14-18Hebdo

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Souvenirs de guerre 1914-1919 (Paul Boucher) - Ch 11-3 – L’hivernage, l’entraînement

Chapitre 11 – L’hivernage, l’entraînement – 3e partie

Document transmis par Renaud Seynave, son petit-fils - 18/10/2016

 

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Paul et son père Henry Boucher en 1916

 

Nous descendons à Belrepaire entre Fraize et Anould, nous logeons chez un vieux combattant de Crimée nommé Jacquot et qui nous compte des histoires de guerre comme si nous n’en avions pas encore assez.

 

Le 14 janvier, à cause de la neige, nous faisons étape par Corcieux, Granges. Je pars à Gérardmer pour faire le cantonnement à Hadol car nous allons au camp d’Arches faire de l’entrainement en vue de la grande offensive du printemps. Je loge à La Quinfaing chez un monsieur Guéry. Exercice insipide, lever à 4 heures du matin, grand froid, les hommes regrettent les tranchées. En fait d’entrainement, nous sommes tous furieux, il fait très froid. L’auto vient me prendre et nous dinons à Gérardmer avec André et Lucette.

 

Au lieu de nous laisser en famille, Papa a l’idée saugrenue d’inviter un certain Dessein, député et officier à la division. Nous lui faisons la tête, surtout que pour la manœuvre, nous sommes en plein vent glacial !

 

Le 31 janvier, nous faisons une étape en contournant Epinal. Le soir, nous dînons chez Vouvier avec Bertin et le commandant de Vaudeville, nous allons à Bruyères, pourquoi ce contour ?

 

Et nous embarquons à Bruyères dans des wagons sans carreaux où nous gelons fort et débarquons à une heure du matin à Vauthiermont près de Belfort par - 20°C.

 

Tous les chasseurs ont les moustaches gelées, nous cantonnons à Saint Germain puis à Sentheim (Haut-Rhin) dans une cité ouvrière du 6 au 27 février.

 

Pendant ce temps, on veut faire croire aux boches à une attaque en Alsace. On fait des préparatifs défensifs par des lignes téléphoniques sous plomb à deux mètres de profondeur, 24 lignes depuis Guewenheim à Sentheim, exercices de tir, conférence à Belfort. Le 27 février, même travail dans le Sundgau à Altenach entre Suarce et Strueth.

 

A peine installés et les travaux commencés, nous partons à pied pour Belfort. Etapes très dures par la neige et la pluie, on a la prétention de nous apprendre à faire des avant-gardes de cantonnement, comme si nous allions sous peu marcher en pays occupé.

 

Le 5 mars, nous traversons Belfort par une neige battante. A une halte dans un faubourg, les femmes nous apportent café et chocolat et nous cantonnons à Fresse (Haute-Saône). Douche froide puis Bellefontaine et Saint-Laurent d’où je file en permission sur Gérardmer. Le Kertoff est arrêté faute de houille.

(Note de Renaud Seynave: Le Kertoff est une des papeteries Boucher, elle est située près de Gérardmer sur la route de Granges.)

 

Le bataillon cantonne à Raon-aux-Bois, je m’offre le plaisir d’aller soi-disant chercher mon courrier mais plutôt pour me montrer à ma Cie en civil. Cela a le don de les faire rire et de les mettre de bonne humeur. Je vais retrouver le bataillon à Girancourt, le commandant me dit de ne revenir que le lendemain. Ne me faisant nullement prier, je savoure un rabiot d’une journée de permission. Quelle crème ce Père Dupont. C’est autre chose que ce fou de Thièry ou le gendarme Lemaire !

 

Le 23 mars, nous embarquons à Girancourt et arrivons le 24 à Esternay dans la Marne, extrême limite de l’avance allemande en 1914. Suite d’étapes et de cantonnements rapides, La Celle, Le Vinet, Bouzy sur Marne où on parle d’une offensive prochaine sans dissimulation, ce sera l’objet du chapitre suivant.

   

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Journal de marches et opérations du 68e BCA pour la période du 10 au 24 mars 1917

(Archives du ministère de la Guerre).

 

Fin du chapitre 11

 

Note de Renaud Seynave : J’ai inséré la gazette du centenaire du 152e. Nous suivons depuis le début de la guerre le capitaine de réserve Paul Boucher au 152e RI. A partir de juin 1916, il est affecté au 68e BCA comme commandant de la Cie de mitrailleuses.

Le 152e RI vient de livrer de durs combats pour reprendre Cléry aux côtés du 68e BCA.

Vous pouvez relire la 4ème partie du chapitre 10 des souvenirs de Paul Boucher sur l’attaque de Sailly-Saillisel.

Encore une fois, le 152e RI et le 68e BCA sont ensemble aux combats.

 

    

  

  

« La gazette du centenaire du 152e RI n° 34 »

    

 

Editée en octobre 2016 par la cellule communication du 152e RI à Colmar et transmise par le lieutenant-colonel Bodénès de la Direction des Ressources Humaines de l’Armée de Terre.

 

OCTOBRE 1916, L’ATTAQUE DU 15 OCTOBRE A SAILLY-SAILLISEL:

Début octobre, alors que les Diables Rouges se remettent de la terrible attaque du 3 septembre en profitant à tour de rôle d’une semaine de permission et en incorporant les renforts, l’entraînement continue. Pendant ce temps, les troupes françaises qui ont occupé Cléry, poursuivent l’offensive. Les combats sont violents, devant des positions allemandes fortement aménagées, un ennemi déterminé à ne pas lâcher un pouce de terrain et équipé d’une formidable artillerie lourde qui disloque les corps et bouleverse le terrain.

  

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Un brave du 15-2 Dessin de Paul Janin

 

Le 6 octobre un nouveau renfort de 100 hommes de la classe 16 rejoint le régiment et le lendemain. Il a l’honneur d’être passé en revue par le général commandant la division et d’assister à la remise de la croix d’officier de la Légion d’honneur à leur chef de corps, le lieutenant-colonel Semaire.

 

Le 10 octobre, après un mois de détente, le régiment est transporté en camions-automobiles et après presque 10 heures de route, débarque vers 16 heures à la ferme de Bonfay à l’ouest de Maricourt d’où il gagne à pied le bivouac de la halte de Maurepas. Il se trouve en arrière des premières lignes dans la région du village de Sailly-Saillisel. Devant se trouvent les braves du 150e régiment d’infanterie qui les 11 et 12 octobre, vont lancer, sans succès, deux assauts meurtriers sur le village.

 

Le 12 octobre, lorsque les officiers du 15-2 partent en reconnaissance des premières lignes, ils découvrent un secteur complètement bouleversé par les obus, jonché d’un monceau de cadavres. Le 150e RI a subi des pertes effroyables et n’a pas gagné un mètre de terrain. Les officiers du 15-2 reviennent tous conscients de la difficulté de la tâche qui leur est une nouvelle fois assignée. Mais malgré tout, la relève du 150e RI s’effectue dans un ordre parfait dans la nuit du 13 au 14 octobre. Le 1er bataillon relève sur le front les 1er et 3e bataillons du 150, le 2e bataillon relève le 2e bataillon du 150, le 3e bataillon est conservé en réserve.

 

Dès le 14 octobre matin, l’ennemi commence à faire pleuvoir un déluge d’acier sur nos soldats entassés dans les tranchées de première ligne. Il va mettre avant l’assaut plus de 100 hommes hors de combat. Le 15-2 a reçu l’ordre d’attaquer le village de Sailly le 15 octobre à 17h10, de s’en emparer et de s’établir le long de la route de Béthune qui traverse le village de part en part. Il aura sur sa gauche le 77e RI et à sa droite le 68e BC. Le régiment attaque avec le 1er bataillon à gauche renforcé de la 11e compagnie et le 2e bataillon à droite, le troisième reste en réserve et doit occuper les tranchées de départ dès le début de l’attaque.

 

Le 15 octobre, précédant de quelques minutes l’assaut, le 2e bataillon s’élance avec les 6e et 7e compagnies en tête pour effectuer la « ruée en bloc  » comme à Cléry. Il atteint rapidement le mur détruit à l’ouest du parc du château de Sailly après avoir traversé en courant les entonnoirs et les trous d’eau au milieu des cadavres. Le tir de contre-batterie allemand tombe dans le vide derrière le bataillon. L’ennemi résiste dans le parc, alors que la compagnie de mitrailleuses flanc-garde le bataillon et neutralise toutes les mitrailleuses qui se dévoilent. Le commandant Thiery engage la 5e compagnie, et rapidement l’ennemi décroche. Dans son élan, le bataillon bouscule les résistances ennemies et progresse au milieu du village en ruines vers son objectif qu’il dépasse de 300 mètres à 18h00.

 

Comme à Cléry, c’est un véritable succès pour le 2e bataillon, mais comme à Cléry, autour de lui les unités encadrantes n’ont pas pu progresser. Le 1er bataillon sur sa gauche n’a parcouru que la moitié de la distance pour atteindre son objectif. Seule, la 3e compagnie profitant de l’élan du 2e bataillon est en pointe et a atteint son objectif. Sur la gauche du 1er bataillon, le 77e RI a été cloué sur place dès sa sortie des tranchées et n’a progressé que de 50 mètres. Sur la droite du 2e bataillon, un fort point d’appui allemand, constitué de mitrailleuses empêche la liaison avec le 68e BC. Quand la nuit tombe, un saillant est donc constitué au centre de l’attaque.

   

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15 octobre, attaque et dispositif à 18h00

 

Dans le rapport écrit par le lieutenant-colonel SEMAIRE, on se rend compte que comme à chaque fois, les liaisons sont difficiles et le chef de corps a beaucoup de mal à évaluer la situation dans laquelle se trouve son régiment. Ainsi vers 18h15, en apercevant des fusées tirées depuis la route de Béthune, il en déduit que celle-ci a été atteinte et fait occuper les tranchées de départ du 1er bataillon par la 9e compagnie et une section de mitrailleuses et celles du 2e bataillon par la 10e compagnie et une section de mitrailleuses. Inquiet, il demande au 3e bataillon de pousser des patrouilles vers l’avant pour le renseigner sur les positions des 1er et 2e bataillons. A 18h35, il apprend par un blessé qui retourne vers l’arrière que la 3e compagnie du 1er bataillon est rentrée dans Sailly. Dix minutes plus tard il est informé par un agent de liaison de la situation du 2e bataillon. Il n’aura une pleine vision du dispositif qu’aux alentours de 20h30, soit 3 heures 30 après le début de l’attaque. Celle qu’il perçoit est la suivante :

-          à droite, le 2e bataillon a atteint ses objectifs avec sur sa gauche la 3e compagnie du 1er bataillon ;

-          les 1re et 2e compagnies du premier bataillon, fortement diminuées, ont parcouru 50% de la distance menant à leur objectif et sont arrêtées devant l’observatoire ;

-          la 11e compagnie, donnée en renfort au 1er bataillon, a tenté de boucher le trou entre les 2e et 3e compagnies mais a été elle-même coupée en deux ;

-          il n’y a pas de liaisons sur la droite entre le 2e bataillon et le 68ème BCA qui a atteint avec quelques éléments la route de Béthune. Un fort point d’appui ennemi, renforcé de mitrailleuses est inséré entre les deux bataillons ;

-          sur la gauche, le 77e RI n’a pas débouché ;

-          le 3e bataillon est en réserve dans les tranchées de départ avec les 9e et 10e compagnies, renforcé depuis 20h00 par la 5e compagnie du 154e RI.

 

La nuit est tombée. Certain de son dispositif, le lieutenant-colonel Semaire en informe l’artillerie afin qu’elle puisse neutraliser d’éventuelles contre-attaques. Il renforce le 2e bataillon avec la 10e compagnie qui reçoit pour mission de neutraliser de nuit le point d’appui ennemi empêchant la liaison avec le 68e BC. Mais celle-ci est arrêtée par le feu nourri des mitrailleuses ennemies, des patrouilles réussissent cependant à prendre liaison avec le 68e BC en contournant la résistance ennemie.

 

La journée du 15 octobre se termine sur un succès bien que le 15-2 n’a pas encore pu établir un front continu sur la ligne des objectifs fixés.

 

TENIR COUTE QUE COUTE :

Nul mieux que le lieutenant-colonel Semaire sait combien il est difficile de se maintenir sur une position conquise de haute lutte et combien il est important d’avoir des forces en réserve. Le souvenir des 21 et 22 décembre 1915 sur le sommet du Hartmannswillerkopf est encore bien présent dans la mémoire des Diables Rouges.

 

Aussi, le 16 octobre, les soldats creusent leurs trous, les tranchées sont aménagées, des boyaux sont créés, les mitrailleuses occupent les abris. Le dispositif est organisé dans la profondeur. Les nettoyeurs ratissent et nettoient la zone conquise et font plus de 150 prisonniers, notamment dans le parc du château où un groupe muni d’une mitrailleuse prenait à partie nos agents de liaison et nos troupes de réserve sur les arrières.

 

Le chef de corps avec ses réserves poursuit 3 objectifs :

-          donner aux bataillons de première ligne les éléments pour étayer leur dispositif, assurer les liaisons et se constituer une réserve ;

-          tenir solidement les tranchées de départ pour parer à toute éventualité ;

-          se constituer sa propre réserve.

 

Ainsi le 1er bataillon avec la 11e compagnie est renforcé de la 9e compagnie à conserver en réserve, le 2e bataillon avec la 10e compagnie est renforcé de la 6e compagnie du 154e RI, le régiment conserve en réserve les 5e et 7e compagnies du 154e RI.

 

Toute la journée du 16, le régiment est soumis à de violents bombardements. La brigade ordonne dans la journée de réduire le point d’appui du carrefour 151 entre le 2e bataillon et le 68e BC. Cette opération a lieu dans la soirée du 16 par une attaque combinée entre les grenadiers du 2e bataillon et les chasseurs du 68 qui chassent ou font prisonniers les Allemands.

 

Dans l’après-midi du 16, le chef de corps renforce le 1er bataillon de deux sections de la 5e compagnie du 154e RI et le 2e bataillon avec la troisième section et une section de mitrailleuses à conserver en réserve. La brigade met dans le même temps à la disposition du 15-2 le 41e bataillon de chasseurs, moins une compagnie pour reconstituer la réserve régimentaire. Ce bataillon rejoint les tranchées de départ dans la soirée.

 

Vers 22h00, une contre-attaque allemande a lieu dans la zone du premier bataillon entre l’observatoire et la route de Béthune, point faible du dispositif. Une compagnie ennemie réussit à traverser nos lignes et pénètre jusqu’au parc du château où s’engage un violent corps à corps avec des sections de la 5e compagnie du 154e RI placées là en réserve. Une partie de la 11e compagnie arrive sur place et engage aussitôt le combat en chargeant à la baïonnette. Simultanément, le chef du premier bataillon décide de boucher le trou en première ligne avec la 7e compagnie du 154e RI en réserve de régiment. La compagnie allemande est prise au piège, essaye de s’enfuir mais se fait massacrer par la ligne qui s’est refermée derrière elle. Seuls, quelques éléments isolés réussiront dans la nuit et le brouillard à rejoindre les lignes allemandes.

  

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Soirée du 16 octobre, conquête du carrefour 151 et destruction d'une contre-attaque allemande dans le parc du château.

 

Le 17 octobre à l’aube, le dispositif du 15-2 est continu et stabilisé. Le régiment est alors organisé comme suit :

-          le premier bataillon : 1re, 2e, 3e, 9e compagnies et 1re compagnie de mitrailleuses du 15-2, 2 sections de la 5e compagnie, la 7e compagnie et 1 section de mitrailleuses du 154e RI ;

-          le deuxième bataillon : 5e, 6e, 7e, 10e, 11e compagnies et 2e compagnie de mitrailleuses du 15-2, 1 section de la 5e compagnie, la 6e compagnie et 1 section de mitrailleuses du 154e RI ;

-          en réserve 2 compagnies et 1 compagnie de mitrailleuses du 41e BC, la 3e compagnie de mitrailleuses du 15-2 et 1 compagnie de mitrailleuses du 154e RI.

 

Le lieutenant-colonel Semaire, fort de son expérience, a bien pensé son dispositif et bien lui en a pris, car contrairement au mois précédent après l’attaque de Cléry, le 15-2 ne va pas être relevé et le commandement allemand conscient de la valeur stratégique du village de Sailly qui représente un point clé de sa défense va mener de puissantes contre-attaques pour tenter de le reconquérir.

  

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17 octobre contre-attaques allemandes

 

Déjà à 8h00, une forte reconnaissance ennemie de plus d’une compagnie essaye de contourner par la gauche comme la nuit précédente le 2e bataillon, mais elle est arrêtée assez facilement par les feux combinés de l’artillerie et des mitrailleuses. Vers 9h00, une autre tentative d’un effectif analogue est effectuée face au 1er bataillon qui se solde par le même résultat. Ces deux attaques semblent n’être que des coups de sonde pour tester le dispositif. En effet vers 13h00, alors que de violents tirs d’artillerie s’abattent sur les premières lignes, des mouvements importants de troupes sont observés dans les premières lignes ennemies qui semblent se garnir face aux 1er et 2e bataillons. A 14h00, deux attaques se déclenchent simultanément, fortes chacune de plusieurs compagnies. L’une sur la gauche du 2e bataillon face à la 3e compagnie, l’autre sur la droite du 2e bataillon. Immédiatement, les barrages d’artillerie sont déclenchés et le 41e BC en réserve rejoint les tranchées de départ. Malgré l’inquiétude du chef de corps du 15-2 qui l’oblige à manœuvrer ses réserves pour parer à une éventuelle percée de ses premières lignes, ces deux attaques sont vigoureusement repoussées.

 

Dans la nuit du 17 au 18, la 3e compagnie du 41e BC rejoint son bataillon qui passe en réserve de secteur derrière les positions conquises. Simultanément, les unités du 3e bataillon fortement éprouvées sont relevées par le 67e BC. Une nouvelle attaque allemande de la valeur de plusieurs compagnies a lieu la même nuit sur la droite du 2e bataillon, mais elle est refoulée par nos fusils et nos mitrailleuses.

 

Le 18 octobre à 11h45, sur ordre de la division, le 41e BC, avec 2 compagnies et 2 sections de mitrailleuses, attaque la tranchée de Batack à gauche du 2e bataillon et face au 1er bataillon. Cette opération est un succès et dans la journée la zone est nettoyée. 150 Allemands sont tués ou faits prisonniers. A 18h00, la totalité de Sailly est occupé et bien que le dispositif forme un saillant bien prononcé, le nouveau front ne devait plus être perdu. Sur la gauche du secteur, le 77e RI qui devait attaquer en même temps que le 41e BC, n’a une nouvelle fois pas pu progresser.

  

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Dispositif le 18 octobre à 18h00.

 

Le 19 octobre, le dispositif, autant en première ligne que dans la profondeur, est soumis à un marmitage en règle par l’artillerie allemande. Les positions conquises sont cependant consolidées et une seule contre-attaque a lieu avec plusieurs compagnies vers 17h00 face au 2e bataillon, mais celle-ci est aussitôt repoussée. Dans la nuit du 19 au 20 octobre, le 2e bataillon du 154e RI est relevé par des unités des 64e BC, 67e BC et 5e BC.

 

Le 20 octobre à 17h00, après la relève du 77e RI par le 114e RI, une attaque est déclenchée qui a pour objectif de réaligner le front avec le saillant du 15-2. Mais cette attaque est de nouveau un échec. Dans la nuit du 20 au 21 octobre, le 2e bataillon du 15-2 est relevé par le 5e BC.

 

Le 21 octobre, le lieutenant-colonel Semaire est toujours chef du secteur avec sous ses ordres le 1/152, les 5e, 41e, 67e BC. Cette journée va être très active car l’ennemi n’a pas renoncé à reconquérir le secteur et plusieurs attaques ont lieu. A 13h00, une forte reconnaissance face au 5e BC et une forte attaque face au 41e BC sont repoussées par l’artillerie. A 16h30 après une violente préparation d’artillerie, trois attaques simultanées face aux 41e, 67e et 5e BC sont repoussées par les feux de l’artillerie conjugués à l’action des fusils, grenades et mitrailleuses.

 

Le 22 octobre à 16h00, le 114e RI attaque à nouveau appuyé par le 1/152 et le 41e BC. Cette nouvelle offensive réussit en partie et le front s’en trouve considérablement consolidé. Dans la nuit du 22 au 23 octobre, le 3/152 relève le 1/152 en première ligne.

 

Le 23 octobre, le lieutenant-colonel Semaire est relevé au commandement du secteur par le lieutenant-colonel Blanc, adjoint au colonel commandant la brigade. Le secteur à compter de ce jour devient plus calme, le 3e bataillon va rester en première ligne jusqu’au 26 octobre, date de sa relève.

  

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Ruines de l'église et du cimetière de Sailly-Saillisel.

 

Le 27 octobre, le 15-2 en entier est embarqué en camion et se dirige vers Bosquel qu’il rejoint dans la nuit. Les Diables Rouges profitent enfin d’un repos bien mérité. Le 30 octobre un premier renfort de 170 hommes arrive.

 

Du 15 au 25 octobre, le 15-2 aura eu 7 officiers tués et 20 blessés sur 60 engagés en première ligne, 87 hommes de troupe tués et 898 blessés sur 1916 hommes engagés en première ligne. Ainsi se termine pour les Diables Rouges la bataille de la Somme. Sailly sera le dernier village conquis pendant cette bataille. Pour les alliés, comme pour l’ennemi, plus que Verdun, la Somme reste le symbole de l’horreur et de l’enfer. Certainement parce qu’à Verdun les Français étaient seuls face aux Allemands. Cependant, il reste indéniable que la bataille de la Somme a contribué à sauver Verdun. L’engagement du régiment dans les combats du 3 septembre et du 15 octobre lui vaut une troisième citation à l’ordre de l’armée :

 

« Sous la direction du lieutenant-colonel SEMAIRE, a enlevé, le 15 octobre 1916, à la suite d'une lutte acharnée, un village puissamment organisé et s'est emparé de 200 prisonniers et de 3 mitrailleuses. A maintenu intacte pendant huit jours l'occupation du terrain conquis, malgré le plus intense des bombardements et la violence des contre-attaques ennemies qui se sont répétées jusqu'à trois fois le même jour. Avait déjà, le 3 septembre, atteint d'un seul élan les objectifs qui lui avaient été assignés et fait de nombreux prisonniers. » Signé Fayolle.



21/10/2016
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