14-18Hebdo

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Edouard Favre - Mes cahiers de souvenirs - 2/22 - Janvier 1915

 

Edouard Favre, 38 ans en 1914, officier d’active dans l’artillerie, va passer toute la guerre au front. Il tient un journal, et nous suivons ses préoccupations dans 3 domaines : la guerre, sa famille, et son « idée fixe » : les avions suspendus...

Document transmis par Marie Favre, sa petite-fille - 11/11/2014

 

1915 Favre Edouard BEST rogne Photoshop.jpgEdouard Favre - 1915

 

1er janvier 1915

Hier soir mon petit lieutenant Fond 22 ans qui habite dans notre salle à manger était triste et démoralisé. Il prétendait avoir mal à la tête. Je crois que l’état de ce pauvre Guilleminot, si plein de vie avant-hier, l’impressionne. Je l’ai vu brave cependant, ce petit Fond, au col du Hantz en particulier. Mais lorsqu’on est jeune la mort est difficile à regarder en face. Etait-ce aussi un regret de n’être pas chez lui pour cette époque joyeuse en temps de paix des fêtes de Noël et de la nouvelle année ? Bref avant d’aller me coucher, je me suis approché de son lit et je l’ai embrassé comme je l’aurais fait pour un de mes tout petits.

 

Cette nuit de nouvelle année a été pour moi agitée et pleine de rêves fantastiques. D’abord toutes nos batteries, par deux fois, à 23 heures et à 5 heures du matin, heures où les honnêtes gens ont l’habitude de dormir, se sont mises à tirer pour exprimer sans doute aux Allemands les vœux que nous faisons pour eux. Naturellement ce bruit m’a empêché de dormir. J’avais surtout la cervelle échauffée par la recherche d’un moyen propre à les persuader : qui ? eh oui, Eux, toujours les mêmes gros bonnets de l’aviation. Je rêvais que j’avais demandé à être admis dans le corps de l’aviation, que je l’avais obtenu. Que sur le pauvre « Maurice Farman » qui m’avait été confié j’avais fait sans bruit les modifications que je jugeais nécessaires, que ce pauvre appareil était devenu tout à coup puissant, maniable, l’emportant sur les meilleurs Morane ou les Blériot les plus réputés. On me chargeait alors de la transformation de toute notre flotte aérienne, de celle de l’Angleterre, de la Russie. Je devenais chef d’escadre avec une cinquantaine de navires sous mes ordres et j’allais jeter la terreur chez nos ennemis… Ce n’était qu’un rêve, la réalité est plus triste, nous n’avançons pas. On parle de nous ramener dans les Vosges, ce théâtre de nos premiers exploits. Ce ne serait pas très amusant, surtout en hiver, mais qu’importe, ici ou ailleurs, pourvu que nous fassions une bonne besogne.

 

Mon rêve de cette nuit, et de tous les jours, me fait accepter petit à petit l’idée d’entrer dans l’aviation comme une idée tout à fait acceptable et même raisonnable. Il me sera dur de quitter l’artillerie et d’abandonner mes hommes, mes canons, mes chevaux. Mais ne rendrai-je pas plus de service dans l’aviation en y prêchant mes théories qui sont justes et qui doivent tôt ou tard être reconnues telles.

 

C’est tellement une idée fixe que ce matin le capitaine Pichot m’ayant parlé de mon « avis personnel », que m’avait demandé le Lieutenant-colonel, la conversation s’est engagée sur les aéroplanes. Il a fallu que je lui raconte, malgré lui qui n’y prêtait qu’une oreille distraite et ennuyée, une partie de ma théorie. Heureusement l’heure de la messe était arrivée, je suis entré à l’église et cette circonstance l’a délivré de mon bavardage… De même Ducruy, dont l’esprit est plus mathématique, m’avait demandé de lui expliquer mon projet. Je lui ai remis le papier où j’avais résumé pour le colonel Estienne. Il me l’a rapporté ce soir et se dit tout à fait convaincu, nous en avons même causé un moment. Il m’a posé une objection ou deux. J’aimerais qu’on m’en posât beaucoup, que l’on discutât mes théories, qu’on essayât de me montrer qu’elles sont fausses. Je n’ai pas pu l’obtenir des membres de la Section technique qu’elles auraient dû intéresser.

 

2 janvier (1915)

Je n’ai pas mieux dormi cette nuit que la précédente. Ce n’est certes pas la canonnade. La conversation avec Fond hier soir a roulé sur ses années d’Ozanam et sur les miennes à St Michel, et puis je ne sais par quel enchaînement mon idée fixe est retombée sur ses pattes et a fait le sujet de nos colloques juste au moment où nous allions nous coucher. Mon esprit a continué à retourner sur toutes ses faces les problèmes que je me pose pour cette réalisation pratique de la variation de surface par basculement latéral de l’aile. Cela aussi doit être réalisable assez facilement, semble-t-il, en même temps que l’action du moteur sur les liens élastiques pour effectuer le vol avec battements. Mon insomnie est-elle due au travail de mes méninges ou bien plus prosaïquement au café que me confectionne mon fidèle Mugnier ? Mugnier est, je crois, bottier de son état. Son frère étant un cuisinier réputé dit-on, il était tout naturel que le bottier devint cuisinier du capitaine et de ses officiers. Il ne s’acquitte d’ailleurs pas mal de ses fonctions. Au début de la campagne j’avais voulu manger à l’ordinaire avec mes hommes. Cela a marché tant bien que mal pendant plus d’un mois, le mois le plus dur de la campagne, pendant lequel nous avons vécu comme nous avons pu de viande de conserve, de pain moisi avec, quelquefois, une soupe chaude. Le repos à Rouges-Eaux après les journées de Nompatelize et de la Bourgonce nous ont fait désirer un peu plus de confort. Une seule pièce a été pendant ce temps chargée de notre popote. Comme c’était une tâche un peu lourde pour une pièce, j’ai fini par décider le 12 septembre en arrivant à St Gorgon que nous aurions notre cuisinier : ce fut Mugnier. Le plus jeune de mes sous-lieutenants, Guelfucci, s’en occupe avec beaucoup d’habileté.

 

Mon abri souterrain devient inhabitable. Après deux ou trois jours de pluie, des gouttières nous inondent. Il y en avait une sur la table, il y en a une sur le fauteuil voltaire où s’installe mon téléphoniste et il n’a plus le désir de s’appuyer au dossier. Il y en a une aussi à l’endroit où je plaçais ma chaise habituellement. Le fauteuil voltaire est trop démembré pour le changer de place (tant pis pour le téléphoniste), il tient encore dans son coin mais « n’y touchez pas il est brisé ». La chaise et la table ont été déplacées légèrement de manière à éviter les douches, mais s’il m’arrivait un invité maintenant je n’aurais plus à lui offrir que le coin où l’on peut dormir sur la paille. Un deuxième invité serait obligé de garder son manteau et de recevoir la pluie.

 

J’apprends à l’instant que le pauvre petit Guilleminot vient de mourir, ce matin. Et je venais d’écrire à son père qu’il était grièvement blessé mais que tout espoir n’était pas perdu. Notre vie est terriblement fragile. Aujourd’hui son tour, demain le mien peut-être, pauvres parents.

 

3 janvier (1915)

Je reviens d’Harbonnières où j’ai conduit au cimetière mon pauvre sous-lieutenant. Nous y étions assez nombreux. Le Lieutenant-colonel a prononcé un petit discours très ému, il parle bien d’une voix chaude et vibrante. Cela m’a dispensé de parler. Mon éloquence est plus que médiocre et ma timidité me démonte et m’embrouille. Et puis je ne sais pas me préparer, et je change au dernier moment les phrases que j’avais eu l’intention de prononcer, et j’improvise. Voilà déjà plusieurs fois que je dois parler devant mes hommes ou mes sous-officiers et que je m’en tire médiocrement. Il me faudra exercer ma mémoire et ma timidité à cette épreuve nouvelle pour moi, les occasions devenant fréquentes pour un capitaine commandant.

 

4 janvier (1915)

Mon sous-lieutenant Guelfucci est poète à ses heures. Voici les quelques vers que la contemplation de mon abri sous une meule de paille et de mon observatoire juché au sommet d’une autre lui a inspirés :

 

Les Meules - Epigramme votive

Vois, Cérès, ces épis assemblés en pallier

Le moissonneur n’a pu les répandre sur l’aire

Et Mars en usurpant tes autels millénaires

Sous ta gerbe inféconde abrite ses guerriers

 

Défiant le Barbare et son trait meurtrier

Ils ouvrent sous la meule un sillon tutélaire

Tandis que pour guetter l’adverse sagittaire

Leur chef en a gravi hardiment l’escalier

 

Pardonne à ces soldats, déesse, et les protège !

De ta gloire leur cœur ne fut point sacrilège

Si leurs bras, sous ton temple, ont creusé ce rempart.

Car, leur terre affranchie, et leur main désarmée

Ils font vœux, en retour des gerbes profanées,

De combler ce sillon sous des lauriers épars !

 

5 janvier (1915)

Que faudrait-il donc pour les persuader ? Je ne les comprends pas. Ils n’ont pas mis en discussion le principe de la suspension d’un véhicule, pas davantage ils n’ont discuté son application à l’aéroplane. Mais ils ont vu écrit le mot « orthoptère » qui évoque dans leur esprit l’idée d’un appareil considéré dans tous les cours d’aviation comme irréalisable. Ce mot « orthoptère » est une occasion de critique inespérée pour eux et ils la saisissent avec empressement, comme pour donner l’impression qu’ils ont fait une lecture approfondie… Toujours la même rancune qui ne conduit à aucun résultat positif, c’est absurde, amour-propre d’auteur ou patriotisme, ou l’un et l’autre à la fois.

 

J’ai encore beaucoup pensé la nuit dernière à toute cette affaire. Ce n’est pas la conversation de la soirée qui m’y avait préparé car elle a été occupée tout entière par des réminiscences littéraires et musicales. Il reste encore le café de Mugnier, il faudra que je le supprime quelque soir, j’aurai peut-être un peu plus de repos.

Mon insomnie n’a pas été tout à fait infructueuse. J’ai dit que l’hélice devait être aussi organisée pour respecter l’élasticité de l’air. J’en avais conclu d’abord qu’il lui fallait avoir un ressort de traction et qu’il fallait en outre que l’angle d’attaque soit variable. Or on obtient la variation de l’angle d’incidence par la variation de la vitesse et cela nous amène à monter l’hélice sur un ressort spiral. Est-ce bien pratique. Peut-être le ressort de traction pourrait-il en même temps jouer ce rôle. La vitesse varierait en effet dans le sens convenable pour maintenir constant l’angle d’incidence, le moteur travaillant sur une extrémité du ressort qui transmettrait le mouvement à l’hélice.

 

Ces questions sont très intéressantes et il me tarde de pouvoir les étudier d’une façon plus pratique. Dans quelques mois, après la guerre, espérons-le. A moins que je n’obtienne l’aviation, ou que ma lettre au général commandant le S.A. ne le fasse réfléchir, ou enfin que l’Académie des sciences émette un avis satisfaisant me permettant de renouveler ma demande d’essais, et dans ce cas, qui le sait, je terminerai peut-être la campagne à la tête d’une imposante flotte.

 

9 janvier 1915

Longue lettre aujourd’hui de Maman. On lui a dit que mon indisposition du commencement de novembre avait été motivée par mes blessures. Il y avait alors beau temps que je les avais oubliées d’autant plus que je n’ai jamais eu de blessures mais de vulgaires égratignures analogues à celles que l’on attrape au collège en jouant avec les camarades aux échasses ou au football. Et l’on prétend tenir cela de Jean Deries[1] qui est à 7 kilomètres de moi et qui vient de temps en temps me voir. C’est vraiment curieux de voir comment se forment les fausses nouvelles, et comme elles sont crues, et comme elles se propagent rapidement. Je ne sais quel journal que j’ai lu aujourd’hui fait cette remarque à propos d’un bruit tout à fait accrédité dans le Midi et d’après lui le Kronprinz serait resté quinze jours ou trois semaines dans un château près de Mont-de-Marsan et aurait depuis ce poste de commandement donné ses ordres à ses armées d’invasion. Il n’y a qu’en France et encore dans le Midi que des histoires semblables peuvent être racontées sans rire.

 

Toujours rien de Mr Termier. Il aura sans doute écrit et l’on aura rapidement ouvert mon mémoire relégué dans son carton en attendant son tour. S’il n’avait pas écrit il aurait répondu aussitôt à ma lettre qui est partie depuis trois semaines au moins.

 

J’ai lu hier, avec quel intérêt, le livre Jaune contenant les documents diplomatiques relatifs à la guerre. Une lettre de Sir Edward Grey à Sir E. Goschen ambassadeur de Grande-Bretagne à Berlin est très remarquable comme style diplomatique. Je ne sais pourquoi je n’ai pu m’empêcher de faire un rapprochement avec l’histoire de la Tortue, du Hérisson et de Jaguar Moucheté de R. Kipling. La Tortue et le Hérisson embrouillent Jaguar Moucheté autant qu’ils peuvent, de sorte qu’il retourne près de sa maman n’y comprenant plus rien. Sir E. Grey fait comme Courtaude Pataude et Piquant Pointu, à l’égard de Jaguar Moucheté. L’ambassadeur allemand « qui n’a fait aucune objection, au contraire, a déclaré que cela s’accordait parfaitement avec ce qu’il avait fait savoir à Berlin comme sa manière personnelle d’envisager la situation ». Au demeurant il avait juste compris le contraire de ce qu’il fallait. L’Allemagne a eu un étonnement douloureux en voyant l’Angleterre lui déclarer la guerre, elle avait compté sur son abstention. Sir E. Grey l’a bien jouée : « La langue a été donnée à l’homme pour déguiser sa pensée ». Sir E. Grey est de première force.

 

10 janvier 1915

Les aéroplanes sortent aujourd’hui, le temps étant clair et calme. La batterie a essayé de tirer sur eux mais le sol est tellement détrempé, tellement boueux que l’on ne peut que difficilement manier les pièces et que le tir s’en trouve singulièrement ralenti. Il faudrait que les pièces fussent organisées différemment, qu’elles fussent montées sur des roues qui permettent de les faire tourner autour de la bêche de crosse, tandis qu’on s’efforce de déplacer la bêche qui s’enfonce à chaque coup.

 

Je viens de me livrer à une chasse émouvante : une souris par trois fois a eu l’audace de venir sur le buffet grignoter des chocolats qui sont dans une assiette pour le dessert de ce soir. Elle se réfugiait à chaque alerte derrière les tasses à thé ou les assiettes, il n’était pas commode de l’y poursuivre. Elle a fini par s’échapper. Je n’ai jamais habité dans une maison aussi fréquentée par ces petites bêtes. Elles viennent jusque sur la table de nuit et se servent pour y parvenir du petit corridor qui existe entre le matelas, le traversin et le bois du lit. Elles vont aussi dans ma cantine qui est entrouverte pour y dénicher du chocolat.

 

Ce soir viennent dîner plusieurs officiers du 75e régiment d’infanterie, celui qui occupe les tranchées de Lihu. Ils ont fait connaissance avec mes lieutenants observateurs et les reçoivent très bien là-bas. C’est à Lihu, en avant des tranchées que nous occupons actuellement, que ce pauvre Henri Deries[2] a été tué. On ne l’a pas encore retrouvé. Chaque fois qu’on trouve un chasseur sur ce terrain, on me le signale, mais depuis quatre mois bientôt ! quel signe permettrait de le reconnaître ?

 

14 janvier 1915

Une lettre de l’oncle Louis[3] ! Il me tardait de la recevoir. Après avoir assisté à deux offensives austro-allemandes en Pologne et avoir vu leur retraite, après un voyage mouvementé, il a réussi enfin par gagner la France et a endossé l’uniforme de caporal. Appartenant à la réserve de l’armée territoriale, il allait rester à Annecy sans faire grand-chose en attendant qu’on ait besoin de lui sur le front. Alors il a demandé, en raison de ses connaissances en russe, un emploi de secrétaire au ministère de la Guerre. On l’a envoyé à la direction des Forges, place St Thomas d’Aquin. Sa femme et ses enfants s’installent à Paris. Il m’annonce que les munitions ne nous manqueront pas. Souhaitons-le. J’ai idée qu’il n’y a que ce détail, terriblement important, qui arrête les hostilités sur le front russe ou sur le nôtre et que si nous en avions eu en quantité suffisante nous aurions depuis quelque temps déjà repoussé l’envahisseur. Les Allemands, sans aucun doute, ont une puissance de production très supérieure à la nôtre, mais en revanche ils doivent faire face de deux côtés en même temps. Ces deux côtés vont-ils se rejoindre par l’intervention de la Roumanie entre la Russie et les Serbes, et celle de l’Italie au sud de l’Autriche. Je ne sais pourquoi je me suis imaginé que le 14e C. d’A. irait s’adjoindre bientôt aux Italiens, à leur aile gauche, pour remonter ensuite vers le nord par la vallée de l’Inn, vers Constance et la Forêt Noire. C’est dans les choses possibles, j’allais dire probable, car les Anglais ne peuvent agir que dans le Nord de la France. Ils nous remplaceront quelque jour ici. Que fera-t-on de nous ? Nous avons déjà de très gros effectifs engagés dans l’Est et en Alsace. Le front se trouve trop étroit pour notre armée. Il faut prolonger notre droite au-delà du Rhin et nous ne le pouvons qu’en évitant la Suisse. Le passage de vive force près de Mulhouse paraît bien difficile. De tout temps le Rhin a marqué une frontière difficile à franchir. Si donc l’hypothèse vraisemblable de l’intervention italienne se réalise, je prévois qu’une armée française se joindra à elle pour prendre l’offensive à sa gauche et déboucher ensuite sur la rive droite du Rhin. Tout cela ajourne à une date lointaine la fin de cette guerre.

 

J’ai lu hier des prédictions relatives à cette guerre à n’en pas douter. Il en est une surtout qui est d’une précision extraordinaire si elle n’est pas arrangée. Elle représente l’empereur comme l’Antéchrist. Pourquoi s’en étonner d’ailleurs, l’Antéchrist ne se révèlera pas dès sa naissance. Il sera semblable aux autres hommes et ignorera peut-être lui-même quel homme il est. Mais sa mentalité étrange, sa fausse piété, sa philosophie dévoyée qui seront peut-être les conséquences de plusieurs siècles d’erreur de doctrine pour tout un peuple, l’amèneront sans qu’il s’en doute en un point critique de l’existence de l’humanité où le voile se déchirera. Ce point critique serait-il celui où ce monarque orgueilleux qui se croyait capable de conquérir le monde déchaîna cette effroyable guerre européenne, méprisant les engagements entre nations, empêchant tout essai de conciliation, pillant, brûlant, massacrant comme les Barbares d’Attila. « Une bulle du pape Benedictus, élu au moment de l’avènement de l’Antéchrist, relèvera les courages et fera grand bruit dans le monde »… Beaucoup d’autres parties de cette soi-disant prophétie sont étonnantes d’exactitudes. « L’aigle attaquera le coq par l’autre côté. Le coq d’abord battu repoussera son adversaire jusqu’au moment où l’aigle blanc interviendra à son tour ». Il est sûr que si le pape Benoît XV qui vient d’être élu lançait une bulle d’excommunication, cela ferait beaucoup de bruit dans le monde.

 

15 janvier (1915)

Dois-je dire que sa lettre au cardinal Mercier à Malines ne m’a pas enchanté. Il abandonne le denier de St Pierre pour cette année, c’est très bien. J’aurais préféré qu’il n’en parlât pas, l’acceptât même, et qu’il envoyât une offrande quelconque pour secourir toutes les misères de la Belgique. Je critique, c’est mal, tout simplement j’aurais préféré ne pas voir publier cette lettre. Il est un autre point cependant qui ne m’a pas plu. Une demande de l’évêque de Cologne tendant à faire traiter comme des officiers les prêtres soldats belges ou français faits prisonniers est chaudement approuvée, je le regrette. Et les prêtres placés dans cette situation ont refusé cette offre, dit-on. Je les vois au contraire beaucoup mieux dans leur caractère sacerdotal au milieu de tous ces pauvres soldats prisonniers, supportant la même vie de privations, leur prêchant la patience, la résignation, la foi dans l’avenir qui dépend de Dieu.

 

Le pape est un saint par définition. Mais un saint aurait-il pensé ainsi, Léon XIII, Pie X auraient-ils écrit cette lettre ? C’est pourquoi je serais beaucoup plus impressionné par une bulle ex cathedra émanée de ce saint pape Benoît XV : oui, cela bouleverserait le monde ! On penserait que les temps sont accomplis, on songerait à la fin du monde !

 

La fin du monde peut d’ailleurs venir de longues années, de longs siècles même après ces événements. Peut-être l’humanité vivra-t-elle dans une paix que ne troubleront plus les appels guerriers, que tous les litiges, que tous les différents se trancheront devant un juge de paix universellement reconnu. Que la science, la civilisation arriveront à leur apogée et que la Terre et l’Humanité s’achemineront ainsi vers leur grande fin naturelle, celle que Dieu a prévue.

 

L’Histoire du Maître de la Terre de Benson n’est en somme qu’une manière d’envisager cette fin. Il suppose le triomphe final d’un antéchrist qui paraît d’ailleurs moins un homme qu’un démon incarné. Et cette épreuve si terrible pour l’Humanité et pour la religion chrétienne se termine par le triomphe définitif et éternel du créateur : « Alors ce fut la fin de tout et la gloire de ce monde passa ».

 

Depuis le commencement de cette guerre, la famille s’est accrue d’une manière qui m’étonne. D’abord un neveu à Perriers, un neveu à la mode de Bretagne à Grenoble, un neveu à Cran, un autre à l’Homme, et deux autres qui seront sans doute des garçons, neveux à la mode de Bretagne, sont attendus par Anne[4] et Marthe[5]. J’allais oublier encore le bébé, un garçon, que vient d’avoir ma cousine Thérèse Guinand et le neveu que ma belle-sœur Antonie[6] me donnera prochainement.

 

16 janvier (1915)

Aujourd’hui a eu lieu la cérémonie de la décoration de mon ami Piet. Notre nouveau général de division, général de Bazelaire, est venu lui-même remettre cette médaille de chevalier de la Légion d’honneur. Le Lieutenant-colonel Fromheim a été aimable, il a déclaré que les hommes s’étaient très bien présentés, que les trompettes avaient très bien sonné. Il nous a à chacun adressé quelques paroles. En arrivant il m’a dit : « Eh bien, Favre, et vos aéroplanes ? » La question était inattendue. J’ai songé aussitôt au refus qui m’a été opposé lorsque j’avais demandé un entretien avec un membre de la Section technique et j’ai répondu en riant : « Vous savez aussi bien que moi le résultat ». J’ai pensé aussitôt après qu’il avait fait allusion aux tirs que je fais contre les aéroplanes allemands, ma réponse y pouvait aussi bien correspondre. Comme il me faudra lui écrire au sujet de Guilleminot, je ferai allusion à sa question.

 

19 janvier (1915)

Les jours se suivent et se ressemblent, à cela près que nous sommes sous la neige et qu’il menace d’en tomber encore. J’ai écrit au Lieutenant-colonel et je lui dis pour finir qu’il n’y a plus que deux solutions. L’une, qui peut demander un certain temps et qui ne dépend plus de moi mais de l’appréciation que pourrait me donner l’Académie des sciences sur mon travail, qui consisterait à renouveler ma demande avec l’appui de cette appréciation supposée favorable. L’autre qui consisterait à agir par violence, sous forme de réclamation contre les membres de la Section technique qui par paresse ou incompétence n’ont pas saisi ce que je voulais dire malgré mon acharnement à le leur faire comprendre.

 

Une forme humoristique de raisonnement m’est venue dans l’esprit, je l’ai notée aussitôt, la voici :

  

Vous ne pardonneriez pas un homme d’essayer de planter un clou avec une balle de caoutchouc de préférence à un bon marteau, ni de soigner son chapeau de soie avec une pierre ponce au lieu de prendre une brosse douce. Vous lui feriez observer avec juste raison que le clou ou le chapeau doivent être traités chacun suivant sa nature, le premier avec le bon marteau, l’autre avec la brosse douce. Et vous n’admettriez pas comme excuse de cette manière d’agir que le clou est tout de même entré un peu, que le chapeau est moins fripé après qu’avant l’emploi de la pierre ponce.

  

Eh bien quelqu’un vous dit que vos aéroplanes tels qu’ils sont actuellement agencés n’agissent pas sur l’air comme ils devraient agir, que leurs ailes solidaires du poids qu’elles portent sont incompatibles avec la nature de l’air. Sous le prétexte que vous ne voyez pas l’air comme le clou ou le chapeau, vous traitez ce quelqu’un d’imbécile, à cela près que vous ne le lui dites pas parce que vous vous piquez de politesse. Sous prétexte aussi que le clou s’est tout de même enfoncé ou que l’aéroplane a marché tel que vous l’avez construit, vous déclarez solennellement qu’il n’y a plus rien à faire, que vos appareils vous donnent entière satisfaction.

  

Je n’ai pas écrit la suite, elle est encore assez confuse. Elle fera allusion aux cerfs-volants que font les enfants et qui ont cette stabilité qui manque à nos aéroplanes : le poids du câble, la flèche qu’il prend, l’élasticité du bâti léger, constituent en somme une véritable force élastique.

 

Il est probable que cette même théorie est applicable au cas des hydroplanes et au problème si complexe des conduites d’eau.

 

Je reçois une lettre de ma chère Maman. Je lui avais confié mon intention de passer peut-être dans l’aviation militaire. Elle cherche à m’en dissuader et, sceptique, me dit que ce n’est pas le moment de faire des expériences. Mais elle trouve tout naturel que le jeune J.P. rentre à St J. pour y organiser quelque machine utile à la Défense nationale. Comme si une puissante flotte aérienne n’était pas utile ! Il lui est permis d’ailleurs à elle de douter et d’être sceptique, surtout lorsque tous les « soi-disant compétents » par paresse ou incompétence m’ont donné tort. Mais eux ! quelle responsabilité serait la leur si au cours de cette guerre les Allemands étaient les premiers à suspendre leurs appareils.

 

22 janvier 1915

J’ai la manie d’écrire à droite et à gauche, à tous ceux qui pourraient peut-être s’intéresser à mes idées. Voici la lettre que j’adresse aujourd’hui au distingué Mr X. membre de l’Institut, chargé de l’examen de mon mémoire.

 

« J’ai pris la liberté en juillet 1914 de soumettre à l’appréciation de l’Académie des sciences un mémoire sur la suspension élastique des aéroplanes. Mr Termier vous en aura peut-être parlé et vous aura dit quelle importance j’y attache.

  

J’ai communiqué six mois auparavant ces idées à la Section technique de l’Aéronautique militaire et n’ai pas eu la satisfaction de me faire comprendre ni même de l’intéresser.

  

La partie la plus importante de ce travail est relative au principe de la suspension élastique de tout véhicule. Son application au cas du véhicule aérien fait intervenir la loi Mg=RV² qui n’est peut-être pas exacte ayant été obtenue à la suite d’expériences entachées de la même cause d’erreur (surface solidaire d’une masse) à laquelle je cherche à remédier. Cependant on peut s’en servir à titre de première approximation.

  

Le chapitre où il est question du vol des oiseaux contient sans aucun doute des inexactitudes que relèverait un ornithologiste. Néanmoins j’ai observé personnellement la vibration de l’aile du goéland et le battement d’aile passif du planeur recevant un coup de vent. Ces deux observations suffisent en somme à prouver la suspension élastique des oiseaux sur leurs ailes.

  

Enfin je suis très optimiste, trop peut-être, sur l’application de cette théorie à l’aéroplane. Il économiserait une part très considérable de l’énergie qu’il dépense actuellement, sa mobilité en serait largement accrue et sa stabilité serait sans doute celle des meilleurs cerfs-volants. Les cerfs-volants sont stables parce que la tension du câble est élastique en raison de la flèche qu’il prend. S’il vient à se tendre la stabilité disparaît. A cause de cette tension élastique la surface est pour ainsi dire vivante et les mouvements « réflexes » qu’elle prend quand l’action de l’air varie ont comme effet de maintenir constante l’incidence relative de l’air ou au moins d’en atténuer les variations. On s’en rend compte facilement en construisant le triangle des vitesses. Et dès lors il suffit que la loi d’Avanzani soit exacte pour quelques degrés.

  

Ainsi, grâce à la suspension élastique, l’atmosphère apparaît comme une route comparable aux autres mais plus parfaite puisqu’elle permet le déplacement en tous sens. Serait-elle plus économique aussi si le frottement était plus faible pour les gaz ? Et tous les insuccès de l’humanité ne doivent-ils pas être attribués à la rigidité des appareils essayés, plus qu’au défaut de puissance ?

  

Persuadé que la réalisation de cette conception serait relativement facile, mon unique souci est de constater l’indifférence de ceux qu’elle devrait intéresser et de voir négligée une force dont la France, à cette heure, aurait si grand besoin.

  

Veuillez excuser, Monsieur, ce trop long commentaire. Si j’ai eu la satisfaction de vous intéresser et peut-être de vous convaincre, je vous serais infiniment reconnaissant si vous vouliez bien me le faire savoir, soit directement, soit par l’intermédiaire de Monsieur Termier. Une appréciation favorable de votre part, en me confirmant dans mes convictions, me donnerait assez d’assurance pour essayer de nouveau une démarche à l’Aviation militaire. »

  

Cette lettre est envoyée aujourd’hui par pli recommandé à Mr le Secrétaire perpétuel de l’Académie des sciences, que je prie de vouloir bien la faire parvenir à celui de ses collègues distingués auquel il a confié mon mémoire.

 

J’ai aussi envoyé hier à l’oncle Jacques[7] une carte par laquelle je lui demande de m’envoyer un croquis de mémoire de la canalisation d’eau d’Albigny à la Papeterie, canalisation pour laquelle on n’a qu’un débit insignifiant. Le problème des conduites d’eau, des cheminées, est en effet le même que celui du véhicule aérien : il faut que le liquide, le gaz en mouvement suivent des profils tels que les accélérations qui leur sont imposées ne dépassent pas un certain maximum qui dépend de leur nature et de la vitesse. Or je crois bien que l’entrée de l’eau dans la canalisation se fait à angle droit. Je ne sais encore quels rayons, fonction du diamètre, de la vitesse, doivent avoir les changements de direction. Mais il n’y a aucun doute que ce coude à angle droit donne une perte de charge considérable, donnerait, plus exactement, car je ne suis pas bien sûr qu’il existe.

 

24 janvier (1915)

Ce soir je donne un grand dîner, deux invités Piet et Lamy, peut-être un troisième Lepeule. Nous avons eu une occasion pour Amiens avant-hier et notre menu sera des plus soignés. J’ai fait deux petites vignettes comme dans un grand restaurant, et elles seront placées sur les assiettes de nos invités.

 

Le commandant Rieder nous a quittés hier, je l’avais invité pour ce soir, mais trop tard. Il est nommé je ne sais où, à un poste qu’il a demandé, et il est remplacé par un nouveau chef d’escadron avec lequel, j’espère, nous aurons des rapports agréables.

 

26 janvier (1915)

Nous avons reçu l’ordre hier soir d’évacuer Framerville et d’aller cantonner à Harbonnières. Ce serait fort bien allé si à Harbonnières les troupes qui s’y trouvent avaient été prévenues. Mais elles ne l’ont su que ce matin, deux compagnies du 75e revenant des tranchées étaient arrivées ce matin avant nous, il a fallu qu’elles déménagent et aillent dans un autre quartier pour nous laisser la place.

 

Pourquoi quitter Framerville où nous étions installés ??... Sans doute parce que Framerville est dans la zone de la 28e division, depuis quatre mois d’ailleurs, c’est la raison simple, terre à terre. D’autres ont vu dans ce mouvement un premier pas vers un départ pour une destination inconnue… je ne le crois pas. Il faut attendre que la Roumanie et l’Italie se décident. Se décideront-elles ? Et puis il y aurait eu pour les autres groupes un mouvement analogue. Quoi qu’il en soit, nous sommes maintenant bien loin de nos batteries, et cela m’ennuie. Harbonnières nous donne l’impression de la Zone de l’arrière. Les obus n’y sont plus à craindre, sauf ceux que peuvent lancer les avions. Peut-être est-ce cette sensation de sécurité qui nous donne l’impression d’éloignement, car à vrai dire la distance n’a pas dû être augmentée d’un kilomètre.

 

27 janvier (1915)

Comme cette distance est tout de même un peu considérable, j’ai décidé hier soir qu’un officier resterait présent. Le commandant voulait y venir personnellement, je l’en ai dissuadé, et il n’a accepté que parce que je lui ai dit que j’y venais. J’y suis donc venu hier soir et me suis installé au poste de commandement du groupe qui est beaucoup mieux aménagé que le mien. Fond dont la présence n’avait pas suffi à retenir le commandant est rentré avec mon cheval.

 

Avant son départ nous avons causé un moment, il m’a parlé de la bataille navale où le « Blücher » a été coulé par les Anglais. Il avait pensé devenir marin. Sa myopie l’en a empêché, mais il ne cache pas son enthousiasme pour les émotions de cette lutte sur mer entre de puissants navires filant à toute vitesse. Par une très naturelle transition nous avons parlé des luttes aériennes prochaines. Celles qui ont eu lieu jusqu’ici ne sont encore que bien anodines. Les appareils actuels manquent de la mobilité et de la puissance nécessaires au combat. En outre les dirigeables sont des gonfles trop faciles à crever pour qu’ils soient le moins du monde à craindre. Mais bientôt, avant la fin de cette guerre disais-je à Fond, nous verrons manœuvrer de vrais appareils de combat. Puissè-je avoir l’honneur d’en commander une flotte, de la former comme je voudrai, d’en confier les éléments à ceux que je choisirai ? Les commandants de mes St Jorioz sont déjà choisis, mais les St Jorioz n’existent pas… et ils ne paraissent pas encore près d’éclore ces terribles oiseaux enfermés encore dans leur coquille de cervelle humaine.

 

28 janvier (1915)

Ma première nuit à Harbonnières a été très bonne. Le lit est bon et la chambre plus confortable que celle dont le bombardement de Framerville avait cassé les vitres. J’avais un tel sommeil hier soir que mon ordonnance m’ayant demandé suivant son habitude à quelle heure il devait me réveiller, je lui ai répondu : « A 6 heures après demain matin ». Il a ri, car il avait compris tout de suite, de son bon gros rire de Savoyard : la plaisanterie était de celles qui pouvaient atteindre son intelligence.

 

Notre installation ici est encore un peu médiocre. On ne peut pas, du jour au lendemain, retrouver tous les menus perfectionnements dont nous jouissions à Framerville. Cependant mes hommes ont tous leur installation de nuit et une chambre de réunion chauffée pour le jour. Ces détails ont leur importance pour la conservation de la santé et du moral.

 

30 janvier (1915)

J’étais très en colère hier soir, m’imaginant qu’on considérait la 3e bie comme taillable et corvéable à merci, résultat de plusieurs petites histoires stupides avec la batterie voisine.

 

Son cantonnement est pour une partie commun avec une autre : mes hommes remplissent les abreuvoirs, gros travail, l’autre batterie fait boire tous ses chevaux, vide les abreuvoirs et refuse de les remplir. C’est le droit du plus fort. Sur réclamation de mon M.d.L. chef, le chef d’escadron intervient avec le capitaine de l’autre batterie, et décide que l’abreuvoir sera toute la journée à la disposition de cette batterie et le reste du temps à la mienne !... La même batterie estimant son installation insuffisante envoie des hommes se débrouiller dans la partie qui m’est réservée et emporter les clefs… Jugeant que mes officiers seraient mieux logés, on refait tout le travail de répartition des chambres et l’on donne la chambre que regrette le lieutenant Fond à un sous-lieutenant qui aurait dû passer après lui pour le choix… Cent hommes arrivent pour travailler à des tranchées, en subsistance à la 3e qui devra les loger et les nourrir, c’est tout juste si on pardonnera à un maréchal des logis d’avoir refusé de sortir ses chevaux et ses hommes du cantonnement qu’il occupait… Les officiers prennent la garde au poste de commandement pour la nuit. Je l’ai prise le jour de l’arrivée ici, Fond le lendemain. On trouvait tout naturel que Guelfucci la prit hier soir. Comme l’ordre ne lui avait pas été transmis en temps utile il n’avait pu l’exécuter et j’ai objecté hier soir qu’il prenait le service de nuit à Lihu tous les cinq jours, que cela paraissait suffisant. On m’a répondu que pour ce soir il n’avait qu’à y aller, qu’on verrait plus tard. J’ai déclaré alors qu’il n’irait pas, que j’irais moi-même, et l’on a aussitôt désigné quelqu’un d’autre. La 3ème batterie doit aussi compter tous les obus allemands qui tombent dans nos lignes. Cette très intéressante et intelligente besogne immobilise deux hommes dans la journée et nécessite l’installation d’un poste et d’un service de garde pendant la nuit… J’ai réclamé… vainement… Je réclamerai encore, on partagera avec une autre batterie et l’on s’étonnera que je demande ce jour-là que cette batterie fasse ce travail pendant un temps équivalent à celui où j’ai été seul à le faire.

A suivre… 3/22 - Février 1915



[1] Jean Deries (1889-1972), cousin, fils de Marie Callies et Armand Deries

[2] Henri Deries, cousin, né en 1892, mort le 27 septembre 1914, fils de Marie Callies et d’Armand Deries

[3] Louis Callies (1872-1946), oncle maternel qui n’a que 4 ans de plus que lui

[4] Anne Delaage née Callies (1890-1970), cousine, fille des Jacques Callies

[5] Marthe Rollier née Callies (1892-1969), cousine, fille des Jacques Callies

[6] Antonie Paturle, née Aussedat (1886-1948), femme de Camille Paturle

[7] Jacques Callies (1859-1925), oncle maternel



09/01/2015
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