14-18Hebdo

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Journal de la Grande Guerre de quelques ancêtres des familles Farret, Cambon et Broquisse - 3 - Octobre 1914

Olivier Farret – 28-09-2016

 

Depuis le coup d’arrêt de la bataille de la Marne, les troupes allemandes et françaises tentent de se déborder mutuellement dans un secteur encore dégarni de troupes et qui s’étend de Soissons jusqu’au littoral de la Mer du Nord. Les batailles se succèdent : L’Aisne, l’Artois, la Picardie, l’Yser et Ypres ; elles s’achèveront mi-novembre.

 

En Lorraine, les combats font rage en Argonne et sur la Meuse. Le régiment d’André Farret s’accroche sur les Côtes de Meuse face aux attaques allemandes et organise la défense du terrain reconquis sur l’ennemi. Le 29 octobre, il attaque la côte 281, à l’ouest du Bois des Forges ; les combats menés contre des tranchées solidement établies sont très violents et très durs. Les pertes sont nombreuses.

 

Le 30 octobre, Paul Farret, guéri de ses blessures retourne au front et retrouve son régiment (111e RI) et le commandement de sa section à Cumières, à l’ouest de Verdun. La veille, son régiment a participé à une attaque d’envergure de l’ensemble du 15e Corps contre les positions allemandes fortement retranchées.

 

Jean Broquisse poursuit son instruction au Camp de Souge, près de Bordeaux. Le 4 octobre, il apprend par sa sœur Germaine que son oncle Paul Broquisse, 33 ans, du 107e RI, a été grièvement blessé avec un bras coupé et une jambe criblée par des éclats d’obus. L’amputation sera nécessaire en raison d’un début de gangrène. « […] Il faut penser au courage de ce cher oncle. Il a accepté cet immense sacrifice pour la France. C’est grâce à ce courage héroïque que la France sortira victorieuse de la lutte formidable qu’elle soutient… ».

 

Jean reçoit des nouvelles rassurantes de ses quatre cousins qui sont au front : « En date du 6 octobre, Élie est en pleine bataille devant Péronne, Bonnes nouvelles d’Henri R., Pierre D., était le 9 au Grand Mourmelon entre Chalons et Suippes. René était du côté de Reims. On ne sait pas où est Jacques mais il est sur le front. »

 

Dans une lettre, sa sœur Germaine qui réside au Château du Soulat avec sa mère et ses sœurs, évoque la vie loin du front :

 

« […] On est en train de fonder des hôpitaux dans presque tous les villages du pays : Montaigne, Lamothe, Castillon, Pessac [sur Dordogne], hôpitaux pour convalescents qui encombrent les grandes villes. À Pessac, il y aura une vingtaine de blessés dans l’école. Nous allons prêter deux lits en fer. Je crois que ceux-là seront bien soignés. Tout le monde peut donner quelque chose soit en nature soit en argent, tout le monde les aime tant nos pauvres petits soldats compagnons d’armes des fils, frères, maris qui ont laissé leurs familles ici. […] Nous commençons des gilets en tricot pour envoyer aux soldats. Il va en falloir tant. […] Les vendanges marchent bien, la récolte est si belle que la cueillette va vite. Tous ces gens sont des employés de fabriques qui se trouvent sans travail. »

 

La commune de Castillon présente une capacité de 80 lits hospitaliers répartis entre l’hôpital militaire bénévole (20 lits), situé dans l’hospice et l’hôpital auxiliaire du Château de Brandais (60 lits) mis à la disposition par la comtesse de Beaurepaire. (François Olier).

 

En Méditerranée, la flottille de torpilleurs dont celui de Pierre Farret patrouille au large de la Tunisie et arraisonne plusieurs navires battant pavillon neutre ; le 18 octobre un cargo grec, le 26 octobre deux vapeurs hollandais Agamemnon et Karinata.

 

La question de la neutralité est essentiellement connue avec l’exemple tragique de la Belgique envahie par les troupes allemandes. Cependant notre mémoire collective a oublié le sort réservé par les Alliés aux Etats non-belligérants qui refusaient de se plier à leurs exigences : la Grèce, neutre en 1914, sera poussée à entrer en guerre au côté des Alliés en 1917. Les Pays-Bas ont une position neutre plus ambigüe, avec quelques fissures sur le terrain économique.

 

En cette fin du mois d’octobre, les Allemands tentent de bousculer le dispositif franco-anglo-belge pour marcher en direction de Calais et des ports de la Manche par la côte. Les batailles de l’Yser et d’Ypres sont d’un enjeu décisif pour le sort de la guerre. Les combats sont d’une violence inouïe le long du fleuve et les Alliés sont contraints de se replier et d’appuyer leur nouvelle ligne de défense sur le remblai de la voie ferrée Nieuport-Dixmude. Les fusiliers marins de la brigade de l’amiral Ronarc’h multiplient les actes d’héroïsme. Cependant les Allemands doivent commencer à se replier devant la montée des eaux par l’inondation provoquée de la vallée de l’Yser. Le talus de chemin de fer auxquels se sont accrochés les Alliés devient un symbole : « C’est un talus d’un mètre vingt qui a sauvé la France ». À quelques heures près, French envisageait d’abandonner Ypres. (Rémy Porte)

 

Aucune nouvelle d’Eugène et de Marcel Cambon.

 

Sources

  • ·       François Cochet, Rémy Porte, Dictionnaire de la Grande Guerre, Robert Laffont, 2008.
  • ·       Rémy Porte, Chronologie commentée de la Première Guerre mondiale, Perrin, 2011.


18/11/2016
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