14-18Hebdo

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Souvenirs de guerre 1914-1919 (Paul Boucher) - Ch 6-6 - Hartmann- Metzeral

Chapitre 6 – Hartmann- Metzeral

Document transmis par Renaud Seynave, son petit-fils - 25/04/2016

 

 

Paul Boucher 6-1 Image1 Photo des Cies.jpg

Une partie de la 4e section de la 1re Cie commandée par le lieutenant de réserve Paul Boucher en septembre 1914 à Soultzeren. (Paul Boucher est le 3e en partant de la gauche, rangée du bas)

 

22 mai 1915

Ces revues étaient toujours le signal de retour en ligne. Cela ne manque pas. Le lendemain, veille de la Pentecôte, un exercice prévu fut décommandé.

Nous partons le jour de la Pentecôte 23 mai, pour l’Altenbach où nous cantonnons avec la 2e Cie du capitaine Desportes.

 

Papa vient m’y voir avec la petite et excellente voiture qu’on laisse un peu plus bas. Un chasseur lui demande ses papiers. Je me souviens que quand papa arriva, j’étais sur la route à l’exercice. On essaya de me faire comprendre l’arrivée paternelle par des syllabes inintelligibles alors que nous avions convenu de signaux.

 

On nous laisse nous reposer tranquillement jusqu’au 3 juin et ce jour là, les capitaines partent à l’avance, en reconnaissance. C’est moi qui amène le bataillon à l’Hartmann.

 

Le 3 juin, nous allons relever le 15e chasseur. Je relève à deux heures du matin la Cie du capitaine Masson que je devais retrouver plus tard, à maintes reprises. C’était un ancien sous-officier du 152e du temps de Jean (frère ainé de Paul Boucher qui a fait son service militaire au 152e) et nous faisons vite connaissance. Il est d’ailleurs de la région et connaît toutes mes relations.

 

Depuis notre départ de l’Hartmann, celui-ci est méconnaissable. Les tranchées ont été arrangées et boisées avec des fils de fer et treillage tendus au dessus des croisements de boyaux contre les grenades.

 

Le capitaine a un abri confortable et moi une petite cabane basse mais agréable. Mon brave Séjournant couche à mes côtés.

Le secteur est calme, quelques obus et balles. Peu à peu, il fait chaud. On reprend des habitudes de caserne. Les fusils sont sur des râteliers. Des feuillées confortables avec couvercles sont creusées, elles sont désinfectées tous les matins.

Le sergent-major et le fourrier Calvet font tranquillement leurs « états » en plein soleil à 80 mètres des boches.

 

Le dimanche, nous avons une messe dite sur le terrain par un sous-lieutenant et suivie par mon caporal infirmier, le séminariste Valence de Granges. Le commandant Guey me dit m’avoir proposé comme capitaine et aussi pour la croix. C’est une petite compensation à un passe-droit certain.

Avec le dernier renfort arrivé, plusieurs lieutenants, Pernet et Convert qui commandaient des Cies au dépôt et à qui on devait justice ont été bombardés commandants de Cie au 2e bataillon. Pour comble, ce bataillon est resté tranquillement à Saint-Amarin en réserve de division, tandis que nous remontions l’Hartmann. Nous les jalousions quelque peu mais devenu assez fataliste, je ne fis aucune réclamation bien que mon ancienneté de grade et mes services de guerre pourraient me le permettre. Doucet me traitait plutôt comme deuxième commandant de Cie que comme chef de section.

 

Le 18 juin, deux gros obus très lourds, des tramways comme les appelaient nos hommes, passent à grand vacarme au dessus de nos têtes et vont bien loin éclater dans la vallée. C’est Bitschwiller qui prend et les usines Martinot qui sont ratées tandis que toute une rue est démolie. Un avion fait le réglage.

 

Le 10 juin, le colonel de Poumayrac fait sur le terrain la première distribution de croix de guerre aux cités de l’armée pour les deux bataillons. Nous sommes une dizaine. C’est cette première croix reçue que je portais tout le temps et que je porte encore à l’occasion. Il est indiqué comme date « 1914-1915 ». Le colonel me dit m’avoir proposé pour le grade de capitaine. J’en accepte l’augure.

Les boches repèrent mes créneaux et tuent ceux qui ne se méfient pas. L’adjudant Uhl tombe ainsi le 11 juin. Nous entendons une violente canonnade le 14 en direction du nord-est. Nous apprenons que c’est une attaque vers Metzeral, des incendies s’allument dans la plaine. Le bruit court que le 2e bataillon qui était si tranquille à Saint Amarin est du côté de Metzeral et serait engagé dans les combats. A vrai dire, nous n’en sommes pas fâchés car nous avions l’impression d’être toujours aux mauvais coins.

 

Le 17 juin vers minuit, on vient me réveiller et je reçois un message m’apportant l’ordre de partir immédiatement au bureau du colonel pour aller au 2e bataillon. C’est une douche, au même moment, un guetteur tombe, tué d’une balle. C’est un Gérômois, Oscar Noël, ancien de la Cie que j’avais fait citer à l’armée pour sa brillante conduite le 26 mars. C’est lui qui portait des grands panneaux rouges de deux mètres sur 60 centimètres destinés à guider l’artillerie mais aussi à se faire repérer lui-même, fâcheux présage.

 

Le 18 juin, à 4 heures du matin, je fais mes adieux à la 1re Cie à laquelle j’appartenais depuis 1907 (Note de RS : Paul Boucher a été nommé sous-lieutenant de réserve le 10 décembre 1907).

 

Je donne le choix à Séjournant, mon brave ordonnance, qui veut absolument venir avec moi au camp Renié. Le colonel me reçoit et me dit « Je vais vous retrouver à Willer où vous m’attendrez à l’enterrement de celui que vous allez sans doute remplacer. Le 2e bataillon manque de cadres, vous allez y prendre une Cie ».

 

Je descends à Willer et comme entrée en matière, j’assiste à l’enterrement du lieutenant Convert. Le buste est dans le cercueil, les jambes n’ont pas été retrouvées. Le lieutenant Pernet est transporté à Bussang pour y mourir au bout de quelques jours.

Fatalité, ce sont précisément ces deux officiers qui nous avaient passé sur le dos à mon vieil ami Friquet et à moi comme commandant de Cies. La première fois qu’ils approchaient du front, dans le camp du Schnepfenried, très tranquille, un seul obus arrive et les tue tous les deux !!

 

J’ai bien fait de suivre mon sort. A l’issue de la cérémonie, le colonel me fait conduire à Kruth en auto. J’y retrouve Friquet et plusieurs adjudants, Morand entre autres, appelés comme moi à renforcer le 2e bataillon.

Il est trop tard pour monter ce soir. Nous dînons à l’hôtel Joffre tandis que des blessés nombreux descendent de la montagne et nous font des récits terrifiants de la bataille engagée là-haut. Le 2e bataillon semble avoir été très éprouvé, sans combat, par un bombardement violent.

 

(Note de RS : Le journal de marche du 152e mentionne pour la journée du 18 juin : 43 tués, 145 blessés et 42 disparus).

 

Le 19 juin au jour, nous montons au Drekkopf dans une voiture sanitaire anglaise. Le conducteur fait quelques difficultés pour nous prendre, ne devant pas charger de belligérants. Mais il nous prend tout de même jusqu’au Drekkopf. De là, nous allons au Breitfirst où se trouvent les dépôts de matériels et munitions et le centre de ravitaillement. Vaste camp commandé par le lieutenant-colonel de Guillebon de la territoriale, grotesque dont la méchanceté s’exerçait prudemment à grande distance du danger. Nous le rencontrons de grand matin en tricot sans tunique ni insigne. Je l’interpelle pour lui demander si le 152e a un représentant. Sans se faire connaître, il nous met sur la route et nous trouvons une baraque avec l’adjudant du 2e bataillon. Celui-ci ne peut nous donner aucune indication bien précise mais il nous fournit un guide et un mulet pour porter nos affaires et après un réconfort, nous voici, petit groupe de quatre officiers et une dizaine de sous-officiers en route vers le combat.

 

Sur ces crêtes des Vosges, le champ de bataille est des plus réduit et tranquille, sans boyaux. Le moindre mouvement de terrain met à l’abri de l’ennemi. Cette fois encore, je me trouve dans une région familière où plusieurs fois nous avons fait des promenades en famille à pied, du Hohneck au ballon de Guebwiller. Le nom de Metzeral m’était particulièrement cher. Chaque année, nous nous retrouvions en grand nombre les uns à pied du Hohneck, les autres en auto.

En 1908, c’est au cours d’une de ces promenades que nos fiançailles furent un peu dévoilées…

 

C’est en songeant à tous ces aimables souvenirs que je chemine, servi par mon dévoué Georges Séjournant. Nous rencontrons des blessés puis à une clairière, nous assistons à l’inhumation de trois cadavres du 152e, ce qui n’est pas fait pour nous égayer.

Après avoir pénétré en sous bois, voici quelques baraques, les cuisines avec leurs relents traditionnels et leur saleté, c’est le camp dit « 1025 » et plus tard Rochambeau. Nous arrivons auprès du commandant du 2e bataillon. L’accueil est bref et peu empressé. Le commandant souffrant des reins vient vers nous et me dit ainsi qu’à Friquet :

« Ah, vous venez commander une Cie. Laquelle voulez-vous ? D’ailleurs, le bataillon est à peu près anéanti et incapable de continuer ».

 

Fidèles à notre habitude de laisser faire le sort, nous sommes désignés, moi pour prendre la 5e Cie et Friquet la 8e.

 

Je suis content car après l’affaire du 25 avril, la 5e Cie a été reconstituée par un fort détachement de la 1re Cie que je connais : Grosjean de Laveline, Castille, Coin, Barmay, etc.

 

Le caporal de liaison Pierrel (actuellement à Vagney) me conduit à la Cie de service où nous trouvons tous les hommes effondrés et dormant du sommeil de la bête, y compris son chef, le brave capitaine Marchand qui se réveille et nous met au courant de la situation sommaire.

 

 

Paul Boucher 6-6 Image2a JMO 18-20 juin 1915.jpg

Journal de marche du 152e. Le 20 juin Paul Boucher est promu capitaine de réserve à titre temporaire.

 

  

Suite de « La gazette du centenaire n° 17 »

Editée en mai 2015 par la cellule communication du 152e RI à Colmar et transmise par le lieutenant-colonel Bodénès de la direction des Ressources Humaines de l’armée de terre.

 

Retour sur le front

 

Le 22 mai, le régiment reçoit l’ordre de relever le 7e BCA au Hartmannswillerkopf. C’est le 3e bataillon qui est désigné et le matin même, le chef de bataillon et ses commandants d’unités vont reconnaître les positions dans la région bien connue du Rehfelsen. Le bataillon prend la route dans l’après-midi et effectue la relève dans la nuit.

 

Le lendemain, c’est le premier bataillon qui monte s’installer à Altenbach en réserve de la division. Les soldats sont maintenant logés dans des baraques Adrian, fruits des cogitations de l’intendant militaire Adrian, rengagé en 1914 à 55 ans, ancien du Génie, qui avait déjà fait réaliser le casque qui porte son nom. Ce sont des maisons en bois préfabriquées et chauffées qui ne nécessitent pas de main d’œuvre qualifiée pour les monter.

 

 

Paul Boucher 6-6 Image2 Baraque Adrian.jpg

Baraque type Adrian

 

Il ne reste plus que le 2e bataillon recomplété par 127 hommes et 3 officiers, la compagnie de mitrailleuses et la compagnie hors-rang à Saint-Amarin. Des officiers arrivent régulièrement pour combler les pertes. Fin mai, 600 hommes auront été affectés au régiment soit 20% de son effectif.

 

Le 24 mai, le régiment apprend la déclaration de guerre à l’Autriche par l’Italie. Le général commandant la division ordonne qu’à 17h00, toutes les batteries tirent un coup de canon sur leurs objectifs, que « vive la France, vive l’Italie » soit crié dans les tranchées et que les clairons sonnent « aux champs ». Dans le même temps à Saint-Amarin, la musique joue l’hymne français et l’hymne italien qu’elle rejouera le soir devant la mairie.

 

Le 2e bataillon, fraîchement et enfin reconstitué, est envoyé le 27 mai au Breitfirst en soutien des 26e et 22e bataillons de chasseurs (6e compagnie Steinlebach, 5,7,8 à Breitfirst). Le 28 mai, à 0h30, il va s’installer au Schnepfenried où il arrive à 5h00 du matin. La 5e et la 6e compagnie s’installent de part et d’autre de la côte 896, la 7e et la 8e compagnie de part et d’autre de 1025. Dès 23h15, le bataillon doit repousser une première contre-attaque allemande. Le lendemain matin, commence un bombardement des positions qui s’accentue vers 11h30. Il est suivi par une très violente contre-attaque allemande qu’il réussit à repousser. Un mois après sa disparition, le 2e bataillon est de retour au combat et démontre déjà que, comme son prédécesseur, on peut lui faire confiance.

 

 

Paul Boucher 6-6 Image3 Deploiement.jpg

Déploiement du 15-2 fin mai 1915

 

« La gazette du centenaire n° 18 »

Editée en juin 2015 par la cellule communication du 152e RI à Colmar et transmise par le lieutenant-colonel Bodénès de la direction des Ressources Humaines de l’armée de terre.

 

Juin 1915, le régiment reprend son souffle :

 

En ce début du mois de juin, le 2e bataillon redescend du Schnepfenrieth vers Saint-Amarin pour se reconstituer après les durs combats qu’il vient de mener et passe le 7 juin en réserve de la 66e division d’infanterie. Les 1er et 2e bataillons sont toujours en réserve, l’un à Altenbach, l’autre au Hartmannswillerkopf (HWK) sous les ordres du colonel de Poumayrac qui commande le secteur depuis le camp Renié.

 

 

Paul Boucher 6-6 Image4 Colonel de Poumayrac.jpg

Le colonel de Poumayrac au poste de commandement du camp Renié

 

Le 3 juin, le 1er bataillon monte vers le sommet en première ligne pour relever le 15e bataillon de chasseurs alpins.

 

La première bataille du Hartmannswillerkopf est terminée, la situation semble être stabilisée et les deux belligérants, reprenant leur souffle, aménagent leurs positions. Les Allemands ont davantage de facilité grâce à leur téléphérique et à la « voie serpentine » qu’ils ont construits à partir du bas de la montagne pour acheminer leurs matériels jusqu’au sommet qu’ils transforment en une véritable taupinière bétonnée. Du côté français, l’aménagement des positions est plus rudimentaire. Si le béton est roi chez les Allemands, chez les Français, le bois et la tôle dominent ! Les échanges d’artillerie et de tirs sont permanents, mais n’ont pour objectif que d’entretenir l’insécurité chez l’adversaire.

 

Le 10 juin, les premières croix de guerre avec palmes (niveau corps d’armée) sont remises par le chef de corps au HWK et par le commandant du deuxième bataillon à Saint-Amarin.

 

La croix de guerre :

 

Lors de la Première Guerre mondiale, le besoin s'est très rapidement fait sentir de créer une récompense qui permette au chef de décorer les plus vaillants de ses soldats sur les lieux même des combats. Il existait bien la « citation à l'ordre du jour », mais ce n'était qu'un témoignage écrit dans les communiqués, les états de service et le livret militaire. Le décret présidentiel de création de la croix de guerre est publié au journal officiel du 24 avril 1915. Aux termes de ce décret « la croix de guerre est conférée de plein droit aux militaires des armées de terre et de mer, français ou étrangers, qui ont obtenu, pour fait de guerre pendant la durée des opérations contre l'Allemagne et ses alliés, une citation à l'ordre d'une armée, d'un corps d'armée, d'une division, d'une brigade. Elle porte au revers l'inscription « 1914-1915 ». (Art. 1er du décret du 23 avril 1915). Cette inscription sera changée annuellement jusqu’à la fin de la guerre.

 

Paul Boucher 6-6 Image5 La Croix de guerre.jpg

 

Le 12 juin, un renfort de 250 hommes rejoint le régiment. Le chef de corps décide d’en affecter 116 pour compléter l’effectif de la compagnie de mitrailleuses et préparer ainsi la contribution du régiment à la création d’une compagnie de mitrailleuses à l’échelon de la 81e brigade. Les autres sont répartis dans toutes les compagnies pour les réaligner à 190 hommes.

 

Le 14 juin, le 2e bataillon quitte Saint-Amarin en train pour Krüth et se rend à Platzerwasel (cf. carte suivante). Il est au plus près de la première ligne en haut de la vallée de la Fecht et reste en réserve de la 66e division d’infanterie qui prépare une attaque d’envergure.

 

Du 15 au 22 juin 1915, la bataille de METZERAL

 

Fin janvier 1915, Joffre avait prescrit une nouvelle offensive. Il voulait atteindre Munster par les hauteurs nord et sud de la vallée de la Fecht, mais les Allemands s’étaient montrés plus rapides et avaient attaqué dès le 19 février et atteint les pentes du Hohrodberg, du Linge et du Reichackerkopf. Leur avance n’avait été stoppée que le 24 février 1915 par les chasseurs qui avaient perdu mille cinq cent cinquante-deux hommes et officiers durant ces féroces combats. Les différentes contre-attaques françaises du mois de mars et d'avril 1915 n’avaient pas donné de résultats.

 

Le Grand Quartier Général (GQG) mit alors au point une offensive de grande envergure, la 47e division d'infanterie (DI) du général de Pouydraguin devant attaquer le Linge au nord et poursuivre sur les hauteurs de la vallée de Munster, et la 66e division d’infanterie du général Serret devant attaquer au sud et prendre l'Hilsenfirst et le Petit-Ballon. La manœuvre a pour but de refouler les troupes ennemies au-delà de la haute vallée de la Fecht. Le 9 juin la population de Metzeral et de Sondernach est évacuée.

 

Le 15 juin, le 2e bataillon et la compagnie de mitrailleuses reçoivent l’ordre de se porter au Schnepfenried sur la côte 1025 et de déboucher à 09h45, avec le 27e BCA sur sa droite et le 68e BCA sur sa gauche, en direction de Metzeral et de Sondernach. Il y a tellement de soldats dans les tranchées que seuls le 68e BCA, la 5e compagnie et une partie de la 6e peuvent s’élancer. C’est un échec. Le lendemain à 13 heures, la 5 et la 6 s’élancent à nouveau avec la 7 et la 8 en soutien, les deux compagnies « sortent de leurs tranchées d’une façon superbe, mais les pertes sont de nouveau très lourdes » (extrait du JMO). Le soir la 7 et la 8 relèvent la 5 et la 6 en première ligne. Les Diables Rouges et les chasseurs essaient de progresser à travers un terrain très fortifié et défendu avec acharnement par la 19e division prussienne et par les 6e et 12e divisions bavaroises.

 
Fin de la sixième partie

 



29/04/2016
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