14-18Hebdo

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173e semaine de guerre - Lundi 19 novembre au dimanche 25 novembre 1917

LUNDI 19 NOVEMBRE 1917 - SAINTE ELISABETH DE HONGRIE - 1205e jour de la guerre

MARDI 20 NOVEMBRE 1917 - SAINT FELIX DE VALOIS - 1206e jour de la guerre

MERCREDI 21 NOVEMBRE 1917 - PRESENTATION DE LA STE VIERGE - 1207e jour de la guerre

JEUDI 22 NOVEMBRE 1917 - SAINTE CECILE - 1208e jour de la guerre

VENDREDI 23 NOVEMBRE 1917 - SAINT CLEMENT - 1209e jour de la guerre

SAMEDI 24 NOVEMBRE 1917 - SAINT JEAN DE LA CROIX - 1210e jour de la guerre

DIMANCHE 25 NOVEMBRE 1917 - SAINTE CATHERINE D’ALEXANDRIE - 1211e jour de la guerre

Revue de presse

-       Entre Brenta et Piave la pression ennemie s'accentue

-       La révolution maximaliste - Les décrets de Lénine

-       L'engagement naval d'Héligoland

-       L'organisation du haut commandement allié

-       Le ministère Clemenceau devant la Chambre - La confiance votée par 418 pour, 65 contre

-       Foudroyante avance britannique sur un large front entre Saint-Quentin et la Scarpe - Les Anglais aux portes de Cambrai

-       Kaledine en marche sur Moscou et Petrograd

-       L'armée britannique à huit kilomètres de Jérusalem

-       Graves désordres à Vienne

-       Pour se défendre, M. Malvy demande une instruction parlementaire - La Chambre la lui accorde

-       Echec de la révolution dans l'Equateur

 

Morceaux choisis de la correspondance

Les Anglais ne semblent pas vouloir accepter le commandement de Fayolle. En Russie, la situation a l’air bien mauvaise, et ce qui m’étonne c’est que les Allemands n’en profitent pas plus.

19 novembre - ELLE.- Je suis contente de voir le temps doux de ces jours-ci qui est plus agréable pour votre embarquement et votre voyage que le froid ou la pluie.

 

Nous avons eu hier Thérèse et ses petits, mais elle n’est pas restée longtemps car sa cousine d’Arches devait venir goûter chez elle, et comme mes enfants servaient les Vêpres j’y ai assisté, puis vers quatre heures, nous sommes allés, Maman, André et moi à pied à Cheniménil, cela nous a fait une bonne petite promenade.

 

Nos garçons commencent à très bien servir la messe, ils y mettent plus de lenteur et d’attention que les gamins du village, on le leur a tant répété qu’ils ont fini par le faire. Le curé de Docelles est en permission depuis huit jours, André a servi la messe tous les jours de la semaine, mais Robert n’y est allé que le dimanche et quand il y avait des services mortuaires vers 9 heures, car je ne voulais pas le fatiguer en le faisant lever si tôt. Il n’est pas assez fort pour se lever tous les jours à 6 heures ½ et sortir par la brume.

 

Je t’envoie par ce courrier un numéro de l’Union Républicaine où a paru l’acte de société fondée par Boussac. Je croyais que Paul lui avait vendu 4 millions et il n’est question que de 3 millions sept cents, il faut croire que j’avais mal compris. Voilà l’affaire de Paul gérée par Boussac, Laederich que Paul détestait tant, c’est curieux comme les choses tournent.

 

Maurice est allé au nord-est du lac de Garde, il n’est toujours pas en ligne. Les Anglais ne semblent pas vouloir accepter le commandement de Fayolle, il y a toujours une petite rivalité difficile à empêcher et qui doit gêner beaucoup les opérations. En Russie, la situation a l’air bien mauvaise, et ce qui m’étonne c’est que les Allemands n’en profitent pas plus. Il est vrai que le gouvernement étant inexistant, ils ne pourraient pas traiter, ils aiment mieux sans doute jeter toutes leurs troupes sur nous.

 

Paul nous disait que la vie se renchérissait dans les Vosges. J’espère que nous laisserons le record à la Russie, 250 roubles une paire de chaussures, 600 roubles un vêtement qui valait 65 roubles avant la guerre, 5 r un citron. Espérons que la dernière aventure assagira ce pays.

 

19 novembre - LUI.- J’ai reçu ta bonne lettre du 15. Je suis content qu’André travaille bien son latin et je suis certain qu’en travaillant bien il fera beaucoup de progrès.

 

Nous sommes toujours ici et on ne parle pas encore de notre départ. Demain nous faisons une marche soi-disant d’entraînement mais nous serons rentrés pour midi. Je profite du temps qui nous reste avant de partir pour faire quelques instructions et quelques manœuvres qui sont nécessaires lorsqu’on a passé quelque temps en secteur.

 

Cette après-midi j’ai été avec le colonel à une expérience de nouvelles bombes faite près du front, tout près de l’endroit où nous étions il y a quinze jours. Nous sommes allés en auto, j’étais rentré pour 5 heures. Notre colonel s’en va. Il fait partie de l’artillerie coloniale et tous les officiers de cette arme sont relevés pour permettre à leurs camarades qui étaient restés aux colonies depuis le début de la guerre de venir sur le front. C’est très juste mais tous ces braves officiers qui n’ont entendu parler de la guerre que par les journaux ne manqueront-ils pas un peu d’expérience et surtout des chefs d’escadron et des colonels. Celui qui remplace notre colonel heureusement est au front depuis deux ans. Mais comme il n’est que commandant, nous regrettons tous qu’on n’ait pas nommé le Ct Tribout qui a fait toutes les attaques, a beaucoup d’expérience et est très aimé de nous tous. Lui-même est un peu déçu, il me l’a dit, et navré de quitter le régiment avec lequel il a fait campagne depuis le début de la guerre car il sera probablement nommé lieutenant-colonel d’ici quelques mois et aura donc le commandement d’un autre régiment.

 

Le ministère est tombé en effet et comme tu dis nous sommes un peu dans le gâchis. Toutefois je crois que Clemenceau est un homme énergique et en tout cas il nous donne à tous plus confiance que Caillaux et sa clique. En Italie cela ne va pas trop mal en somme pour le moment. Je craignais que les boches n’arrivassent aux Alpes. Ils semblent être arrêtés sans que d’ailleurs les armées anglaises et françaises qui sont là-bas soient déjà intervenues.

 

21 novembre - ELLE.- Je te joins une lettre que Robert a écrite hier étant seul à la maison en nous attendant, il en a écrit autant à ses oncles Maurice et Georges. Le pauvre petit Robert n’aura pas la bosse de l’orthographe, il écrit encore comme un tout petit. Il va bien en ce moment, ce qui me fait plaisir, mais il reste toujours très maigrot et pâle, j’espère que cela changera avec l’âge.

 

Nous avons eu hier les Mlles Marchal et leur mère à dîner. En rentrant d’Epinal, dans l’auto, André me dit : « Je suis content que ces Delles viennent chez nous ce soir ». Voulant le faire parler, je lui demande : « Pourquoi es-tu content, est-ce parce que cela te fait plaisir de les voir ou parce que tu crois qu’elles ont du plaisir à venir ». « Les deux, a-t-il répondu, je les aime bien ». C’est curieux, il trouve Mlle très sévère, elle a énormément d’empire sur lui, mais il l’aime beaucoup car il la sent juste.

 

J’espère que votre départ sera retardé jusqu’à la semaine prochaine pour que je puisse encore te voir dimanche. Comme je te disais dans ma carte d’hier mise à la poste à Epinal, tu pourrais peut-être venir jusqu’ici, puisque cela ne te fait rien de te lever tôt, tu prendrais l’express qui arrive à Epinal à 9h du matin partant de Nancy à 7 et tu pourrais repartir à 5h. Les enfants seraient si contents de te voir et, si je vais à Nancy, je ne peux guère les emmener, ils nous gêneraient. J’irai à Epinal dimanche, si je ne te vois pas descendre de l’express, je prendrai le train que j’ai pris il y a dix jours, pourvu seulement que tu ne m’envoies pas contr’ordre.

 

Nous avons été chercher Thérèse pour dîner avec nous hier soir, elle est toujours seule, cela lui fait plaisir de venir quoique ce ne soit pas une grande réception, Faron l’a reconduite à 9 heures. Elle n’a plus eu de nouvelles de Maurice depuis qu’il a quitté le lac de Garde, c.à.d. le 13.

 

Bonnes tendresses mon amour chéri et à dimanche. Ta Mi.

 

21 novembre - LUI.- J’ai reçu tes bonnes lettres du 16 et du 17. Tu diras à notre petit Dédé que son papa est bien content lorsqu’il travaille bien et que rien ne peut lui faire plus de plaisir.

 

D’abord une bonne nouvelle. Mon tour de permission va venir prochainement. Mes camarades ont été si rapidement depuis que nous sommes ici que les deux qui me précèdent partent demain. Ils reviendront donc le 4 ou le 5 et je pourrai très probablement partir le 6 et il n’y aura donc pas trois mois que je suis parti. J’aurais peut-être préféré attendre au 1er janvier mais Dieu sait où nous serons à ce moment. Sans cela ç’eut été plus agréable, puisque les enfants ont congé et puis à force d’avancer nos tours, il arrivera bien un moment où nous serons forcés de les reculer et alors nous pourrons attendre cinq mois avant de revenir ce qui nous semblera à tous bien long.

 

Sois tranquille, le Ct Tribout n’est pas encore arrivé à ses fins. Je crois d’ailleurs qu’il y a renoncé. L’autre jour nous avions été dîner au 3e groupe. Il assistait au dîner mais nous a quittés très tôt pour recevoir Mme Tribout (je dis Mme bien que je croie qu’ils ne sont pas mariés légalement, bien qu’ils aient un enfant que le Ct a reconnu). Il m’a invité à dîner avec Mme Tribout et plusieurs camarades. Entre nous, sa femme paraît beaucoup plus sérieuse que lui et ne se fait d’ailleurs aucune illusion sur la sagesse et la constance de son mari. Elle est ici sans en avoir le droit et ne sort pas du tout. Elle dîne même chez elle à midi et ne va à la popote des officiers de l’état-major que le soir. Je t’ai dit que notre colonel nous quittait. Il est rentré avant-hier de permission et naturellement il n’est pas du tout content qu’on l’expédie aux colonies. Nous l’avons invité aujourd’hui à un dîner d’adieu.

 

Je plains le pauvre Georges mais j’espère qu’il ne sera pas trop mal dans son nouveau camp.

 

Pourvu qu’on ne vous envoie pas à Salonique, on parle d’une prochaine offensive des Allemands, et ce départ retardé me fait craindre qu’on ne vous y envoie.

22 novembre - ELLE.- J’ai reçu ta lettre du 19 ce matin. Je n’ai plus qu’un désir maintenant c’est que ton départ n’ait pas lieu avant la semaine prochaine, je voudrais tant te revoir encore dimanche, j’espère que tu pourras venir jusqu’ici puisque cela ne te prend pas plus de temps que d’aller à Nancy.

 

Nous avons eu un émoi tout à l’heure à cause de ce sot de Dédé. Il venait à peine de sortir après son goûter voulant faire un voyage à la gare avec Pâris, quand il revient en courant tout effrayé en nous disant qu’il a donné un coup de fouet à un chien et que le propriétaire veut le claquer. Nous avions à peine compris ce qu’il nous racontait qu’en effet on sonne, c’était Clément, un ancien petit employé du bureau qu’on a mis à la porte pour vol il y a cinq ou six ans, qui venait furieux réclamer que Dédé avait fouaillé son chien, qu’il en avait assez, qu’une autre fois il lui avait déjà dit qu’il avait « des pattes tordues » (il a les pieds bots), que ce n’était pas la peine d’être d’une bonne famille pour agir comme un petit voyou, etc., etc. J’ai obligé André à lui demander pardon et lui ai donné de bonnes claques devant ledit Clément, qui est au fond un très mauvais type et ensuite ai montré à André combien j’étais honteuse de lui, qui se conduit en effet comme un enfant mal élevé et surtout sans cœur, que je lui aurais encore pardonné le coup de fouet au chien, mais pas les paroles méchantes au sujet de l’infirmité du bonhomme. J’espère que cela servira de leçon à André. En attendant cela m’a coupé bras et jambes, il ne me faut pas grand-chose pour me donner de l’émotion.

 

A part cela ils avaient été très sages, mais ces diables d’enfants ont, semble-t-il, envie d’être grondés, ils ne peuvent être vraiment gentils huit jours de suite.

 

J’ai reçu un chèque de la Josse qui donne 1 000 francs d’intérêts cette année. Nous avons une obligation du Crédit Foncier qui est remboursable à 500frs seulement, ce n’est pas un lot. C’est une obligation héritée de l’oncle Paul Boucher, mais elle ne nous a pas été cotée à 500 au moment du partage, cela fait donc un tout petit bénéfice. Hélas, cela ne comble pas notre déficit de roubles.

 

Nous irons demain passer l’après-midi avec Thérèse. Elle aura, je pense, reçu des nouvelles de Maurice, les dernières étaient du 13. Il disait qu’ils étaient bien, trop bien même.

 

Pourvu qu’on ne vous envoie pas à Salonique, on parle d’une prochaine offensive des Allemands, et ce départ retardé me fait craindre qu’on ne vous y envoie.

 

Bonnes tendresses, mon mari chéri à dimanche avec tant de joie. Ta Mi.

 

Gravures du Petit Journal - Supplément illustré - 25/11/1917 (N° 1405)

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Les troupes françaises ont reçu, de tout temps, en Italie, l’accueil le plus chaleureux

 

 

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Le front de Saint-Dié - Vue panoramique

 

 

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Carte de la guerre en Italie

  

 

Thèmes qui pourraient être développés

  • Russie - La révolution maximaliste - Les décrets de Lénine - Kaledine en marche sur Moscou et Petrograd
  • Marine - L'engagement naval d'Héligoland
  • Front - Foudroyante avance britannique sur un large front entre Saint-Quentin et la Scarpe - Les Anglais aux portes de Cambrai
  • Palestine - Prise de Jaffa - L'armée britannique à huit kilomètres de Jérusalem
  • Autriche - Graves désordres à Vienne
  • Politique - Pour se défendre, M. Malvy demande une instruction parlementaire - La Chambre la lui accorde
  • Equateur - Echec de la révolution dans l'Equateur
  • Religion - Servir la messe
  • Russie - Coût de la vie
  • L'artillerie coloniale
  • Placement - Déficit de roubles
  • Les Français en Italie - Les troupes françaises ont reçu, de tout temps, en Italie, l'accueil le plus chaleureux (LPJ Sup)
  • Le front de Saint-Dié (LPJ Sup)
  • La guerre en Italie (Carte) (LPJ Sup)
  • Religion - Fête religieuse - Présentation de la Sainte Vierge - 21 novembre


17/11/2017
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