l’École de Santé Navale à Bordeaux. J’ai opté pour une carrière hospitalière au sein des hôpitaux des armées, Val-de-Grâce et Bégin. Médecin général inspecteur, je suis actuellement le président de l’Association des Amis du Musée du Service de santé des armées (AAMSSA) au Val-de-Grâce, un des pôles de la mémoire historique du Service de Santé. Je suis aussi membre actif du conseil d’administration de la Société des Amis du Musée de l’Armée (SAMA).
J’aurai l’occasion d’évoquer dans ce blog l’engagement pouvant aller jusqu’au sacrifice ultime de cette « armée qui soigne » durant la Grande Guerre. Ces hommes et ces femmes gardaient surement à l’esprit la devise de l’École de santé des armées :
« Mari transve mare, pro patria et humanitate, hominibus semper prodesse »[1].
En 1914
Etienne Farret, mon arrière-grand-père, originaire de Béziers est capitaine de vaisseau en poste à Toulon. Marié avec Victorine de Crozals, ils ont trois enfants, André, Pierre et Paul, mon grand-père paternel. Tous trois embrassent la carrière des armes ; André est Saint-Cyrien, promotion In-Salah (1899-1901), Paul est Saint-Cyrien, promotion du Sud-Oranais (1902-1904), Pierre est sorti de l’École Navale (1898-1900).
Paul Cambon, mon autre arrière-grand-père, vit à Montpellier. Il est un descendant du frère du conventionnel Joseph Cambon. Capitaine de corvette (er), Paul Cambon est propriétaire viticole au pied du Pic Saint-Loup, avec le domaine de Lancyre, près de Valflaunès dont il est le maire. Marié avec Marie Gabrielle Fournié, ils ont cinq enfants, Eugène, Yvonne, ma grand-mère, Fernande, Marcel et Marthe.
Georges Broquisse, l’arrière-grand-père de mon épouse Martine, originaire d’Angoulême, vit à Bordeaux. Ancien chef de cabinet de la direction générale des PTT à Paris, il est alors le receveur principal de Bordeaux. Marié avec Adèle Roudier, ils ont quatre enfants, Germaine, Inès, Jean et Thérèse. Jean est le grand-père maternel de Martine. Georges Broquisse décède en février 1914. Durant la guerre, la famille vivra essentiellement à Juillac près de Castillon-la-Bataille, au Château du Soulat, propriété viticole appartenant à Adèle Broquisse.
J’aurai l’occasion de présenter ces trois familles de façon plus détaillée dans la séquence « Portraits de familles »
André Farret, 35 ans, est capitaine au 173e RI en garnison à Bastia. Marié avec Juliette Ravel, ils ont trois enfants, Marguerite, Henry, 6 ans et Marie. La famille habite Toulon. |
Pierre Farret, 34 ans, lieutenant de vaisseau, est embarqué à la flottille des torpilleurs et des sous-marins, basée à Bizerte (Tunisie). A la déclaration de guerre, il commande le torpilleur N° 330. Marié avec Jeanne Magnon Pujo, ils ont trois enfants, Jean, 5 ans, Annie et Suzanne, 1 an. La famille réside à Toulon. |
Paul Farret, 31 ans, mon grand-père, est lieutenant au 111e Régiment d’infanterie (RI) en garnison à Antibes, marié avec Yvonne Cambon, 26 ans. Ils ont un fils Maurice âgé de 2 ans. |
Eugène Cambon, 29 ans, frère aîné d’Yvonne Farret, est mobilisé comme soldat de 2e classe au 341e RI en garnison à Marseille. Marié avec Madeleine Lacas, ils ont un enfant Paul né en 1914. |
Marcel Cambon, 22 ans, frère cadet d’Eugène et d’Yvonne, étudiant à l’Ecole Nationale d’Agriculture de Montpellier, envisageait d’entrer au noviciat de la Compagnie de Jésus. Il est mobilisé comme soldat de 2e classe au 40e RI à Nîmes. |
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Jean Broquisse, 20 ans, le grand-père de mon épouse, étudiant en droit, sursitaire, est mobilisé comme soldat de 2e classe au 144e RI en garnison à Bordeaux. D’août 1914 à septembre 1919, Jean Broquisse et sa famille entretiendront une correspondance régulière de plus de mille lettres et de nombreuses cartes postales. Ces échanges épistolaires entre Jean et ses proches, sa mère, ses trois sœurs mais aussi ses quatre cousins qui sont au front, constituent un vibrant témoignage sur la Grande Guerre, bientôt édité. |
Mon grand-père maternel Félix Pascalet, 27 ans, ayant contracté la poliomyélite à l’âge de 9 ans, avec d’importantes séquelles physiques, avait été réformé ; le grand-père paternel de mon épouse, Pierre Fontayne, 14 ans, sera seulement mobilisé par anticipation en 1918, à la veille de l’Armistice.
[1] « Sur mer et au-delà des mers, pour la Patrie et l’humanité, toujours au service des hommes ». Cette devise reprend celles des deux anciennes Écoles du Service de santé des armées de Bordeaux et de Lyon, celle de Bordeaux a fermé en 2010.
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