En souvenir d’oncle Emile - 2 - Présentation familiale et 1er épisode de sa biographie de guerre
Le lieutenant de réserve Emile Claude est mobilisé en 1914. A la tête de sa compagnie, il combat en Lorraine, en Champagne, en Picardie, et à Verdun, où il tombe héroïquement le 8 juin 1916, en défendant la redoute R.1, à 500m du fort de Vaux. Il était célibataire sans descendance ; les correspondances avec sa famille ont disparu en 1944. Son petit-neveu Patrick Germain, après recherches, a reconstitué sa biographie de guerre ainsi que le déroulement de son dernier combat, et organisé le pèlerinage familial qui a créé, 100 ans plus tard, sa sépulture sur le champ de bataille.
Patrick Germain - 14/06/2016
Le lieutenant Emile Claude en permission, dans le jardin de la maison familiale de Gérardmer
Emile CLAUDE n’est pas mon oncle ; il est mon grand-oncle, le frère de mon grand-père Georges, et le fils cadet de mon arrière grand-père Alphonse (1849-1927), fondateur des Tissages CLAUDE à Gérardmer.
Alphonse et Félicie CLAUDE et cinq de leurs 6 enfants (de g. à d.) : Pierre, Georges (mon grand-père),
Henriette, Albert et Emile (Dorothée n’était pas née)
Alphonse et Félicie CLAUDE entourés de leurs enfants ; de g. à dr : Emile, Georges (mon grand-père), Pierre, Dorothée et Henriette (assises). Derrière à dr : Albert (l’aîné) et Augustine, sa jeune femme, dite « Tantine » (née GERARD, du Tholy)
Il est né en 1886 à Gérardmer ; je n’ai su dans ma jeunesse que très peu de choses de lui, sinon qu’étant enfant, je me rappelle que Papy, en Juin 1956, nous a emmené Yves et moi avec nos parents à Verdun, à l’occasion du 40ème anniversaire de sa mort. Et c’est au fort de Vaux, piloté par un vieux chasseur, que nous fîmes connaissance des lieux où il livra son dernier combat. Malgré mon jeune âge, je me souviens avoir été impressionné par l’ambiance qui régnait sur ce paysage de nulle part, et par une attitude de mon grand-père que nous ne lui connaissions pas ; il nous parla comme à de grandes personnes, avec gravité et solennité, et c’est ce lourd silence qui nous enveloppait qui me permit de mesurer la tragédie dont ces lieux furent le théâtre. En outre, autour de la table familiale, le dimanche à « La Roche du Rain », on ne parlait jamais de tout cela, et on savait que notre grand-père, comme tous ceux qui en avaient réchappé, resterait muré dans sa douleur silencieuse. Il s’était acquitté de son devoir de mémoire et en avait « passé le témoin » aux deux générations suivantes, une bonne fois pour toutes. Les souffrances d’une autre guerre encore très proche avaient occulté ce passé, et nos grands-parents, avec la nouvelle génération des petits-enfants que nous formions et qui s’accroissait d’année en année, se projetaient résolument dans l’avenir. C’est ainsi que, passée cette journée de juin 1956 à Verdun, oncle Emile prit place sur une des plus hautes étagères de ma mémoire, pour en redescendre une fois par an le 2 novembre, jour des morts, où nous visionnions sa plaque commémorative dans le caveau de famille, car son corps, nous avait expliqué Papy, était resté là-bas, sur le champ de bataille, parmi ses hommes. Le temps passa, et vint la période de mon service militaire ; je n’étais pas vraiment militariste, toutefois je compris assez vite que la meilleure façon d’occuper au mieux ces 12 mois de mobilisation incontournable, était de suivre la formation d’officier de réserve. Après 6 mois d’instruction soutenus, mon galon en poche, je choisis d’être affecté au célèbre 15-2 à Colmar...
Présentée sous une forme originale, cette narration n’en a pas moins été bâtie sur la réalité des faits (une seule chose est fausse : Emile CLAUDE ayant été célibataire, il est marié pour les besoins de la narration) :
Début juin 1971, c’était le 7, je crois, j’arrivai de Ventron à « La Roche du Rain » pour déjeuner ; en permission, je sortais depuis peu du bataillon E.O.R de Coëtquidan, où l’on m’avait remis, à l’issue d’une période d’instruction intensive de 6 mois, la barrette d’officier ; j’étais fier, et mes grands-parents avaient hâte de recueillir mes impressions.
Ma grand-mère et Vovo m’attendaient en haut du grand perron : « regardez Madame comme il est beau, notre Patou, avec son uniforme… » J’eus l’impression d’être le soldat qui revenait d’opérations… ; Mamy, rayonnante, me dit en m’embrassant :
« La dernière fois que j’ai vu un uniforme d’officier dans la famille, c’était celui de mon père, à notre mariage, en 1920 ; il était très fatigué par la guerre, et il est mort quelques mois après ; là où il est, il est certainement très heureux de voir son arrière petit- fils en tenue d’officier ; cours vite dire bonjour à ton grand-père qui n’attend plus que toi ».
Je traversai le vestibule et pénétrai dans le bureau ; Papy, bien calé dans son vieux fauteuil de cuir, regardait son communiqué à la télévision, mais, dès qu’il me vit, il leva promptement la tête :
« A vos rangs, fixe », clama-t-il d’une voix claire ; « tu vois, je me mets au garde-à-vous, car moi je n’étais que sous-officier ».
« Repos Papy…. Peut-être, mais toi tu as vraiment fait la guerre pendant plus de 4 ans, et moi, je ne suis qu’un soldat du temps de paix ».
« Soit, mais qui veut la paix prépare la guerre, mon garçon » ; claironna-t-il ; il poursuivit :
« Quel régiment as-tu demandé pour effectuer ton commandement ? »
« Devine ; il n’y en a qu’un… le seul… l’unique pour nous Gérômois… c’est « le plus beau régiment de France »… :
Cérémonie militaire à Gérardmer devant l’Hôtel de Ville (fin 1913-début 1914) avec des officiers du 15-2
Emile est à l’extrême droite, en haut
« Nom d’une pipe, tu vas au 15-2… tu sais que le 15-2 était à Gérardmer avant 14 et que tous ici nous y sommes passés ? moi-même, ton arrière grand-père CHENÈBLE, ton grand-oncle Jean BEXON et puis ton oncle Emile, qui t’attend dans l’après-midi pour échanger avec toi. Tu sais que tous les 2 nous sommes de vieux complices ; on formait ensemble avant la guerre un excellent duo en patinage artistique ; tu as probablement vu les photos ?
Janvier 1914 : les deux frères Emile (à g.) et Georges patinent en couple sur le lac de Gérardmer lors d’une compétition
(ils ont gagné une coupe que j’ai toujours)…
Il a 84 ans, mais il est toujours en forme, grâce à la marche qu’il s’impose tous les jours. Il était lieutenant de réserve, exactement comme toi ; d’ailleurs c’est impressionnant de voir votre ressemblance au même âge. Il faudra aussi que je t’emmène voir Paul BOUCHER, le Président des anciens du 15-2 ; tu m’y accompagneras en uniforme, bien entendu… »
Le déjeuner se passa agréablement ; j’y racontai mon stage à Coët, et fis le portrait de mes « voraces » : mon lieutenant, un grand légionnaire au profil d’aigle, qui nous en fit voir de toutes les couleurs, et mon capitaine, un « pinailleur » très réglo.
J’abandonnai tout le monde à la sieste et descendit à pied chez l’oncle Emile. Il habitait une belle maison très ancienne sur la place Albert Ferry, dans l’axe de la grand rue ; elle avait été autrefois la maison d’habitation ainsi que la maison de vente de l’arrière grand-père Alphonse, fondateur de l’entreprise de tissage familiale :
Il me vit arriver de loin, sur son balcon, tirant de longues bouffées de sa pipe qui ne le quittait jamais ; il prenait le café avec Tante Maria, abrité du soleil par un chapeau de paille « panama ».
Il m’interpella : « Comment va Monsieur l’aspirant ? toutes les filles se sont retournées sur ton passage, tu n’as pas vu ? Laurence, la jolie bijoutière, est sortie de sa boutique pour te voir t’éloigner… tu devrais t’y intéresser, mon cher neveu… »
« Voyons Emile, lâcha Tante Maria, pas si fort… tout le monde t’entend… fais-le monter et se joindre à nous.»
Je franchis la porte, traversai le long couloir pavé de belles mosaïques anciennes et gravit l’escalier, avant de déboucher sur le grand salon au plafond bas tapissé de boiseries ; l’oncle Emile venait à ma rencontre, l’œil toujours allumé.
Je m’inclinai devant le vieux soldat ; il m’embrassa chaleureusement, en me félicitant de mon galon.
« Tu as bien fait de faire les E.O.R, cela te donne une aptitude au commandement dont tu auras bien besoin plus tard pour diriger ton usine à Ventron ; et puis tu t’es endurci, musclé… ; j’avais exactement ton âge au moment de mon service militaire ici, au 15-2 ; mais moi j’y ai passé 2 ans, à l’issue desquels j’ai été nommé sous-lieutenant de réserve, fin mars 1909 ».
« A propos, oncle Emile, je vais à Colmar, au 15-2 »
« Eh bien, voilà une sacré nouvelle ! Viens donc t’asseoir et parler avec ton ancien ; Maria, sers du café à notre jeune aspirant ».
Je m’assis dans une confortable bergère en rotin ; l’oncle Emile tira sa blague à tabac et entreprit de bourrer son antique bouffarde.
« Tu sais, Patrick, j’ai toujours eu la haine des boches ; c’était viscéral chez moi ; j’avais un maître d’école qui était un ancien de 70 ; il faisait partie de l’armée de Bazaine ; tu sais Bazaine, qui s’est rendu sans combattre, à Metz… ; eh bien il en fut l’un des 142 000 prisonniers, et ne s’en était jamais remis ; alors il nous disait : moi, je suis trop vieux à présent pour combattre ; mais vengez-nous ! Il faut laver l’affront et reconquérir notre Alsace-Lorraine. Alors tu vois, j’ai voulu marcher dans ses pas. Ceux du 15-2, ici, on était les rois ; tu ne peux pas savoir comment nous étions l’objet de toutes les attentions ; un régiment à Gérardmer, cela représentait une ressource très importante pour le commerce local ; et puis, « Les Hirondelles »…., tu n’as jamais entendu parler des « Hirondelles »… ?
« Voyons Emile, trancha Tante Maria, un peu de retenue …. »
« Mais c’est de son âge, Maria, il n’est pas tombé de la dernière pluie, et puis c’était un lieu respectable tout à fait reconnu… »
« Respectable d’une certaine façon oui, ironisa Tante Maria, de par les gens qui y avaient leurs habitudes et qui étaient des gens respectables… »
« Bon, restons sérieux, et avant de te raconter mes campagnes, goûte-moi de cet excellent kirsch de chez le père FEBVAY du Val d’Ajol… tu sais, là où le Prince ROMANOV, en cure à Plombières, vient aussi s’approvisionner, quand il en a assez de la vodka… ».
Quelque temps plus tard, oncle Emile abandonna sa bonhomie et me fixa avec gravité, tout en se calant dans son fauteuil.
« Tu crois connaître tout mon parcours de guerre, Patrick, eh bien pas tout à fait, figure-toi …, car je vais te dévoiler tout à l’heure des évènements qui m’ont beaucoup marqué, et dont je n’ai jamais parlé à quiconque, sauf à Georges, ton grand-père. Et si j’ai décidé de rompre mon silence aujourd’hui, c’est pour marquer ta nomination, en évoquant une première fois avec toi les servitudes et les grandeurs de la condition d’officier. Mais pour l’instant, je reviens au début de ma campagne ; j’ai été mobilisé dès le 3 août 1914 ; ma feuille de route me prescrivait de me rendre à Roanne, lieu de garnison du 298e R.I ; ce régiment était un régiment de réserve, dérivé du 98e R.I., où j’étais affecté en 1913 :
On me donna le commandement d’une compagnie ; la 18e ; la mobilisation s’accomplit dans un ordre parfait ; j’étais vraiment un « parachuté » car la grande majorité des effectifs venait de la région de Roanne ; nous nous sommes embarqués le 11 août, ayant peine à nous frayer un passage au milieu de la population qui nous acclamait. Tu sais, ce sont des souvenirs que l’on n’oublie pas, et cela nous a donné du courage…
Le 12, nous débarquions à Vesoul, puis nous nous dirigeâmes par étapes vers la frontière franchie le 17 août avant de cantonner en Alsace jusqu’au 26 août à Burnaupt-le-Haut, Enchisgen, Ammertzwiller, Aspach, Fellering, sans prendre contact avec l’ennemi…. »
« A Fellering ? là où était le Q.G de l’état-major de « l’Alsacienne », la 66e D.I, dont faisait partie le 15-2 ; là où est maintenant l’usine BOUSSAC… ? »
« Précisément !, mais nous sommes vite repartis pour les Vosges où un train nous attendait au Thillot pour faire mouvement sur la Somme ; à ce moment-là, après l’échec cuisant de l’offensive en Lorraine, tu sais, c’était le repli, toutefois en bon ordre… notre mission était de former l’arrière-garde de la 125e brigade qui se repliait en direction de Paris ; ce mouvement était très dur pour le moral ; on voyait arriver un nombre considérable de femmes et d’enfants qui encombraient les routes. Sous un soleil de plomb, pendant plusieurs jours, on battit en retraite, la rage au cœur contre ces planqués du commandement qui avaient sacrifié tant de vies inutilement ; tu sais que pour la seule journée du 22 août, on compta 27 000 morts dans l’armée française ; les pertes journalières les plus élevées de son histoire… Et puis soudain, le 6 septembre, nous parvint l’ordre formel du « petit père Joffre » : il fallait faire face, contre-attaquer, et se faire tuer sur place plutôt que de reculer.
…. Nous eûmes alors notre baptême du feu, dès 6 heures du matin ; le soleil brillait déjà ; 5 compagnies se portèrent en avant, 3 en appui du 216e R.I, 1 compagnie en soutien de l’artillerie, et 2 en réserve ; à 10h15, nous traversons un bivouac boche fraîchement abandonné ; on entend dire que le général Von Kluck commandant l’armée allemande à qui nous faisons face, a quitté seulement les lieux il y a peu de temps ; nous recevons l’ordre d’attaquer et de prendre le plateau à l’ouest de Maulny ; mais nous dûmes marquer un temps d’arrêt, à cause du tir trop court de nos 75 ; puis la marche en avant reprend, meurtrière ; le régiment, déjà très éprouvé par l’artillerie allemande, se regroupe dans un ravin, en profitant du défilement ; à 18h, sous le feu des mitrailleuses ennemies, le régiment attaque à la baïonnette, pour atteindre les lignes de peupliers derrière lesquelles sont les tranchées ennemies ; la nuit tombe…. »
« Et pendant toute cette action, tu entraînais ta compagnie… ; tu as vu des hommes tomber près de toi ; nombreux… ; tu n’as jamais eu peur de mourir ? »
« Tu sais, on ne se pose pas de question ; on a été formés pour cela : attaquer, toujours attaquer… on a une mission à remplir ; et puis on est un peu dans un état second d’excitation extrême ; on a bu un peu de schnaps avant l’assaut… tout le monde crie ; on entend pêle-mêle des coups de gueule, des jurons, des cris de douleur… ; il faut sans cesse galvaniser les retardataires, et pendant ce temps là, la mitraille fait rage, et les obus pleuvent…
Mais je reviens à l’assaut ; tout à coup, des boches sortent de leurs tranchées, les bras en l’air en criant « Amis, Anglais ! », puis profitant de l’instant d’hésitation des nôtres, démasquent leurs mitrailleuses qui fauchent les premières vagues et brisent l’élan de nos soldats ; le colonel DUPORT, qui commande le régiment est tué net ; ah ! les salauds !! Ils nous le paieront…
Pendant la nuit du 6 au 7 septembre, 5 compagnies, dont la mienne, se reforment ; on articule alors un dispositif autour du village de Fosse-Martin, en vue de soutenir l’attaque de la ferme Nogeon pour aborder le village de Vincy-Manœuvre. Vers 17h, 2 compagnies partent à l’attaque ; vers 19h le but est atteint ; vers 20h, les boches s’avancent en ligne déployée contre les 22e et 23e compagnies en criant « English ! English ! Amis ! » Parmi les nôtres on hésite, on discute quelques instants, mais le caporal Regeffe de la 22e compagnie se porte résolument en avant, s’empare du casque d’un ennemi qu’il a tué et revient en s’écriant : « Tenez ! regardez comme ce sont des Anglais ! ». Les nôtres attaquent alors vigoureusement à la baïonnette, un corps à corps terrible s’engage. C’est alors que le soldat Guillemard, le sergent Antoine, le caporal Michalet, et quelques hommes s’élancent sur un groupe constituant la garde du drapeau du 36e régiment d’infanterie allemand… Le soldat Guillemard se précipite sur l’officier allemand porte-drapeau, le transperce de sa baïonnette et lui arrache le drapeau. La compagnie fait une trentaine de prisonniers ; le capitaine FLAMAND, qui a dirigé l’action, est tué ; au même moment, je me trouvais avec ma compagnie à la ferme Nogeon, qui était le centre d’un furieux combat. Bivouac sur place.
Le lendemain 8 septembre, notre artillerie prépare dès l’aube l’attaque de Vincy …
... Accueillis dès l’assaut par des feux de mitrailleuses extrêmement violents, nous dûment immédiatement nous déployer par groupes dans les champs de betteraves et nous arrêter, notre commandant GIRARD tué à son poste de combat. En arrivant à proximité de la ligne ennemie, la 17e compagnie qui marchait en tête est reçue par les mitrailleuses qui fauchent une grande partie de son effectif.
Nos 2 bataillons décimés, privés de cadres, on se rassemble avant l’aube à Fosse-Martin pour nous réorganiser en raison des grosses pertes subies ces 3 derniers jours ; nous comptions 10 officiers tués, 10 officiers blessés, et 1 000 hommes de troupes tués et blessés…
2 compagnies sont supprimées, la 17e et la 21e, et un capitaine, tu te rends compte, un capitaine, LEMAITRE, prend le commandement du régiment. Vers 17h, l’ordre nous est donné d’occuper et de renforcer les tranchées prises la veille ; les hommes sont exténués ; mais l’ordre est formel ; il faut tenir à tout prix, ne pas reculer et se faire tuer sur place.
Alors on tient, on se cramponne ; la journée et la nuit se passent dans l’attente d’une attaque allemande qui ne se produit pas…
Au repos, au poste de secours, avec qqs uns de ses hommes (le lieutenant Emile Claude est debout, le 3ème de g. à d.)
Une remarque, à laquelle je n’ai pas trouvé d’explication :
pourquoi portent-ils des « tartes », alors que nous sommes dans un R.I…
A SUIVRE…
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