14-18Hebdo

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54e semaine de guerre - Lundi 9 août au dimanche 15 août 1915

 

LUNDI 9 AOUT 1915 - BIENHEUREUX JEAN-MARIE VIANNEY - 372e jour de la guerre

MARDI 10 AOUT 1915 - SAINT LAURENT - 373e jour de la guerre

MERCREDI 11 AOUT 1915 - SAINTE SUZANNE - 374e jour de la guerre

JEUDI 12 AOUT 1915 - SAINTE CLAIRE - 375e jour de la guerre

VENDREDI 13 AOUT 1915 - SAINT HIPPOLYTE - 376e jour de la guerre

SAMEDI 14 AOUT 1915 - SAINT EUSEBE - VIGILE DE L’ASSOMPTION - 377e jour de la guerre

DIMANCHE 15 AOUT 1915 - ASSOMPTION - 378e jour de la guerre

Revue de presse

-       Nos avions bombardent les usines de Sarrebrück

-       Les attaques contre Kovno et Ossovietz

-       La Russie refuse des offres de paix allemandes

-       La crise ministérielle au Japon

-       Un taube sur Cornimont

-       Les démarches de la Quadruple-Entente dans les Balkans

-       L'or à la Banque - Plus de 100 millions versés en une semaine

-       Le débarquement anglais dans la presqu'île de Gallipoli

-       Zeppelins sur le littoral anglais - Six morts - Neuf enfants, onze femmes et trois hommes blessés - Quatorze maisons endommagées

-       L'arrêt des pourparlers turco-bulgares

Morceaux choisis de la correspondance

9 août - Lieutenant Hamon (Armées) à Georges Cuny.- Je serai libre le 7 août et je retourne à Besançon. Si vous voulez que je vous rejoigne, demandez-moi au dépôt, car j’avais demandé à vous rejoindre et le colonel Besson n’avait rien voulu savoir. Quant au tir nous ne faisons que du 75. Les choses nouvelles que j’ai apprises concernent le réglage aux distances rapprochées de l’objectif... D’ailleurs nous en reparlerons bientôt ensemble j’espère.

 

En résumé : d’un côté, sécurité absolue, vie de famille, heurts avec Maguy et Paul, d’autre part, sécurité relative, vie anormale mais pas désagréable. Que faire ?

11 août - Maurice Boucher (Armées) à Georges Cuny, son beau-frère.- Pourquoi a-t-il fallu que je quitte Epinal la veille de ton arrivée. Sans doute fallait-il que je paie par un gros chagrin ma nouvelle affectation qui réellement est à cent coudées au-dessus d’une quelconque m’appelant aux tranchées ou à la continuation de la vie de dépôt à laquelle j’étais condamné par les médecins pour 6 mois au moins. Ma femme m’a fait part de tes conseils pour ma nouvelle vie et la façon d’y agir. Sois tranquille mon bon frère, j’ai été dans la troupe pendant de longs mois, et comme tous les camarades j’y ai pas mal souffert de ce que tu sais, aussi je fais tous mes efforts pour que les officiers, mes camarades de la troupe, n’aient pas de moi l’opinion qu’on y a habituellement relativement aux porteurs de brassards.

 

Ma vie est très intéressante, et j’ai beaucoup d’occupations ; il y a un courant assez important à côté duquel j’ai à apprendre pour notre secteur qui est assez étendu et complexe sans parler du fond de mon nouveau métier qui m’est parfaitement inconnu ; je devrais dire qui m’était, car je me mets à la carte un peu tous les jours, grâce au colonel qui commande la brigade qui se montre très aimable et indulgent à mon égard.

 

Il faut maintenant que je dise ce qui m’arrive et sur ce sur quoi je voudrais avoir ton avis par retour. C’est une chose très importante, que je viens de dire à ma femme en lui demandant son avis discuté avec Maman et Mimi. Paul Laroche-Joubert m’écrit avoir parlé de moi au directeur de la Poudrerie d’Angoulême qui désirerait me prendre pour installer à Lescalier une petite usine qui ouvrirait et nettoierait les balles de linters destinées à faire du coton poudre. Je serais là-bas pour au moins un an. Paul me demande de lui rendre réponse au plus tôt. Que dois-je faire ? J’ai actuellement une situation intéressante, y jouissant d’une sécurité relative, comparable à celle des artilleurs. Je suppose y être pour le reste des hostilités qui peut-être dureront plus d’un an. Mais il m’est impossible de voir aucun des miens. Je suis astreint à une certaine discipline à laquelle je me fais du reste. Mais en un mot, j’ai une excellente situation de guerre. Là-bas je serais civil, mais l’Escalier n’est pas pour moi un séjour enchanteur et la manière d’y vivre, d’y faire et d’y penser me choquent quelquefois et pendant ma convalescence j’avais hâte d’en partir. En résumé : d’un côté, sécurité absolue, vie de famille, heurts avec Maguy et Paul, d’autre part, sécurité relative, vie anormale mais pas désagréable. Que faire ?

 

11 août - Armées à Georges Cuny.- En réponse à votre lettre d’hier soir, j’ai à vous indiquer 2 moyens d’avoir de la paille. 1° Vous pouvez prendre de la paille de blé à la ferme du Mont de Courmelles et la payer jusqu’à 5x les 100ks. 2° Si vous aviez une voiture disponible, je pourrai donner à un de vos sous-officiers un bon pour toucher de la paille à Dommiers ; cette paille revient à meilleur marché, mais si vous n’avez pas ce moyen de transport vous avez intérêt à vous servir sur place. Depuis 2 jours nous avons un beau foin que nous prenons dans les fermes ; ce foin étant en vrac, je suis obligé d’échelonner les distributions, un jour à la 44e, un jour à la 45e, de cette manière vous avez pendant un certain temps 2 jours de foin. Cela ne vous gêne-t-il pas ?

 

Le Tissage va très bien à tous les points de vue.

12 août - Paul Cuny (Epinal) à Georges Cuny, son frère.- Pour le Tissage on n’imprime pas de bilan, mais après l’assemblée je t’en ferai adresser un avec la répartition. Le Tissage va très bien à tous les points de vue. Je voudrais faire remarcher Cheniménil. Mais le pourrai-je ? Ce sera long en tous cas et avant tout il faut le départ du parc automobile puis trouver un directeur ! Rien de neuf ici. J’ai eu de bonnes nouvelles hier par Thérèse.

 

15 août - Dr Solomon Iser (Aide-major Ambulance 5/56) à Mimi Cuny.- Des déplacements continuels m’ont empêché de venir voir votre enfant. J’espère que son état devient satisfaisant et je serai content d’avoir de ses nouvelles. Lui avez-vous pratiqué les injections d’eau de mer ? Quelle est sa courbe de poids et sa température ?

 

15 août - Capitaine Peillot, Capitaine commandant la 3e batterie du 53e régiment d’artillerie, à Georges Cuny.- Ayant dans votre batterie un de mes petits cousins, le canonnier Cuidard Claudius, je viens vous prier de vouloir bien me faire connaître à quelle date il lui sera possible d’obtenir une permission. Ayant passé quelques jours chez moi, ses parents et en particulier sa jeune femme, auraient désiré que je leur dise le jour de son arrivée chez lui, impatience bien compréhensible mais que je n’ai pu satisfaire. Je vous serai donc très obligé si vous vouliez bien me faire connaître la date, approximative, de son tour de départ.

 

Gravures du Petit Journal - Supplément illustré - 15/08/1915 (N° 1286)

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Le moderne grenadier

Combien différent du grenadier d’autrefois, du beau soldat de l’épopée auquel nous consacrons aujourd’hui notre « Variété » ! Le grenadier d’à présent, avec son équipement singulier, ses grenades aux formes étranges, sa tête coiffée d’une calotte d’acier chromé, son masque contre les gaz asphyxiants, a l’air bien plutôt d’un guerrier des îles Fidji que d’un soldat européen. Mais qu’importe ! Sous cet accoutrement singulier comme jadis sous les buffleteries des ‘Enfants perdus’ et sous les uniformes de la Révolution et de l’Empire, c’est le même cœur qui bat, un cœur héroïque qu’anime une seule pensée : l’amour et la sauvegarde du pays.

 

 

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La prudence du Kronprinz - Il se réfugie sous son automobile pour éviter les fléchettes d’un aviateur français

Dans sa série d’intéressantes études anecdotiques sur le kaiser et sa famille, M. Paul-Louis Hervier, parlant de l’héritier du trône allemand, écrit : « Le kronprinz a hérité de son père, de tous ses ancêtres, une nervosité qui se traduit par des frayeurs irraisonnées et subites… » La scène que nous reproduisons en est la preuve. Elle a été rapportée par notre collaborateur et ami Emile Hinzelin qui la tenait d’un témoin. Récemment, le kronprinz allait en automobile, de Varennes-en-Argonne vers Aubreville. Un avion apparut dans le ciel. Un avion français ! Exactement au-dessus de l’automobile ! Et tout prêt, sans doute, à faire pleuvoir des obus de marque ou d’innombrables fléchettes ! « Une épouvante sans nom saisit aux entrailles le prince à profil de mouton et à pattes de faucheux. Eperdu, il s’élança hors de la route dont le blanc ruban lui paraissait une cible. Tout à coup, il entendit un crépitement dans une haie voisine. Les fléchettes ! C’étaient pour le moins les fléchettes maudites. Alors il eut recours à la seule protection possible : il se glissa sous l’automobile et y demeura à plat ventre, haletant, suant d’effroi. Lorsqu’on lui eut crié que l’avion était hors de vue, il retira à demi sa tête pour se convaincre par lui-même que tout danger avait disparu ; puis amincissant tout son grand corps dégingandé, il sortit de sa cachette, se releva à genoux d’abord, enfin tant bien que mal se remit d’aplomb, tellement poudreux et pâle qu’il avait l’air d’un déterré. La scène avait eu un témoin fâcheux. Dans la haie voisine s’était dissimulé un paysan. Il y a toujours un paysan caché dans tout coin de France où l’ennemi se croit seul… » Et voilà comment fut connu ce trait de « prudence » du kronprinz.

 

Les instantanés de la guerre (photos)

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Le lavoir des poilus

Ruines de Flirey (Hauts de Meuse)

Quelques-uns des projectiles dont disposent nos aviateurs

Sur la rive droite de L… - Une tranchée dans les marais

Un mur dans lequel les obus ont pratiqué des fenêtres

Le château de Ville-sur-Tourbe détruit par les Allemands

Français et Allemands dorment côte à côte leur dernier sommeil

Exercices de lancement de grenades avec fusées

Artilleurs nettoyant un 75

Sentinelle au périscope

 

 

Les instantanés de la guerre (photos)

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Poste d'écoute en Champagne

A l'Hôtel de ville de D… - Canons allemands de 77 pris autour d'Arras

Pionniers achevant une tranchée de 1ère ligne

Arras - Faubourg de Saint-Sauveur

Un bon tireur

Un abri avec sa mitrailleuse

Boyau de 1ère ligne

Intérieur de la sucrerie de D.

Concert dans un théâtre de verdure organisé par le 41e colonial

Distribution de grenades

 

 

Thèmes qui pourraient être développés

  • La Russie refuse des offres de paix allemandes
  • Aviation - Un taube sur Cornimont
  • Finance - L'or à la Banque - Plus de 100 millions versés en une semaine
  • Tricotons ! (voir EDP article en Une de Frédéric Masson)
  • Santé - Alcool
  • Front - Approvisionnement de paille
  • Industrie - Marche des usines textiles
  • Serbie - La situation politique en Serbie
  • Le grenadier Français (LPJ Sup)
  • Les instantanés de la guerre (Photos dans LPJ Sup)
  • Religion - Fête religieuse - Bienheureux Jean-Marie Vianney - 9 août
  • Religion - Fête religieuse - Assomption - 15 août


06/08/2015
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