14-18Hebdo

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35e semaine de guerre - Lundi 29 mars au dimanche 4 avril 1915

 

LUNDI 29 MARS 1915 - SAINT EUSTOSE - 239e jour de la guerre

MARDI 30 MARS 1915 - SAINT AMEDEE - 240e jour de la guerre

MERCREDI 31 MARS 1915 - SAINT BENJAMIN - 241e jour de la guerre

JEUDI 1ER AVRIL 1915 - SAINT HUGUES – JEUDI SAINT - 242e jour de la guerre

VEND. 2 AVRIL 1915 - SAINT FRANÇOIS DE PAULE. – VENDREDI SAINT - 243e jour de la guerre

SAMEDI 3 AVRIL 1915 - SAINTE IRENE – SAMEDI SAINT - 244e jour de la guerre

DIMANCHE 4 AVRIL 1915 – PAQUES - 245e jour de la guerre

Revue de presse

-       L'offensive allemande est brisée

-       Les opérations contre Ossovietz seraient terminées

-       Le centenaire de Bismarck

-       La guerre aérienne : Les exploits de Garros et de Navarre

Morceaux choisis de la correspondance

Les colis de victuailles sont fort appréciés. Tous les composés de la farine font un grand plaisir en raison de la mauvaise qualité du pain.

31 mars - Maguy Laroche-Joubert (Angoulême) à Georges Cuny, son beau-frère.- Nous avons la joie de garder Maurice encore un mois. Nous espérons bien qu’il va se remonter encore pendant ces quelques jours car pour l’instant il n’est pas encore solide. La petite Françoise est délicieuse et s’amuse avec Jean pour la plus grande joie de ce dernier. Paul a toujours de plus en plus à travailler et trouve cela bien bon. Il pense avoir une permission vers Mardi de Pâques pour aller voir son frère. Je suivrai bien naturellement et resterai de ce fait 2 jours à Paris ce qui me fera grand plaisir.

 

Ci-joint copie reçue au sujet de notre prisonnier : du capitaine P. Baron à Maguy (Lettre adressée à Paris le 16/03 copie écriture de Maurice) :

« Madame, je viens d’être renvoyé du camp d’Osnabrück où j’ai passé un mois avec Monsieur votre frère, le lieutenant Boucher. Il m’a chargé aussitôt mon retour à Paris de vous faire parvenir de ses nouvelles. Le lieutenant Boucher est complètement remis de sa blessure, sa santé est excellente, il est très actif et bien occupé. Il remplit dans le camp les fonctions de sprecher, autrement dit c’est lui qui est chargé des rapports que les officiers, ses camarades, peuvent avoir avec le personnel ou le commandant du camp. Il possède de ce fait la considération du capitaine commandant et des sous-officiers. Quelques jours avant mon départ qui a eu lieu le 4 mars, il avait reçu une lettre autographe de la princesse héritière Max de Bade et une boîte de 500 cigarettes. La Princesse en même temps l’avait recommandé au capitaine Drucker, commandant le camp. Cette circonstance a terminé de le bien poser auprès de l’administration, ce qui lui permet d’aplanir les difficultés qui peuvent se présenter et rendre service à ses camarades. Le Prince de Bade est l’officier qui avait donné des nouvelles du lieutenant Boucher à sa famille en signant « un officier allemand » et qui est descendu chez une personne de votre famille à Baccarat. Le camp d’Osnabrück est un des moins mauvais d’Allemagne. La discipline y est supportable, la nourriture passable. Nous sommes dans des chambres de 12 ou 15 composés partie de Français, de Belges, de Russes et d’Anglais. La vie y est à peu près celle des casernes de soldats français en temps de paix, moins la liberté et le travail. Nous sommes entourés d’excellents camarades parmi lesquels le moral est excellent aussi. Il est possible de se procurer des livres et des journaux mais les nouvelles y sont toujours tendancieuses. Tout le monde espère la victoire sans se rendre bien compte de quelle façon on y pourra parvenir. Les colis de victuailles sont fort appréciés. Tous les composés de la farine font un grand plaisir en raison de la mauvaise qualité du pain. Les conserves sont ouvertes à l’arrivée. Il est donc préférable d’en envoyer peu et souvent. Le lieutenant Boucher a su obtenir la faculté de les faire délivrer en plusieurs fois. Je sais que les familles craignent beaucoup en France que les leurs pensent de s’évader. Je tiens à vous rassurer sur ce point : je puis vous certifier que votre frère n’a aucunement cette pensée. Depuis quelques temps on a organisé un football dans la cour et la caserne qui nous sert de promenade. De 11 h à midi et de 5 à 6, les équipes, dont monsieur votre frère est un des éléments les plus actifs, prennent leurs ébats, sous l’œil intéressé des autres officiers du camp.»

 

La Poudrerie engage pour 13 000 000 de travaux pour doubler sa production d’ici fin septembre prochain, serait-ce donc que nous entreprendrons une nouvelle campagne d’hiver. Dieu nous en préserve !

31 mars - Maurice Boucher (Angoulême) à Georges Cuny, son beau-frère.- Mimi a dû t’écrire ma prolongation de congé de convalescence jusqu’au 29 avril. J’espère que d’ici-là je serai tout à fait retapé et que je pourrai obtenir satisfaction à ma demande d’affectation à une formation automobile. Si j’y arrive je souhaite travailler soit dans les Vosges, soit dans ton secteur. Le Parc automobile qui est à Cheniménil a encore réquisitionné notre salle de mélange et notre magasin de coton. Ils occupent donc toute la filature entre le couloir à câbles et la route + 1 cité complète + ½ cité des contremaîtres. Je n’ai plus d’armées à la Filature. Ils sont partis avec leurs ménages dans les usines qui travaillent, seules les filles qui font la noce restent, à la plus grande joie des soldats du parc. Jolies familles ! Mimi est assez bonne pour nous servir de fondé de pouvoirs, elle a pas mal à faire par suite des demandes multiples qui nous sont adressées par la direction du parc qu’elle estime du reste très correcte. En tous cas je m’effraie de l’état dans lequel je vais retrouver toutes choses.

 

La Poudrerie engage pour 13 000 000 de travaux pour doubler sa production d’ici fin septembre prochain, serait-ce donc que nous entreprendrons une nouvelle campagne d’hiver. Dieu nous en préserve !

 

Tout le monde va bien ici. Ma petite Françoise, la gogosse, parle souvent avec moi de son oncle Georges et tous les soirs dans sa prière Thérèse lui fait dire ton nom. Je suis sûr que cela te portera chance. Il y a des moments où je suis honteux de chercher à me retirer de la première ligne à la pensée que des 4 fils de Maman, toi seul l’aîné et le meilleur y restera.

 

3 avril - Pauline Ringenbach (Cornimont) à Mimi Cuny, sa patronne.- Monsieur a dû être bien surpris du mariage de Sébastienne surtout si vite que cela et en ce moment surtout où toutes les jeunes filles désespèrent de trouver des maris, les vieilles s’en mêlent. Il ne faut jamais désespérer comme le proverbe le dit, il y a toujours du bonheur pour les uns dans le malheur des autres, si la guerre n’était pas venue elle n’aurait pas eu l’occasion de faire la connaissance de cet homme-là.

 

Madame me parle de Joly, il paraît qu’il est tué véritablement. C’est le fils Mourot qui a écrit pour donner d’autres détails. Il a été tué d’une balle en plein front le 15 mars à 4 h du soir et leur disait qu’il était mort en brave à la tête de ses hommes. Le père Joly en me le racontant pleurait à chaudes larmes qui tombaient presque sur ses sabots. Cela me remuait tout entière de voir un homme pleurer comme ça et la mère c’était tout pareil. Ils n’espèrent plus revoir Abel non plus car il marche toujours de l’avant, il a encore écrit la semaine dernière qu’une balle lui avait passé devant la bouche. Il y a encore deux de Cornimont tués au 152, je ne sais pas quelle famille qui sera épargnée. Les Perrin sont en soins en ce moment sur André qui est aussi au 152, voilà depuis le 16 mars qu’ils n’ont pas reçu de nouvelles. Léon Lemaire est blessé, pas gravement heureusement, Paul est retourné dans les tranchées, la tranquillité n’est plus la même, l’on ne voit plus que des gens en deuil et en pleurs, c’est triste de sortir.

 

La semaine dernière a été tellement mauvaise que l’on n’a pas pu planter de pommes de terre ni de quoi que ce soit. La terre était gelée tous les matins. Aujourd’hui le temps est un peu adouci.

 

Ici nous avons des évacués alsaciens de Munster. Il y a des femmes, des hommes et des enfants. Il y en a beaucoup dans les usines, surtout les hommes qui manquaient beaucoup. Il arrive encore des trains de militaires à tout moment qui sont expédiés tout de suite sur les frontières.

Mes amitiés à Elise et Marie. Quant à Sébastienne elle s’en passe à présent, elle en a de meilleures.

 

Gravures du Petit Journal - Supplément illustré - 04/04/1915 (N° 1267)

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Les zeppelins passent : Paris a le sourire

Le ‘Berliner Tageblatt’ qui, dans la circonstance, a plus que jamais mérité d’être appelé le ‘Berliner Tas de blagues’, racontent le raid des zeppelins chez nous avec ce titre : « Une nuit de terreur à Paris. » Il paraît que les zeppelins nous ont terrorisés. Vous ne vous doutiez pas de ça. Ces Allemands sont étonnants de naïveté autant que de barbarie. Un de nos confrères dit justement : « Comme ils ne connaissent pas la psychologie du Parisien, et sont incapables de la comprendre, ils croient que Paris se meurt d’épouvante sous la menace des zeppelins… » A la vérité, les zeppelins n’ont provoqué à Paris qu’une curiosité narquoise, et n’ont réussi qu’à exciter la verve moqueuse des Parisiens. La morale de ce fameux raid est résumée dans le quatrain ci-dessous qui se chante sur la sonnerie de ‘la Breloque’ : « Avez-vous vu les zeppelins ? / On dit que l’ciel en était plein. / Ils sont partis ? Ils reviendront. / C’que nous nous en f…ichons. »

 

 

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Aux Dardanelles - Un fort détruit par l’artillerie des navires alliés

En dépit du mauvais temps, les opérations de la flotte anglo-française dans les Dardanelles se poursuivent vigoureusement. Les formidables obus des gros calibres de nos cuirassés et des dreadnoughts anglais font tomber les forts turcs comme des châteaux de cartes et anéantissent les batteries de la côte. De toutes parts, les habitants s’enfuient vers l’intérieur. La panique gagne Constantinople. Au fur et à mesure que la flotte alliée se rapproche de la mer de Marmara, l’énervement grandit dans la capitale turque, et la confiance dans la puissance allemande diminue. Ce misérable peuple commence à voir dans quel guêpier l’a précipité le parti Jeune-Turc en le livrant à l’Allemagne.

 

Thèmes qui pourraient être développés

  • Allemagne - Le centenaire de Bismarck
  • La guerre aérienne : les exploits de Garros et Navarre
  • Prisonniers - La vie en captivité
  • Industrie - La Poudrerie
  • Aux Dardanelles - Un fort détruit par l’artillerie des navires alliés (LPJ Sup)
  • Aviation - Les zeppelins passent, Paris a le sourire (LPJ Sup)
  • Religion - Fête religieuse - Semaine sainte et Pâques


27/03/2015
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