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La censure de la presse

Patrick Germain · 23/08/2014

La censure de la presse (extrait de l'article du Pr Delporte "La presse au service du Drapeau", paru dans le N°1 des "Journaux de Guerre").

Dès la déclaration de guerre, la presse affiche résolument son ralliement à l'Union Sacrée, et, par devoir patriotique, accepte le contrôle de l'information. L'Echo de Paris écrit le 03/08/14 : "Toute nouvelle publiée sans l'assentiment du gouvernement et des autorités militaires constituerait une manière de trahison". Les journaux prendront donc leur part à l'effort de guerre.

Depuis 30 ans, l'information de masse s'est beaucoup développée ; tous les Français instruits lisent désormais le journal ; le pouvoir politique regarde donc avec attention et inquiétude une presse qui jouit d'une totale liberté depuis 1881 ; il s'appliquera donc à l'encadrer avec soin.

Dès les premiers jours du conflit, plusieurs textes fixent la rigidité d'un dispositif mis sous l'autorité du ministère de la Guerre. Les journaux reçoivent quotidiennement des orientations générales et des consignes ; ils doivent soumettre leurs textes avant publication. Bien souvent, les censeurs sont des journalistes sous l'uniforme qui, en taillant dans les textes, en coupant, barrant d'un trait rouge ce qui ne saurait passer, pratiquent "l'échoppage" ; les journaux, eux, parlent de "caviardage".

Lorsque les épreuves (les "morasses") reviennent trop tard de la censure pour être publiées, les journaux paraissent avec des blancs.

Toutefois, par sa lourdeur, la censure n'atteindra son plein effet que quelques mois plus tard.

Les journalistes mobilisés sont rarement remplacés ; certains titres disparaissent ; le marché publicitaire (source de financement essentielle pour les quotidiens) se rétracte drastiquement ; le papier devient plus rare ; ainsi les journaux sont-ils contraints d'augmenter leur prix et de diminuer leur volume.

Mais l'alimentation en nouvelles reste un problème, l'armée les délivrant avec parcimonie, en dehors des communiqués quotidiens répétitifs et laconiques.

Pressés par l'exaltation de la Patrie, la pénurie de nouvelles, les mensonges de l'Etat-major, les journaux meublent et brodent jusqu'à l'intoxication : la guerre courte, le succès final sont des thèmes récurrents.



29/08/2014
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